adjudant, ante [ adʒydɑ̃, ɑ̃t ] n.
• 1776; « aide canonnier » 1671; esp. ayudante, de ayudar « aider »
♦ Sous-officier des armées de terre et de l'air qui, dans la hiérarchie des grades, vient au-dessus du sergent-chef, et sert d'auxiliaire immédiat à l'officier responsable. ⇒pop. juteux. Bien, mon adjudant. (1912 ) Adjudant-chef,au-dessus de l'adjudant et en dessous du major. Une adjudante-chef. Des adjudants-chefs. — Péj. Un adjudant : un chef tatillon, autoritaire et borné.
♢ (1883) Adjudant-major :officier du grade de capitaine chargé d'assister ou suppléer un officier supérieur. Des adjudants-majors.
● adjudant nom masculin (espagnol ayudante, officier subordonné) Grade de la hiérarchie des sous-officiers dans les armées de terre, de l'air et de la gendarmerie ; sous-officier titulaire de ce grade. En Suisse, sous-officier supérieur. Familier. Personne autoritaire. ● adjudant (citations) nom masculin (espagnol ayudante, officier subordonné) Georges Moinaux, dit Georges Courteline Tours 1858-Paris 1929 […] pour l'adjudant, dans tout homme […] il y avait un gibier possible de biribi. Le Train de 8 h 47 Flammarion
adjudant
n. m. Sous-officier de grade intermédiaire entre celui de sergent-chef ou de maréchal des logis-chef et celui d'adjudant-chef.
⇒ADJUDANT, subst. masc.
I.— ARM. et lang. cour.
A.— [Corps des sous-officiers] Sous-officier dont le grade, dans la hiérarchie des armées de terre et de l'air, se situe immédiatement au-dessus de celui de sergent(-chef) et qui est chargé d'aider un officier dans le commandement d'une compagnie, notamment pour l'application des règles de la discipline militaire. Adjudant de compagnie :
• 1. Parmi toutes les misères que la guerre nous enfante, le dépôt, c'est-à-dire la vie de caserne à l'heure où l'on se bat, la farce du temps de paix lorsque d'autres se tuent, l'adjudant chien de quartier quand l'ennemi sort ses crocs, — le dépôt avec ses corvées, ses sous-offs, son poste de garde et son major, le dépôt pour un homme sensible dont l'amour-propre se rebiffe, est une épreuve rude et lugubre, car la bêtise y prospère comme crapauds en mare; ...
R. BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 109.
• 2. Elle s'apprivoise, nous écoute et même nous pose des interrogations d'un ton rogue :
— Pourquoi que vous appelez l'adjudant :le juteux?
H. BARBUSSE, Le Feu, 1916, p. 83.
• 3. « Les livrets matricules sont conservés dans une boîte ad hoc. « Qu'est-ce que ça veut dire, ad hoc, mon adjudant — En bois, qu'il répondait. Une boîte ad hoc, c'est une boîte en bois » ...
R. VERCEL, Capitaine Conan, 1934, p. 31.
Rem. 1. Empl. comme interpellatif par un subordonné, adjudant est précédé du poss. mon (ex. 3). 2. Dans les ex. 1 et 2, on trouve les termes juteux et chien de quartier qui, dans l'arg. milit., désignent l'adjudant. Cf. aussi adjupète.
— Adjudant-chef. Sous-officier du grade le plus élevé :
• 4. La même bombe tua aussi deux sergents, emporta une cuisse et une main à notre adjudant-chef et cloua quelques éclats dans les reins et les fesses du médecin.
R. ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946, p. 300.
— Adjudant de bataillon. Sous-officier attaché à un chef de bataillon, grade immédiatement au-dessus de celui d'adjudant, remplacé par celui d'adjudant-chef :
• 5. Le troisième jour ce fut l'enterrement. Quelques parents avaient fait le voyage : un ancien adjudant de bataillon à l'armée du Rhin, qui était manchot et qui avait un bureau de tabac et de poudre à Rochefort-Montagne; ...
H. POURRAT, Gaspard des Montagnes, Le Château des sept portes, 1922, p. 107.
— Adjudant sous-officier. ,,Chef des sous-officiers du régiment sous les ordres des adjudants-majors.`` (BESCH. 1845) :
• 6. Tout à coup, au milieu de ces deux lignes de lanciers, marchant négligemment et au pas, arriva au grand trot, par le milieu de la route, qui était resté libre, l'adjudant-sous-officier. Il adressait certains mots à demi-voix aux sous-officiers, et Lucien vit les lanciers se redresser sur leurs chevaux.
STENDHAL, Lucien Leuwen, t. 1, 1836, p. 37.
• 7. ... une heure après, l'adjudant du régiment passant à portée du bivouac, les soldats allèrent lui raconter l'arrivée de cet étranger parlant mal français.
STENDHAL, La Chartreuse de Parme, 1839, p. 30.
