chavirer [ ʃavire ] v. <conjug. : 1>
• 1687; provenç. cap virar « tourner la tête (en bas) »
I ♦ V. intr.
1 ♦ En parlant d'un navire, Se retourner sur lui-même par suite d'une inclinaison excessive (due à l'action d'une vague, du vent ou d'un déplacement de l'équipage). ⇒ basculer, dessaler, se renverser. Le bateau a chaviré mais n'a pas coulé. « Nous fûmes deux fois près de chavirer » (Chateaubriand).
2 ♦ Se renverser. Ses yeux chavirèrent. ⇒ se révulser. « Épouvante ! Le paysage chavire » (Martin du Gard). ⇒ chanceler, vaciller.
3 ♦ Fig. S'abîmer, sombrer. « Ainsi les nations les plus grandes chavirent ! » (Hugo).
II ♦ V. tr.
1 ♦ Faire chavirer. Chavirer un navire pour le réparer. ⇒ cabaner. Par ext. ⇒ bousculer, renverser. Des matelots « entrèrent, chavirant les chaises » (Loti).
2 ♦ Fig. Émouvoir fortement. ⇒ bouleverser, retourner. Fam. Ça me chavire. — P. p. adj. plus cour. J'en suis encore tout chaviré.
● chavirer verbe intransitif (provençal capvira, tourner la tête) En parlant d'un bateau, s'incliner fortement et éventuellement se retourner. Ne plus être en équilibre et basculer : La pile de livres a chaviré. Donner l'impression de se renverser, ne plus être stable, fixe, immobile : Tout chavirait autour de moi. Être le lieu de profondes perturbations, perdre de sa stabilité, de sa solidité ; chanceler, vaciller : Les valeurs morales chavirent. ● chavirer (citations) verbe intransitif (provençal capvira, tourner la tête) Marcel Pagnol Aubagne 1895-Paris 1974 Si vous voulez aller sur la mer, sans aucun risque de chavirer, alors, n'achetez pas un bateau : achetez une île ! Fanny, II, 3, Panisse Fasquelle ● chavirer (synonymes) verbe intransitif (provençal capvira, tourner la tête) En parlant d'un bateau, s'incliner fortement et éventuellement se retourner.
Synonymes :
- couler
- sombrer
Ne plus être en équilibre et basculer
Synonymes :
- basculer
- capoter
- verser
Donner l'impression de se renverser, ne plus être stable, fixe...
Synonymes :
- basculer
Être le lieu de profondes perturbations, perdre de sa stabilité...
Synonymes :
- vaciller
● chavirer
verbe transitif
Vieux. Renverser (un navire), le retourner.
Émouvoir vivement quelqu'un, le troubler profondément ; bouleverser : Cette nouvelle l'a chaviré.
● chavirer (synonymes)
verbe transitif
Émouvoir vivement quelqu'un, le troubler profondément ; bouleverser
Synonymes :
- ébranler
- révolutionner (familier)
- secouer
- toucher
chavirer
v.
rI./r v. intr.
d1./d Se retourner, en parlant d'un navire. Un voilier qui chavire.
|| Par ext. Se renverser, se retourner. La carriole chavira.
d2./d Fig. Tourner retourner. L'émotion lui chavirait la tête.
— Pp. adj. Avoir le coeur chaviré.
d3./d (Québec) Fig., Fam. Devenir fou, déraisonner. Es-tu en train de chavirer?
rII./r v. tr. Renverser, culbuter.
— (Madag., Réunion) Fig. Provoquer la chute de qqn ou de qqch. Ce nouveau scandale a chaviré l'un des leaders de l'opposition.
⇒CHAVIRER, verbe.
A.— Emploi intrans.
1. MAR. [Le suj. désigne une embarcation]. Donner de la bande au point de prendre l'eau, de rester couché sur le flanc et parfois de se retourner complètement. Le Bonadventure n'aurait pas chaviré, sans doute, car il était bien lesté (VERNE, L'Île mystérieuse, 1874, p. 407).
— P. méton. [Le suj. désigne l'occupant d'une embarcation] Être victime d'un chavirement. Surpris par une raffale que la foiblesse de ma vue m'avoit empêché de voir, je chavirai (CRÈVECŒUR, Voyage dans la Haute Pensylvanie, 1801, t. 2, p. 100).
