anormal, ale, aux [ anɔrmal, o ] adj. et n.
• XIIIe; lat. médiév. anormalis → normal
1 ♦ Qui n'est pas conforme aux règles générales ou aux lois reconnues. ⇒ irrégulier. L'évolution de la maladie était anormale (⇒ anomal) . Il fait une température anormale pour la saison.
2 ♦ Qui, étant imprévu et inexplicable, provoque la surprise ou l'inquiétude. Des bruits anormaux. Il se passe quelque chose d'anormal. ⇒ bizarre, inhabituel, insolite. Une réaction anormale. — Spécialt Exceptionnel par son intensité. Une force anormale. ⇒ phénoménal.
♢ N. m. Ce qui est anormal. L'horreur « du morbide, de l'anormal » (A. Gide).
3 ♦ Spécialt Qui est atteint d'une anomalie dans son développement physiologique ou mental. Des enfants anormaux (arriérés, caractériels, déficients). ⇒ inadapté, handicapé. Subst. Un anormal, une anormale.
⊗ CONTR. Normal.
● anormal, anormale, anormaux adjectif (latin médiéval anormalis, du latin classique anomalus) Contraire à l'ordre habituel des choses ; non conforme au modèle courant ; irrégulier, inhabituel : Température anormale. Contraire à l'ordre juste des choses ; injuste surprenant : Il est anormal que nous n'ayons pas été augmentés. ● anormal, anormale, anormaux (difficultés) adjectif (latin médiéval anormalis, du latin classique anomalus) Sens et registre Ne pas confondre ces deux mots. 1. Anormal = contraire à la norme, à la règle ; inhabituel. Une réaction anormale pour une personne sensée. Mot courant. 2. Anomal = irrégulier (notamment en sciences et en grammaire). Queue anomale d'une comète ; pluriel anomal (celui de œil, par exemple). Terme technique. ● anormal, anormale, anormaux (expressions) adjectif (latin médiéval anormalis, du latin classique anomalus) Contact anormal, contact secondaire entre deux formations géologiques par le fait d'un événement tectonique (faille, chevauchement, charriage, etc.). ● anormal, anormale, anormaux (synonymes) adjectif (latin médiéval anormalis, du latin classique anomalus) Contraire à l'ordre habituel des choses ; non conforme au modèle...
Synonymes :
- bizarre
- étrange
- insolite
Contraires :
- accoutumé
- familier
- habituel
- normal
Contraire à l'ordre juste des choses ; injuste surprenant
Synonymes :
- injuste
Contraires :
- équitable
- juste
- légitime
- logique
- normal
● anormal, anormale, anormaux
adjectif et nom
Atteint d'une anomalie mentale ; déséquilibré, fou.
anormal, ale, aux
adj. Qui semble contraire aux règles, aux usages habituels ou à la raison. Un froid anormal pour la saison. Il est anormal de payer si cher pour cette bagatelle.
— Enfant anormal, qui présente des anomalies psychiques ou physiques. Syn. particulier, exceptionnel, singulier, insolite. Ant. normal, naturel, régulier.
⇒ANORMAL, ALE, AUX, adj. et subst.
A.— Gén. péj. [En parlant d'un inanimé concr. ou abstr.] Qui est contraire à la norme et de ce fait provoque la surprise, l'inquiétude ou la réprobation. Un acte anormal (Ac. 1878); marche anormale d'une maladie, suivre un régime anormal (Ac. t. 1 1932) :
• 1. ... si nous abandonnons un instant les considérations purement abstraites, pour jeter un coup d'œil sur l'ordre du monde et sur l'économie de la nature, nous sommes frappés à la fois de l'harmonie admirable qui généralement y règne, et de faits anormaux qui dérogent à l'harmonie générale.
COURNOT, Essai sur les fondements de nos connaissances, 1851, p. 601.
• 2. ... le tribunat était aux yeux du patricien quelque chose d'impie, d'anormal, de contraire à tous les principes ...
FUSTEL DE COULANGES, La Cité antique, 1864, p. 386.
• 3. Cette peinture est si épouvantablement anormale, si prodigieusement en dehors des traditions ou des procédés connus, si résolument séquestrée dans ses concepts.
BLOY, Journal, 1895, p. 17.
• 4. Quand une telle existence n'est pas soutenue par un sentiment religieux ou moral exceptionnel, — (je dirai même, anormal, maladif : car il n'est pas naturel de se sacrifier totalement), — c'est une mort vivante ...
