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arabesque

arabesque [ arabɛsk ] n. f.
• 1611; « arabe » 1546; it. arabesco « arabe, qui est propre aux Arabes »
1Art Ornement (à la manière arabe) formé de lettres, de lignes, de feuillages entrelacés. entrelacs, rinceau. Les « parchemins translucides couverts d'arabesques calligraphiques » (Tournier).
2Ligne sinueuse de forme élégante. La fumée d'une cigarette, les nuages décrivent des arabesques. spirale, volute.
Fig. Enjolivement, fantaisie musicale ou littéraire. broderie. « Il se prit à chanter [...] en s'accompagnant au piano, avec des fantaisies, des accords, des guirlandes et des arabesques » (Duhamel). “Deux Arabesques”, de Cl. Debussy.
Chorégr. Pose de danse sur une jambe, l'autre levée en arrière.

arabesque nom féminin Ornement peint ou sculpté spécial, d'origine islamique ou non, employé en décoration. Ligne idéale, sinueuse, résumant le rythme essentiel d'une composition peinte, dessinée ou sculptée. Figure d'équilibre de la danse académique, de forme linéaire, dans laquelle une jambe étant en appui au sol (pied à plat, sur pointe ou demi-pointe), l'autre élevée en arrière, le buste prend différentes positions, un des bras tendus en avant, l'autre en arrière.

arabesque
n. f.
d1./d Ornement formé de combinaisons capricieuses de fleurs, de fruits, de lignes, etc.
d2./d Ligne sinueuse, irrégulière.
d3./d CHOREGR Figure de danse classique dans laquelle le corps, incliné en avant, porte sur une seule jambe.

