ampleur [ ɑ̃plɶr ] n. f.
• 1718; ampleté, amplesse en a. fr.; de ample
1 ♦ Largeur étendue au-delà du nécessaire, ou volume considérable. Donner plus ou moins d'ampleur à une jupe. — L'ampleur de la voix.
♢ Amplitude. « l'ampleur lente de ses mouvements » (Loti).
2 ♦ Caractère de ce qui est abondant, a une grande extension ou importance. ⇒ abondance, développement. L'ampleur de ses connaissances. « L'ampleur croissante des échanges » (Jaurès). Le mouvement, la manifestation a pris de l'ampleur. Devant l'ampleur du désastre. Envisager une question dans toute son ampleur.
⊗ CONTR. Étroitesse, petitesse.
● ampleur nom féminin Qualité d'un vêtement ample, large. Importance, étendue, portée de quelque chose : Constater l'ampleur du désastre. Excédent de tissu prévu dans un vêtement soit pour réaliser un effet spécial de coupe ou pour sa mise en œuvre dans des fronces, plis, smocks, ou encore pour assurer une grande aisance de mouvement. ● ampleur (difficultés) nom féminin Sens Ne pas confondre ces deux mots. 1. Ampleur = caractère de ce qui est ample, large. L'ampleur d'une jupe, d'un geste. 2. Amplitude = écart entre deux valeurs extrêmes d'une grandeur, en physique, en astronomie, etc. L'amplitude de la marée. Registre Ampleur appartient au vocabulaire courant, alors qu'amplitude est un terme technique. ● ampleur (synonymes) nom féminin Qualité d'un vêtement ample, large.
Contraires :
- étroitesse
Importance, étendue, portée de quelque chose
Synonymes :
- développement
- étendue
- largeur
- portée
Contraires :
ampleur
n. f.
d1./d Caractère de ce qui est ample (sens 1). Cette manche a trop d'ampleur.
d2./d Importance, étendue. On mesure l'ampleur de la crise.
⇒AMPLEUR, subst. fém.
A.— [En parlant de choses concr.] Caractère de ce qui est ample.
1. [En parlant d'une chose considérée indépendamment de son relief] Ampleur d'une toile, d'une fleur :
• 1. ... le Français, s'étant fait livrer toutes les nappes de la maison, les avait suspendues aux fenêtres en façon de rideau, profitant de l'ampleur de ces blanches toiles pour les relever en festons sur les côtés.
R. TŒPFFER, Nouvelles genevoises, 1839, p. 411.
• 2. Ô robe! l'ampleur de tes lés n'est autre que la multitude de mon peuple :
Car de quoi un prince est-il revêtu, que du ruissellement de son peuple, de ses épaules à ses talons?
P. CLAUDEL, Le Repos du septième jour, 1901, III, p. 853.
• 3. J'ai vu le cèdre ainsi s'établir parmi la rocaille et sauver de la destruction l'ampleur de ses branchages...
A. DE SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, p. 534.
2. Plus gén. [En parlant d'une chose qui a ou suggère la forme d'un volume]
a) [D'une partie du corps humain ou du mouvement d'un membre ou d'un organe du corps humain] Ampleur du front; ampleur des gestes; ampleur de la voix :
• 4. Dès Bassano, la physionomie de la population se modifie. La longue figure italienne peu à peu s'arrondit, les cheveux sont encore roux, mais l'œil devient bleu. L'ampleur des formes laisse aussi bien loin l'idéale maigreur des Vénitiennes.
J. MICHELET, Sur les chemins de l'Europe, 1874, p. 486.
• 5. La façon d'aller et de venir de ce géant à longues moustaches, la forme de ses chapeaux, la coupe de ses pantalons à la hussarde, l'enflure de sa voix, surtout, et l'ampleur de ses gestes, rappelaient, par une évidente analogie, le je ne sais quoi d'un peu théâtral...
P. BOURGET, Essais de psychologie contemporaine, 1883, p. 99.
• 6. ... il eut une ampleur innée de foulée, une aisance singulière d'allure qui frappèrent les regards.
J. DE PESQUIDOUX, Chez nous, t. 2, 1923, p. 58.
• 7. Il y a des chanteurs dont on dit : ils ont un filet de voix ... l'ampleur et le volume leur manque.
A. LÉVINSON, La Danse au théâtre, 1924, p. 169.
b) [D'un vêtement, d'un lieu] Ampleur d'une robe, d'une ville :
• 8. [Les sommets] sont presque toujours couronnés de pins dont quelques-uns d'une grosseur telle, qu'en les creusant on en forme des bariques ou fontaines de quatre à cinq pieds de diamètre : j'en ai vu une de cette ampleur dans la cuisine de l'hospice voisin de la grotte de Gèdres.
