cantonade [ kɑ̃tɔnad ] n. f.
• 1455; provenç. cantonada « coin de rue » → canton
♦ (1694) Théâtre Les coulisses. Loc. Parler à la cantonade, à qqn supposé être dans les coulisses. Cour. Parler à un groupe sans s'adresser précisément à qqn. La patronne du café « cria, à la cantonade : on demande Thibault au téléphone » (Martin du Gard).
● cantonade nom féminin (provençal cantonada, angle d'une construction) Autrefois, côté de la scène d'un théâtre, où se tenaient les spectateurs privilégiés. ● cantonade (expressions) nom féminin (provençal cantonada, angle d'une construction) Parler à la cantonade, parler sans être en scène, ou à un personnage qui n'est pas en scène ; parler assez haut pour être entendu de nombreuses personnes tout en ne s'adressant personnellement à aucune.
cantonade
n. f. Chacun des côtés de la scène au-delà duquel se trouvent les coulisses.
|| Loc. Parler à la cantonade: parler à un personnage qui est supposé être dans les coulisses.
— Par ext. Parler sans s'adresser à un interlocuteur précis.
⇒CANTONADE, subst. fém.
I.— Vx. Chacun des côtés de la scène où prenaient place des spectateurs privilégiés.
— P. ext. Groupe de personnes présentes autour de quelqu'un :
• 1. Leur rayonnement [aux évêques bien en cour] empourpre leur suite. Leur prospérité s'émiette sur la cantonade en bonnes petites promotions.
HUGO, Les Misérables, t. 1, 1862, p. 67.
• 2. ... comme il y avait des assistants, ils s'interrompirent et ne dirent plus un mot, (...). M. Gillenormand se tourna vers tous ceux qui étaient dans la chambre et cria :
— Parlez donc haut, vous autres. Faites du bruit, la cantonade.
HUGO, Les Misérables, t. 2, 1862, p. 606.
II.— A.— Partie du théâtre située sur les côtés, derrière les décors, et cachée aux spectateurs. Synon. coulisse. On entend un bruit de voix, cantonade droite (FEYDEAU, La Dame de chez Maxim's, 1914, p. 15).
— P. ext., p. anal. Les maisons blanches du premier plan s'enlevant sur la cantonade violacée du fond (GONCOURT, Journal, I, août 1855 ds M. FUCHS, Lex. du Journal des Goncourt, 1912).
B.— Loc. À la cantonade.
1. THÉÂTRE. [En parlant d'un acteur qui parle] Dans la (les) coulisse(s). À ce moment une voix à la cantonade appelle (PAGNOL, Marius, 1931, p. 87).
— P. métaph. :
• 3. ... quand je pense à ces veillées-là, il y a tout le temps ce petit refrain mélancolique, à la cantonade, dans les coulisses de ma mémoire.
LOTI, Le Roman d'un enfant, 1890, p. 99.
♦ N'apparaître qu'à la cantonade. N'apparaître que marginalement :
• 4. D'ailleurs, songea Durtal, nous sommes singulièrement peu renseignés sur les apôtres. Presque tous n'apparaissent qu'à la cantonade dans les Évangiles...
HUYSMANS, La Cathédrale, 1898, p. 452.
2. P. anal.
a) Dans un lieu voisin invisible :
• 5. De nouveau il [Gide] va parler à quelqu'un à la cantonade et revient en disant qu'il est l'heure, qu'il faut partir. Nous sortons, par une pluie battante.
GREEN, Journal, 1933, p. 130.
b) En dehors de la présence des personnes dont il est question, ou sans que ces personnes puissent entendre :
• 6. Antoine parlait peu, juste assez pour éviter la gêne, mais à la cantonade, et de façon que Jacques n'eût jamais à répondre.
R. MARTIN DU GARD, Les Thibault, La Mort du père, 1929, p. 1268.
• 7. Mes avances au général Giraud ne recueillirent que son silence. Mais, comme il était aussi prolixe à la cantonade que réservé vis-à-vis de moi, je ne tardai pas à apprendre quel était son état d'esprit.
DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, p. 10.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1762-1932. La finale -onnade s'écrit gén. avec 2 n : canonnade, cotonnade, etc., mais n'en prend cependant qu'un dans cantonade, cassonade, limonade. Étymol. et Hist. 1. 1455 « angle de maison, coin de rue » bailler la cantonade (littéralement « donner le coin de la rue ») « prendre un autre chemin (en cas de poursuite) » (Jargon des Coquillards ds SAIN. Arg., p. 188); 2. 1694 cantonade « coin de la scène à l'entrée des coulisses » (GHERARDI, Th. ital., préf. d'apr. DG); p. ext. 1835 « l'intérieur des coulisses » (Ac.); d'où 1752 [s'adresser, parler] à la cantonade « parler sans être en scène ou à un personnage qui n'est pas en scène » (Trév. Suppl. qui note : souvent dans les pièces de théâtre, principalement les Italiennes). Empr. au prov. cantonada « angle, coin » (1418 ds PANSIER t. 3) dér. de canton (canton) introduit en fr. par une des nombreuses troupes de théâtre qui ont joué temporairement dans le Midi (FEW t. 2, p. 234, note 24). Un empr. à l'ital. cantonata (EWFS2; DAUZAT 1973), attesté au sens 1 seulement dep. le XVIe s. (C. Bartoli ds BATT.) est moins probable. Fréq. abs. littér. :138. Bbg. BOULAN 1934, p. 24. — DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 270. — GOOSSE (A.). Le Picard et le wallon, source du jargon des coquillards. Cah. lexicol. 1970, n° 16, p. 111, 114, 115. — GUIRAUD (P.). Le Jargon de la Coquille. Cah. lexicol. 1967, n° 11, p. 47. — KOHLM. 1901, p. 36. — SAIN. Arg. 1972 [1907].
cantonade [kɑ̃tɔnad] n. f.
ÉTYM. 1455, « angle de maison, coin de rue »; provençal cantonada « coin, angle ». → Canton.
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1 (1694). Vx. Dans les théâtres italiens, Chacun des côtés de la scène où prenaient place certains spectateurs privilégiés. — Par ext. Groupe de personnes qui entourent qqn.
2 (1835). Techn. L'intérieur des coulisses d'un théâtre.
♦ ☑ Loc. cour. (1752). À la cantonade. || Parler « à la cantonade » : parler à qqn qui est supposé être dans les coulisses. || X, à la cantonade : … (indication de scène). — Fig. Parler en semblant ne s'adresser précisément à personne.
0 (…) la patronne du café parut à la porte de l'arrière-salle réservée aux réunions, et cria, à la cantonade : « On demande Thibault au téléphone ».
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 241.
Encyclopédie Universelle. 2012.