acclamation [ aklamasjɔ̃ ] n. f.
• 1504; lat. acclamatio, de acclamare
1 ♦ (Surtout au plur.) Cri collectif d'enthousiasme pour saluer qqn ou approuver qqch. « La salle tremblait encore d'acclamations » (Hugo). Son retour fut salué par des acclamations. ⇒ applaudissement, hourra, ovation, vivat.
2 ♦ Loc. adv. (1740) Par acclamation : à l'unanimité et avec enthousiasme. Élire, nommer par acclamation, sans scrutin, à main levée.
⊗ CONTR. Huée, sifflet, tollé.
● acclamation nom féminin (latin acclamatio) Cri de joie, d'approbation, d'enthousiasme collectif pour saluer ou approuver publiquement une personne, une œuvre, une nouvelle ; ovation, applaudissement : Les acclamations de la foule. Ovations qui saluaient les triomphateurs ou les empereurs. Formule exprimant la joie, un souhait, une invocation (par exemple alléluia). ● acclamation (difficultés) nom féminin (latin acclamatio) Orthographe Avec deux c. Par acclamation. Toujours au singulier (le sens du mot implique en lui-même l'idée de collectivité) : voter par acclamation. ● acclamation (expressions) nom féminin (latin acclamatio) Par acclamation, unanimement ou massivement, sans recourir à un scrutin. ● acclamation (synonymes) nom féminin (latin acclamatio) Cri de joie, d'approbation, d'enthousiasme collectif pour saluer ou approuver...
Synonymes :
- hourra
- ovation
- vivat
Contraires :
- huée
- sifflet
- tollé
acclamation
n. f. Cri collectif en faveur de quelqu'un. Acclamations à la fin d'un spectacle, d'un concert.
— Motion votée par acclamation, adoptée sans scrutin, dans l'enthousiasme collectif.
⇒ACCLAMATION, subst. fém.
A.— Cri d'enthousiasme collectif pour saluer ou approuver publiquement une personnalité, le succès d'une œuvre, etc. :
• 1. Le peuple finit par couper de grosses branches d'arbres, dont il fit un brancard, sur lequel il obligea la princesse de s'asseoir; et elle fut ainsi portée en triomphe jusque dans son palais, au milieu des acclamations et des cris du peuple. Il y a dans l'admiration publique une sorte de contagion dont il est presque impossible de se préserver, du moins pour le moment, alors même qu'elle est usurpée; ...
Mme DE GENLIS, Les Chevaliers du cygne, t. 2, 1795, p. 324.
• 2. À sa voix expirante, Napoléon, interrompant ses mystérieuses destinées, accourt des rives du Nil, il traverse les mers au risque de sa liberté et de sa réputation, il aborde seul aux plages françaises. On tressaille de le revoir, des acclamations, l'allégresse publique, le triomphe le transportent dans la capitale. À sa vue, les factions se courbent, les partis se confondent; il gouverne, et la révolution est enchaînée!
E.-D. DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 2, 1823, p. 575.
• 3. — Vous êtes le seul, reprit Gringoire, qui ayez convenablement écouté la pièce. Comment la trouvez-vous?
— Hé! Hé! répondit le gros magistrat à demi réveillé, assez gaillarde en effet.
Il fallut que Gringoire se contentât de cet éloge, car un tonnerre d'applaudissements, mêlé à une prodigieuse acclamation, vint couper court à leur conversation.
V. HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 60.
• 4. L'auteur serait enseveli dans son triomphe, pareil au jeune captal de Buch après l'assaut de Ravenne et que pleurèrent toutes les femmes. C'est un tonnerre, une salve, une apothéose d'acclamations, de cris, de bravi, d'opinions, de oua-ouaou, de bruits de tout genre, même inquiétants, de spasmes, de convictions, de trépidations, d'idées et de gloire éclatant de tous les côtés à la fois...
