Akademik

bouler

bouler [ bule ] v. <conjug. : 1>
• 1390; de boule
1 V. intr. Rouler comme une boule ( roulé-boulé). (1854 « repousser ») Fam. Envoyer bouler (qqn, qqch.), s'en débarrasser sans ménagement; repousser (cf. Envoyer promener; fam. envoyer balader, dinguer, paître, valser). Se faire bouler : échouer, être éliminé.
2 V. tr. Bouler les cornes d'un taureau, les garnir de boules de cuir.

bouler verbe intransitif (de boule) Rouler par terre en se ramassant sur soi-même : Bouler au bas de l'escalier.bouler (expressions) verbe intransitif (de boule) Familier. Envoyer quelqu'un bouler, l'envoyer promener, l'éconduire. ● bouler (homonymes) verbe intransitif (de boule) boulaie nom féminin boulé nom masculin boulê nom féminin boulet nom masculinbouler verbe transitif Troubler l'eau avec un bouloir. Frapper avec sa boule les autres boules du jeu. ● bouler (homonymes) verbe transitif boulaie nom féminin boulé nom masculin boulê nom féminin boulet nom masculin

bouler
v. intr. Rouler à terre comme une boule. Lièvre qui boule.
|| Fam. Envoyer bouler qqn, l'éconduire, le renvoyer brutalement.

⇒BOULER, verbe.
I.— [L'image de base est celle de la formation précipitée d'une boule]
A.— Emploi intrans. [En parlant d'un animal, en partic. d'un lapin de garenne, et p. ext. d'une pers.] Tomber en se ramassant sur soi-même comme une boule :
1. Souvent, à l'extrême bout de la zone éclairée, deux longues oreilles [de lapin] passaient, coiffant une petite forme pâle, à peine distincte... Berlaisier, Sarcelotte l'apercevaient bouler sur place, au coup de fusil, et repéraient le cadavre immobile en attendant l'instant de le ramasser au passage.
GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 256.
2. ... on peut aussi se laisser bouler pour ne pas se faire mal quand on tombe de trop haut; ...
CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 180.
P. ext., rare. [En parlant d'une chose] :
3. ... la montagne pour toi c'est ton expérience des ronces, des pierres qui boulent et du vent sur les crêtes, ...
SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, p. 672.
B.— Emploi trans.
1. Bouler un lapin, un lièvre. Le faire se ramasser comme une boule sur lui-même quand il reçoit le coup de fusil mortel :
4. Oh! les quelques lièvres de la Borderie, il en rêvait, il risquait la prison, pour en bouler un de temps à autre, d'un coup de feu.
ZOLA, La Terre, 1887, p. 325.
2. P. ext. [L'obj. désigne une pers., une chose] Faire rouler à terre d'un mouvement précipité, culbuter, renverser :
5. [L'apprenti à Colas :] — ... Tout ce que nous avons pu pour arrêter le feu, maître, nous l'avons fait... Allez donc arrêter un troupeau de gouris! Nous avons été balayés, roulés, foulés, boulés.
R. ROLLAND, Colas Breugnon, 1919, p. 203.
6. ... l'amour, ce bon gros amour, passe outre et boule l'obstacle.
COLETTE, Mes apprentissages, 1936, p. 170.
P. métaph.
a) Arg. de théâtre. [En parlant d'un acteur] Bouler son texte, ses répliques. Précipiter son débit verbal (comme si les mots culbutaient l'un sur l'autre).
b) [Sans faire réf. au théâtre] Je boulais ma prière (SARTRE, Les Mots, 1964, p. 94) :
7. Mais moi, dit-elle (soudain volubile, boulant les mots au point d'en bégayer un peu, comme si tout à coup elle avait dévalé une pente), moi, quoi que vous ayez cru, je ne me suis jamais jetée à votre tête.
MONTHERLANT, Pitié pour les femmes, 1936, p. 1141.
3. [P. anal. de forme] (Cf. boulé adj. B 2).
MODE. [Dans un chapeau] Donner une forme arrondie à la calotte ou à la passe.
ZOOL. Le pigeon boule. Il enfle son jabot.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. généraux.
C.— Emploi pronom.
1. [Avec une idée de précipitation] Au fig., très fam. Envoyer bouler qqn. L'éconduire ou le renvoyer sans ménagement.
Rem. Le pronom réfl. est normalement omis dans la constr. infinitive.
2. [Sans idée de précipitation]
a) [En parlant d'une pers.] Se pelotonner :
8. ... le soir, elle [Mme Désableau] se boulait sur sa chaise...
HUYSMANS, En ménage, 1881, p. 67.
b) [En parlant d'une chose] Prendre une forme arrondie :
9. Tout l'horizon se hérissait d'arbres tors et coudés, des branches fourchues, hersant les bords du ciel, d'un vaste ciel pâle où se boulaient, en des cernes ardoisés, de grands nuages pénétrés de lumière diffuse, vitrifiée, blanche comme l'amiante.
CHÂTEAUBRIANT, M. des Lourdines, 1911, p. 201.
II.— Emplois spéc. [La représentation de base est celle d'une boule, obj. fabriqué, intervenant dans un processus]
SP. Bouler les cornes d'un taureau. Les rendre moins dangereuses par des boules fichées à leur extrémité (Lar. 20e, ROB., QUILLET 1965).
TECHNOL. [En parlant de fleurs artificielles] Donner à l'aide d'une boule, une forme aux pétales (Lar. 19e, Lar. 20e, QUILLET 1965).
Prononc. — 1. Forme phon. :[bule]. 2. Homon. : boulai(s), boulai(en)t et boulaie, boulet.
Étymol. ET HIST. — 1. a) 1390 trans. « faire rouler » (EVRART DE CONTY, Probl. d'Arist., B.N. 210, f° 212e dans GDF.); b) av. 1555 intrans. « rouler comme une boule » (TAHUREAU, Sonnetz, Odes et Mignardises, S. 83 dans HUG.); 2. 1704 « (en parlant d'un pigeon) se renfler » (Trév.).
Dér. de boule; dés. -er.
STAT. — Fréq. abs. littér. :15.
DÉR. Bouleur, euse, subst. Arg. de théâtre. Acteur ou actrice qui boule son texte (cf. bouler B 2 a). ,,Un acteur qui a hâte d'arriver au bout de son rôle, et qui se soucie peu de produire des effets pour avoir plus vite fini est un « bouleur ». L'expression a été empruntée au mouvement d'une boule lancée qui roule jusqu'à la fin de sa course, en évitant ou en contournant, tout ce qui pourrait lui causer un arrêt`` (H. GÉNIN, Le Lang. des planches, 1911, p. 19). 1re attest. av. 1867 (F. Sarcey dans Lar. 19e); dér. de bouler, suff. -eur2.
BBG. — SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 168. — SAIN. Sources t. 2 1972 [1925], p. 120, 152, 184. — SCHUCHARDT (H.). Romanische Etymologien. 2. Sitzungsberichte der Philosophisch-historischen Klasse der kaiserlichen Akademie der Wissenschaften. 1899, t. 141, n° 3, p. 128.

