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bacchanale

bacchanale [ bakanal ] n. f.
• 1355; lat. Bacchanalia « fêtes de Bacchus »
1Plur. Fêtes que les anciens Romains célébraient en l'honneur de Bacchus, avec danses, jeux et mystères d'initiés. orgie; 1. bacchante; bachique.
2Tableau, bas-relief représentant ces fêtes.
3Fig. et vieilli Danse tumultueuse et lascive. (1631) Débauche bruyante. orgie.

bacchanale nom féminin (latin bacchanalia, fête de Bacchus) Littéraire. Débauche bruyante ; orgie.

bacchanale
n. f.
d1./d Plur. ANTIQ ROM Fêtes religieuses dédiées à Bacchus.
d2./d Fig., vieilli Débauche tapageuse.

⇒BACCHANALE, subst. fém.
A.— Au plur., ANTIQ. ROMAINE. Les bacchanales. Fêtes célébrées en l'honneur de Bacchus :
1. Le Carnaval, avant le jour des Cendres, n'étoit qu'un reste des bacchanales.
CHATEAUBRIAND, Essai sur les Révolutions, t. 2, 1797, p. 351.
2. Ces bacchanales étaient un culte frénétique de la vie et de la mort, parmi les rites duquel tenaient place la prostitution et le meurtre.
MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 85.
P. métaph. (le plus souvent péj.) :
3. Ainsi à ma droite, la sombre et silencieuse image de la mort; à ma gauche, les décentes bacchanales de la vie : ici, la nature froide, morne, en deuil; là, les hommes en joie.
BALZAC, Sarrasine, 1831, p. 392.
4. Au milieu de la nuit, l'orage devenu épouvantable mit fin à ces méditations. De vraies bacchanales s'étaient déchaînées dans le ciel...
BARRÈS, Une Enquête aux pays du Levant, 1923, p. 99.
Rem. Le sing. se rencontre dans un emploi personnifié :
5. Tout peut être parodié, même la parodie. La saturnale, cette grimace de la beauté antique, arrive, de grossissement en grossissement, au mardi gras; et la bacchanale, jadis couronnée de pampres, inondée de soleil, montrant des seins de marbre dans une demi-nudité divine, aujourd'hui avachie sous la guenille mouillée du nord, a fini par s'appeler la chie-en-lit.
HUGO, Les Misérables, t. 2, 1862, p. 632.
P. méton., B.-A. Tableau ou bas-relief représentant les bacchanales, une scène de bacchanales, des scènes se rapportant plus ou moins à ces fêtes :
6. Il [Poussin] est tendu dans ses sujets romains, dans ses sujets religieux; il l'est dans ses bacchanales; ses faunes et ses satyres sont un peu trop retenus et sérieux...
E. DELACROIX, Journal 1, 1852, p. 438.
B. Au sing.
1. P. anal.
a) CHORÉGR. ,,Danse bruyante et tumultueuse, dans un ballet, dans un grand opéra. Le second acte de ce ballet, de cet opéra, est terminé par une bacchanale`` (Ac. 1932).
b) MUS. ,,On appelle aussi bacchanales : 1° certaines compositions vocales, ordinairement sans instruments, écrites sur des poésies burlesques et populaires, et anciennement en usage à Florence; 2° des chants bachiques (...); 3° des airs de danse dithyrambique (...)`` (BACH.-DEZ. 1882) :
7. Glorieusement parcourue, la carrière musicale est glorieusement terminée par l'allegro vivace de la bacchanale en mineur [Robert-le-Diable].
BALZAC, Gambara, 1837, p. 97.
2. P. ext.
a) Fête bruyante :
8. Un tonneau était près du feu, et un mendiant sur le tonneau. C'était le roi sur son trône. Les trois qui avaient Gringoire l'amenèrent devant ce tonneau, et toute la bacchanale fit un moment silence, excepté le chaudron habité par l'enfant.
HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 101.
En partic.
♦ Fête où l'on danse et/ou se déguise :
9. C'est un spectacle toujours nouveau, même pour qui l'a vu vingt fois, que cette folle et tumultueuse bacchanale, où tant de déguisemens ridicules se trouvent si burlesquement confondus : le chiffonnier y donne le bras à une dame de cour; le Grand Turc y jette le mouchoir à une ravaudeuse : là, plus de gavotte, plus de bolero, plus de contredanse même; mais au lieu de cela un branle immense où tout le monde est admis à figurer...
JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 2, 1812, p. 67.
10. Le mardi, tout ce qui, faute de temps, d'argent ou d'enthousiasme, n'a pas pris part encore aux fêtes précédentes, se mêle à la bacchanale, se laisse entraîner par l'orgie, et apporte sa part de bruit et de mouvement au mouvement et au bruit général.
A. DUMAS Père, Le Comte de Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 527.
♦ Fête où l'on mange et boit avec excès :