Ph.-A.-M. DE VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Contes cruels, La Machine à gloire, 1883, p. 90.
• 5. Puis la grande scène de rupture du quatrième acte, sur laquelle nous comptions tous pour l'enlèvement de la pièce, accueillie froidement et sa froideur déteignant sur le cinquième acte. Au fond, une déception pour les amis, qui s'attendaient à voir finir la pièce par une acclamation, un triomphe, un emballement frénétique de la salle, et qui la voient se terminer par le succès ordinaire d'une pièce qui réussit.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, déc. 1885, p. 516.
• 6. Étourdi par les acclamations de ses partisans et par les huées furieuses des vaincus, porté à bras d'hommes sur ce chemin de la bourdette où on le reconduisait aux flambeaux, ébloui par le feu de joie que tante Sophie allumait dans la cour, grisé de bruit, de champagne, de fatigue nerveuse, Jacques fut vraiment heureux, cette nuit-là.
E.-M. DE VOGÜÉ, Les Morts qui parlent, 1899, p. 105.
• 7. C'est ma juste fierté de m'être, pour ma part de militant, préparé sans trêve à cette grande tâche, aujourd'hui comme hier. J'ai travaillé sous les outrages comme sous les acclamations. Et j'ai l'assurance que le fruit de ce labeur ne sera point perdu pour le prolétariat.
J. JAURÈS, Études socialistes, préf., 1901, p. LXXIII.
• 8. Luttant avec eux, un autre bruit se fit place, devint enfin distinct : l'ébranlement régulier du sol sous les pas.
— L'armée, dit Katow. Ce sont les nôtres. Sans doute. Les cris étaient des acclamations. Impossible encore de les distinguer des hurlements de peur; Kyo avait entendu s'approcher ainsi ceux de la foule chassée par l'inondation. Le martèlement des pas se changea en clapotement, puis reprit : les soldats s'étaient arrêtés et repartaient dans une autre direction.
A. MALRAUX, La Condition humaine, 1933, p. 274.
• 9. Faire œuvre durable, c'est là mon ambition; et quant au reste : succès, honneurs, acclamations, j'en fais moins cas que de la moindre parcelle de vraie gloire : apporter réconfort et joie aux jeunes hommes de demain.
A. GIDE, Journal, 1943, p. 223.
• 10. La tension de tous les visages révélait que chacun devinait le but de mon voyage, bien qu'on l'ait tenu secret. Guère de bravos, ni d'acclamations mais tous les couvre-chefs ôtés, les bras levés, les regards appuyés. Ce salut ardent et silencieux me fit l'effet d'un témoignage que m'adressait la multitude à un moment décisif.
Ch. DE GAULLE, Mémoires de guerre, L'Unité, 1956, p. 294.
— Spéc. LITURG. Courte formule rituelle par laquelle les fidèles disent ou chantent en commun leur adhésion aux lectures bibliques :
• 11. L'Évangile est précédé d'une acclamation (alléluia, sauf pendant le Carême). (...) L'acclamation qui remplace l'alléluia, durant le Carême, n'est pas fixée : on suggère une formule telle que : « Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus ».
Lectionnaire dominical, par T. Nève, P.-M. Guillaume, L. Deiss, J.-M.-R. Tillard, Paris, éd. du Cerf, 1969, p. VI, XI.
