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alleu

alleu [ alø ] n. m.
allœuf 1131; p.-ê. du frq. °al-ôd « totale propriété »
Dr. féod. Domaine héréditaire conservé en toute propriété, libre et franc de toute redevance. Franc-alleu [ frɑ̃kalø ]. ⊗ CONTR. Fief, tenure.

alleu, alleux nom masculin (francique alôd, propriété complète) Terre libre ne relevant d'aucun seigneur et exempte de tout devoir féodal. ● alleu, alleux (synonymes) nom masculin (francique alôd, propriété complète) Terre libre ne relevant d'aucun seigneur et exempte de tout...
Synonymes :
- franc-alleu

⇒ALLEU, ALEU, subst. masc.
DR. FÉOD. Propriété acquise par héritage et libre de toute obligation ou redevance :
1. Toutes les propriétés, dans la féodalité, se divisent en deux grandes classes : l'aleu ou le franc-aleu, le fief et l'arrière-fief.
F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Études historiques, 1831, p. 371.
2. L'homme libre pouvait se dire et était réellement dans son alleu, roi, administrateur et juge, seul et unique industriel.
P.-J. PROUDHON, De la Création de l'ordre dans l'humanité, 1843, p. 88.
Prononc. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[alø]. 2. Dér. et composés : alleutier (cf. Lar. encyclop.), allodial, allodialité. 3. Forme graph. — Le mot s'écrit avec un l ou 2 l et prend un x au plur. (cf. Ortho-vert 1966). — Rem. Ac. Compl. 1842 cite les formes ,,aleu ou aleuf (anc. jurispr.)`` comme vedette de renvoi à alleu. LITTRÉ forme le plur. en s : des alleus (GATTEL 1841 : au plur. alleux ou alleus). Ac. dès l'éd. de 1835 emploie dans ses ex. la forme au plur. avec x.
Étymol. ET HIST. — 1085-1110 dr. féod. aloe « domaine héréditaire possédé en pleine propriété, exempt de toute redevance » (Fragment de Gormund et Isembard, éd. Heiligbrodt, 166 ds T.-L. : tint Pontif E les aloez saint Valerin); 1131 id. alloeuf « id. » (Ch. ann. 1131 inter Probat. tom. 2 Hist. Lothar., col. 295 ds DU CANGE s.v. alodis, t. 1, 196 a : Ont aussi donné leurs pescheurs avec toute la pescherie de leurdit Allœuf, comme aussi l'Allœuf de Moranges... Item l'Alœuf de Luringe); ca 1150 id. alue « id. » (La Vie de saint Alexis, rédaction interpolée du XIIe s., éd. Paris et Pannier, S 104 : Quant çou fu cose que il l'ot espousée, De ses alues moult gentement douée) [et non ca 1050, Vie de St Alexis, selon FEW t. 151, s.v. alôd, version où l'on trouve aux vers 78 et 545 un part. passé au sens de « logé, placé »]; XIIe s. id. alot « id. » (Glossaire de Tours, éd. Delisle, 330 ds T.-L. : fundus : alot); ca 1180 id. aleu « id. » (G. DE SAINT-PAIR, Roman du Mont-Saint-Michel, éd. Michel, 1672, ibid. : Toz cels qu'il a fait baptizier A lor aleuz fist reparier); 1252 id. aluef « id. » (Ch. ann. 1252, ex Chartul. Campan., f° 394 col. 2 ds DU CANGE, loc. cit.), forme ayant subi l'influence de fief.
De l'a. bas frq. alôd « pleine propriété », composé de al « plein, entier » et , corresp. frq. du germ. auda- « bien, propriété » attesté dans les formes de même sens got. auda-, a. nord. auodr, ags. , a. sax. , a. haut all. (KLUGE 1967). Cet a. bas frq. est transcrit alodis dans la Loi Salique, rédigée entre 507 et 596 (Lex. Sal. Merov. titre 59 ds Mittellat. W. s.v. alodis, 495, 7 : de alodis). Le mot est aussi attesté dans les lois barbares et dans les formulaires francs du VIe au Xe s. dont le Formulaire de Marculf (vers 650) (Alf UDDHOLM, Formulae Marculfi, 1953, p. 199), etc. Les formes lat. sont variées : alodus, alodum, al(l)odium, alotis, alotus (K.-J. HOLLYMAN, Le Développement du vocab. féod. en France pendant le Haut Moy. Âge, Paris, Minard, 1957, p. 51); cf. aussi DU CANGE, loc. cit.; selon Mittellat. W., loc. cit., 494, 71 l'on rencontre alodis (-us) jusqu'au XIe s., alodium dep. le IXe s., allodium dep. le XIe s. Le sens premier de « propriété entière, bien héréditaire » est bien attesté (1088, HARIULF., Chron., 1, 15, p. 25, 6 ds Mittellat. W., loc. cit., 495, 53 : paternae haereditati, quam nostrates alodium vel patrimonium vocant, sese contulit). En lat. médiév. le mot a signifié « bien possédé en propre », ces biens étant « meubles » puis « meubles et immeubles » et enfin uniquement « immeubles » (Mittellat. W. et FEW, loc. cit.). En fr. avec le développement de la féod. apr. l'époque franque, alleu a pris le sens de « bien exempt de tout droit féodal ». — Alleu a été concurrencé par franc-alleu dès la fin du XIIe s. (1177, CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier au Lion, éd. W. Foerster, 1404 var. ds T.-L., emploi par image : Amors... Logiee s'est an franc alue Dont nus ne li puet feire tort).
STAT. — Fréq. abs. litt. :2.
BBG. — BARR. 1967. — BÉL. 1957. — BOISS.8. — FÉR. 1768. — LEP. 1948. — POPE 1961, § 25. — PRÉV. 1755. — ROMEUF t. 1 1956.

alleu [alø] n. m.
ÉTYM. 1131, allœuf; alœ, v. 1080; p.-ê. du francique al-ôd « totale propriété », ou (Littré) du germanique hlot, lot « sort ».
Dr. féod. Domaine héréditaire conservé en toute propriété, libre et franc de toute redevance (par opposition aux fiefs, censives et tenures féodales). || Franc-alleu.
0 (…) près de Saint-Gall, par exemple, au IXe siècle, ou près de Cluny au Xe, se manifeste la vitalité de multiples alleux, de biens entièrement dégagés de toute domination seigneuriale, dont l'étendue correspond aux besoins et aux facultés de travail d'un ménage paysan (…)
Georges Duby, Guerriers et Paysans, VII-XIIe s., p. 104.
CONTR. Fief, tenure.
DÉR. Alleutier. — V. Allodial.

Encyclopédie Universelle. 2012.