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acanthe

acanthe [ akɑ̃t ] n. f.
achante 1509; lat. acanthus, gr. akantha « épine »
1Plante à feuilles très découpées (acanthacées), dont une espèce ornementale est appelée patte d'ours.
2(XVIe) Acanthe ou feuille d'acanthe : ornement architectural. Les feuilles d'acanthe des chapiteaux corinthiens. « Une guirlande de feuilles d'acanthe précieusement dorées » (Loti).

acanthe nom féminin (latin acanthus) Plante méditerranéenne des lieux frais (acanthacée), aux feuilles très grandes et très décoratives, aux fleurs en épis. Motif décoratif qui interprète la feuille d'acanthe, en particulier dans le chapiteau corinthien. ● acanthe (difficultés) nom féminin (latin acanthus) Orthographe 1. Acanthe, avec un seul c et -th-. 2. Des feuilles d'acanthe, sans s à acanthe.

acanthe
n. f.
d1./d Plante gamopétale méditerranéenne ornementale épineuse à feuilles longues et découpées.
d2./d Feuille d'acanthe: ornement d'architecture imité de cette plante.

⇒ACANTHE, subst. fém.
A.— BOT. Plante herbacée pérenne à fleur labiée et à larges feuilles vertes très ornementales dont les espèces connues en Europe méridionale sont l'acanthe molle et l'acanthe épineuse (ou sauvage); appelée vulgairement branche-ursine, à cause de sa ressemblance avec une patte d'ours :
1. Les acanthes, dont le vert est glauque, ont des affinités avec l'eau azurée des fleuves; les ormes stériles, avec les roches; les myrtes, arbrisseaux de Vénus, avec les rivages de la mer qui l'ont vue naître; les vignes serpentantes en arcades, avec les courbes des collines; et les ifs hérissés, avec les givres de l'aquilon.
J.-H. BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, pp. 118-119.
2. ... l'acanthe sauvage rampoit à leurs pieds, sur des débris...
F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Voyage en Amérique, en France et en Italie, t. 7, 1827, p. 249.
3. ... je m'étais cru transporté dans une planète obscure où se débattaient les premiers germes de la création. Du sein de l'argile encore molle s'élevaient (...) des acanthes tortillées autour des cactus...
G. DE NERVAL, Les Filles du feu, Aurélia, 1854, p. 278.
4. ... je traversais la Seine qui languit et se replie autour de ses îles, et je m'engageais dans les ruines solennelles du vieux château de Saint-Germain. L'aspect ténébreux des hauts portiques, où plane la souris chauve, où fuit le lézard, où bondit le chevreau qui broute les vertes acanthes, me remplissait de joie et d'amour.
G. DE NERVAL, La Pandora, 1855, p. 735.
5. Les reflets bleus du lin à feuilles menues se mariaient au rouge écarlate d'un acanthus particulier à cette contrée.
J. VERNE, Les Enfants du capitaine Grant, t. 2, 1868, p. 101.
6. Il [le cygne] dresse son beau col au-dessus des roseaux,
Le plonge, le promène allongé sur les eaux,
Le courbe gracieux comme un profil d'acanthe,
Et cache son bec noir dans sa gorge éclatante.
SULLY PRUDHOMME, Les Solitudes, Le Cygne, 1869, p. 17.
7. ... quelque vieille abbaye (...) sans un vestige de l'homme parmi ses pierres où le lierre ne grimpe même plus, ni l'acanthe, mais qu'embaument les lavandes sèches et les férigoules.
A. DAUDET, Le Nabab, t. 1, 1877, p. 201.
8. Viens, dit-elle. Je vins.
Sa jeune taille était plus souple que l'acanthe;
Elle errait éblouie, idéale bacchante,
Sous des pampres divins.
V. HUGO, La Légende des siècles, t. 4, 1877, p. 573.
9. À la porte du jardin (...) que fleurissaient le lis et l'acanthe toujours verte...
A. FRANCE, La Révolte des anges, 1914, p. 213.
Spéc., MYTH. et REL. Feuilles d'acanthe dont est ceinte la tête des déesses, muses ou jeunes vierges de l'antiquité :
10. Voici la fête d'Olympie!
Tressez l'acanthe et le laurier!
V. HUGO, Odes et ballades, Le Chant de l'arène, t. 1, 1826, p. 298.
11. Ida! J'adore Ida, la légère bacchante;
Ses cheveux noirs, mêlés de grappes et d'acanthe,
(...)
A. DE VIGNY, Poèmes antiques et modernes, La Dryade, 1837, p. 124.
12. Et tu n'es pas la muse aux lèvres éloquentes,
La pudique Vénus, ni la molle Astarté
Qui, le front couronné de roses et d'acanthes,
Sur un lit de lotos se meurt de volupté.
Ch.-M. LECONTE DE LISLE, Poèmes antiques, Vénus de Milo, 1852, p. 121.
13. Agavé, dont la joue est rose, Antonoé
Avec la belle Inô, ceintes de verts acanthes,
Menaient trois chœurs dansants d'ascétiques bacchantes
Sur l'âpre kythairôn aux mystères voué.
Elles allaient, cueillant les bourgeons des vieux chênes,
L'asphodèle, et le lierre aux ceps noirs enroulé, (...)
Ch.-M. LECONTE DE LISLE, Poèmes antiques, La Mort de Penthée, 1874, p. 180.
Rem. Noter l'emploi de acanthe au masc. chez Leconte de Lisle, sans doute par influence du lat.
P. méton. Distinction publique accordée à un écrivain :
14. ... ces personnes, de l'un ou de l'autre sexe, dites auteurs dramatiques, qui, privées à leur naissance (par une fatalité inconcevable!) de cette faculté, désormais insignifiante, que les derniers littérateurs s'obstinent encore à flétrir du nom de génie, sont néanmoins jalouses de s'offrir, contre espèces, les myrtes d'un Shakespeare, les acanthes d'un Scribe, les palmes d'un Gœthe et les lauriers d'un Molière.