Rem. 1. Syntagmes fréq. Acclamation est caractérisé a) par des adj. indiquant l'unanimité : générale, prodigieuse, unanime, universelle; — l'intens. : grande, immense, frénétique, tonnante, enthousiaste, vive; — ou apportant une note styl. par un jeu d'oppos. : muette, silencieuse; b) par des subst. lui servant de compl. : acclamation de triomphe, de joie, de plaisir, de sympathie, d'enthousiasme; ou dont il est compl. : une apothéose d'acclamations; par des verbes : les acclamations montent, s'élèvent, retentissent. 2. a) Acclamation est en rapport (paradigm.) avec des termes de même tonalité et marquant l'enthousiasme : applaudissement (ex. 3), cri (ex. 1), bravos (ex. 4, 10); une atmosphère de fête et d'excitation publ. : triomphe (ex. 2, 5), allégresse (ex. 2), emballement (ex. 5); b) il couronne, comme un superl., des séries indiquant l'intérêt croissant qu'on témoigne pour qqn (ex. 9, 10); c) il se rencontre avec des anton. : huées (ex. 6), hurlements (ex. 8), outrages (ex. 7), etc. 3. Dans les 3 ex. suiv., tandis que acclamation n'est ordin. empl. que pour marquer la joie, l'enthousiasme ou l'approbation, le mot se trouve aussi associé à l'idée de rage, de fureur, d'hostilité; le mot est alors un superl. de cris de foule (cf. aussi sup. ex. 8) :
• 12. Il rugissoit comme un ours, il frappoit les pins avec son casse-tête, il montoit à l'escalade; il se jetoit en arc comme un pont.
Des acclamations, les unes de joie, les autres de rage, ébranlent le bois sacré. Outougamiz s'écrioit : « Voilà l'Iroquois, voilà Chactas, voilà moi, voilà René, voilà Céluta, voilà Mila! »
F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Les Natchez, 1826, p. 424.
• 13. Elle ne comprend pas qu'on puisse se démener de la sorte. La grande lamentation de l'orchestre, les longs sanglots douloureux, les sons enflés qui montent comme une furieuse acclamation de voix stridentes, lui font le même effet que la vilaine foule crottée qui s'entasse et se heurte sur les boulevards un jour de pluie.
H. TAINE, Notes sur Paris, vie et opinion de Monsieur Frédéric-Thomas Graindorge, préf., 1867, p. 156.
• 14. Cependant, on apercevait Gaspard, Burette et Moreau, quoiqu'ils n'eussent aucun galon sur les manches. À leur wagon, c'étaient les gradés qui se tenaient derrière. À trois heures juste, le convoi se mit en route. Acclamations mêlées : « hourra! hourra! à Berlin!... À bas Guillaume ...
R. BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 21.
B.— DR. PUBL. [Au sing.] Cri unanime par lequel les membres d'une assemblée approuvent de leur place une proposition :
• 15. Le chancelier de France rappela à l'assemblée que ce traité était conforme au désir que la bonne ville de Paris avait déjà montré, et à ce que ses députés avaient réglé à Arras avec le duc de Bourgogne; puis il demanda si l'on voulait persévérer et adhérer au traité communiqué par le roi. « Oui, oui », crièrent-ils avec acclamation et tout d'une voix :« vive le roi, la reine et monseigneur de Bourgogne! »
P. DE BARANTE, Hist. des ducs de Bourgogne, t. 4, 1821-1824, p. 291.
• 16. Raguse, microcosme vénitien, espèce d'excroissance maladive de la vieille Albanie poussée sur un rocher de l'Adriatique, aussi bien nid de pirates que cité de gentilshommes, avait pour prince un recteur nommé à la fois de trois façons, par le scrutin, par l'acclamation et par le sort.
V. HUGO, Le Rhin, concl., 1842, p. 148.
— Spéc. Voter (une loi, un décret), nommer, élire (une pers.) par acclamation :
• 17. L'impôt désastreux dont elle a fourni le décret a été voté par acclamation par le législateur. Malgré ce prétendu vœu national, et la sanction dont il est revêtu, l'administrateur des finances y compte si peu, qu'il a cru devoir l'étayer d'une proclamation royale.
MARAT, Les Pamphlets, Dénonciation contre Necker, 1790, p. 100.
• 18. Pour échapper aux souffrances dont les menaçait la colère du peuple, et à la torture qui, judiciairement, devait précéder leur supplice, ils résolurent, d'un accord unanime, que l'un d'entre eux tuerait les autres, puis se tuerait lui-même de son épée, et ils nommèrent par acclamation celui qui devait faire l'office de bourreau.
