assourdir [ asurdir ] v. tr. <conjug. : 2>
1 ♦ Causer une surdité passagère chez (qqn); rendre comme sourd. ⇒ abasourdir, étourdir. « L'avion, dont le grondement l'assourdit » (Martin du Gard). Ne criez pas si fort, vous m'assourdissez ! (cf. Casser les oreilles). Absolt Le bruit du canon assourdit.
2 ♦ Fig. Fatiguer par trop de bruit, de paroles. ⇒ assommer, excéder.
3 ♦ (Choses) Rendre moins sonore. ⇒ amortir, étouffer. Les sons me parviennent assourdis. « la neige qui assourdissait comme un tapis le bruit de mes pas » (A. Daudet).
4 ♦ S'ASSOURDIR v. pron. Devenir plus sourd, moins sonore. Sa voix s'assourdit. — Phonét. Prendre les traits d'une consonne sourde. ⇒ assourdissement. Consonne assourdie. ⇒ dévoisé.
● assourdir verbe transitif Rendre comme sourd quelqu'un : Le sifflement des réacteurs nous avait assourdis. Étourdir, fatiguer quelqu'un par un excès de bruit, de paroles : Il m'assourdit avec son bavardage. Rendre un bruit, un son moins intense, l'amortir : La neige assourdit les pas. Diminuer l'éclat des tons d'une peinture. Rendre sourde une consonne sonore. ● assourdir (synonymes) verbe transitif Rendre comme sourd quelqu'un
Synonymes :
- casser les oreilles (familier)
Étourdir, fatiguer quelqu'un par un excès de bruit, de paroles
Synonymes :
- abrutir
- casser les oreilles (familier)
Rendre un bruit, un son moins intense, l'amortir
Synonymes :
- amortir
- atténuer
- éteindre
- étouffer
Contraires :
- exalter
Rendre sourde une consonne sonore.
Synonymes :
- dévoiser
assourdir
v.
rI./r v. tr.
d1./d Causer une surdité passagère (à qqn). Le bruit du canon l'a assourdi.
d2./d Rendre moins sonore. Ce tapis assourdit les pas.
— Pp. adj. Un bruit assourdi.
d3./d Fig. Diminuer la force, atténuer l'éclat (d'une couleur). Assourdir un rouge en y mêlant du vert.
rII./r v. Pron. PHON Perdre son caractère sonore, en parlant d'une consonne. En français, le [b] s'assourdit devant une consonne sourde (par ex. dans absolu, prononcé).
⇒ASSOURDIR, verbe trans.
I.— Emploi trans.
A.— Assourdir qqn. [Le suj. désigne une source sonore] Causer une surdité passagère :
• 1. Pécopin sentit le rivage de la mer trembler sous lui et que quelque chose de terrible l'enveloppait; une fumée noire l'aveugla, un bruit effroyable l'assourdit; il lui sembla qu'il était tombé et qu'il roulait rapidement en rasant le sol, comme s'il était une feuille morte chassée par le vent.
HUGO, Le Rhin, 1842, p. 200.
• 2. Autour de lui, Paris, grouillant et tumultueux, l'assourdissait, l'assommait de son fracas, l'étourdissait d'un incessant, rapide, vertigineux défilé de trams, d'autos, de taxis, d'autobus et de voitures.
VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, p. 441.
— P. hyperb. ou p. métaph., péj. Empêcher d'entendre autre chose; fatiguer par un bruit excessif :
• 3. Un temps comme il n'y en a jamais eu pour la littérature d'art. On est étouffé entre le bruit extérieur, le tapage et la menace de l'Europe, et entre le boniment à grand orchestre d'un petit journalisme, qui assourdit et hébète la France.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1866, p. 279.
• 4. C'est assez médiocre et assez triste ce soir. Mme de Galbois assourdit tout le dîner d'une histoire de voleurs à dormir debout. Vraiment, l'on permet à la bécasserie de la chère femme de prendre trop de place!
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1874, p. 1002.
SYNT. Assourdir quelqu'un de son bavardage; assourdir quelqu'un de son intarissable caquet (FARAL, La Vie quotidienne au temps de st Louis, 1942, p. 148).
B.— Assourdir qqc.
1. [L'obj. désigne un bruit] L'atténuer :
• 5. Les ronflements se rapprochent. Il devine toute une escadrille. L'air parfois assourdit, parfois fait vibrer ce ronron lourd, saccadé, haletant. On sent qu'ils peinent, qu'ils sont gonflés de choses meurtrières.
MONTHERLANT, Le Songe, 1922, p. 167.
