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batifoler

batifoler [ batifɔle ] v. intr. <conjug. : 1>
• v. 1540; p.-ê. it. battifolle « moulin », a. provenç. batifol « moulin à battre »; de batre « battre » et folar « fouler », avec infl. de fol
Fam. S'amuser à des jeux folâtres. s'amuser, folâtrer. « Faner, c'est retourner du foin en batifolant » (Mme de Sévigné). Personne qui batifole (BATIFOLEUR, EUSE n. , 1835 ).

batifoler verbe intransitif (ancien italien batifolle, moulin) S'ébattre avec joie ; gambader : Les enfants batifolent sur la pelouse. Familier. S'amuser, perdre son temps à des enfantillages : Des oisifs, qui ne pensent qu'à batifoler. Familier. Se permettre des libertés avec une femme. ● batifoler (difficultés) verbe intransitif (ancien italien batifolle, moulin) Orthographe Toutes les consonnes de ce verbe (t, f, l) sont simples, à toutes les formes de la conjugaison. ● batifoler (synonymes) verbe intransitif (ancien italien batifolle, moulin) S'ébattre avec joie ; gambader
Synonymes :
- faire le fou
- folâtrer
- gambader
- jouer
- s'ébattre

batifoler
v. intr. Fam. Jouer à la manière des enfants, en manifestant de la joie ou en s'amusant à des futilités. Batifoler dans l'herbe.

⇒BATIFOLER, verbe intrans.
A.— [En parlant d'une pers.] Folâtrer, gambader, s'ébattre avec joie comme un enfant :
1. ... madame de Lourmel et une autre dame, étant à batifoler sur les rochers auprès du phare, ont été surprises par deux furieuses lames.
MÉRIMÉE, Lettres à M. Panizzi, t. 2, 1870, p. 240.
P. anal. [En parlant d'un animal] :
2. Jamais j'ai connu pigeons aussi peu fervents des voyages, si amoureux d'être tranquilles... Je leur laissais pourtant tout ouvert... Jamais l'idée leur serait venue d'aller faire un tour au jardin... d'aller voir un peu les autres piafs... les autres gros gris roucoulards qui batifolaient sur les pelouses... autour des bassins...
CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 430.
Rem. V. aussi A. POMMIER, Colifichets, 1860, p. 190 à propos du papillon et GENEVOIX, Nuits de guerre, 1917, p. 228 à propos du sanglier.
P. métaph., B.-A. [Le suj. est assimilé à un animé] Présenter l'attitude désinvolte d'une personne qui gambade et folâtre :
3. Il entra dans le boudoir, capitonné de soie bleu-pâle avec des bouquets de fleurs des champs, tandis qu'au plafond, dans un cercle de bois doré, des amours, émergeant d'un ciel d'azur, batifolaient sur des nuages en forme d'édredon.
FLAUBERT, L'Éducation sentimentale, t. 1, 1869, p. 149.
MUS. Sur des basses saccadées, batifole presto une petite phrase d'allure gaillarde (WILLY, La Mouche des croches, par l'ouvreuse du Cirque d'été, 1894, p. 19).
B.— P. ext.
1. S'amuser à de petites plaisanteries, passer son temps à des enfantillages. Synon. baguenauder :
4. Il [Delille] jouait, batifolait perpétuellement avec son esprit, comme un chat avec un marron : c'est M. Villemain qui dit cela.
SAINTE-BEUVE, Portraits littér., t. 2, 1844-64, p. 84.
2. Spéc., pop. ou fam., vocab. de l'amour. Batifoler avec une fille, une femme. Prendre avec elle certaines privautés. Synon. badiner, lutiner :
5. ... tantôt le jour était gris et sombre; aujourd'hui des courses d'affaires, demain un dîner de famille, sans compter les malaises du talent et ceux du corps, et enfin les jours où l'on batifole avec une femme adorée.
BALZAC, La Cousine Bette, 1847, p. 198.
6. Il arrivait le dimanche à midi, se faisait servir un copieux déjeuner, remontait l'accord du piano et du clavecin, me donnait une leçon de deux heures, puis allait batifoler avec les servantes jusqu'au dîner.
G. SAND, Histoire de ma vie, t. 3, 1855, p. 7.
P. métaph. [Le suj. désigne un inanimé personnifié] :
7. Le soleil batifolait à travers le pampre chatouillant d'une lumière inégale les plats sur la table sans nappe.
GIDE, Les Caves du Vatican, 1914, p. 800.
Prononc. :[], (je) batifole [].
Étymol. ET HIST. — [1532, v. batifolage] [1539-41] (C. FONTAINE, la Complaincte de F. Sagouyn dans Œuv. de Cl. Mar., t. 6, p. 198, éd. 1731 d'apr. GDF. Compl. : Je confesse que par envie J'ay lourdement batiffolé. ... Contre l'honneur et reverence De Clement le Maro de France).
Orig. obsc. L'hyp. la plus vraisemblable est celle d'un dér. de l'a. prov. batifl « moulin à battre (les draps, l'écorce) » (Pt LEVY E.) cf. 1284 charte dans BALUZE t. 2, Hist. Arvern, p. 134 dans DU CANGE t. 1, p. 603c : molendinum Batiffol; dans les textes du Cart. de St Flour, ibid. (bacifollum) et du pariage entre le roi et le prieur de Paulhaguet, 1316, ibid., p. 604a (batifollum; il s'agit d'un moulin à vent). Le mot est attesté dans le domaine fr. en 1280 et au XVIe s. uniquement dans des textes issus des Archives de la Vienne, donc voisins du domaine occitan. À rapprocher aussi de l'a. ital. batiffole, attesté au sens de « moulin » au XIVe s., DEI. L'a. prov. batifl est peut-être une formation tautologique composée de formes verbales de batre « battre » et folar « fouler » (v. GUIRAUD, Struct. étymol. du lex. fr., p. 15), mais à cette étymol. s'opposent, cependant plusieurs faits : du point de vue phon. l' de l'a. prov. ne peut provenir du lat. ; du point de vue sém. est difficilement compatible avec le sens de « moulin à vent » fréquemment attesté en a.prov.; peut-être pour cette accept. y a-t-il eu attraction de follis « fou » (cf. brise folle, vent follet), comme il y en a eu pour le verbe au sens de « folâtrer ». L'hyp. d'un empr. à l'ital. battifolle « rempart, bastion (où les jeunes gens allaient s'amuser) » (BRUNOT t. 2, p. 209; SAR. 14; WIND, 147; EWFS2), XIIIe s. (MALISPINI, I. 345 dans BATT.) ne repose sur aucun témoignage solide; il semble que ce sens soit secondaire par rapport à celui de « moulin à foulon » (DEI).
STAT. — Fréq. abs. littér. :45.
DÉR. Batifolard, arde, adj. néol. d'aut. Qui aime batifoler et s'amuser. Une énorme pipe de maquignon cossu et batifolard (BLOY, La Femme pauvre, 1897, p. 229). 1re attest. 1897 id.; dér. de batifoler, suff. -ard. Fréq. abs. littér. : 1.

