mysticisme [ mistisism ] n. m.
• 1804; de mystique
1 ♦ Ensemble des croyances et des pratiques se donnant pour objet une union intime de l'homme et du principe de l'être (divinité); ensemble des dispositions psychiques de ceux qui recherchent cette union. ⇒ contemplation, extase, oraison. Mysticisme chrétien, oriental.
♢ Foi, dévotion fervente à caractère mystique, intuitif. Nombreux sont « ceux qui confondent mysticisme et spiritualité » (A. Gide). Le mysticisme de Fénelon.
2 ♦ Croyance, doctrine philosophique faisant une part excessive au sentiment, à l'intuition. ⇒ intuitionnisme, irrationalisme.
● mysticisme nom masculin (de mystique) Doctrine religieuse selon laquelle l'homme peut communiquer directement et personnellement avec Dieu. Comportement dominé par les sentiments religieux.
mysticisme
n. m.
d1./d Doctrine philosophique, tour d'esprit religieux qui suppose la possibilité d'une communication intime de l'homme avec la divinité par la contemplation et l'extase. Mysticisme chrétien, musulman.
d2./d Par ext. Doctrine philosophique fondée sur l'intuition immédiate, sur une foi absolue en son objet.
⇒MYSTICISME, subst. masc.
A. — PHILOS. et RELIG.
1. Attitude philosophique ou religieuse fondée davantage sur le sentiment et l'intuition que sur la connaissance rationnelle, et qui a pour objet l'union intime et directe entre l'homme et la divinité. Mysticisme arabe, chrétien, hindou, platonicien. Contemplatif, ascétique, symbolique, tel fut toujours le mysticisme (OZANAM, Philos. Dante, 1838, p.240). Il y avait eu alors dans l'Église deux courants: celui du mysticisme dit exalté, originaire de sainte Térèse, de saint Jean de la Croix (...). Et un autre, celui du mysticisme dit tempéré, dont les adeptes furent saint François de Sales et son amie, la célèbre baronne de Chantal (HUYSMANS, En route, t. 2, 1895, p.239). Le mysticisme (...) est la modalité volontariste et passionnelle du cheminement de l'homme religieux vers la Transcendance (G. VALLIN, Voie de gnose et voie d'amour, Sisteron, éd. Présence, 1980, p.91):
• 1. ... le mysticisme ne dit rien, absolument rien, à celui qui n'en a pas éprouvé quelque chose. Tout le monde pourra donc comprendre que le mysticisme vienne de loin en loin s'insérer, original et ineffable, dans une religion préexistante...
BERGSON, Deux sources, 1932, p.251.
— P. anal. et souvent péj. Sentimentalisme religieux très marqué, voire exacerbé. Mysticisme puéril, romantique; mysticisme de couvent. C'était une femme d'un caractère héroïque et que son extrême piété tournait au mysticisme religieux le plus tendre et le plus exalté (LAMART., Confid., 1849, p.311). Le père de Riancourt, son ancien aumônier du Sacré-Coeur, ne l'avait-il pas mis en garde, jadis, contre un mysticisme enfantin, une piété trop tendre (BERNANOS, Joie, 1929, p.570). Après la mort du petit, elle qui nous avait tant aimées, semblait avoir oublié notre existence, et commençait à s'adonner au mysticisme (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p.306).
2. Manière de comprendre et de réaliser l'expérience mystique. Tous, ou la plupart, ont été d'ardens dogmatiques (...) qui se sont réfugiés, les uns dans le mysticisme orthodoxe de la foi ancienne et de l'Église, la plupart dans un mysticisme hétérodoxe, arbitraire et chimérique (COUSIN, Hist. philos. XVIIIe s., 1, 1829, p.23).
— En partic. Mysticisme philosophique. Le mysticisme philosophique est une doctrine qui, constatant l'impuissance de la raison humaine à résoudre les problèmes métaphysiques fondamentaux, s'adresse pour y suppléer à une connaissance intuitive spéciale. Les Orientaux (Bouddhistes) pensent que c'est le seul moyen de se libérer du monde sensible. Tous se proposent d'atteindre une sorte de fusion avec le monde divin au cours de l'e.tase (POROT 1960).
