absoute [ apsut ] n. f.
• absolte 1319; de absoudre
♦ Liturg. cathol.
1 ♦ Prières prononcées autour du cercueil, après l'office des morts. Dire, célébrer, donner l'absoute.
2 ♦ Absolution publique, le jeudi saint.
● absoute nom féminin (de absoudre) Dernières prières de la liturgie des défunts dites avant que le cercueil ne sorte de l'église. ● absoute (homonymes) nom féminin (de absoudre) absoute participe passé absoutes participe passé
absoute
n. f. RELIG CATHOL Anc. Prières qui suivent la liturgie des funérailles et au cours desquelles on recommande le défunt à Dieu. L'absoute a pris le nom de "dernier adieu" dans le rituel issu du concile Vatican II.
⇒ABSOUTE, subst. fém.
LITURGIE.
1. Anc. Absolution publique et solennelle qui, dans l'Église romaine, se donnait autrefois au peuple le Jeudi-Saint (ou la veille du Jeudi-Saint).
2. Cérémonie faite notamment de prières terminant l'office des morts et se faisant autour du cercueil ou du catafalque; except., la même cérémonie en dehors de l'office des morts (ex. 1) :
• 1. ... devant nous s'avançait, couverte d'un simple drap mortuaire, la bière, objet de la vénération universelle; la garde nationale d'un côté, la ligne de l'autre, formaient la haie, derrière laquelle une foule se tenait immobile, silencieuse, découverte; (...) je n'ai pas entendu prononcer une parole par cette multitude durant tout le trajet jusqu'à l'église : nous y sommes arrivés précédés d'une musique douce et grave, puis on a célébré l'absoute.
J.-J. AMPÈRE, A.-M. AMPÈRE, Correspondance, t. 2, 1848, p. 167.
• 2. — « (...) Quant à la raison canonique, et il regarda Mérodack, ce serait la messe de Requiem que j'ai dite pour un suicidé.
— « C'est donc moi qui serait cause ... » fit le jeune homme consterné.
— « Non frère! » dit le moine, « je comprends que vous ne m'ayez rien dit. N'ai-je pas prononcé aussi l'absoute d'une suicidée? »
J. PÉLADAN, Le Vice suprême, 1884, p. 330.
• 3. Le prêtre dit pater noster. Il encense et il asperge le corps pour l'embaumer pour l'éternité : cette absoute est le dernier adieu. Puis il dit une oraison où il fait mémoire des morts, appelle la miséricorde sur eux et le tout se termine par le requiescant in pace.
M. BARRÈS, Mes cahiers, t. 7, 1908, p. 112.
• 4. Quand on nous aura mis dans une étroite fosse, Quand on aura sur nous dit l'absoute et la messe, Veuillez vous rappeler, reine de la promesse, Le long cheminement que nous faisons en Beauce.
Ch. PÉGUY, La Tapisserie de Notre-Dame, 1913, p. 686.
• 5. Il donna l'absoute. L'encensoir poussait une fumée âcre. Impossible de s'y tromper : Thomas était prêtre. Il lançait les invocations latines avec la sûreté d'un vieux recteur, il corrigeait d'un geste les erreurs des enfants de chœur comme s'il eût donné l'absoute toute sa vie.
H. QUEFFÉLEC, Le Recteur de l'île de Sein, 1944, p. 177.
Rem. 1. Le prêtre donne l'absoute (ex. 5), dit l'absoute (ex. 4), prononce l'absoute (ex. 2), célèbre l'absoute (ex. 1). 2. Le plur. indique qu'il existe plusieurs types d'absoute (le jour des funérailles en présence du corps, à une messe d'anniversaire, pour un laïc, un membre du clergé, un évêque, un enfant ou un adulte, pour tous les défunts, etc.) (ex. 6). Dans l'ex. 7, emploi original de absoute pour qualifier une personne (absoute étant constr. en oppos.) :
• 6. La messe se termine, le célébrant disparaît et, de même qu'au moment où le mort entra, le clergé, précédé par les suisses, s'avance vers le cadavre, et, dans le cercle enflammé des cierges, un prêtre en chape profère les puissantes prières des absoutes.
J.-K. HUYSMANS, En route, t. I, 1895, p. 22.
• 7. Aujourd'hui, je le reconnais, c'est moi qui ai tous les bénéfices. Ma mère elle-même, l'éternelle absoute, comme je l'appelle dans l'intimité, par cela même, ne manque pas de droits à ma gratitude.
P. LÉAUTAUD, In memoriam, 1905, p. 205.
Prononc. — 1. Forme phon. :[]. 2. Homon. et homogr. : absoute, part. passé fém. du verbe absoudre.
Étymol. ET HIST. — 1. 1319 terme relig., liturg. cath. (Vie St Magloire, Ars. f° 75 v° ds GDF. Compl. s.v. :Fist absolte entiere De l'offense de Adam premiere). Il s'agit d'une absolution individuelle des péchés et absoute pris dans ce sens n'apparaît plus au-delà du XVIe s. (1573, A. DE BAIF, Poèmes, L. III (II, 122) ds HUG. s.v.); 2. 1606 id. (NICOT s.v. : Absoute generale f. Lustratio populi, Lustria, qui se fait tous les ans la semaine saincte par l'Evesque). Le Théol. cath. t. 1 1909 mentionne que, dès les temps anc. (Église romaine), les absolutions collectives (ou absoutes, ayant lieu le Jeudi Saint) existaient parallèlement aux absolutions individuelles. Absoute « absolution collective » attesté dans les dict. à partir du XVIIe s. seulement a donc dû exister en même temps que absoute « absolution (individuelle) des péchés », disparu (cf. supr. 1). — Au XVIIe s., absoute n'est plus défini que par « absolution collective », avec valeur sacramentelle : Absolution publique et solennelle qui se donne en général au peuple et dont la cérémonie se fait le jeudi saint au matin ou le mercredi saint au soir, dans les cathédrales. L'Evesque a fait la ceremonie de l'absoute. On fait aussi l'absoute dans les paroisses aux grandes Messes le jour de Pasques. Ac. 1694. — Au XVIIIe s., ce sens subsiste (cf. série des Ac. et Trév.) mais sans valeur sacramentelle, à preuve le Théol. cath. :... depuis plusieurs siècles cette cérémonie (l'absoute) n'était pas sacramentelle et (...) elle n'avait pas l'efficacité de l'absolution sacerdotale au Tribunal de la pénitence. — Aux XIXe et XXe s., les dict. vont dans le même sens (cf. sém. 1).
Fém. substantivé de absolz, anc. part. passé de absoudre au sens 1.
BBG. — BOUILLET 1859. — MARCEL 1938. — Théol. cath. t. 1, 1 1909.
STAT. — Fréq. abs. litt. :32.
absoute [apsut] n. f.
ÉTYM. 1319, absolte « absolution »; sens mod., 1606; du p. p. de absoudre.
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♦ Liturgie catholique.
1 Absolution publique donnée au peuple le Jeudi saint.
2 Prières dites devant le cercueil, après l'office des morts, aux cérémonies funèbres, aux funérailles. || Dire, célébrer, donner l'absoute.
0 Sitôt réintégré dans sa fonction, qui était la prière, l'indubitable grâce d'état se produisit, et la brève absoute fut donnée avec autant de solennité que dans un chœur de cathédrale.
M. Yourcenar, le Coup de grâce, p. 233.
Encyclopédie Universelle. 2012.