attiédir [ atjedir ] v. tr. <conjug. : 2> ♦ Littér.
1 ♦ Rendre tiède (en refroidissant ou en réchauffant). La mer « adoucit la rigueur sur nos côtes, en attiédissant leur atmosphère » (Bernardin de Saint-Pierre).
2 ♦ Vx ou littér. Rendre moins ardent, moins vif. ⇒ affaiblir, refroidir. « L'amitié que la présence attiédit, que l'absence efface » (Chateaubriand). — N. m. ATTIÉDISSEMENT , 1690 .
⊗ CONTR. Attiser, aviver, enflammer, exalter.
● attiédir verbe transitif Rendre tiède un milieu, un lieu en le refroidissant ou en le chauffant légèrement : Le soleil attiédit l'atmosphère. Littéraire. Rendre moins vif un sentiment, le modérer : Le temps attiédit l'amitié.
attiédir
v.
d1./d v. tr. Rendre tiède (ce qui est chaud ou froid). La brise attiédit l'atmosphère.
— Fig. Affaiblir (un sentiment). Le temps a attiédi leur amour.
d2./d v. Pron. Devenir tiède; devenir plus faible.
⇒ATTIÉDIR, verbe.
I.— Emploi trans.
A.— Attiédir qqc. Rendre quelque chose tiède.
1. Rendre quelque chose moins chaud :
• 1. Ô vents qui avez passé par Bethléem, qui vous êtes reposés au Pont sur la riante solitude de Basile, qui vous êtes embrasés en Syrie, dans la Thébaïde, à Oxyrinthe, à l'île de Tabenne, qui avez un peu attiédi ensuite votre souffle africain à Lérins et aux îles de la Méditerranée, vous aviez réuni encore une fois vos antiques parfums en cette vallée, proche Chevreuse et Vaumurier; ...
SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 2, 1834, p. 182.
Rem. Cf. aussi ex. 1 sous attiédi.
2. Rendre quelque chose moins froid :
• 2. ... mais lorsqu'elle [la mer] flue de la zone torride vers notre pôle pendant notre hiver, non seulement elle en adoucit la rigueur sur nos côtes, en attiédissant leur atmosphère par sa chaleur, mais elle est peut-être, par ses émanations phosphoriques et ses ondulations, la cause de ces aurores boréales ondoyantes qui, l'hiver, éclairent les nuits des contrées septentrionales, ...
BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, p. 273.
— P. compar., poét. :
• 3. Lieu charmant! Trop heureux qui dans ta belle plaine,
Où l'hiver indulgent attiédit son haleine,
Au sein d'un doux abri peut, sous ton ciel vermeil,
Avec tes orangers partager ton soleil,
Respirer leurs parfums, et, comme leur verdure,
Même au sein des frimats défier la froidure!
DELILLE, L'Homme des champs, 1800, p. 80.
SYNT. Attiédir l'atmosphère, brises marines qui attiédissent les hivers, chaleur qui attiédit les pièces, poêle qui attiédit le vestibule, le soleil attiédit l'air.
B.— P. anal., rare. [En parlant des sensations autres que le chaud et le froid] Rendre moins vif :
• 4. Il continuait à boire, entre chaque phrase, une petite gorgée de thé, dont le parfum attiédissait ces odeurs plus âpres, où il y avait une pointe de fauve.
ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, p. 464.
C.— Au fig.
1. (Correspond plutôt à A 1). [Le compl. désigne les pers., leurs sentiments, leur sensibilité...]
a) Rendre moins passionné, moins chaud, parfois jusqu'à l'indifférence :
• 5. Voilà un bien grand nombre d'exemples d'habitudes : j'en pourrais citer mille autres; mais je n'ai pas réuni ceux-ci sans choix et au hasard : il y en a à-peu-près de toutes les espèces, ils sont tous différens, et plusieurs même paraissent diamétralement opposés. Vous y voyez tous les genres de la sensibilité attiédis ou exaltés; la mémoire engourdie ou rendue très-vive; les mouvemens devenus toujours très-faciles, mais tantôt dépendans de la volonté à un point extrême, tantôt absolument involontaires; des jugemens d'une finesse singulière, mais si peu distincts qu'on n'en a pas même la conscience; la volonté prendre tantôt une direction, ...