— P. anal. Dans l'administration pénitencière. Grade supérieur dans la hiérarchie des agents de surveillance :
• 8. [Les agents de surveillance des chiourmes] n'ont de chefs militaires que jusqu'au grade de sergent-major, connu sous le nom d'adjudant.
RABAN et MARCO SAINT-HILAIRE, Mémoires d'un forçat ou Vidocq dévoilé, t. 4, 1828-1829, p. 39.
B.— [Corps des officiers] Officier adjoint à un autre officier.
— Adjudant-major. Officier chargé d'assister ou de remplacer un officier supérieur dans le commandement d'un bataillon ou d'une unité supérieure au bataillon :
• 9. J'entrais à Tlemcen, j'avais à côté de moi mon adjudant-major, brave officier, beau comme un ange. Dans la grande rue, une femme voilée prend la bride de son cheval, et lui jette un bouquet dans le pli de son burnous..
P. MÉRIMÉE, Les Deux héritages, 1853, p. 106.
— Capitaine adjudant-major. Officier chargé d'assister ou de remplacer un officier supérieur dans le commandement d'un bataillon ou d'une unité supérieure au bataillon, lorsque cet officier a le grade de capitaine :
• 10. Privée de direction, une troupe hésite. Le capitaine adjudant-major Baume prend le commandement du bataillon, reforme les unités engagées, distribue les commandements et se tient prêt à repousser une contre-attaque qui, devant l'attitude de ses hommes, n'ose pas sortir des tranchées.
H. BORDEAUX, Les Derniers jours du fort de Vaux, 1916, p. 263.
— Adjudant de garnison ou adjudant de place. Officier chargé de seconder le major de garnison dans l'exécution de son service.
— Adjudant-général. De 1790 à 1818, officier d'État-major, du grade de colonel ou lieutenant-colonel :
• 11. Je sortis en ce temps de l'hôpital, et je demandai tout de suite à rejoindre mon bataillon, mais les Vendéens ayant l'habitude de massacrer tous les soldats qu'ils rencontraient isolés, l'adjudant-général Flavigny, commandant la place d'Angers, me défendit de partir seul, et me mit en subsistance dans une compagnie de canonniers d'Eure-et-Loir, sur le point d'aller rejoindre la colonne de Santerre à Doué.
ERCKMANN-CHATRIAN, Histoire d'un paysan, t. 2, 1870, p. 184.
Rem. À l'étranger, dans certains pays, adjudant désigne un officier adjoint ou un aide de camp :
• 12. À cette époque, Milton fut au moment d'être employé en qualité d'adjudant dans les troupes de sir William Waller, général du parti presbytérien dont nous avons des Mémoires.
F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Essai sur la littérature anglaise, t. 2, 1836, p. 29.
C.— Emplois fam. ou arg. (rattachés aux emplois A)
1. Dans la lang. cour. fam. Esprit tatillon, autoritaire et borné :
• 13. Je vois deux choses à dire et à répéter, contre l'arrogance des colonels et adjudants de pensée. La première est que le progrès des connaissances ne va point du tout du concret à l'abstrait, mais au rebours de l'abstrait au concret.
ALAIN, Propos, 1931, p. 1053.
Rem. Adjudant de pensée est sans doute calqué sur des syntagmes milit. comme adjudant de compagnie, de cavalerie.
2. Arg. milit.
— Adjudant de manège. ,,Garde manège, par ironie, — dans le jargon des soldats de cavalerie.`` (L. RIGAUD, Dict. de l'argot moderne, 1881, p. 5).
— Coucher avec la femme de l'adjudant. ,,Coucher à la salle de police.`` (L. RIGAUD, Dict. de l'argot moderne, 1881, p. 168); de là : femme de l'adjudant, salle de police :
• 14. Je devrais vous faire fusiller, sacré nom de Dieu! Je vous ferai foutre huit jours à la salle de police, nom de Dieu! Est-ce que vous vous foutez de moi! Tenez, foutez-vous là et faites-moi la charge de la femme de l'adjudant.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 27 juill. 1853, p. 111.
Rem. Charge, ,,paquetage placé à la tête du lit`` (G. Esnault); faire la charge de la femme de l'adjudant, ,,préparer ses affaires pour aller coucher à la salle de police`` [autre version de cette phrase ds Lar. Lang. fr., s.v. charge IV. 1, qui comprend : ,,Faites-moi la caricature (charge) de la femme de l'adjudant.``].
— Jument de l'adjudant. Salle de police, dans l'argot des soldats de cavalerie (d'apr. L. RIGAUD, Dict. de l'argot moderne, 1881, p. 169).
— Tremper un adjudant. ,,En parlant du cuisinier de la compagnie, plonger un croûton dans le bouillon destiné à l'adjudant — le même bouillon qui, allongé, sera servi peu après à la troupe (sold., 1886).`` (ESN. 1965). Cf. l'expr. tremper la soupe.
II.— ORNITH. ,,Nom vulgaire de l'argilah ou cigogne à sac de Calcutta.`` (Nouv. Lar. ill.) :
• 15. Jardin d'acclimatation. (...). Le marabout-adjudant : un Anatole France en jaquette.