SYNT. Assourdir ces clameurs; un tapis... qui assourdit le bruit de sa chute (PONSON DU TERRAIL, Rocambole, Les Exploits de Rocambole, t. 4, 1859, p. 249).
2. [L'obj. désigne un lieu, une chose quelconque] En atténuer la résonance :
• 6. Une très légère gaze embue, assourdit l'atmosphère, ...
GRACQ, Un Beau ténébreux, 1945, p. 72.
SYNT. Les tentures de velours bleu assourdissaient la chambre (ZOLA, Une Page d'amour, 1878, p. 1024).
— Spécialement
a) MAR. Assourdir (les avirons). ,,Envelopper les avirons de linge au pontage du plat-bord, pour qu'on ne les entende pas quand on nage`` (GRUSS 1952).
b) TECHNOL. ,,Remplir une cloison ou doubler une paroi existante pour éviter la propagation du son`` (BARB.-CAD. 1963).
3. [L'obj. désigne une couleur] En atténuer l'éclat :
• 7. Il soulevait, du bout de l'ongle, le duvet neigeux et doux qui se gonflait à la gorge de l'oiseau, qui lui ouatait le ventre et les cuisses. Il caressait le dos et les ailes étendues, leurs plumes d'un blond doré, ardent, qu'assourdissait un ruissellement de perles grises.
GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 123.
SYNT. Assourdir les chauds reflets de sa chevelure dorée (CHAMPFLEURY, Les Souffrances du professeur Delteil, 1853, p. 61).
— Spéc., B.-A.
a) ,,En termes de peinture, diminuer la lumière et les détails dans les demi-teintes. Assourdir les reflets, dans la gravure, c'est les rendre moins sensibles`` (BACH.-DEZ. 1882). Assourdir les tailles, les traits (Ac. Compl. 1842).
b) ,,Rendre une teinte moins éclatante avec des bleus, verts ou violets, sans assombrir`` (BARB.-CAD. 1963).
II.— Emploi pronom., rare
A.— Avec valeur passive. Devenir plus sourd, indistinct. Sa voix s'assourdissait (ZOLA, La Curée, 1872, p. 461).
— Spécialement
1. [En parlant de l'ouïe] ,,Devenir dure et insensible... Si un corps s'est introduit ou s'est formé dans la trompe d'Eustache, l'ouïe s'assourdit`` (Nouv. Lar. ill.).
2. PHONÉT. [En parlant d'une consonne sonore]
a) Vieilli. Devenir moins sonore. Les syllabes médianes s'assourdissent (Nouv. Lar. ill.).
b) Usuel. Prendre la qualité de consonne sourde. La consonne sonore b s'assourdit par assimilation à une consonne sourde de la syllabe suivante (p. ex. obtenir, prononc. optenir).
B.— Avec valeur réfléchie. Se rendre sourd. Nouer ses cheveux sur ses oreilles pour s'assourdir (HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 383).
PRONONC. ET ORTH. :[], j'assourdis []. BARBEAU-RODHE 1930 donne la possibilité d'une prononc. avec [ss] géminées : as/s/-. FÉR. 1768 souligne que le verbe ,,et ses dérivés s'écrivent avec deux ss; mais [qu'] on n'en prononce qu'une``.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. a) 1120 pronom. « se rendre sourd, demeurer sourd » (Psautier Cambridge, XXXVIII, 14, éd. Fr. Michel : Oi la meie ureisun, Sire, e la meie clamur. A la mei lerme ne te assurdisses; kar estranges sui envers toi, e pelerins sicume tuit mi paerre), attest. isolée; b) ca 1205 trans. « rendre sourd » (J. BODEL, Congés, éd. G. Raynaud, 414, Romania, t. 9, p. 242 ds GDF. Compl. : Mout sera Arras assordis); c) début XIIIe s. au fig. « étourdir, enivrer, griser » (G. LE CLERC, Bestiaire, 2291, Hippeau ds GDF. : Por richeces sunt asordé Qu'il n'oient ne ne veient gote), attest. isolée; 1849 (MUSSET, Sur trois marches de marbre rose ds ROB. : Tant de sonnets, de madrigaux, Tant de ballades, de rondeaux, Où l'on célébrait vos merveilles, Vous ont assourdi les oreilles); d) ca 1590 au fig. « fatiguer, excéder par des paroles » (MONTAIGNE, I, 34 ds LITTRÉ : J'eusse assourdi touts mes amis de babil), attest. isolée; 1821 « id. » (J. DE MAISTRE, Soirées de Saint-Pétersbourg, 2e entretien ds Dict. hist. Ac. fr. : Le même coup qui a frappé les antiquités indiennes, a fait tomber celles de la Chine, dont Voltaire surtout n'a cessé de nous assourdir); 2. a) 1690 pronom. mus. « devenir moins sonore » (FUR.); b) 1762 trans. peint. fig. « rendre moins éclatant » (Ac.).