Ph.-A.-M. DE VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Contes cruels, La Machine à gloire, 1883, p. 78.
B.— P. ext.
1. ANAT. Nom donné parfois à l'épine du dos (BESCH. 1845).
2. ARCHITECTURE
a) Ornement caractéristique du chapiteau corinthien stylisant la feuille d'acanthe (modèle l'acanthe molle) :
15. Ma sœur, est-ce vous, Thèbes, qui portez ces bandelettes sur la tête? Est-ce vous à qui un faucheur a donné ces corbeilles d'acanthe ciselées que des sphinx vont brouter?
E. QUINET, Ahasvérus, 1833, p. 95.
16. Au coucher du soleil, quand ses rayons jouent entre les piliers et ruissellent en ondes de feu entre les volutes et les acanthes des chapiteaux, les temples resplendissent comme de l'or pur sur un piédestal de bronze.
A. DE LAMARTINE, Voyage en Orient, t. 2, 1835, p. 177.
17. Je ne reconnais pas l'architecture grecque, Monsieur; je regarde la Madeleine comme un grand catafalque; le Panthéon, comme un biscuit de Savoie; la façade du Louvre, comme une niche à marionnettes. Je méprise la feuille d'acanthe et la cannelure, les oves et les tympans.
L. REYBAUD, Jérôme Paturot, 1842, p. 242.
18. Du parvis au premier étage, il y a des colonnes doriques, du premier au deuxième, des colonnes ioniques à volutes; enfin, de la base au sommet de la tour même, des colonnes corinthiennes, à feuilles d'acanthe.
J.-K. HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 119.
19. Le sculpteur, en ces âges, ne connaissait que la flore de ses bois et de ses champs; il ignorait l'acanthe des Grecs et la noble élégance des volutes corinthiennes.
A. FRANCE, Pierre Nozière, 1899, p. 177.
b) Élément décoratif utilisé dans l'archit. got. (modèle l'acanthe sauvage) ou dans d'autres formes d'art :
20. Cinquante ans plus tard, lorsque la Renaissance vint mêler à cette unité si sévère et pourtant si variée le luxe éblouissant de ses fantaisies et de ses systèmes, ses débauches de pleins cintres romains, de colonnes grecques et de surbaissements gothiques, sa sculpture si tendre et si idéale, son goût particulier d'arabesques et d'acanthes, son paganisme architectural contemporain de Luther, Paris fut peut-être plus beau encore, quoique moins harmonieux à l'œil et à la pensée.
V. HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 158.
21. ... le cloître est bâti sur cette salle des chevaliers. Il se compose d'une galerie quadrangulaire formée par une triple rangée de colonnettes en granit, en tuf, en marbre granitelle ou en stuc fait avec des coquillages broyés. L'acanthe, le chardon, le lierre et le chêne s'enroulent à leurs chapiteaux...
G. FLAUBERT, Par les champs et par les grèves, Touraine et Bretagne, 1848, p. 393.
22. ... la garniture de cheminée, amas informe et compliqué d'amours, d'acanthes, de volutes de bronze doré, me remplit d'admiration.
COLETTE, Claudine à Paris, 1901, p. 62.
23. Nous découvrons le portail d'entrée caché dans une cour de ferme, au fond d'une tranchée qui l'enterre jusqu'à mi-hauteur des colonnes, deux de ses dix chapiteaux très mutilés, les autres d'une extrême fantaisie, cavaliers, centaures et lions sous des rinceaux d'acanthes et de vigne.
A. T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1933, p. 317.
Prononc. — 1. Forme phon. :[]. — Rem. FÉR. Crit. t. 1 1787 s'élève contre l'emploi de ce mot au masc. et la suppression de l'h. 2. Dér. et composés : acanth(o)- (acanthocarpe, etc.), acanthacé (-e, -es), acanthaire, -acanthe, calycanthe, holocanthe, pyracanthe.
Étymol. ET HIST. — 1450 « Acanthus mollis L. (feuille et fleur utilisées comme textiles) » terme de bot., trad. (O. de SAINT-GELAYS, 1er livre de l'Énéide, 10 v° [1540], Delb. ds QUÉM. t. 1 1959 s.v. : Et la voille, tyssu de jaune achante); 1516 « id. (la plante) » id. (G. MICHEL, Eglogues de Virgile, f° 7 v° (1540) id., ibid. :l'acante florie); 3e quart du XVIe s. feuille d'acanthe « sculpture imitant la feuille de l'acanthus mollis L. », terme d'archit. (R. BELLEAU, II, 58 ds DG :Leurs testes [de cariatides], enrichies de feuilles d'acanthe); 1721 terme d'anat. (Trév. : Acanthe. s.f. Acantha. C'est, selon quelques Anatomistes, l'avance de derriere les vertebres, appelée autrement épine du dos, Spina dorsi. Harris). — BESCH. 1845.
Empr. au lat. acanthus « acanthus mollis L. » dep. Virgile : description de la plante, empl. comme thérapeutique et comme textile ds TLL s.v. (cf. avec 1re attest., Enéide, 1, 649 ds TLL s.v., 248, 18 : circumtextum croceo velamen acantho); fréq. chez Pline l'Ancien, ds TLL ibid.; terme de sculp. dep. VITRUVE, De architectura, 10, 2, 7 ds TLL ibid., 248, 6 : minora sigilla floresque et acanthos eleganter scalptos. (ANDRÉ, Lex bot., s.v.).
STAT. — Fréq. abs. litt. :68.
BBG. — ALEX. 1768. — BARB. — CARD. 1963. — BOUILLET 1859. — BRARD 1838. — CHABAT t. 1 1875. — DUMAS 1965 [1873]. — JOSSIER 1881. — LAVEDAN 1964. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — MONT. 1967. — NYSTEN 1814-20. — PERRAUD 1963. — PRIVAT-FOC. 1870.