J. RENARD, Journal, 12 mars 1902, p. 734.
• 16. ... un matin, je fus éveillée par des cris d'oiseaux inconnus. L'île tout entière n'était que vacarme. J'essayais de voir ces nouveaux hôtes qui venaient de s'abattre par myriades autour de moi. Mais je ne distinguais, immobiles sur leurs branches, ou à leur place habituelle, que les mêmes gourahs, les mêmes passereaux, les mêmes adjudants.
J. GIRAUDOUX, Suzanne et le Pacifique, 1921, p. 95.
Stylistique — En tant que terme milit., le mot prend facilement une valeur dépréc. en raison des fonctions de l'adjudant sous-officier, gén. peu aimé de ses subordonnés. D'où la multiplicité des emplois du terme dans la lang. arg. (cf. sém. I C 2) et son emploi fam. dans la lang. cour. (cf. sém. I C 1) où adjudant appliqué aux relations sociales ou au domaine intellectuel (cf. Alain, ex. 13), devient le symbole de la mesquinerie ou du simplisme autoritaire.
Prononc. — 1. Forme phon. :[]. Enq. ://. 2. Dér. et composés : adjudant-chef, -commandant, -général, -major.
Étymol. ET HIST. — 1671 adjudan « aide cannonier » (ARNOUL, Traité ds COLBERT, Lettres et instr., éd. Clément, Paris 1864-65, t. 3, v. 2, 676, d'apr. R. ARVEILLER, Fr. mod., t. 25, 1957, p. 305 : trois adjudans de cannoniers); 1701 ajudant « aide de camp » (FUR. 1701); 1740 adjudant « id. » (VOLTAIRE, Lettres, 1er juil. 1740 ds DG :M. de Camas, adjudant général du roi de Prusse et homme plus instruit qu'un adjudant ne l'est d'ordinaire.)
Empr. à l'esp. ayudante (dér. d'ayudar « aider » < lat. adjutare, fréquentatif de adjuvare « aider ») attesté dep. le XVIe s. au sens d'« aide » (cf. 1623, R. PERCIVALE, A Dictionary in Spanish and English ds GILI t. 1 1960 : Ayudante, an assistant) et qui prit le sens d'« officier subalterne » dès le XVIIe s. (cf. 1705, F. SOBRINO, Diccionario nuevo de las lenguas española y francesa, ibid. :Ayudante, m., assistant; ayudante entre la gente de guerra, aide de camp). Le d du mot fr. s'explique par l'influence du lat. adjutare. La forme ajutant attestée en 1693 (A. Oudin) est une forme épisodique empr. à l'ital. aiutante (BOULAN 1934, p. 19).
BBG. — BÉL. 1957. — BOUILLET 1859. — BOULAN 1934, p. 61. — BRUANT 1901. — ESN. 1965. — LE BRETON Suppl. 1960. — LE CLÈRE 1960. — Mét. 1955. — RUPP. 1915, p. 31. — SCHMIDT 1914, p. 82.
adjudant [adʒydɑ̃] n. m.
ÉTYM. 1776; adjudan « aide canonnier », 1671; de l'esp. ayudante « aide » puis « officier subalterne », de ayudar « aider ».
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1 Sous-officier qui, dans la hiérarchie des grades, est au-dessus du sergent-major et sert d'auxiliaire immédiat à l'officier responsable. ⇒ 2. Juteux (pop.); cf. en argot milit. adjupète, chien de quartier. — REM. Employé par un subordonné comme interpellatif, adjudant est précédé de mon.
1 Les livrets matricules sont conservés dans une boîte ad hoc. « Qu'est-ce que ça veut dire, ad hoc, mon adjudant ? — En bois, qu'il répondait. Une boîte ad hoc, c'est une boîte en bois » (…)
Roger Vercel, Capitaine Conan, p. 31.
♦ Adjudant-chef : sous-officier du grade le plus élevé (immédiatement supérieur à adjudant). || Oui, mon adjudant-chef ! — ☑ Loc. fam. La femme de l'adjudant : la salle de police.
REM. Sur adjudant et juteux, J. Perret forge un adjectif : « les aspects les plus exquis du prestige adjuteux ».
2 Péj. || Un adjudant : un chef autoritaire, borné et tatillon.
3 Hist. (En France). Officier adjoint à un autre. || Adjudant-major (1883) : officier du grade de capitaine chargé d'assister ou de suppléer un officier supérieur. — Adjudant général (de 1790 à 1818) : colonel ou lieutenant-colonel adjoint d'un général. || Adjudant commandant.
4 Littér. (au sens du lat. adjuvare). Aide.
2 À deux, ils (les conducteurs de camion) formaient équipe : le chauffeur et son adjudant, l'un au volant, l'autre perché sur le marchepied, guettant les obstacles (…)
Claude Lévi-Strauss, Tristes tropiques, p. 176.
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Encyclopédie Universelle. 2012.