border [ bɔrde ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1170; de bord
1 ♦ S'étendre le long du bord, occuper le bord de (qqch.). Un fossé borde la route. ⇒ longer. « Des ormeaux qui bordent le chemin » (A. Chénier). Route bordée d'arbres. — Des yeux bordés de khôl. ⇒ souligner .
♢ Mar. Border les côtes, les longer. ⇒ caboter.
2 ♦ (1271) Garnir d'un bord, d'une bordure. Border un tapis (⇒ bordé) . Border l'encolure d'un biais. Mouchoir bordé de dentelle, veste bordée d'une ganse.
3 ♦ Border un lit : replier le bord des draps, des couvertures sous le matelas.
♢ Border qqn dans son lit, et absolt border qqn.
4 ♦ Border qqn, border une affaire, assigner des limites à son action. ⇒ contrôler. (On dit aussi BORDURER .)
5 ♦ Mar. Tendre les écoutes pour raidir (une voile). Une voile bordée plat.
6 ♦ Revêtir la membrure de (un navire) de bordages.
⊗ CONTR. Déborder. Choquer.
● border verbe transitif (de bord) Garnir une étoffe, un vêtement d'un bord, d'une bordure : Border un rideau, une jupe. Garnir quelque chose, un lieu d'une bordure : Border une allée de rosiers. Occuper quelque chose sur le bord ou en bordure : Des villas bordent la route. Chirurgie Protéger les lèvres d'une plaie chirurgicale à l'aide de linges spéciaux, appelés « champ de bordure ». Marine Longer les côtes. Militaire Occuper la partie extérieure d'un bois, d'une rivière, etc. ● border (expressions) verbe transitif (de bord) Border un lit, border quelqu'un (dans son lit), replier le drap supérieur et les couvertures sous le matelas. Border un bâtiment, revêtir sa membrure de bordages ou de bordés. Border une voile, faire effort sur les écoutes pour la raidir. ● border (homonymes) verbe transitif (de bord) bordé nom masculin bordée nom féminin ● border (synonymes) verbe transitif (de bord) Occuper quelque chose sur le bord ou en bordure
Synonymes :
- longer
border
v. tr.
d1./d Servir de bord, longer. Le quai borde la rivière.
d2./d Garnir le bord d'une chose pour l'orner, la renforcer. Border de fourrure un manteau.
— Border un lit: rentrer le bord des draps et des couvertures sous le matelas.
— Par ext. Border qqn (dans son lit).
d3./d MAR Border une voile: en raidir les écoutes.
|| Border un navire: revêtir ses membrures de bordages.
⇒BORDER, verbe trans.
I.— MARINE
A.— Garnir de bordages un navire :
• 1. Le plateau de grande-vue, granite-house et le chantier de construction étaient momentanément préservés. Or, ces quelques jours, il fallait les employer à border le navire et à le calfater avec soin. Puis, on le lancerait à la mer et on s'y réfugierait, quitte à le gréer, quand il reposerait dans son élément.
VERNE, L'Île mystérieuse, 1874, p. 603.
B.— Placer sur le bord d'une embarcation. Border les avirons. Les mettre sur le bord du bateau, prêts à servir (MAUPASSANT, Pierre et Jean, 1888, p. 441).
C.— Saisir par le bord. Border les voiles. Les tendre par leur bord inférieur (cf. JARRY, Ubu Roi, 1895, p. 91 : border la misaine).
D.— Longer de son bord, ou longer le bord de quelque chose.
1. Border les côtes. Les côtoyer (Voyage de La Pérouse, 1797, t. 2, p. 387).
2. Border un vaisseau ennemi. Le suivre de côté pour l'observer.
Rem. Cité dans la plupart des dict. gén. du XIXe siècle.
II.— Usuel
A.— Garnir quelque chose d'un bord, d'une bordure; aménager une chose de manière qu'elle ait un bord.
1. [À l'aide d'un galon, d'un ruban ou de fourrure] :
• 2. L'extrême magnificence de ce présent ne fut pas ce qui frappa le plus Olivier; ses yeux se fixèrent sur deux rangs de grosses perles qui bordoient le haut de la housse, et qu'il reconnut dans l'instant pour les avoir vues au cou de la duchesse; ...
