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ascèse

ascèse [ asɛz ] n. f.
• 1890; gr. askêsis « exercice »
Discipline qu'une personne s'impose pour tendre vers la perfection morale, l'affranchissement de l'esprit, dans le domaine religieux ou spirituel. ascétisme. « Le Saint et l'artiste sont amenés, l'un comme l'autre, après les tentations et les luttes, à se faire une vie d'ascèse » (Maurois). Par ext. Privation voulue et héroïque. ⊗ CONTR. Hédonisme, jouissance, 1. plaisir.

ascèse nom féminin (grec askêsis, exercice) Effort visant à la perfection spirituelle par une discipline constante de vie. Manière de vivre de quelqu'un qui s'impose certaines privations. ● ascèse (citations) nom féminin (grec askêsis, exercice) Albert Camus Mondovi, aujourd'hui Deraan, Algérie, 1913-Villeblevin, Yonne, 1960 La révolte est une ascèse, quoique aveugle. Si le révolté blasphème alors, c'est dans l'espoir d'un nouveau Dieu. L'Homme révolté Gallimard

ascèse
n. f.
d1./d RELIG Ensemble d'exercices de mortification visant à une libération spirituelle.
d2./d Doctrine de perfectionnement moral visant le dépassement de la vie instinctuelle et des plaisirs des sens.
|| Par ext. Rigueur extrême dans la façon de vivre, de penser, de créer.

⇒ASCÈSE, subst. fém.
MOR. Discipline que la volonté s'impose afin de tendre vers un idéal soit de perfection morale, soit de création artistique ou intellectuelle.
A.— [Dans le domaine de la vie morale et relig.] :
1. Les jugements que l'on porte sur la vie ascétique partent du même principe : l'ascète se sacrifie à l'inutile; donc il est absurde; ou si l'on essaye d'en faire l'apologie, ce sera uniquement par les services matériels qu'il a pu rendre accidentellement, sans songer que ces services n'étaient nullement son but et que ces travaux dont on lui fait honneur, il n'y attachait de valeur qu'en tant qu'ils servaient son ascèse.
RENAN, L'Avenir de la science, 1890, p. 86.
2. Mais par la nature même des actes qu'elle nous impose, l'ascèse bérullienne nous subordonne plus expressément, nous soumet plus entièrement, nous lie plus étroitement à la grâce divine, seule puissance qui ait prise sur le fond de notre être.
BREMOND, Hist. littér. du sentiment relig. en France, t. 3, 1921, p. 150.
3. — Le conseil de l'homme est vanité, dit Pujolhac, avec l'aide de Dieu on fait des exploits. — La chose vient de Dieu, dit le notaire, nous ne pouvons te dire ni mal ni bien. Suivit une longue discussion sur les pouvoirs extraordinaires qu'obtiennent par l'ascèse et la concentration les yoghis de l'Inde. Pouvoirs de voyance, de guérison.
ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946, p. 221.
4. La révolution mondiale et les terribles sacrifices qu'elle suppose ne devaient apporter qu'un bienfait : « Empêcher que la précarité tout artificielle de la condition sociale ne voile la précarité réelle de la condition humaine ». Simplement, pour Breton, ce progrès était démesuré. Autant dire que la révolution devait être mise au service de l'ascèse intérieure par laquelle chaque homme peut transfigurer le réel en merveilleux, « revanche éclatante de l'imagination de l'homme ».
CAMUS, L'Homme révolté, 1951, p. 124.
B.— [Dans le domaine de la vie intellectuelle ou de la recherche philosophique] :
5. ... en lui-même le mouvement de pensée d'un Bergson n'est ni une ascèse, ni un mysticisme : il est la détente joyeuse et libératrice d'une suprême tension. S'il traduit la solitude la plus complète qui existe ici-bas, je veux dire celle de l'âme en ses profondeurs les plus inaccessibles, elle ne prétend pas et bien au contraire à ce que cette solitude lui constitue un privilège, à ce qu'elle lui soit particulière : Bergson nous redit sans cesse que cette vie est à la portée de chacun de nous à chaque instant : ...
DU BOS, Journal, 1922, p. 60.
6. III. — La spiritualité de l'esprit : Ainsi se dégage la signification essentielle du doute cartésien. C'est bien une méthode pour nous élever de la nature matérielle à la nature spirituelle ou, suivant la terminologie platonicienne, du monde sensible au monde intelligible; son rôle c'est d'abducere mentem a sensibus, pour reprendre l'expression si souvent employée dans les Lettres. Et telle est la raison profonde pour laquelle le doute est avant tout œuvre de volonté : c'est un exercice, une ascèse.
LACROIX, Marxisme, existentialisme, personnalisme, 1949, p. 86.
Rem. Ascèse est souvent synon. de ascétisme, mais désigne plutôt une disposition intérieure de la volonté, un mouvement de la pensée, l'ascétisme désignant soit la doctrine soit la manifestation de l'ascèse dans le comportement (v. ascétisme).
PRONONC. :[]. Harrap's 1963 donne la possibilité d'une prononc. avec [ss] géminées : as/s/- (à ce sujet, cf. ascendance1).
ÉTYMOL. ET HIST. — 1890, supra ex. 1.
Empr. au gr. « exercice, pratique » au sens gén. (d'un art, etc., THUCYDIDE, 5, 67 ds BAILLY) d'où l'emploi dans domaine relig., en lat. ascesis, -eos, Canon. Const., Migne, 56, 790 ds TLL s.v., 762, 7.
STAT. — Fréq. abs. littér. :150.
BBG. — BOUYER 1963. — Foi t. 1 1968. — FOULQ.-ST-JEAN 1962. — FRIES t. 1 1965. — JULIA 1964. — LAFON 1969. — LAL. 1968. — MAR. Lex. 1933. — MIQ. 1967. — Sexol. 1970.