R. ROLLAND, Jean-Christophe, Les Amies, 1910, p. 1227.
• 5. ... il est conforme à nos habitudes d'esprit de considérer comme anormal ce qui est relativement rare et exceptionnel, la maladie par exemple.
BERGSON, Les Deux sources de la mor. et de la relig., 1932, p. 26.
— Emploi subst. masc. (à valeur neutre). L'anormal. Ce qui est anormal (cf. anormalité, ex. 2) :
• 6. Ils étaient ainsi amenés à retrouver dans le passé de l'individu, au-delà du début manifeste de la psychose, les traits caractéristiques de la psychose. Ce n'était pas pour déplaire au désir d'unité qui tourmente la science : on abaissait ainsi la barrière qui sépare le normal de l'anormal, on tendait à établir l'identité du conséquent, et de l'antécédent.
MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 31.
B.— [En parlant d'une pers.]
1. Emploi adj. Non conforme au modèle courant, et inquiétant pour cette raison :
• 7. Près d'elle j'éprouve un entraînement irraisonné vers sa candeur possible et une méfiance très raisonnable contre sa rouerie non moins probable. Je me sens en contact avec un être anormal, en dehors des règles naturelles, exquis ou détestable.
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, Yvette, 1884, p. 485.
Rem. Plur. irrégulier, arg. anormals :
• 8. Les quelques hommes (...) que l'on pourrait me citer, sont des êtres anormals qui ne doivent pas plus prouver contre ce que j'avance, que les boiteux (...) ne prouvent que la nature de l'homme est d'être boiteux.
F. VIDOCQ, Les Voleurs, 1836, p. 161.
— MÉD., PSYCHOL. Enfants anormaux (PIÉRON 1963) ,,On préfère actuellement parler d'enfants inadaptés.`` (Psychol. 1969).
2. Emploi subst., MÉD., PSYCHOL., etc. Personne atteinte d'une anomalie physique ou mentale :
• 9. ... allant chercher, comme un médecin l'appendicite, l'inversion jusque dans l'histoire, ayant plaisir à rappeler que Socrate était l'un d'eux, comme les Israélites disent de Jésus qu'il était Juif, sans songer qu'il n'y avait pas d'anormaux quand l'homosexualité était la norme, pas d'antichrétiens avant le Christ, que l'opprobre seul fait le crime, ...
PROUST, Sodome et Gomorrhe, 1922, pp. 616-617.
• 10. ... entre tous les héros du romancier russe, les seuls à qui Gide s'adresse, ce sont ces intellectuels pervertis, humiliés, dont les infirmités ou les tares servent de justification à leur révolte religieuse et morale; ce sont les anormaux, les « monstres », ceux-là, que Dostoïevsky lui-même appelle des « possédés »; un Raskolnikoff, un Stavroguine, un Versiloff, un Ivan Karamazoff, qui, consciemment ou inconsciemment, donnent prise à l'articulation de ses pensées.
H. MASSIS, Jugements, t. 2, 1924, p. 36.
• 11. Oui, il était répugnant comme le mal lui-même. Un petit homme brun, une sorte de blatte, mince et noire, méchante. Mais c'était aussi un déséquilibré. Un anormal, sexuellement impuissant.
A. CAMUS, Requiem pour une nonne, adapté de W. Faulkner, 1956, p. 870.
Rem. 1. Le mot n'est reçu ds Ac. qu'à partir de l'éd. de 1842 : ,,V. lang. (...) Anormal est un mot hybride du 16e siècle. Voy. anomal.`` 2. Anormal, anomal, anomalie, anormalité. ,,Anormal semble avoir été confondu souvent avec anomal (voir anomalie) et ce dernier mot lui-même sert fréquemment de substantif correspondant à anormal, le mot anormalité n'étant pas en usage. Il semble, d'ailleurs, qu'on se soit souvent mépris sur le sens exact d'anomalie, en le rapprochant non d', mais de , et par suite de l'idée de norme, qui est voisine de celle de règle ou de loi.`` (LAL. 1968).
DÉR. Anormaliser,(anormal + suff. -iser). verbe trans., néol. d'aut. Rendre anormal : ,,... les faibles. Ce sont les gens normaux qui les anormalisent.`` (H. BAZIN, La Fin des asiles, 1959, p. 192).
PRONONC. :[], plur. masc. [-o]. Enq. ://.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1236 « qui est contraire aux règles, à l'habitude » (H. D'ANDELI, Œuvres, éd. Héron, IV, 382 ds T.-L. : Conjugacions anormales Qui a decliner sont moult males); 2. 1884 « (personne) considérée comme non conforme au modèle courant », supra; d'où 1922 psychol. (Lar. univ. : Enfant anormal).