Mme DE GENLIS, Les Chevaliers du Cygne, t. 3, 1795, p. 77.
• 3. J'avais ce soir, en chemin de fer, vis-à-vis de moi, une vieille femme toute charmante d'une grâce séductrice. Une toilette entièrement noire : gants, robe, grand manteau à deux pélerines, capuchon; une toilette où il n'y avait de blanc qu'une dentelle blanche bordant son capuchon, qui courait sur les bandeaux bouffants de ses cheveux gris et encadrait son visage.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1893, p. 383.
• 4. Lu dans une revue de 99 un compte-rendu du premier livre de vers de Thomas Hardy, et une poésie amoureuse d'une ironie et d'un pessimisme que Tess ne faisait guère prévoir. Vu sa tête, vague, et une photographie d'Henri De Régnier, du temps où l'on bordait les revers de vestons : tête inénarrable dont le masque de Vallotton ne donne pas une idée.
ALAIN-FOURNIER, Correspondance [avec J. Rivière], 1906, p. 76.
• 5. Je vais m'asseoir dans un café et j'ouvre mon livre, mais la patronne a envie de bavarder avec moi. Elle est assise au bout d'une longue table de billard recouverte de sa housse et borde des mouchoirs.
GREEN, Journal, 1934, p. 216.
Rem. À signaler le subst. bordeur, euse, anc. forme du mot brodeur et qui désigne plus partic. l'ouvrier (ère) qui borde les chaussures (cf. SUE, Les Mystères de Paris, 1842-43, p. 209).
— Emploi pronom. [En parlant d'une chose quelconque] Se border de. Se garnir de :
• 6. Un nuage énorme, à tel point brouillé qu'il donnait aux aviateurs l'impression de devenir aveugles, se jeta sur les avions de tourisme, dont les plans se bordaient de neige et qui commencèrent à frémir dans la course affolée des flocons qui les recouvraient.
MALRAUX, L'Espoir, 1937, p. 843.
2. [L'obj. désigne un lit, des draps, des couvertures] En replier le bord sous le matelas :
• 7. Ah! je suis bien! dit enfin Rose, allongée, pendant que la cousine bordait les draps et remontait le traversin. Et elle riait d'aise, toute seule au milieu du grand lit.
ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 276.
— P. brachylogie. Border un enfant (dans son lit), border serré (cf. RENARD, Poil de Carotte, 1894, p. 21) :
• 8. Les deux hommes étendirent sur elle leurs manteaux; ils enveloppèrent ses pieds, ses jambes et ses genoux, comme un enfant qu'on borde dans son lit. Elle se laissait faire, et les remerciait du regard.
R. ROLLAND, Jean-Christophe, L'Adolescent, 1905, p. 296.
3. Domaines techn.
a) HORTIC. et JARD.
— Border une planche. En relever les bords de chaque côté.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du XIXe et du XXe s., (cf. également É.-A. CARRIÈRE, Encyclop. hortic., 1862, p. 61).
— Border une plate-bande, un massif, une allée. Y planter des végétaux destinés à former des bordures :
• 9. ... j'avais fait de l'île un parc, un salon, astiquant les grèves de nacres, polissant les récifs, colorant de rouge vif par des injections dans les racines des bosquets entiers, que je bordais ensuite d'orchidées nègres...
GIRAUDOUX, Suzanne et le Pacifique, 1921, p. 202.
b) PÊCHE. Border un filet. Attacher une corde autour de ce dernier pour le rendre plus fort.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du XIXe et XXe siècle.
c) B.-A.
— PEINT. Coucher une couleur plus claire ou plus sombre sur le fond d'un tableau, autour des figures et autres objets pour en détacher les contours.
— GRAV. Entourer de cire malléable les planches de grande dimension qu'on ne peut plonger dans la cuvette, mais sur lesquelles on verse directement l'acide à mordre.