DESTUTT DE TRACY, Éléments d'idéologie, Idéologie, 1801, p. 290.
b) Rendre moins vif, moins intense et violent :
• 6. L'Évangile a dit : Cherchez, et vous trouverez; je te dirai : Cherche, et tu trouveras; ne nie pas ce que tu n'as pu apprécier; ne te lasse pas, recommence vingt fois s'il le faut ton travail de conquête; ce n'est pas du premier coup que le mineur trouve le filon d'or; sois-en certain, tu la rencontreras, celle qui doit calmer tes colères, attiédir ton cœur, dissiper tes tristesses et chanter avec toi l'Hosanna des jours heureux.
DU CAMP, Mémoires d'un suicidé, 1853, p. 260.
2. (Correspond plutôt à A 2). Rendre agréable, emplir d'une chaleur douce, accueillante :
• 7. Si, devant l'apprentie, il ne la baisait pas même sur les cheveux, il n'entrait dans leur chambre, après vingt années de ménage que troublé d'une émotion de jeune mari, au soir des noces. Elle était discrète, cette chambre, avec sa peinture blanche et grise, son papier à bouquets bleus, son meuble de noyer, recouvert de cretonne. Jamais il n'en sortait un bruit, mais elle sentait bon la tendresse, elle attiédissait la maison entière. Et c'était pour Angélique un bain d'affection, où elle grandissait très passionnée et très pure.
ZOLA, Le Rêve, 1888, p. 24.
II.—Emploi pronom.
A.— [Le suj. est une chose] Qqc. s'attiédit. Devenir tiède (supra I A 1).
1. Devenir moins chaud :
• 8. Et de même que, de semaine en semaine lors de notre premier voyage, je marchais vers la guérison, de semaine en semaine à mesure que nous avancions vers le Sud, l'état de Marceline empirait. Par quelle aberration, quel aveuglement obstiné, quelle volontaire folie, me persuadai-je, et surtout tâchai-je de lui persuader qu'il lui fallait plus de lumière encore et de chaleur, invoquai-je le souvenir de ma convalescence à Biskra... L'air s'était attiédi pourtant; la baie de Palerme est clémente et Marceline s'y plaisait.
GIDE, L'Immoraliste, 1902, p. 462.
2. Devenir moins froid :
• 9. J'avais froid aussi; le préau et les classes ne s'attiédissent à dix degrés que vers neuf heures et les seize degrés réglementaires, on ne les obtient que le soir, parce qu'il faut aérer à chaque sortie des classes, quelle que soit la température.
FRAPIÉ, La Maternelle, 1904, p. 124.
B.— Au fig. [Se dit partic. en matière de dévotion] Qqn ou qqc. s'attiédit. Devenir tiède, devenir moins ardent, diminuer d'intensité :
• 10. Aujourd'hui que mon sang s'attiédit, que mes artères se ralentissent et s'apaisent, je puis redescendre en moi-même. Les sourires invitants et les douces paroles ne troublent plus ma rêverie. Je ne crois plus, comme autrefois, que les soupirs voluptueux et les baisers brûlants soient le seul bonheur et la seule sagesse.
G. SAND, Lélia, 1833, p. 290.
• 11. La sensibilité et le talent suivent, chose remarquable, une marche presque inverse : la sensibilité s'émousse, s'attiédit, se désabuse (...) le talent s'affermit...
SAINTE-BEUVE, Portraits contemp., t. 2, 1869, p. 158.
SYNT. L'ardeur s'attiédit, le désir s'attiédit, les sentiments s'attiédissent, la sympathie s'attiédit, la vertu politique s'attiédit.
Rem. Un emploi adj. rare du part. prés. attiédissant, ante. Qui attiédit : ,,Cette faculté électrique [de M. de Chateaubriand] (...) ne l'a pas abandonné encore (...) Elle ne l'a pas trompé particulièrement dans sa relation de guerre et de dégoût contre un état de choses venu le dernier et déjà le plus attiédissant.`` (SAINTE-BEUVE, Portraits contemp., t. 1, 1869, p. 15).
PRONONC. :[], j'attiédis []. PASSY 1914 est le seul dict. à noter [] ouvert à la 2e syllabe du verbe.