⇒ARABESQUE, subst. fém. et adj.
I.— Emploi subst.
A.— B.-A. Ornement d'architecture, de peinture, de sculpture, représentant uniquement des motifs géométriques ou végétaux chez les Arabes, mais également des figures d'hommes et d'animaux chez les Anciens et les artistes européens. Dessiner une arabesque (Ac. 1878), peindre en arabesque :
1. ... il faut tous les soins vigilants des jardiniers pour que leur végétation envahissante (des lierres) ne cache point sous son vert manteau les arabesques et les rinceaux finement sculptés dans la pierre blanche du cadre et des meneaux des fenêtres.
MALOT, Sans famille, 1878, p. 452.
Spéc. Arabesque (de lignes). Ensemble de lignes directrices d'un tableau, d'une sculpture.
Rem. Attesté ds Lar. encyclop., QUILLET 1965.
P. anal. Ligne directrice :
2. ... du moins faut-il que je sois au clair quant à la ligne, à l'arabesque de l'avant-propos (j'ai dans les journaux, relus tout à l'heure par Louise des éléments précieux à mettre en œuvre, mais mieux vaut pour l'instant que je les laisse spontanément réaffleurer dans la trame même, et que je me donne une direction, ...)
DU BOS, Journal, 1927, p. 173.
P. ext.
1. Élément décoratif employé dans certains arts mineurs (broderie, orfèvrerie, serrurerie, etc.) ou ligne sinueuse rappelant ces ornements :
3. ... entre le joug et le front des bœufs il y a un petit coussinet de cuir brodé de fleurs rouges et d'arabesques éclatantes.
HUGO, Le Rhin, 1842, p. 137.
2. Spéc., ARTS GRAPH. Lettre enjolivée :
4. Il n'aimait vraiment de ses compagnons de hasard que les insoumis, les déserteurs, ceux dont le livret matricule portait les belles arabesques noires et rouges des punitions pour inconduite habituelle, ...
NIZAN, La Conspiration, 1938, p. 81.
Rem. On rencontre le subst. « l'arabesque » au masc., par ellipse de « genre, style arabesque ». (Attesté ds la plupart des dict. gén. du XIXe et du XXe siècle).
B.— P. anal.
1. Tout ce qui rappelle ces ornements artistiques :
5. La nuit, scène plus étonnante! commence l'illumination féerique des mouches luisantes, qui, par milliards de millions, font des arabesques fantasques, des fantaisies effrayantes de lumière, des grimoires de feu.
MICHELET, L'Oiseau, 1856, p. 82.
2. Spéc. dans certains domaines techn.
a) CHORÉGR. Figure de danse ou attitude présentant certaines ressemblances avec ces motifs décoratifs.
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du XIXe et du XXe siècle.
b) LITT. Fantaisies de l'imagination et du style d'un écrivain :
6. Pour que l'idée laissât des traces, je me proposais de la revêtir de toutes les ciselures de mon style, d'y prodiguer ces arabesques capricieuses qui sont le sceau de l'artiste, son cachet et son blason; ...
REYBAUD, Jérôme Paturot, 1842, p. 61.
c) MUS. ... le premier violon l'orne (un thème) d'une arabesque bouclée (J. CHANTAVOINE, Les Symphonies de Beethoven, 1932, p. 69).
C.— Au fig. [À propos d'une pers. ou d'un inanimé] :
7. Moi je suis une arabesque en marqueterie; il y a des morceaux d'ivoire, d'or et de fer; il y en a de carton peint; il y en a de diamant; il y en a de fer-blanc.
FLAUBERT, Correspondance, 1846, p. 262.
II.— Emploi adj., B.-A. [En parlant d'un inanimé] Propre à ce genre artistique :
8. ... elle [lady Stanhope] y créa artificiellement un jardin charmant à la mode des Turcs; jardin de fleurs et de fruits, berceaux de vignes, kiosques enrichis de sculptures et de peintures arabesques, ...
LAMARTINE, Voyage en Orient, t. 1, 1835, p. 216.
P. anal., LITT. [En parlant du style] Qui présente des enjolivements :
9. Et je m'efforce pour te parler de déguiser même le marasme, sous l'effort bête d'un style arabesque d'écrire...
VALÉRY, Correspondance [avec Gide], 1891, p. 140.
Au fig., péj. :
10. ... on n'entendait que le bruit sourd et confus de la dialectique péripatéticienne, dégradée par toutes les petites inventions du bel esprit arabesque et de la subtilité monastique...
COUSIN, Hist. de la philos. mod., 1847, p. 381.
Rem. On rencontre dans la docum. le néol. arabesqué, ée, adj. (FLAUBERT, Correspondance, 1850, p. 154; suff. ). Qui possède des ornements ou des dessins rappelant, de près ou de loin, les arabesques. Des tapis verts, arabesqués de galon.
PRONONC. :[]. PASSY 1914 note une durée mi-longue pour la 2e syllabe.
ÉTYMOL. ET HIST.
A.— 1555 adj. « propre aux arabes » (B. ANEAU, Tresor de Evonime ds DELB. Rec. ds DG : Langue et doctrine arabesque); 1580 jument arabesque (MONT., liv. I, ch. XXVIII, p. 188 ds GDF. Compl.); d'où 1661 à l'arabesque « à la manière arabe » (CORNEILLE, Tois. d'or, V, 6 ds ROB. : Feuillages à l'arabesque); qualifié de ,,vieux`` ds ROB.
B.— 1611 subst. orn. (COTGR.); p. ext. 1839-45 « ligne sinueuse, qui rappelle l'arabesque » (H. DE BALZAC, Béatrix, p. 210 : La presqu'île du Croisic est bordée de roches granitiques... La fantaisie s'est amusée à composer là d'interminables arabesques où les figures les plus fantastiques s'enroulent et se déroulent); 1838 danse (Ac. Compl. 1842); av. 1872 mus. « en parlant des variations d'un violoniste » (Th. GAUTIER, Carn. de Venise ds DG : Les arabesques d'or).
A empr. à l'adj. ital. arabesco « arabe, qui est propre aux Arabes » attesté dep. 1353 (Boccace [1313-1375] Dec. 10-9 [494] ds BATT.); B empr. au subst. ital. arabesco « ornement formé de plantes, de branches, de feuillages... entrelacés » attesté dep. le XVIe s. (CARO, Lettere inedite [1827-1830] 3-93, ibid.); le terme de mus. ital. arabesco ou arabesca est attesté dep. le XVIIIe s. (Algarotti [1717-1764] Opere scelte I, 233, ibid.); le terme de danse est signalé par BATT. sans attest. (voir WIND, 151 et 120; KOHLM., p. 28 et SARAUW, p. 22).
STAT. — Arabesque. Fréq. abs. littér. :303. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 498, b) 500; XXe s. : a) 219, b) 463. Arabesqué. Fréq. abs. littér. :1.
BBG. — BACH.-DEZ 1882. — BAL.-MAQ. 1968. — Bible 1912. — BOILLOT (F.). Rép. des métaph. et mots fr. tirés des n. de villes et de pays étr. Paris, 1929, passim. — BOUILLET 1859. — BRUANT 1901. — CAGNON (M.), SMITH (S.). Le Vocab. de l'archit. en France de 1500 à 1550. Cah. Lexicol. 1971, n° 18, p. 99. — Canada 1930. — CHABAT 1881. — CHESN. 1857. — Cost. 1899. — FRANCK 1875. — GAY t. 1 1967 [1887]. — GITEAU 1970. — JOSSIER 1881. — JULIA 1964. — KUHN 1931, p. 130, 223, 230. — LE BRETON Suppl. 1960. — LE ROUX 1752. — LÉVY (C.). Arabesque. Fr. mod. 1960, t. 28, pp. 181-195. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — MARCEL 1938. — NOËL 1968. — NOTER-LÉC. 1912. — PRIVAT-FOC. 1870. — RHEIMS 1969 (s.v. arabesqué). — SAR. 1920, p. 22. — SPRINGH. 1962.