B. — P. anal.
1. Dans les domaines de la philos., de l'art, de l'idéol. Tendance à s'élever au-dessus du réel pour atteindre un idéal supérieur. Mysticisme courtois, esthétique, laïque, politique. Il se donnait une mission sainte, le rachat, le salut de la fille du forçat. (...) il s'égarait en plein mysticisme social (ZOLA, Fortune Rougon, 1871, p.204). M. Ernest Seillière montre comment les ambitions nationales s'attribuent des missions divines: l'«impérialisme» se fait ordinairement «mysticisme» (BERGSON, Deux sources, 1932, p.331):
• 2. Si l'on pouvait douter que l'armée (...) comprît ce mysticisme guerrier (...), ce n'en était pas moins un spectacle saisissant que cette aristocratie révolutionnaire, dont le pessimisme enivré, la fureur de vie héroïque, la foi exaltée dans la guerre et dans le sacrifice, semblaient l'idéal militaire et religieux d'un Ordre Teutonique ou de Samouraï Japonais.
ROLLAND, J.-Chr., Maison, 1909, p.957.
2. Péj. Tendance à faire prévaloir des intuitions, à se laisser emporter par des sentiments passionnels et exaltés, ne laissant aucune place à la raison. Mysticisme du sentiment; faux mysticisme. Pour Dieu, m'écrivait souvent Buloz, pas tant de mysticisme! (SAND, Hist. vie, t. 4, 1855, p.307). Tout doit être remis en question, remis en doute; rien ne doit être accepté que d'authentique et d'où tout mysticisme soit délogé. J'entends par mysticisme: toute croyance aveugle (GIDE, Journal, 1931, p.1051).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1804 (B. CONSTANT, Journ. int., mai, p.179 ds Fr. mod. t.22, p.65). Dér. sav. de mystique; suff. -isme. Fréq. abs. littér.:510. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 323, b) 484; XXe s.: a) 862, b) 1114.
mysticisme [mistisism] n. m.
ÉTYM. 1804, B. Constant, cit. 1; dér. sav. de mystique.
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1 Ensemble des croyances et des pratiques se donnant pour objet une union intime de l'homme et du principe de l'être (divinité, etc.); ensemble des dispositions psychiques de ceux qui recherchent cette union. ⇒ Communication (supra cit. 7), contemplation, extase, oraison (cit. 2). → aussi Illuminer, cit. 26. || Mysticisme chrétien, islamique, bouddhiste… || Mysticisme quiétiste.
1 (…) j'ai lu l'ouvrage de Schelling sur la philosophie et la religion (…) Il définit ainsi l'immortalité de l'âme : la réunion plus ou moins intime de l'âme avec Dieu (…) Il est donc entré tout à fait dans le mysticisme platonicien.
B. Constant, Journal intime, mai 1804.
2 (…) le mysticisme peut être dit l'état dans lequel une âme, laissant aller le monde physique et dédaigneuse des chocs et des accidents, ne s'adonne qu'à des relations et à des intimités directes avec l'infini.
R. de Gourmont, le Livre des masques, p. 24.
3 Nombreux sont encore ceux qui confondent mysticisme et spiritualité, et qui croient que l'homme ne peut que ramper, si la religion ne le soulève; qui croient que seule la religion peut empêcher l'homme de ramper.
Gide, Journal, 4 janv. 1933.
♦ Psychiatrie. || Mysticisme pathologique : état morbide comportant des préoccupations religieuses, avec des manifestations d'allure mystique, que l'on peut rencontrer dans différentes affections mentales (hystérie, délires chroniques progressifs…).
2 (1842). Doctrine philosophique faisant une part prédominante au sentiment, à l'intuition (→ Irrationalisme, intuitionnisme).
4 (…) l'on peut dire que le mysticisme consiste à franchir, soit par un élan d'amour, soit par un effort de volonté, les bornes où la raison spéculative est contrainte de s'enfermer.
3 Tendance idéaliste et irrationnelle, qui développe une mystique (→ Mystique, cit. 4). || Mysticisme social, patriotique.
Encyclopédie Universelle. 2012.