bifteck [ biftɛk ] n. m.
• 1806; beef steks 1735; angl. beefsteak « tranche de bœuf »
♦ Tranche de bœuf grillée ou destinée à l'être. ⇒ steak. Un bifteck dans le filet, dans la bavette. Des biftecks hachés. Par ext. Bifteck de cheval. — Loc. fam. Gagner son bifteck : gagner sa vie. Défendre son bifteck, ses intérêts. — Parfois francisé enBIFTÈQUE. Elle « cuisait les biftèques » (Aymé). — Abrév. fam. (1920) BIF [ bif ]. Des bifs.
● bifteck nom masculin (anglais beefsteak, tranche de bœuf) Tranche de viande de bœuf, de cheval utilisée comme grillade. Spires externes d'une bobine de papier que l'on élimine avant la mise en place sur rotative. ● bifteck (difficultés) nom masculin (anglais beefsteak, tranche de bœuf) Orthographe On écrit bifteck, avec un i. Remarque Bifteck est la forme francisée de l'anglais beefsteak, tranche de bœuf. Emploi On dit aussi steak. Recommandation En parlant de viandes autres que celle du bœuf, employer steak : un steak de cheval. ● bifteck (expressions) nom masculin (anglais beefsteak, tranche de bœuf) Familier. Défendre son bifteck, défendre ses intérêts. Familier. Gagner son bifteck, gagner sa vie, sa nourriture. ● bifteck (synonymes) nom masculin (anglais beefsteak, tranche de bœuf) Tranche de viande de bœuf, de cheval utilisée comme grillade.
Synonymes :
- steak
bifteck
n. m. Tranche de boeuf grillée, à griller.
|| Fig., Fam. Gagner son bifteck: gagner de quoi vivre.
— Défendre son bifteck: défendre ses intérêts. (On écrit parfois beefsteak.)
⇒BIFTECK, subst. masc.
A.— Tranche de bœuf cuite sur le gril ou à la poêle. Bifteck aux pommes (de terre); bifteck (cuit) à point, saignant; bifteck (bien) tendre; faire griller un bifteck; attendrir un beefsteak :
• 1. — Ah! les potes, hein, la barbaque qu'on nous a balancée hier, tu parles d'une pierre à couteaux! Du bifteck de bœuf, ça? Du bifteck de bicyclette, oui, plutôt. J'ai dit aux gars : « Attention, vous autres! N'mâchez pas trop vite : vous vous casseriez les dominos; des fois que l'bouif aurait oublié de r'tirer tous les clous! »
BARBUSSE, Le Feu, 1916, p. 26.
— Beefsteack-pudding. ,,C'est, avec le plum-pudding, le plus anglais des poudings. Il se fait avec une pâte (...) dont on fonce un moule avant d'y disposer des lits d'escalopes de bœuf épaisses`` (Ac. Gastr. 1962).
B.— P. ext.
1. Tranche de viande grillée ou cuite comme un bifteck. Bifteck de cheval, d'ours, d'hippopotame Nous mangeons à déjeuner un bifteck d' hippopotame, fort bon ma foi! (GIDE, Le Retour du Tchad, 1928, p. 905) :
• 2. — Bah! répondit le rancunier harponneur, que diable voulez-vous qu'on mange ici? du foie de tortue, du filet de requin, du beefsteak de chien de mer!
VERNE, Vingt mille lieues sous les mers, 1870, p. 78.
— P. anal., IMPR. Morceau de papier coupé. ,,En général, tout résidu de papier. En outre, les premières feuilles détachées d'une bobine de papier pour amorcer le déroulement (arracher le bifteack); c'est aussi les restes de papier sur le mandrin de la bobine. Enfin c'est le mot qui désigne chez les revendeurs le papier acheté pour des prospectus ou de menus travaux, papier qui provient de ces résidus (acheter des bifteacks)`` (CHAUTARD 1937, pp. 54-55) :
• 3. Les petites feuilles locales le recevaient [le papier journal] des récupérateurs qui débitaient en rames les biftecks et les fins de bobines et les leur vendaient à un prix avantageux.