ÉTYMOL. ET HIST. — Fin XIIe s. atevir au fig. « rendre tiède, moins ardent » (Sermons St Bernard, 141, 8 ds GDF. Compl. : S'il per aventure at esteiz ateviz en altre tens); XIIIe s. atiedir (G. DE LORRIS et J. DE MEUNG, Rose, Corsini, f° 130c, ibid.); XIVe s. id. au propre « rendre plus tiède » (PH. DE VITRY, Métamorphoses Ovide, éd. Tarbé, 110 ds T.-L. : Elle [la fontenelle] est chaude endroit mïenuit Et endroit midi refroidist, Au soir et au main atiedist); 1559 pronom. au fig. « se rendre moins ardent » (AMYOT, Alc., 33 ds GDF. Compl. : Ses ennemis s'attiedirent un peu); peu usité au propre d'apr. RICH. 1680.
STAT. — Fréq. abs. littér. :49.
BBG. — DUVAL 1959.
attiédir [atjediʀ] v. tr.
ÉTYM. 1559; atiedir, XIIIe; atevir, fin XIIe; de 1. a-, et tiédir.
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1 Rendre tiède (en refroidissant ou en réchauffant). || Attiédir un bain trop chaud en y ajoutant de l'eau froide. ⇒ Refroidir. || Cette eau est trop froide, le soleil l'attiédira (Académie). ⇒ Chauffer, réchauffer.
1 Les vents purifient l'air, attiédissent les saisons brûlantes, et tempèrent la rigueur des hivers.
2 Lorsque la mer flue de la zone torride (…) pendant notre hiver, non seulement elle en adoucit la rigueur sur nos côtes, en attiédissant leur atmosphère par sa chaleur (…)
Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature, I, 5.
♦ Rare. (En parlant d'autres sensations). Rendre moins vif.
2 Fig. (En parlant des sentiments). Rendre moins ardent, moins vif. ⇒ Adoucir, affaiblir, amortir, diminuer, émousser, endormir, modérer, tempérer. || Le temps, qui fortifie l'amitié, attiédit l'amour. || Ces échecs ont attiédi son zèle. ⇒ Refroidir.
3 (…) qui par douces paroles lui cède et condescent à son vouloir, il attiédit cette première fureur bouillante.
4 Vos froids raisonnements ne feront qu'attiédir
Un spectateur toujours paresseux d'applaudir.
Boileau, l'Art poétique, III, 21.
5 (…) d'autres goûts avaient un peu attiédi l'affection paternelle depuis que je vivais loin de lui.
Rousseau, les Confessions, II.
6 De peur que le goût de la contemplation ne m'attiédît sur l'exercice de mes devoirs.
Rousseau, Émile, IV.
7 L'amitié que la présence attiédit, que l'absence efface.
♦ Rendre agréable. || Sa présence attiédit la maison.
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s'attiédir v. pron.
1 Devenir tiède (moins chaud ou moins froid). ⇒ Tiédir. || Votre café est trop chaud, laissez-le s'attiédir. ⇒ Refroidir. || L'eau s'est attiédie au soleil. ⇒ Réchauffer (se).
2 (1559). Fig. Devenir moins ardent, moins vif (en parlant des sentiments). || Son ardeur, son amitié s'est attiédie.
8 Tout est léger; mais je crains que votre âme
Ne s'attiédisse et s'endorme en sa flamme.
La Fontaine, Élégie pour M. L. C. D. C.
9 L'amour vrai ne se blase point. Étant tout âme, il ne peut s'attiédir. Une braise se couvre de cendre, une étoile non.
Hugo, l'Homme qui rit, II, II, 9.
10 L'absence fait s'exalter les grandes passions, mais s'attiédir le simple sentiment.
Ribot, Psychologie des sentiments.
11 Avec le temps, ce désir s'attiédissait (…)
France, le Petit Pierre, XXX, p. 210.
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attiédi, ie p. p. adj.
1 Rendu, devenu tiède. || Brise attiédie.
♦ Par métaphore :
12 Ainsi qu'un astre éteint sur un horizon vide,
La foi, de nos aïeux la lumière et le guide,
De ce monde attiédi retire ses rayons.
Lamartine, Harmonies…, I, 6.
2 Fig., littér. Rendu moins ardent, moins vif. || Sensibilité attiédie.
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CONTR. Augmenter. — Attiser, aviver, enflammer, exalter, fortifier, ranimer, raviver, réchauffer, renforcer, réveiller.
DÉR. Attiédissement.
Encyclopédie Universelle. 2012.