A. THIERRY, Récits des temps mérovingiens, t. 2, 1840, p. 329.
Rem. Le vote par acclamation se fait gén. non pas en poussant des cris, mais en élevant les mains; il n'est en principe pas précédé d'une délibération, parce qu'il suppose l'unanimité (cf. sup. A, rem. 1, syntagmes fréq.) Dans la pratique des assemblées fr., il est remplacé par le vote à main levée, précédé d'une délibération, et l'on compte les voix.
Prononc. :[]. Enq. :/aklamasiõ/.
Étymol. ET HIST. — 1504 « cri collectif d'enthousiasme pour saluer qqn » (JEAN LEMAIRE DE BELGES, Le temple d'honneur et de vertu ds Œuvres, pp. J. Stecher, t. IV, p. 231 cité par A. Goosse ds Fr. Mod., 21, p. 216 : Alors par commune acclamacion d'une voix unanime et favorable noise chascun cria Vive le prince tres bon, tres heureux et tres pacifique Pierre, duc de Bourbon et d'Auvergne, etc.); 1509 « id. » (ID., Illustrations de la Gaule, II, 354, Stecher, cité par Delboulle ds R. Hist. litt. Fr., I, 184 : Les femmes du dit païs, en toutes acclamations soudaines appelent Tyers, c'est-à-dire Priapus en langue thioise); 1690 jur. (FUR. : Les Magistrats, les Evêques, s'élisoient autrefois par les suffrages, et les acclamations publiques); 1740 par acclamation (Ac. :On dit Elire par acclamation, quand les voix se réunissent tout d'un coup pour l'élection d'un sujet. — On dit aussi, qu'Une loi, qu'un avis passent par acclamation, quand une loi et un avis sont reçûs et approuvez dès qu'ils sont proposez).
Empr. au lat. acclamatio « cri collectif » (pour blâmer, CICÉRON, Rab. Perd. 18 ds TLL, 324, 67; pour louer, TITE-LIVE, 31, 15, 2, ibid., 324, 83) cf. lat. médiév., terme jur. du dr. franc « cri d'enthousiasme pour ratifier une élection » (Dipl. Otton., I, 366 ds Mittellat. W. :vocum acclamatione et manuum elevatione electus).
BBG. — AQUIST. 1966. — BAR 1960. — BÉNAC 1956. — KOLD. 1902. — LACR. 1963. — LAVEDAN 1964. — MARCEL 1938. — Pol. 1868. — THOMAS 1956.
acclamation [aklamɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1504; lat. acclamatio, acclamationis « cri collectif », du supin de acclamare. → Acclamer.
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1 (Surtout au plur.). Cri d'admiration, d'approbation, de joie ou d'enthousiasme que poussent une assemblée, une foule. || Son retour fut salué par des acclamations. ⇒ Applaudissement, bravo, hourra. || Être accueilli par une immense acclamation. ⇒ Ovation, vivat; et aussi triomphe. || Des acclamations enthousiastes.
1 Nous l'avons vu entrer au bruit des acclamations publiques.
2 (…) la salle tremblait encore d'acclamations.
Hugo, Notre-Dame de Paris, I, II.
♦ Littér. || L'acclamation de qqn, que fait qqn.
3 (Napoléon) s'arrangeait d'être acclamé en son apparence, toujours un peu comédien en cela; au lieu que l'acclamation de ceux qui souffraient et mouraient était toute généreuse.
Alain, Propos, 5 oct. 1932, l'Amour généreux, Pl., p. 1097.
2 ☑ Loc. adv. (1740). Par acclamation, à l'unanimité et avec enthousiasme. || Élire, nommer, voter par acclamation, sans qu'il soit besoin d'un scrutin (en élevant les mains).
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CONTR. Huée, sifflet, tollé.
Encyclopédie Universelle. 2012.