G. et H. COSTON, L'A.B.C. du journ., 1952, p. 186.
2. Arg. Bifteck à la chamareuse, bifteck de grisette. ,,Saucisse plate, nourriture ordinaire des chamareuses (petites ouvrières)`` (FRANCE 1907). Bifteck à Ma(c)quart ,,Rosse, vieux cheval bon à être abattu`` (G. DELESALLE, Dict. arg.-fr. et fr.-arg., 1896, p. 35), ,,sale individu (...) c'est un équivalent de charogne`` (L. LARCHEY, Dict. hist. d'arg., 2e Suppl., 1883, p. 16). Faire du bifteck. ,,Frapper. Allusion à la viande frappée par le cuisinier pour la rendre moins dure`` (LARCH. Suppl. 1880, p. 14), ,,monter sur un cheval qui trotte dur, c'est-à-dire qui fatigue le postérieur de son cavalier`` (L. LARCH. Suppl., 1880, p. 14). Manger son beefsteak. ,,Se taire, dans l'argot des faubouriens`` (A. DELVAU, Dict. de la lang. verte, 1866, p. 238). Ramasser un beefsteak. ,,Choir`` (ESN. 1966).
3. Pop., p. plaisant. Chair humaine; partie charnue du corps humain :
• 4. Il se montra dans le quartier, exhibant sa capote trouée, exigeant qu'on tâtât sa fesse : « dites, vous sentez, l'beafteck en moins? ».
BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 124.
C.— Au fig., pop. Nourriture; repas; gagne-pain; intérêts. Gagner, défendre son bifteck; la course au bifteck; le beefsteack quotidien :
• 5. [Ces Russes émigrés devenus chauffeurs à Paris,] se mirent à dévorer l'espace et le bifteck des autres.
A. SIMONIN, J. BAZIN, Voilà taxi! 1935, p. 100.
• 6. Informé, et comment! de cette passion, Barrams, qui ne songeait qu'à défendre son beefsteak, jetait de toutes parts des regards courroucés et charbonneux, ...
FARGUE, Le Piéton de Paris, 1939, p. 53.
— P. méton., arg.
a) L'heure du repas. Il est beefsteak! c'est l'heure d'aller becqueter (G. DELESALLE, Dict. arg.-fr. et fr.-arg., 1896, p. 32) :
• 7. Hé! M'sieu Virelain, v'là le bifteck moins le quart, l'apéro moins cinq.
A. ARNOUX, Pour solde de tout compte, 1958. p. 19.
b) ,,Nom donné par le souteneur à la femme qui le fait vivre`` (J. LACASSAGNE, L'Arg. du « milieu », préf. de F. Carco, 1928, p. 22; Ch.-L. CARABELLI, [Lang. de la pègre]). Bifteck à corbeau. ,,Vieille prostituée`` (FRANCE 1907).
PRONONC. ET ORTH. :[]. L'orth. angl. beefsteak est admise comme var. dans BESCH. 1845, Lar. 19e, LITTRÉ, GUÉRIN 1892, Nouv. Lar. ill., DG, Ac. 1932, ROB., QUILLET 1965. Parmi les nombreuses graph. qui s'écartent de l'orth angl., la plus fréq., bifteck, s'impose comme la forme « française ». Le consonantisme de la forme angl. [b-fst-k] est gén. simplifié par l'élision ou de -s- ou, plus rarement, de -f- (bisteck dans DABIT, L'Hôtel du Nord, 1929, p. 152). Les var., graphisme par graphisme, sont les suiv. (les graph. francisantes [phonét.] sont en it.) : voyelle de beef- : ea, e, i; voyelle de -steak : ee, a, e (beefsteck dans S. de BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 87; bifteck; biftec dans TOULET, Les Demoiselles de la montagne, 1920, p. 28), è (biftèque dans AYMÉ, Le Bœuf clandestin, 1939, p. 7, 33, 36; R. QUENEAU, Zazie dans le métro, 1959, p. 176); consonne finale : ck, c, que. Bien que non fr., la graph. ck est également significative : elle constitue une marque outrée, volontiers dépréciative, du caractère étranger du mot en cause (v. p. ex. graph. bolchevick de bolchevique). Une orth. biftek est également concevable. Le choix reste difficile en l'absence de normes orthographiques pour les emprunts.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1735 Beeft Steks, à l'Angloise (Le cuisinier moderne qui apprend à donner toutes sortes de repas, La Haye, t. 3, chap. 10, p. 196); 1786 beef-stake cont. anglo-amér. (CHASTELLUX, Voy. dans l'Amér., sept., I, 78 dans BONN.); 1805 biffteck (Trad. Souvenirs de Paris, A. Kotzebue, Paris, Chaignieau, t. 1, p. 267); 1807 bifteck (VIARD, Cuisinier Impérial, p. 97 dans BONN.).