ascèse [asɛz] n. f.
ÉTYM. 1890; grec askêsis « exercice, pratique » au sens général (d'un art, etc.), d'après ascète et ascétique.
Discipline qu'une personne s'impose pour tendre vers la perfection morale, l'affranchissement de l'esprit, dans le domaine religieux ou intellectuel. Ascétisme.
1 (Ascèse a le) même sens qu'ascétisme, mais avec une nuance : ascèse concerne moins les exercices ou les privations matérielles, et davantage la vie intérieure.
A. Lalande, Voc. de la philosophie, p. 80.
2 Appelons ascèse l'effort héroïque de volonté qu'on s'impose à soi-même en vue d'acquérir l'énergie morale, la force et la fermeté de caractère.
Dugas, Éducation du caractère, p. 232, in Lalande.
3 Même poussée à l'extrême rigueur, l'ascèse, dans la morale religieuse et spécialement chrétienne, n'est pas la recherche de la douleur pour la douleur (…) elle n'est pas non plus expiation pénitentielle et mortification servile à base de crainte, mais elle est libération et croissance des puissances supérieures, preuve d'amour et moyen d'union, en dégageant l'homme de son égoïsme, de ses limites naturelles pour le faire participer à l'ordre de la charité. La « vie purgative » est condition intrinsèque de la « vie illuminative » et de la « vie intuitive ».
M. Blondel, in Lalande, Voc. de la philosophie, p. 80.
4 Le Saint et l'artiste sont amenés, l'un comme l'autre, après les tentations et les luttes, à se faire une vie d'ascèse.
A. Maurois, À la recherche de Marcel Proust, VI, 4.
5 Et si le mot d'ascèse peut se ramener sagement au sens originel, qui est celui d'exercice, il caractérise assez bien notre correspondance de guerre qui ne fut qu'une longue et mutuelle exhortation à la patience, au travail et même à la sérénité dans la pratique de chaque jour.
G. Duhamel, la Pesée des âmes, IX.
6 Dénuement moral si profond qu'il me faisait connaître, bien malgré moi, une sorte d'ascèse, ce qui me rend (malgré mes faiblesses) moins antipathique que je ne m'apparais lorsque je lis mon Journal de ces années-là.
Claude Mauriac, le Temps immobile, p. 412.
7 Il donne une telle impression de force, de sérénité… il y a chez lui, dans sa façon de tout survoler, une espèce de renoncement… très rare… Il a réussi… je dois vous avouer que c'est ce que j'envie le plus aux autres dans la vie… une ascèse… Il y a en lui de l'unité, une grande pureté, aucun mélange…
N. Sarraute, le Planétarium, p. 308.
REM. Sans être devenu courant ou familier, le mot a perdu le caractère didactique ou littéraire qu'il avait à la fin du XIXe s.
CONTR. Hédonisme, jouissance, matérialisme, plaisir.

Encyclopédie Universelle. 2012.