chérir [ ʃerir ] v. tr. <conjug. : 2>
• 1155; de cher
♦ Littér.
1 ♦ Aimer tendrement, avoir beaucoup d'affection pour. ⇒ affectionner, aimer. Chérir ses enfants, sa femme, ses amis. Elle « la chérit avec un dévouement bestial et une vénération religieuse » (Flaubert). Chérir le souvenir, la mémoire de qqn. ⇒ vénérer.
2 ♦ S'attacher, être attaché à. Chérir son malheur. ⇒ se complaire. « Homme libre, toujours tu chériras la mer ! » (Baudelaire). — Attacher un grand prix à (qqch.). ⇒ aimer, préférer. « On est incurable quand on chérit sa souffrance » (Flaubert).
⊗ CONTR. Détester, haïr.
● chérir verbe transitif (de cher) Aimer tendrement quelqu'un : Mère qui chérit ses enfants. Être profondément attaché à quelque chose, avoir un goût particulier ou une certaine complaisance pour quelque chose : Chérir une idée. ● chérir (expressions) verbe transitif (de cher) Chérir la mémoire, le souvenir de quelqu'un, les vénérer. ● chérir (synonymes) verbe transitif (de cher) Aimer tendrement quelqu'un
Synonymes :
- adorer
- brûler pour
- idolâtrer
Contraires :
- abhorrer
- détester
- haïr
Être profondément attaché à quelque chose, avoir un goÛt particulier ou...
Synonymes :
- révérer
- vénérer
Contraires :
- abominer
- exécrer
- maudire
chérir
v. tr.
d1./d Aimer tendrement. Chérir ses enfants. Chérir sa patrie.
d2./d être très attaché à, se complaire dans. Chérir la liberté. Chérir les idées noires.
⇒CHÉRIR, verbe trans.
A.— [L'obj. désigne une pers.] Aimer très tendrement. Tu as raison de m'aimer, car ton vieux te chérit (FLAUBERT, Correspondance, 1880, p. 28) :
• 1. Puis il lui sembla que chaque fraction de seconde l'éloignait irréparablement de ces êtres qu'elle avait chéris.
BERNANOS, La Joie, 1929, p. 679.
— Emploi pronom.
♦ Réciproque :
• 2. ... sa fille lui répondait des lèvres; le cœur était loin, et c'est ainsi que ces deux êtres qui se chérissaient n'étaient pas ensemble, bien qu'à côté l'un de l'autre, ...
GOBINEAU, Les Pléiades, 1874, p. 139.
♦ Réfl., rare. Je me chéris trop pour me priver d'aucun plaisir (BARRÈS, Le Jardin de Bérénice, 1891, p. 112).
B.— [L'obj. désigne une chose]
1. Faire preuve, à l'égard de quelque chose
a) D'un profond attachement :
• 3. Les premiers, pasteurs, chérissoient la liberté pour elle; les seconds, cultivateurs, l'aimoient pour leurs propriétés. Ceux-là touchoient à la pureté primitive; ceux-ci étoient plus avancés d'un pas vers les vices civils.
CHATEAUBRIAND, Essai sur les Révolutions, t. 1, 1797, p. 289.
b) D'un goût particulier :
• 4. Elle (« la brabançonne »)... chérit le poisson, prise la viande, se contente d'une croûte de pain, gobe en connaisseuse la fraise et la mandarine.
COLETTE, La Maison de Claudine, 1922, p. 218.
c) D'une certaine complaisance. Chérir le souvenir de qqn; chérir la solitude :
• 5. ... il se trouve... et plus à Paris que partout ailleurs, des hommes qui chérissent une vie à l'ombre, un travail tranquille, des Bénédictins égarés dans notre société sans monastère pour eux.
BALZAC, Modeste Mignon, 1844, p. 62.
2. Attacher un grand prix (à quelque chose) :
• 6. ... l'idée du bien, confortable, rassurante et telle que la chérit la bourgeoisie, invite à la stagnation, au sommeil.
GIDE, Journal, 1929, p. 953.
Prononc. et Orth. :[], (je) chéri(s) []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1150 cherir « honorer, flatter » (WACE, St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 1366) — XVIe s. ds HUG.; d'où 2. 1155 « aimer tendrement » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 791); 1669 part. passé adj. « (d'une pers.) aimé(e) » (BOSS. Reine d'Anglet. ds LITTRÉ); 1830-33 subst. « personne aimée » (BÉRANG. Jacq., ibid.); av. 1857 subst. fém. « maîtresse, amante » (E. Sue ds Lar. 19e); 1680 spéc. cherir sa patrie (RICH.); 1694 chérir le souvenir de qqn (Ac.); 3. 1580 « attacher un grand prix à qqc. » (MONT., I, 222 ds LITTRÉ); d'où 1641-42 « tenir beaucoup à, se complaire dans » (CORN., Polyeucte, III, 3). Dér. de cher; dés. -ir. Fréq. abs. littér. :677. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 285, b) 1 151; XXe s. : a) 756, b) 710.