STAT. — Fréq. abs. littér. :145.
BBG. — BACH.-DEZ. 1882. — BARB.-CAD. 1963. — DUCH. 1967, § 31. — GRUSS 1952. — SPRINGH. 1962.
assourdir [asuʀdiʀ] v. tr.
ÉTYM. V. 1590; assurdir, 1120; assordir, v. 1205; de 1. a-, sourd, et -ir.
❖
1 Assourdir qqn : causer une surdité passagère; rendre comme sourd. ⇒ Abasourdir, étourdir. || Le canon les avait assourdis. — Au passif. || On était complètement assourdis par la perforatrice. — Absolt. || Le bruit du canon assourdit.
1 Nos sens n'aperçoivent rien d'extrême, trop de bruit nous assourdit, trop de lumière éblouit (…)
Pascal, Pensées, II, 72.
2 Tantôt ils se rapprochent tous à la fois, et nous assourdissent comme les sons des cloches d'une cathédrale.
3 (…) assourdi par un roulement de tonnerre qui lui tambourine le tympan malgré les oreillettes de son casque.
Martin du Gard, les Thibault, VII, 84.
2 Fig. (compl. nom de personne). Fatiguer par trop de bruit, de paroles… ⇒ Accabler, bassiner (fam.); ennuyer, excéder, fatiguer, importuner. || Il nous assourdit avec ses reproches, ses jérémiades. Cf. Casser, rompre la tête, les oreilles à qqn. — Par ext. (Rare). || Assourdir les oreilles à qqn.
4 Tant de sonnets, de madrigaux,
Tant de ballades, de rondeaux,
Où l'on célébrait vos merveilles,
Vous ont assourdi les oreilles.
A. de Musset, Sur trois marches de marbre rose.
♦ Assourdir qqn de…, par… — Au passif. || Être assourdi par les cris, les reproches de qqn.
5 Soupe n'avait pas ouvert la bouche que déjà il l'assourdissait de ses rappels au silence (…)
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, II, 1.
REM. Même en emploi concret (→ 1.), le v. assourdir peut comporter une figure rhétorique et ne pas impliquer un effet physique désagréable.
6 (…) délicieusement assourdi par le ronflement de la meule, le fracas de l'eau dans la roue, les mille chuchotis de la rivière (…)
Gide, Si le grain ne meurt, I, 2.
3 (Compl. nom de choses). Rendre moins sonore. ⇒ Amortir, atténuer. || Un tapis assourdit les pas.
7 (…) sans être entendu de personne, grâce à la neige qui assourdissait comme un tapis le bruit de mes pas, je me glissai dans une des tonnelles.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, p. 145.
♦ Assourdir un lieu : en atténuer la résonance. || Ces épaisses tentures assourdissent l'appartement.
♦ Mar. || Assourdir les avirons, les envelopper de linge, pour en atténuer le bruit quand ils frappent l'eau.
♦ Techn. Remplir (une cloison); doubler (une paroi) pour atténuer les bruits.
4 Assourdir une couleur, en diminuer l'éclat. — Peint. || Assourdir les teintes : diminuer la lumière dans les demi-teintes.
——————
s'assourdir v. pron.
1 Devenir plus sourd. || Sa voix s'assourdit.
♦ Spécialt. || L'ouïe s'assourdit, devient dure et insensible. → Sourd.
♦ Phonét. (en parlant des consonnes sonores). Vieilli. Devenir moins sonore. — Mod. Prendre les traits d'une consonne sourde : [z] qui s'assourdit en [s]. ⇒ Assourdissement, 4.
2 Se rendre sourd. || Se boucher les oreilles pour s'assourdir.
——————
assourdi, ie p. p. adj.
1 (En parlant d'une personne). Rare. Devenu, rendu sourd de façon temporaire. || Personne assourdie après une explosion.
2 (En parlant d'une chose). Dont le son, l'éclat sont très atténués. || Des pas assourdis. || Les sons parviennent assourdis. || « Chant lointain et assourdi » (Zola, in T. L. F.).
♦ Mus. || Le timbre assourdi d'un instrument. || Le son assourdi d'une trompette bouchée. || Accessoire utilisé pour assourdir un instrument. ⇒ Sourdine.
♦ Peint. || Une teinte assourdie, rendue moins éclatante.
3 Fig. et littér. Qui est atténué. || Des sentiments assourdis.
❖
CONTR. Amplifier (le son, le bruit).
DÉR. Assourdissant, assourdissement.
Encyclopédie Universelle. 2012.