1. bouler [bule] v.
ÉTYM. Av. 1555, intrans.; 1390, trans. « faire rouler »; de boule.
———
I V. intr.
1 Fam. ou régional. Se déplacer sur le sol en roulant comme une boule, à la suite d'une chute ( Roulé-boulé). || Peu après le coup de feu, on vit bouler le lièvre. || « Des pierres qui boulent » (Saint-Exupéry). || Du haut du col, l'ennemi faisait bouler sur eux des quartiers de rochers.
1 On peut aussi se laisser bouler pour ne pas se faire mal quand on tombe de trop haut.
B. Cendrars, Bourlinguer, p. 180.
2 (…) ma figure se heurte à des genoux et des doigts de pied les garçons sautent sur moi boulent se vautrent m'étreignent s'éloignent reviennent disparaissent (…)
Tony Duvert, Paysage de fantaisie, p. 110.
2 (1854, « repousser »). Fam., cour. Envoyer bouler qqn, l'envoyer promener. Éconduire, repousser. || Il l'a envoyé bouler comme un malpropre. Fig. || « Envoyer bouler l'image qu'on se fait du monde », (M. Yourcenar, in Hanse).
Trans.Se faire bouler : se faire renvoyer, éconduire.Fig. Être éliminé, échouer (dans une compétition). || Elle s'est fait bouler au concours.
———
II V. tr. (1390).
1 Renverser et faire rouler par terre, en détruisant. || Bouler un lièvre, le frapper d'un coup de feu et le faire rouler sur lui-même sur sa lancée.Bouler un obstacle.
2 Fam. Dire, réciter le plus vite possible. || L'acteur a boulé son texte (dans ce sens, le dér. bouleur s'est employé). || Bouler ses mots.
3 (…) chaque soir, j'attendais impatiemment la fin de la bouffonnerie quotidienne, je courais à mon lit, je boulais ma prière, je me glissais entre mes draps (…)
Sartre, les Mots, p. 94.
3 Garnir d'une boule. || Bouler les cornes d'un taureau.
——————
se bouler v. pron.
Fam., régional. Se rouler en boule, se pelotonner. || La petite fille, apeurée, se boulait dans un coin sombre de la pièce.
4 Les yeux jaunes fouillent le courage de l'homme. Les griffes sorties, le loup-cervier se boule, prêt à bondir. La peur de la bête face à l'odeur de l'homme, aux grognements des chiens.
Jean-Yves Soucy, Un dieu chasseur, p. 26.
——————
boulé, ée p. p. adj.
|| Lièvre boulé.
5 (…) ses guêtres de routier, couleur de chaume, se détendirent ainsi que ses ongles usés et rognés. Et il bondit par la haie, boulé, les oreilles à son derrière.
Francis Jammes, le Roman du lièvre, I, p. 8.
6 Sous le tir des policiers des fenêtres, deux étaient tombés au milieu de la rue, les genoux à la poitrine, comme des lapins boulés (…)
Malraux, la Condition humaine, p. 81.
Spécialt. Équit., turf. En position ramassée pour la course (jockeys).
7 Puis dans un canter ou petit galop, les jockeys déjà boulés sur leurs pur-sang impatients de se détendre, vont se mettre sous les ordres du starter.
P. Arnoult, les Courses de chevaux, p. 96.
DÉR. Boulant, boulé. — Boulage ou bouletage. — V. 1. Boulotter.
COMP. Abouler, bouleverser, chambouler, débouler, roulé-boulé.
HOM. 2. Bouler.
————————
2. bouler [bule] v. tr.
ÉTYM. XVe, boler : « Ainsi fine ma parabole, / la merde puet quant on la bole », le Serment du pappegay, manuscrit messin; du lat. bullare « bouillonner ». → Bouiller.
Vx ou régional. Agiter, remuer, battre au moyen d'une perche ( Bouloir). || Bouler l'eau d'une rivière. Bouiller; 1. bouille.Spécialt. || Bouler la chaux, le mortier.
DÉR. Bouloir. — V. Bouiller.
HOM. 1. Bouler.

Encyclopédie Universelle. 2012.