arabesque [aʀabɛsk] adj. et n.
ÉTYM. 1546; ital. arabesco.
tableau Mots français d'origine arabe.
———
I Adj. Vx.
1 Arabe; qui est propre aux Arabes.
1 Bajazet (…) se sauvait belle erre (à toute vitesse) sur une jument arabesque.
Montaigne, Essais, I, 48.
À l'arabesque : à la manière arabe.
2 Feuillages à l'arabesque.
Corneille, la Toison d'or, V, 6 (Décor).
Langue arabesque ou (n. m.) l'Arabesque : la langue arabe.
3 Quant à moi, j'avais plus de six ans avant que j'entendisse non plus de Français ou de Périgourdin que d'Arabesque.
Montaigne, Essais, I, 25 (26).
2 a Vx. Propre aux genres architectural ou décoratif arabes. || Des sculptures arabesques.
b Mod. Qui consiste en arabesques (2.).
3.1 Le dessin arabesque est le plus spiritualiste des dessins.
Baudelaire, Fusées, IV, Pl., t. I, p. 652.
c (Au sens de l'angl. arabesque. Cf. Edgar Poe, Tales of the Arabesque). → Aranéeux, cit., Baudelaire.
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II N. f. (1611; de à l'arabesque → ci-dessus, cit. 2; les motifs décoratifs arabes excluent la représentation humaine et utilisent des formes géométriques et végétales). Mod.
1 Ornement, formé de lettres, de lignes, de feuillages capricieusement entrelacés. Mauresque (vx), rinceau.
4 L'arabesque fantasque, après les colonnettes
Enlace ses rameaux et suspend ses clochettes,
Comme après l'escalier fait une vigne en fleur.
Th. Gautier, in Pierre Larousse.
5 (…) une très vieille fontaine de marbre qui était sur le chemin, toute sculptée d'exquises arabesques.
Loti, les Désenchantées, I, 2.
6 Nous suivions des yeux les vieilles arabesques de pierre qui grimpaient en se tordant le long des minarets gris.
Loti, Aziyadé, III, 39.
Lettre enjolivée d'arabesques.
Par anal. || Les arabesques de Matisse.
2 (1839, Balzac). Ligne sinueuse, évolution capricieuse, qui rappelle l'arabesque. || La fumée d'une cigarette, les nuages décrivent des arabesques. Sinuosité, volute.
7 (…) l'eau serpente et dessine en courant des arabesques mobiles.
E. Fromentin, Une année dans le Sahel, p. 78.
8 (…) la nuit était comme un métier à tapisserie où des fils d'or couraient sans cesse brodant la trame noire d'arabesques changeantes et de dessins inattendus.
Edmond Jaloux, le Jeune Homme au masque, I.
9 Les arabesques de ma danse, les signes maléfiques que j'écris dans l'air, les hiéroglyphes de ma queue qui se tord en serpent coupé (…)
Colette, la Paix chez les bêtes, « Poum ».
9.1 Les tourbillons de neige chassés au ras du sol, puis figés de nouveau, recomposant de nouvelles spirales, volutes, ondulations fourchues, arabesques mouvantes aussitôt disloquées.
A. Robbe-Grillet, Dans le labyrinthe, p. 11.
3 (1838). Danse. Se dit de figures ou d'attitudes chorégraphiques. Spécialt (gymnastique, patinage). || « Figure chorégraphique : le corps en appui sur une jambe à bascule à l'horizontale; l'autre jambe, levant le pied à hauteur de la nuque, prolonge le bras allongé vers l'avant » (G. Petiot).
4 (1872 en mus.). Fig. Enjolivement, fantaisie musicale ou littéraire. Broderie.
10 Et soudain il se prit à chanter (…) en s'accompagnant au piano, avec des fantaisies, des accords, des guirlandes et des arabesques.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, X, 3.
11 Il faut avoir un canevas solide; il n'est pas défendu de broder des arabesques (…)
A. Maurois, Climats, II, 17.
(Dans un titre). || Les Arabesques, de Debussy.

Encyclopédie Universelle. 2012.