Empr. au lat. médiév. anormalis « contraire à la règle » (XIIe s., ALAIN DE LILLE, De Planctu naturae ds DU CANGE s.v. anormalus), lui-même formé sur le lat. norma « règle, équerre » puis « règle, ligne de conduite » (norme); avec sans doute influence sém. de anomalus « anomal ».
STAT. — Fréq. abs. littér. :447. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 34, b) 500; XXe s. : a) 678, b) 1 195.
BBG. — BASTIN 1970. — Foi t. 1 1968. — Forest. 1946. — FOULQ.-ST-JEAN 1962. — JULIA 1964. — LAFON 1969. — LAL. 1968. — Lar. méd. 1970. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — Méd. Biol. t. 1 1970. — PIÉRON 1963. — PLAIS. 1969. — PLAIS.-CAILL. 1958. — POROT 1960. — Psychol. 1969. — SILL. 1965.
anormal, ale, aux [anɔʀmal, o] adj. et n.
ÉTYM. 1236; du lat. médiéval anormalis, XIIe, « contraire à la règle », de a-, et norma « équerre, règle » (→ Normal) avec infl. de anomalus (→ Anomal); le mot, considéré comme un hybride, n'est admis par l'Académie française qu'en 1842.
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1 Didact. Qui n'est pas conforme à la norme, conçue soit comme un système de valeurs prescriptives, soit comme une loi scientifique (⇒ Loi, norme). || Caractère, phénomène anormal. ⇒ Anomalie (avec évolution sémantique par rapport à l'étymologie; → Anomal). || Résultat anormal d'une expérience. ⇒ Écart. || Évolution anormale d'une maladie. || Température anormale pour la saison.
♦ N. m. || L'anormal, distingué du pathologique. || L'anormal et l'anomal (cit. 2).
0.1 (…) en toute rigueur sémantique, anomalie désigne un fait, c'est un terme descriptif, alors que anormal implique référence à une valeur, c'est un terme appréciatif, normatif (… mais) anormal est devenu un concept descriptif et anomalie est devenu un concept normatif.
G. Canguilhem, le Normal et le Pathologique, p. 81.
2 Cour. Qui, étant anormal (au sens 1.) ou imprévu et inexplicable, provoque la surprise ou l'inquiétude. ⇒ Exceptionnel, inaccoutumé, inhabituel, insolite. || Des bruits anormaux. || Une agitation anormale. || Il se passe quelque chose d'anormal. ⇒ Bizarre. — Spécialt. Exceptionnel par son intensité. ⇒ Phénoménal.
1 La foule préfère généralement la force anormale qui déborde à la force égale qui persiste.
Balzac, la Recherche de l'absolu, Pl., t. IX, p. 475.
2 Mais, si minimes qu'ils fussent (ces faits), ils suffirent pour me donner, dans ma calme et douce vie d'enfant soudain troublée par la guerre, le sentiment de l'anormale perturbation qu'elle met dans un pays.
Georges Lecomte, Ma traversée, p. 14.
♦ N. m. || L'anormal. || L'anormal et le bizarre, l'étrange.
3 Mais ce qui nous dominait surtout c'était l'horreur du particulier, du bizarre, du morbide, de l'anormal.
Gide, Si le grain ne meurt, II, 1.
3 (1884). Qualifiant des personnes, des comportements. Péj. Qui ne se conforme pas à la norme sociale en vigueur. || C'est un être anormal. || Il a des idées, des habitudes, des réactions un peu anormales.
♦ Spécialt. Qui est atteint d'une anomalie (en général de déficiences) dans son développement physiologique ou mental. || Un enfant anormal. ⇒ Arriéré, caractériel, inadapté; handicapé. || Les enfants anormaux : l'enfance inadaptée. — N. || Un anormal, une anormale : une personne qui souffre d'anomalies, de déficiences physiologiques, dans la mesure où elles atteignent le psychisme (ne se dit pas des infirmités). — Spécialt. Personne qui présente des anomalies sexuelles. || C'est un pervers, un anormal. || « Il n'y avait pas d'anormaux quand l'homosexualité était la norme » (Proust, Sodome et Gomorrhe, Pl., t. II, p. 617).
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CONTR. Normal, habituel, régulier.
DÉR. Anormalement, anormalité.
Encyclopédie Universelle. 2012.