DÉR. Chérissable, adj., vieilli. [Qualifie une pers. ou une chose]. Digne d'être chéri. La santé est un des biens les plus chérissables (Ac. 1798). Par mille qualités il (...) était chérissable (A. POMMIER, Crâneries et dettes de cœur, 1842, p. 202). — []. — 1re attest. 1559 (AMYOT, De l'Amour ds HUG.); du rad. du part. prés. de chérir, suff. -able.
BBG. — DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 18.
chérir [ʃeʀiʀ] v. tr.
ÉTYM. 1155; de cher.
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1 (Compl. n. d'animé : personne, animal). Aimer tendrement, avoir beaucoup d'affection pour (une personne, un être vivant…). ⇒ Affectionner, aimer; cœur (porter dans son cœur). || Chérir ses enfants, sa femme. || Chérir qqn avec dévouement. || Chérir qqn tendrement, follement, éperdument.
1 Un homme chérissait éperdument sa chatte :
Il la trouvait mignonne, et belle, et délicate (…)
La Fontaine, Fables, II, 18.
2 Toutes les affections de celle-ci s'étaient concentrées dans son fils aîné; non qu'elle ne chérît ses autres enfants, mais elle témoignait une préférence aveugle au jeune comte de Combourg.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, I, I.
3 (…) si je ne l'aime point, je me sens très capable de le chérir.
Balzac, Mémoires de deux jeunes mariées, Pl., t. I, p. 188.
4 Félicité lui en fut reconnaissante comme d'un bienfait, et désormais la chérit avec un dévouement bestial et une vénération religieuse.
Flaubert, Trois contes, « Un cœur simple », III.
5 À force de t'avoir aimée pour ce que tu n'étais pas, j'ai appris à te chérir pour ce que tu es.
F. Mauriac, Souffrances et Bonheur du chrétien, I, p. 89.
♦ Chérir le souvenir, la mémoire de qqn. ⇒ Vénérer. || Chérir sa patrie.
2 (Compl. n. de chose). S'attacher, être attaché à (qqch.) || Chérir la solitude. — Se complaire obstinément à. || Chérir son malheur.
6 Qui chérit son erreur ne la veut pas connaître.
Corneille, Polyeucte, II, 3.
7 Homme libre, toujours tu chériras la mer !
Baudelaire, les Fleurs du mal, XIV, « L'homme et la mer ».
8 On est incurable quand on chérit sa souffrance.
Flaubert, Correspondance, t. III, p. 178.
9 Le langage de l'affection chérit des formes qui expriment la tendresse. Comme elle dit à son enfant : ma petite chérie, la mère dit aussi : donne ta menotte, tends-moi ton peton, etc.
F. Brunot, la Pensée et la Langue, XVI, II, p. 657.
3 Attacher un grand prix à (qqch.). ⇒ Estimer, préférer, priser.
10 On ne peut trop chérir votre chère santé (…)
Molière, Tartuffe, III, 3.
11 Sensible à l'amitié, il la cultivait avec soin, mais il la voulait modérée; il en chérissait les liens, il en aurait redouté la chaîne.
Marmontel, Mémoires, XI.
12 (…) la bonne dame, en vraie Normande, chérissait, par-dessus tout, le bien, moins pour la sécurité du capital que pour le bonheur de fouler le sol vous appartenant.
Flaubert, Bouvard et Pécuchet, p. 274.
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se chérir v. pron.
♦ Avoir une affection réciproque. || Des frères qui se chérissent.
13 Le devoir de se chérir réciproquement n'emporte-t-il pas celui de se plaire ?
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, IV, Lettre, X.
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chéri, ie p. p. adj. et n.
1 Tendrement aimé. || Enfant chéri de ses parents.
14 Sur cet enfant chéri j'ai donc jeté la vue.
C'est mon sang : tout est plein déjà de ses autels.
La Fontaine, Fables, XI, 2.
15 La nation chérie a violé sa foi (…)
Pour rendre à d'autres dieux un honneur adultère.
Racine, Esther, I, 4.
♦ Figuré :
16 (…) Masséna a une bonne armée, et l'Empereur l'appellera, un jour, « l'enfant chéri de la victoire » (…)
Louis Madelin, l'Avènement de l'Empire, XX, p. 258.
2 N. (déb. XIXe). || Le chéri de ses parents. (Par plais., fam.). || Le chéri de ces dames. Fam. || Le chéri à sa maman. ⇒ Chouchou. || Mon chéri, ma chérie, ma petite chérie, etc., expressions familières et affectueuses. ⇒ Affection (termes d'affection). — (Sans possessif). || Oui, chéri.
17 Il alla d'abord à Henri et lui dit : « Je voudrais parler à ton père. » Henri lui dit : « Est-ce encore pour cette stupide affaire, mon chéri ? Que tu es bête de te tourmenter pour cela, mon cher petit ! »
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 688.
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CONTR. Abhorrer, détester, haïr. — Mépriser. — (Du p. p.) Haïssable.
DÉR. Chérissable.
HOM. (Du p. p.) Cherry, sherry.
Encyclopédie Universelle. 2012.