J. DUSAULX, Voyage à Barège et dans les Hautes-Pyrénées, t. 2, 1796, p. 77.
• 9. Vêtu d'un gros molleton bleu, dont l'ampleur noyait ses membres pareils à des racines, il abandonnait sur ses genoux ses mains contrefaites, lamentables au grand soleil.
É. ZOLA, La Joie de vivre, 1884, p. 1108.
— Spéc., COUT. Donner (de) l'ampleur :
• 10. Assez lâche sur les hanches, la jupe à la mode du moment se rattrapait vers les genoux, au bas d'un empiècement à boutons roses descendant de la taille au milieu, par devant. Elle était tout à fait étroite aux chevilles : trois plis creux donnaient l'ampleur pour marcher.
L. ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, p. 411.
B.— Au fig. Caractère de ce (ou celui) qui embrasse un domaine étendu.
1. [En parlant de l'information envisagée du point de vue de son étendue] :
• 11. Mais plus profondément encore s'élabore une pensée inconnue du penseur, qui dépasse par l'ampleur de ses connaissances, par leur sûreté et leur extension dans le temps, toutes les manifestations connues de la pensée...
M. BARRÈS, Mes cahiers, t. 12, juill. 1919-juin 1920, p. 222.
• 12. Vos carnets sont admirables par le mépris des vains artifices et l'ampleur de votre information.
J.-É. BLANCHE, Mes modèles, 1928, p. 199.
2. [En parlant d'une disposition de l'esprit] Ampleur de(s) vues :
• 13. D'où vient qu'en même temps la réflexion rétrécit l'ampleur de la vie spontanée, puisqu'elle y introduit des limites et des contrastes, tandis qu'elle élargit la puissance des motifs particuliers...
M. BLONDEL, L'Action, 1893, p. 113.
• 14. De quoi s'agit-il en effet? D'obtenir (...) qu'il y ait accord aussi parfait que possible entre l'élan et le résultat de notre effort, égalité entre l'ampleur des aspirations volontaires et la grandeur des fins voulues.
M. BLONDEL, L'Action, 1893, p. 113.
• 15. ... il est certain que mon esprit n'a pas encore atteint à assez d'élévation et d'ampleur pour saisir complètement ma vie.
A. BÉGUIN, L'Âme romantique et le rêve, 1939, p. 99.
3. Crit. littér.
a) [Se dit d'un écrit ou d'un entretien envisagé du point de vue de l'étendue de la matière] Ampleur d'un sujet, d'un débat :
• 16. Nous continuons, le soir, la lecture des Mémoires de Mme d'Epinay. Parfois nous comparons le texte de Rousseau, qui paraît aussitôt, auprès, d'une plénitude d'une ampleur, d'une onction admirables.
A. GIDE, Journal, 1905, p. 188.
• 17. ... l'on voit apparaître chez les philosophes chrétiens des entreprises historiques d'une ampleur jusqu'alors inconnue, embrassant la totalité des faits accessibles et les systématisant à la lumière d'un principe unique.
É. GILSON, L'Esprit de la philosophie médiévale, t. 2, 1932, p. 190.
b) [Se dit du style, de la phrase, envisagés du point de vue de l'étendue matérielle d'un énoncé et/ou de son contenu] Ampleur de la composition :
• 18. [Le père Vavassor] avait dénoncé bien avant Joseph de Maistre, les signes auxquels on pouvait infailliblement reconnaître, entre tous, un livre port-royaliste. Un de ces signes, c'étaient d'abord les circuits de périodes, les longueurs de phrases interminables; une étendue, une ampleur, une rotondité qui sentait le barreau, et encore le barreau pompeux, le barreau des jours solennels et non de tous les jours...
Ch.-A. SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 547-548.
• 19. ... Delacroix est la dernière expression du progrès dans l'art. Héritier de la grande tradition, c'est-à-dire de l'ampleur, de la noblesse et de la pompe dans la composition, et digne successeur des vieux maîtres, il a de plus qu'eux la maîtrise de la douleur, la passion, le geste!
Ch. BAUDELAIRE, Salon de 1846, 1846, p. 130.
4. [En parlant d'une action, d'un sentiment, d'une qualité] Étendue, importance. Saisir un événement, une chose dans (toute) son ampleur :
• 20. Ainsi — n'étaient certaines destinées singulières — j'imagine nos saints ainsi que des géants puissants et doux dont la force surnaturelle se développe avec harmonie, dans une mesure et selon un rythme que notre ignorance ne saurait percevoir, car elle n'est sensible qu'à la hauteur de l'obstacle, et ne juge point de l'ampleur et de la portée de l'élan.