2. P. anal. Vaciller, chanceler; p. ext. se renverser, tomber.
— [Le suj. désigne une chose] Delphin rigola si fort, que la hotte en chavirait sur son dos (ZOLA, La Terre, 1887, p. 350).
♦ En partic. [Le suj. désigne un véhicule] Capoter, culbuter. Il y avait Bayard-Clément, dont toutes les voitures ont chaviré (J. RIVIÈRE, Correspondance [avec Alain-Fournier], 1908, p. 32).
— [Le suj. désigne une pers.] Un paysan ivre qu'on ne peut placer d'équilibre sur son cheval et qui chavire de droite si on le relève de gauche (MUSSET, Le Temps de 1830 et 1831, 1831, p. 2).
♦ Loc., fam. Chavirer dans le trou, au cimetière. Être inhumé (cf. ex. 1). À la fin des fins nous devons en venir à chavirer dans le trou (F. FABRE Barnabé, 1875, p. 202).
— [Le suj. désigne les yeux] Se révulser. Les globes flamboyants de ses yeux chaviraient, tournaient au blanc (POURRAT, Gaspard des Montagnes, La Tour du Levant, 1931, p. 251).
3. P. métaph. ou au fig. [Le suj. désigne une pers., ses attributs, ses sentiments, etc.] Être profondément bouleversé, vivement troublé. La conviction de M. De Rodays s'en est trouvée ébranlée jusqu'à chavirer cul sur tête (CLEMENCEAU, L'Iniquité, 1899, p. 74). Là où l'esprit commence à chavirer, c'est quand on nous dit que les systèmes solaires sont au nombre d'un milliard (GREEN, Journal, 1948, p. 194).
— Littér. [Le suj. désigne une chose] Être profondément perturbé; p. ext. disparaître. Le monde pourrait chavirer qu'ici nous n'en saurions rien (E. DE GUÉRIN, Lettres, 1835, p. 94) :
• 1. Mais mon cher monsieur Brun, les royaumes chavirent, les jolies femmes chavirent et nous finirons tous par chavirer au cimetière. Tout chavire dans la nature et naturellement, surtout les bateaux.
PAGNOL, Fanny, 1932, II, 3, p. 119.
B.— Emploi trans.
1. MAR. Renverser, retourner, bousculer. Ils [les pêcheurs] se démenaient tous, changeant, chavirant l'arrimage (LOTI, Pêcheur d'Islande, 1886, p. 134).
— Emploi factitif. Chavirer un bateau. Le faire chavirer. Si nous avions eu la moindre voile, il [le vent] nous eût chaviré vingt fois (LAMARTINE, Les Confidences, 1849, p. 161).
2. P. ext. [Le compl. désigne une chose concr.] Déranger, renverser. Il prit son casque et partit, chavirant des verres (MILLE, Barnavaux et quelques femmes, 1908, p. 244).
— Emploi pronom. avec valeur de passif, rare. On vit les yeux du petit-fils mourant se chavirer, se retourner vers le front (LOTI, Pêcheur d'Islande, 1886 p. 155).
3. Au fig. [Le compl. désigne une pers., ses attributs, ses sentiments, etc.] Bouleverser, émouvoir. Les quatrains du poète de Rolla m'ont chaviré le cœur dans une mer de larmes (J. LORRAIN, Monsieur de Phocas, 1901, p. 286). De belles paroles qui chavirent les dames pieuses (BERNANOS, Journal d'un curé de campagne, 1936, p. 1042).
— Emploi factitif, rare. Faire perdre l'esprit (à quelqu'un) :
• 2. ... il [le percepteur] n'aimait rien tant que d'inviter quelque curé de la montagne et de le chavirer en droguant son vin de cendre de pipe.
POURRAT, Gaspard des Montagnes, Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 212.
Rem. Quelques dict. (Lar. 20e, ROB. et Lar. encyclop.) enregistrent l'adj. chavirable. Qui est exposé à chavirer, qui peut chavirer.