Rem. 1. Sens attesté dans la plupart des dict. gén. du XIXe et du XXe s., ainsi que dans J. ADELINE, Lex. des termes d'art, 1884. 2. À signaler le verbe bordoyer. ,,Coucher l'émail à plat sur une plaque de métal bordée`` (cf. Ac. Compl. 1842). Il se dit aussi en parlant du mauvais effet des émaux clairs (attesté dans la plupart des dict. gén. du XIXe et du XXe s.). 3. À ce verbe correspond le subst. masc. bordement. Manière d'employer les émaux clairs en les couchant à plat.
B.— Occuper le bord de quelque chose, servir de bord à quelque chose. Précipices qui bordent la route (KARR, Sous les tilleuls, 1832, p. 43); saules qui bordaient une rivière (FLAUBERT, Trois contes, La Légende de st Julien l'Hospitalier, 1877, p. 94) :
• 10. Nous franchîmes la première chaîne des montagnes qui bordent la rive orientale du Nil; et perdant de vue les humides campagnes, nous entrâmes dans une plaine aride : rien ne représente mieux le passage de la vie à la mort.
CHATEAUBRIAND, Les Martyrs, t. 2, 1810, p. 120.
• 11. Ils se faisaient des joies de courir la campagne équivoque et jolie qui borde la ville, les rues où les cabarets, couleur lie de vin, sont ombragés par des acacias, les chemins pierreux où les orties croissent au pied des murs, les petits bois et les champs sur lesquels s'étend un ciel fin que rayent les fumées des usines.
A. FRANCE, Le Lys rouge, 1894, p. 299.
• 12. C'est surtout sur place, et à part dans chacun des compartiments naturels qui divisent la contrée, que s'obtenaient les moyens de nourriture. Toutefois une ressource générale provenait des rivages poissonneux qui bordent les mers japonaises.
VIDAL DE LA BLACHE, Principes de géogr. hum., 1921, p. 145.
— P. ext. [l'obj. désigne le corps hum. ou une partie du corps] Membranes qui bordent les doigts (CUVIER, Leçons d'anat. comp., t. 2, 1805, p. 587) :
• 13. Louise n'avait pas prononcé une parole. Elle avait seulement un peu rougi, et baissait la tête. Un filet rouge bordait l'orbe de ses yeux ternes. Je crus qu'elle allait pleurer.
MIRBEAU, Le Journal d'une femme de chambre, 1900, p. 310.
— MILIT. [En parlant de troupes] Border la haie. Occuper, en formation de ligne un des côtés ou chaque côté d'une rue, etc. Synon. mod. faire la haie :
• 14. Cent Écossais bordaient la haie autour de Charles VIII entrant dans Rome.
STENDHAL, Promenades dans Rome, t. 2, 1829, p. 298.
PRONONC. :[], (je) borde [].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. Ca 1170 « (d'une chose), garnir, constituer le bord de qqc. » (Fierabras, 6054, A.P. dans R. Hist. litt. Fr., 1898, p. 297); 2. 1264 [date du ms.] mar. border les nes « munir [les nefs] de bordages » (B. DE STE MAURE, Troie, 17468, var. dans T.-L.); 1296 id. (Compte de Jean Arrode et de Michel Gascoing, 26 août dans JAL1); 3. 1271 « garnir (qqc.) d'un bord » (E. BOILEAU, Métiers, 193 dans T.-L.); 4. « placer une chose au bord d'une autre » spéc. XIIIe s. border le lit [littéralement : assujettir les couvertures au bord du lit] (Chansons et dits artésiens, XI, 10, ibid.); 5. 1690 border une voile « tendre les écoutes pour raidir une voile » (FUR.).
Dér. de bord; dés. -er.
STAT. — Fréq. abs. littér. :775. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 200, b) 1 245; XXe s. : a) 876, b) 1 075.
border [bɔʀde] v. tr.
ÉTYM. 1170 au sens I, 1; de bord au sens étendu; le sens originel de bord (marine) semble utilisé postérieurement pour le verbe; → ci-dessous, II.