11. Ma sœur Éléonore nous écrit de Londres que tout le monde se prépare à la grande bacchanale de Noël. Quel autre nom donner à cette fête, en effet? Elle n'a plus aucun sens vraiment chrétien pour l'immense majorité des goinfres et des bambocheurs qui réveillonnent. La naissance du petit enfant juif qui nous a sauvés est devenue un prétexte à un surcroît de débauche.
J. GREEN, Journal, Le Bel aujourd'hui, 1955-58, p. 149.
b) Partie de débauche, orgie. Raconter une bacchanale, une scène de bacchanale :
12. Quelqu'un qui avait un accordéon entama une danse. On se mit à gambader. Il y eut bientôt tout un orchestre de flûtes, harmonicas et accordéons, qui massacraient des valses canailles. On dansait, on buvait, on chantait. Cela tournait à la bacchanale. Une bonne moitié des femmes sortaient de cabarets louches. Les hommes ne valaient pas mieux. Ils entraînèrent tous les autres. On ne sentit plus ni la fatigue de ces deux jours, ni les chagrins, ni les angoisses. On dansa au fracas des musiques et des coups de poing sur les planches, et dans la rouge clarté des copeaux embrasés. Chacun gaspillait son pécule, payait du cidre à des gens qu'il ne connaissait pas, oubliait la misère de demain, s'enivrait de bruit, d'alcool et de danse.
M. VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, p. 234.
c) Au fig. Déchaînement :
13. ... il y a depuis les révélations d'Einstein une sorte de déchaînement, d'ivresse ou de bacchanale mathématique qui doit nous rendre circonspects...
MAETERLINCK, La Grande loi, 1933, p. 196.
14. ... il [Daniel] menait contre Ludomira une bacchanale de farces et d'inventions qui eût fait gagner le ciel à la chère femme si elle n'avait été sûre d'y aller tout droit sans escale.
P. VIALAR, La Mort est un commencement, Le Clos des Trois Maisons, 1946, p. 72.
Rem. Pour la différence entre bacchanale et bacchanal, cf. LITTRÉ : ,,Un bacchanal, c'est un grand bruit, un grand tapage. Une bacchanale ajoute au bruit le sens de fête désordonnée ou de débauche.``
C.— Emploi adj., poét. et littér. Qui a rapport aux bacchanales, qui évoque des bacchanales (cf. A et B) :
15. Ainsi, quand tu descends des cimes de nos bois,
Ida! Lorsque j'entends ta voix, ta jeune voix,
Annoncer par des chants la fête bacchanale,
Je laisse les troupeaux, la bêche matinale,
Et la vigne et la gerbe où mes jours sont liés :
Je pars, je cours, je tombe et je brûle à tes pieds.
VIGNY, Poèmes antiques et modernes, La Dryade, 1837, p. 126.
Rem. On rencontre dans la docum. le néol. bacchanalesque, adj. (E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1858, p. 481; suff. -esque, sur le modèle de carnaval/carnavalesque). Qui a tous les caractères d'une bacchanale (cf. B 3).
PRONONC. ET ORTH. :[bakanal]. FOUCHÉ Prononc. 1959, p. 331, note que le groupe cch se prononce [k] dans les mots fr. bacchanale, bacchante, bacchiaque, bacchioniste, bacchique « sorte de vers », ecchymose (-ce), ecchymotique, saccharine et autres mots en sacchar-, saccholacte (-ique), zucchette (ou zuchette); dans les noms anc. francisés bacchanales, Bacchiades, Bacchylide, Macchabées (ou Machabées). FÉR. 1768 signale que ,,quelques-uns écrivent ce mot sans h, se mettant peu en peine de l'étymologie``.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1355 plur. « fêtes religieuses que les anciens célébraient en l'honneur de Bacchus » (BERS., T. Liv., ms. Ste-Gen. f° 413e ds GDF. Compl. : Fu commandé aus consulz que premierement a Rome et puis apres par toute Ytalie il destruisissent les bachanales); d'où 1680 peint. (RICH.); 2. 1690 p. ext. (FUR. : Bacchanales [...] c'est une rejoüissance ou mascarade qu'on fait au Carnaval, où on se couronne de lierre, & où on imite ces anciennes Fêtes [celles de Bacchus]); d'où 1835 (Ac. : Bacchanale [...] Il se dit par analogie d'Une danse bruyante et tumultueuse, dans un ballet, dans un grand opéra. Le second acte de ce ballet, de cet opéra, est terminé par une bacchanale); 3. 1752 (Trév. Suppl. : Bacchanale se dit quelque fois d'une débauche faite avec grand bruit).
Empr. au lat. bacchanalia (plur. de bacchanal, -is, v. bacchanal) « fêtes de Bacchus » (CICÉRON, De Leg., éd. Ch. Appuhn, II, 15).
STAT. — Fréq. abs. littér. : Bacchanale. 93. Bacchanalesque. 1.
BBG. — Archéol. chrét. 1925. — BACH.-DEZ. 1882. — BRUANT 1901. — DUCH. 1967, § 66. — LAVEDAN 1964. — LE ROUX 1752. — MONT. 1967. — PERRAUD 1963. — PRÉV. 1755.