acanthe [akɑ̃t] n. f.
ÉTYM. 1509, achante; lat. acanthus, grec akanthos, de akantha « épine ».
1 Plante à longues feuilles très découpées, dont une espèce, ornementale, est appelée aussi branche-ursine (à cause de sa ressemblance avec une patte d'ours).
1 (…) j'aime mieux qu'il me montre une plante d'acanthe, et qu'il trace moins bien le feuillage d'un chapiteau.
Rousseau, Émile, II.
Par anal. (forme des feuilles). || Acanthe d'Allemagne : grande berce.
2 Antiq. Feuilles d'acanthe ornant la tête des déesses et des muses.
1.1 Voici la fête d'Olympie !
Tressez l'acanthe et le laurier !
Que les dieux confondent l'impie !
Que l'antique audace assoupie
Se réveille au cœur du guerrier !
Hugo, Odes et Ballades, I, in Œ. poétiques, t. I, Pl., p. 429.
3 Loc. Feuille d'acanthe : ornement d'architecture imitant la feuille de la plante et employé surtout pour les chapiteaux corinthiens.
2 Elle (une salle) a d'énormes solives que l'on toucherait de la main et dont chacune est une guirlande de feuilles d'acanthe précieusement dorées.
Loti, Figures et Choses…, IV, 2.
DÉR. Acanthacées, acanthaires.

Encyclopédie Universelle. 2012.