Empr. à l'angl. beef-steak (FEW t. 18, p. 21) attesté dep. 1711 (Addison dans NED) et composé de beef « viande de bœuf » (d'où le fr. bif « bœuf », 1660 et (rôt de) bif, 1698 dans MACK. t. 1, p. 78) emprunté à l'a.fr. boef, buef, v. bœuf; et de steak « tranche ».
STAT. — Fréq. abs. littér. :121.
BBG. — BEHRENS Engl. 1927, p. 174. — BONN. 1920, p. 9. — CAPELOVICI (J.). Beefsteak ou biftec. Vie Lang. 1960, n° 104, pp. 579-582. — DARM. 1877, p. 253. — DUCH. 1967, § 40, 70. — POHL (J.). Contribution à l'hist. de qq. mots. Arch. St. n. Spr. 1969, t. 205, p. 361. — QUEM. 2e s. t. 3 1972, p. 23. — TARDEL (H.). Das Englische Fremdwort in der modernen französischen Sprache. In : Festschrift 45. Versammlung deutscher Philologen und Schulmänner. Bremen, 1899, p. 380.
bifteck [biftɛk] n. m.
ÉTYM. 1806; beeft Stek à l'Angloise, 1735, attestation isolée; beef-stake, dans un contexte anglo-américain, 1785; angl. beef-steak, de beef « bœuf », et steak « tranche ».
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1 Tranche de bœuf grillée, ou destinée à l'être. ⇒ Steak, romsteck. || Un épais bifteck. ⇒ Chateaubriand, tournedos. || Un bifteck dans le filet, dans le romsteck (spécialt, morceau de filet, d'aloyau → cit. 1). || Bifteck aux pommes (de terre). || Bifteck frites. — Bifteck saignant, bleu (très saignant); bifteck à point, bien cuit.
1 Pourtant, il y a toujours quelque chose qui sépare le bifteck anglais du bifteck français. Nous faisons notre bifteck avec un morceau de filet d'aloyau, tandis que nos voisins prennent pour leurs biftecks ce que nous appelons la sous-noix du bœuf, c'est-à-dire le rump-steak; mais chez eux cette partie du bœuf est toujours plus tendre qu'elle ne serait chez nous, parce qu'ils nourrissent mieux leurs bœufs que nous et qu'ils les tuent plus jeunes que nous ne les tuons en France.
A. Dumas, Grand dict. de la cuisine, p. 223.
2 Le sanguin est la raison d'être du bifteck : les degrés de sa cuisson sont exprimés, non pas en unités caloriques, mais en images de sang; le bifteck est saignant (rappelant alors le flot artériel de l'animal égorgé), ou bleu (et c'est le sang lourd, le sang pléthorique des veines qui est ici suggéré par le violine, état superlatif du rouge). La cuisson, même modérée, ne peut s'exprimer franchement; à cet état contre-nature, il faut un euphémisme : on dit que le bifteck est à point, ce qui est à vrai dire donné plus comme une limite que comme une perfection.
R. Barthes, Mythologies, p. 79.
♦ Par plais. || Rouge bifteck : rouge sang.
3 Son admirable corps, moulé dans un pull-over rouge bifteck à col roulé (…)
René Fallet, le Triporteur, p. 423.
2 Fig., fam. a ☑ (1939, in Höfler). Gagner son bifteck : gagner sa vie. — ☑ (1967). Défendre son bifteck : défendre ses intérêts.
b Argot. Prostituée (qui gagne le bifteck de son « protecteur »).
REM. L'Académie a adopté l'orthographe bifteck dès 1835. Parmi les multiples var. graphiques, on trouve beffteack (1840), beefsteak (1821, in Höfler — seule forme anglaise correcte), biftec (1920), beefsteck, biftèque (1939), beefsteck. Outre la forme bifteck, la variante francisée biftèque (→ ci-dessous, cit. 6) semble seule vivante.
4 Elle avala successivement, sans ôter son masque (…) vingt glaces dont un beffteack.
Dumersan et Dupeuty, Matelots et Matelotes, VIII (1840), in D. D. L., II, 3.
5 Il est certes peu de repas à la suite desquels je n'accepterais pas volontiers un beefsteck aux pommes (…)
Gide, Attendu que, p. 38.
6 Sabine Lemurier, dans un calme apparent, continuait à mener une existence d'épouse attentive et de bonne ménagère, allait au marché, cuisait les biftèques, recousait les boutons, faisait durer le linge de son mari.
M. Aymé, le Passe-muraille, 1939, p. 54.
Encyclopédie Universelle. 2012.