Prononc. et Orth. :[], (je) chavire []. Ds Ac. 1798-1932. Étymol. et Hist. A. Intrans. 1. 1687 mar. (DESROCHES, Dictionnaire des termes de marine); 2. p. ext. 1830 « chanceler (d'une pers.) » (MUSSET, loc. cit.); 3. fig. 1835 « aller à sa ruine » (E. DE GUÉRIN, Lettres, p. 97); 4. 1835 « se renverser » faire chavirer (BALZAC, Melmoth réconcilié, p. 325). B. Trans. 1. 1701 mar. (FUR.); 2. 1859 fig. « renverser » (PONSON DU TERRAIL, Rocambole, Le Club des valets de cœur, t. 3, p. 41). Issu du prov. cap-vira, cavira « (se) tourner la tête en bas, (se) retourner, (se) renverser » (MISTRAL; v. cap et virer) soit par francisation, soit plus prob. par l'intermédiaire de dial. d'oc situés à la limite du domaine d'oil ou du domaine fr.-prov. où c + a > cha. Cf. W. von WARTBURG, La Fragmentation ling. de la Romania, Paris, Klincksieck, 1967, carte 6. Fréq. abs. littér. :333. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 173, b) 229; XXe s. : a) 692, b) 727. Bbg. ARTUR (J.). Le Lang. des gens de la mer. Déf. Lang. fr. 1970, n° 52, p. 22. — LA LANDELLE (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 198, 314, 336. — MAT. Louis-Philippe 1951, p. 310. — MILLEPIERRES (F.). Mots venus de la mer. Vie Lang. 1961, p. 22.
chavirer [ʃaviʀe] v. intr. et tr.
ÉTYM. 1687; du provençal cap vira « tourner la tête en bas ».
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I V. intr.
1 (1687). En parlant d'un navire, s'incliner de telle sorte que l'eau entre par les ouvertures du pont et le fait se retourner sur lui-même. ⇒ Basculer, 2. capoter, couler, renverser (se), sombrer. || La barque, le navire, l'embarcation chavire. || La risée (2. Risée) a fait chavirer le voilier. ⇒ Dessaler (cf. Faire capot, faire chapeau).
1 Nous fûmes deux fois près de chavirer.
Chateaubriand, Itinéraire…, 26.
♦ (1830). Par ext. ⇒ Chanceler, tanguer, trébucher, vaciller. || Chavirer comme un homme ivre. || Tout semblait chavirer autour de lui.
2 Épouvante ! Le paysage chavire.
Martin du Gard, les Thibault, t. VIII, p. 152.
3 Fig. S'abîmer, sombrer. || Son esprit, son cœur chavirèrent de douleur. || Avoir le cœur, l'estomac chaviré. ⇒ Barbouiller.
3 Ainsi les nations les plus grandes chavirent !
Hugo, l'Année terrible, Janv. 1871, 13.
4 Ses yeux semblaient promettre un esprit à jamais chaviré sur les eaux malades du regret.
Proust, les Plaisirs et les Jours, p. 167.
5 (Mme de Fontanin) chavirait sous le chagrin.
Martin du Gard, les Thibault, t. VIII, p. 64.
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II V. tr.
1 (1701). Mar. Faire chavirer. || Chavirer un navire pour le réparer. ⇒ Cabaner. — Par ext. ⇒ Bousculer, renverser. || Chavirer l'arrimage (cit. 2) d'un navire.
6 Ils (des matelots) entrèrent, chavirant les chaises, en même temps qu'une rafale du vent d'ouest couchait la flamme des lampes.
Loti, Mon frère Yves, IV, p. 23.
2 (Sujet n. de personne). || Chavirer la tête, les yeux, les renverser.
7 (…) elle chavirait ses prunelles, combien plus souples que les boutons à bascule, elle essayait de remuer les oreilles, d'aviver ses regards.
Giraudoux, Églantine, p. 13.
3 (1833, in D. D. L.). Fig. Émouvoir, perturber (qqn). ⇒ Renverser, retourner. || Cela m'a chaviré. — (Au p. p.). || J'en suis tout chaviré, ému, retourné.
➪ tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
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DÉR. Chavirable, chavirage, chavirement.
Encyclopédie Universelle. 2012.