G. BERNANOS, Sous le soleil de Satan, 1926, p. 124.
Rem. 1. Prendre de l'ampleur; prendre toute son ampleur (au fig., plus rare au propre) :
• 21. La matinée s'écoulait, l'instant arriva où la végétation de juillet sous un soleil enfin chaud prend toute son ampleur et pendant quelques heures trouve des puissances qui dépeuplent la campagne.
M. BARRÈS, L'Appel au soldat, 1900, p. 297.
• 22. « ... c'est au système Taylor qu'ils en ont... » Le système Taylor, dans la bouche d'Adrien, prenait une ampleur, une résonance de religion ou tout au moins, de philosophie supérieure.
L. ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, p. 258.
Rem. 2. Avec ampleur (au propre et au fig.). D'une manière ample, amplement :
• 23. ... quand il prend une idée, il la développe, l'agrandit, la drape; c'est le manteau à longs plis porté avec ampleur et grandeur, c'est la toge.
Ch.-A. SAINTE-BEUVE, Mes poisons, 1869, p. 94.
• 24. Mais voilà un des aspects les plus intéressants de l'œuvre de M. Bouteiller au lycée de Nancy : il fait avec ampleur son geste de semeur et ignore absolument ce que devient la graine.
M. BARRÈS, Les Déracinés, 1897, p. 20.
Prononc. :[].
Étymol. ET HIST. — 1718 (Ac. : Ampleur. Estendüe de ce qui est ample. Il ne se dit qu'en parlant d'habits et de meubles. Un manteau qui a trop d'ampleur, un rideau qui n'a pas assez d'ampleur); 1787 fig. (MARMONTEL, Élém. de littér. Amplification ds DG : Donner à ses raisonnements de l'ampleur, de la force).
Dér. de ample, remplaçant les anc. subst. amplesse et ampleté attestés jusqu'au XVe s. (cf. GDF.), créé par anal. avec largeur et longueur pour qualifier un vêtement; suff. -eur1.
STAT. — Fréq. abs. litt. :607. Fréq. rel. litt. :XIXe s. : a) 234, b) 555; XXe s. : a) 841, b) 1 578.
BBG. — BÉL. 1957. — PRÉV. 1755.
ampleur [ɑ̃plœʀ] n. f.
ÉTYM. 1718; a remplacé ampleté, amplesse, anc. franç.; de ample.
❖
1 Largeur étendue au-delà du nécessaire. || Donner plus ou moins d'ampleur à une jupe.
♦ Surplus de tissu nécessaire à la confection d'un vêtement, réparti en plis, fronces, etc. || Réserver de l'ampleur. || L'ampleur de la voix, son étendue.
2 Amplitude. || L'ampleur de ses mouvements.
1 (…) une grâce saine et souple se dégageait de l'ampleur lente de ses mouvements.
Loti, Matelot, XXXIV.
1.1 Il vivait furtivement, sans ampleur de gestes, sans éclat de voix, parlant en dernier et avec mesure, semblant regretter ses mots.
Pierre Hamp, la Peine des hommes (Moteurs), p. 7.
3 Rare. Caractère de ce qui est de grandes dimensions. || L'ampleur de son pas. || L'ampleur des formes.
1 (1787). Caractère de ce qui est abondant, a une grande extension ou importance. ⇒ Abondance, développement. || Le mouvement, la manifestation a pris de l'ampleur. || Prendre toute son ampleur. || Devant l'ampleur du désastre. || L'ampleur des moyens mis en œuvre. || L'ampleur du sujet. || L'ampleur de ses connaissances me confond.
2 C'est par la liberté et par l'ampleur croissante des échanges que se réalisera peu à peu l'unité humaine.
Jaurès, Hist. socialiste…, t. V, p. 31.
2 Caractère de ce qui est développé longuement et avec force. || L'ampleur d'une phrase, d'un style, d'un raisonnement. || L'ampleur d'un exposé, d'une synthèse.
3 Son discours (de Vergniaud), d'une ampleur de style, d'un développement grandiose, avec beaucoup de redondances, étonne à la lecture.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., t. I, p. 934.
4 Je n'ai jamais cru que la grandeur d'un ensemble, l'ampleur d'une synthèse pussent dispenser de la vue aiguë et infiniment particulière du détail.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. I, Préface, p. 18.
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CONTR. Étroitesse, exiguïté, maigreur, minceur, petitesse.
Encyclopédie Universelle. 2012.