batifoler [batifɔle] v. intr.
ÉTYM. V. 1540; p.-ê. ital. battifolle « moulin », anc. provençal batifol « moulin à battre »; dans les deux cas (le provençal étant plus probable), il pourrait s'agir d'un composé de batre « battre », et folar « fouler », avec infl. probable de fol.
Familier.
1 S'amuser gaîment; s'ébattre. Folâtrer, gambader, jouer.REM. Il semble que les premiers contextes soient ruraux (→ Batifolage).
1 (…) et je nous amusions à batifoler avec des mottes de tarre que je nous jesquions à la teste; car, comme tu sais bian, le gros Lucas aime à batifoler, et moi par fouas je batifole itou. En batifolant donc, pisque batifoler y a (…)
Molière, Dom Juan, II, 1.
2 Faner (…) c'est retourner du foin en batifolant (…)
Mme de Sévigné, Lettres, 187.
3 Mais François se recula et ne voulut point batifoler.
G. Sand, François le Champi, VIII.
(En parlant d'animaux) :
4 De petits singes noirs, qui avaient l'air de vieux marins, avec leurs colliers de barbe blanche, batifolèrent sur le sable.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 36.
2 Spécialt. S'amuser de manière érotique (mais relativement innocente). || Batifoler avec qqn. || Ils batifolent comme deux tourtereaux. || « Les jours où l'on batifole avec une femme adorée » (Balzac, in T. L. F.).
3 Avoir une attitude désinvolte, irresponsable; passer son temps à des occupations futiles. Baguenauder.
5 Il y a une justice, mais celui qui la rend batifole.
J. Renard, Journal, 14 janv. 1895.
(Choses). Littér. || « Le soleil batifolait à travers le pampre » (Gide, les Caves du Vatican, Romans, Pl., p. 800).
DÉR. Batifolage, batifoleur.

Encyclopédie Universelle. 2012.