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1 S'étendre le long du bord, occuper le bord de (qqch.). ⇒ Longer. — (Sujet n. de chose). || Un fossé borde la route. || Les rochers bordent le rivage. — Rare (Sujet n. de personne). || Les soldats, l'infanterie bordent la frontière.
1 Les gazons dont un printemps éternel bordait son île (…)
Fénelon, Télémaque, I.
2 Le tranquille horizon qui borde nos États (…)
Voltaire, Scythes, IV, 2.
3 Le gouvernement fit border d'infanterie la route que René devait suivre (…)
Chateaubriand, les Natchez, II, 238.
4 (…) n'ayant plus un penny pour payer une chambre d'hôtel, il s'assit sur le parapet qui borde le port et regarda les reflets des hublots.
A. Maurois, les Discours du Dr O'Grady, XIV, p. 148.
5 Des ormeaux qui bordent le chemin
J'ai passé les premiers à peine (…)
A. Chénier, la Jeune Captive.
♦ Milit. Se disposer en ligne, sur un côté ou les deux côtés d'une voie (→ ci-dessus, cit. 3). → Faire la haie.
♦ Pron. || Se border de… : se garnir sur le bord.
2 (1271). Garnir d'un bord, d'une bordure. ⇒ Entourer. || Border un manteau de fourrure. || Border un tissu d'une frange (⇒ Franger), d'un effilé, d'un ourlet (⇒ Ourlet), d'un liseré (⇒ Bordé).
♦ Le compl. désigne une partie du corps :
6 (…) un visage assagi, où les cils, abaissés sur la joue, bordaient d'un trait de gomme-gutte la boutonnière mince de l'œil.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 21.
♦ (XIIIe). || Border un lit : replier le bord des draps, des couvertures sous le matelas. || Border un drap. — Par ext. || Border qqn dans son lit, et, absolt, border qqn.
♦ Sujet n. de personne :
7 Jacques se met à border le lit activement, avec un soin de vieille fille.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, II, 4.
3 Techn., pêche. || Border un filet, le renforcer en l'entourant d'une corde.
♦ Hortic. || Border une planche : relever la terre des bords au moyen du dos de la bêche pour surélever la planche par rapport au sentier — Border une allée, une plate-bande de végétaux. || Border une allée de peupliers.
♦ Arts. || Border une figure, en détacher les contours.
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1 (1264). || Border un navire : revêtir la membrure de bordages.
2 Border les côtes, les longer. || Border un bâtiment, un vaisseau, l'observer en le suivant.
3 (1690; de bord : ramener à bord). || Border une voile, en ramener le point d'écoute vers l'axe du bateau. ⇒ aussi Bouliner (vx). || Border un foc, un génois. || On borde une voile en embraquant l'écoute. || Border une voile plat, l'aplatir en tendant les écoutes au maximum. — Absolt. || Borde, on va virer ! || Border plat. — Pron. || Une voile se borde plat avant un virement de bord vent devant.
7.1 (…) une mer très curieuse, tantôt hachée au point de nous obliger à border les voiles plat et à boucler le capot, tantôt exceptionnellement belle; c'est le courant qui fait des siennes.
Bernard Moitessier, Cap Horn à la voile, p. 221.
4 Border les avirons, les ranger sur le bord de l'embarcation, prêts à être utilisés.
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bordé, ée p. p. adj.
ÉTYM. (XIIe).
1 Entouré, garni (de qqch.). || Bordé de… || Route bordée d'arbres. || Mouchoir bordé de dentelle.
8 Il n'y a point d'autre chemin pour y aller qu'un petit sentier tout bordé de ronces (…)
La Fontaine, Psyché, II, p. 116.
9 Ses paupières attentives étaient bordées de cils longs.
Paul Bourget, Un divorce, III.
10 (…) des rabats bordés de petites perles blanches (…)
Alphonse Daudet, le Petit Chose, I, 2.
2 Mar. || Un navire bien bordé, dont le bordage est solide.
♦ Une voile bordée; une voile bordée plat.
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CONTR. et COMP. Déborder.
DÉR. Bordé.
HOM. Bordé, bordée.
Encyclopédie Universelle. 2012.