bacchanale [bakanal] n. f.
ÉTYM. 1355; lat. Bacchanalia « fêtes de Bacchus », de Bacchus.
1 Plur. Antiq. Fêtes que les anciens Romains célébraient en l'honneur de Bacchus, avec danses, jeux et célébration des mystères par les initiés. Bacchante, bachique, dionysiaque, orgiaque, phallique (culte ithyphallique)…Au singulier :
1 (…) un marbre grec qui aurait pris vie tout-à-coup pour quelque bacchanale antique.
Loti, Mon frère Yves, 25.
2 Sing. Chorégr. Danse tumultueuse (dans un ballet, un opéra).
Mus. Pièce très colorée et très rythmée, sans forme définie, en honneur à partir du XIXe siècle. || La bacchanale de Tannhaüser.
Peint. Tableau, peinture représentant une danse de bacchantes et de satyres. || Les bacchanales du Titien, de Poussin.
2 Il (Poussin) est tendu dans ses sujets romains, dans ses sujets religieux; il l'est dans ses bacchanales; ses faunes et ses satyres sont un peu trop retenus et sérieux.
E. Delacroix, Journal, 6 juin 1851, t. II, p. 63.
3 (Attesté 1785). Fig., vx. Débauche bruyante. Débauche, orgie. || Des priapées (cit. 2) et des bacchanales.
3 Ou plutôt n'était-ce que ce sarcophage avec son enragée bacchanale, qui éveillait l'idée de la mort prochaine, au fond même des obscures voluptés de l'amour, sous le baiser inassouvi des amants ?
Zola, Rome, p. 560.
Par métaphore :
4 Une agitation de vie arrêtée par un cerne de lumière blanche vient tout à coup butter sur des bas-fonds innommés. Un bruit livide et grinçant s'élève de cette bacchanale de larves où des meurtrissures de peau humaine ne rendent jamais la même couleur.
A. Artaud, le Théâtre et son double, Lettre sur le langage, Idées/Gallimard, p. 113.
HOM. Bacchanal.

Encyclopédie Universelle. 2012.