abonnir [ abɔnir ] v. tr. <conjug. : 2> ♦ Rare Amender, bonifier. Abonnir une terre. ⇒ améliorer. Les caves fraîches abonnissent le vin. — S'ABONNIR v. pron. Devenir bon. Le vin s'abonnit en vieillissant. ⇒ 1. se bonifier. — N. m. ABONNISSEMENT , 1653 .
● abonnir verbe transitif (de bon) Rendre meilleur (le vin). ● abonnir (synonymes) verbe transitif (de bon) Rendre meilleur (le vin).
Synonymes :
- améliorer
- bonifier
Contraires :
- gâter
● abonnir
verbe intransitif
s'abonnir
verbe pronominal
Devenir meilleur, en parlant d'un vin qui vieillit.
⇒ABONNIR, verbe trans.
A.— Emploi trans. Rendre bonne une chose antérieurement mauvaise, rendre meilleure une chose déjà bonne :
• 1. Le feu est en marche, le feu multiple et brutal, qui réchauffe ou brûle, qui débusque le gibier, détruit les serpents, effraie les fauves, abat l'orgueil des herbes et des arbres, le feu qui défriche les terrains propices aux prochaines semailles et, en passant, les abonit.
R. MARAN, Batouala, 1925, p. 169.
• 2. Les caves fraîches abonnissent le vin.
ROB.
Rem. Selon BESCH. 1845, ce verbe ne devrait signifier que « rendre bon » et non pas « rendre meilleur ». Ce même lexicographe note que le verbe a pourtant auj. ces 2 signif.
— TECHNOL. ,,Faire sécher à demi une terre molle, afin de la mettre en état d'être rebattue.`` (CHESN. 1857).
B.— Emploi intrans. et pronom. Devenir bon, devenir meilleur. [En parlant d'une chose] :
• 3. Le vin s'abonnit en vieillissant.
Pt Lar. 1962.
QUILLET 1965.
Rem. Au sens propre, le verbe ne semble pouvoir s'employer, selon les dict. des XIXe et XXe s., qu'en parlant de terres, de vins, de liqueurs.
[En parlant d'une pers.] :
• 5. C'est un méchant homme qui n'abonnira jamais.
BESCH. 1845.
Stylistique — Abonnir et ses dér. sont peu usités aux XIXe et XXe s. (cf. Mots rares, 1965). L'emploi intrans. de abonnir est fam. (cf. Ac. 1835, etc.). Les emplois intrans. et pronom. de ce même verbe sont considérés comme vieillissants dès la 1re moitié du XIXe s. (cf. Ac. 1835, 1878, 1932). Le dér. abonnissement présente des marques styl. identiques à celles du verbe : — Au XIXe s., ,,ce mot a vieilli et ne s'emploie que familièrement. Bonification, amélioration, sont préférables dans le discours.`` (BESCH., 1845); mêmes indications ds LA CHÂTRE, 1865-1870. — Au XXe s., ,,ce sens est familier et a vieilli.`` (Ac. 1932-1935).
Prononc. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[], j'abonnis []. 2. Dér. et composés : abonnissement, rabonnir. Cf. bon. 3. Hist. — FÉR. Crit. 1787 fait la rem. suiv. : ,,Abonnir ou Abonir, avec une seule n (...). La 1re orthographe est l'ordinaire, la 2e serait plus commode.``
Étymol. — 1. Réfl. a) env. 1180 s'abonir à « se donner tout entier à, obéir à qqn » (Renart, 9923-26, éd. Méon : Renart ne hé-ge mie tant Por riens qu'en li voist sus metant Que je le voille encore honir S'il se velt a moi obeir (var. abonir). Cf. éd. Martin, v. 236 : S'il se voult a moi abonir); av. 1243 s'abonir vers « se donner tout entier à qqn » (MOUSQUET, Chron., 23717, Reiff. ds GDF. : Apris son grant tresor de pieres Preciouses dignes et cieres, Si donna il a St Denis, Viers qui il s'iert moult abonnis) d'où mil. XVIe s. (date impression) abonny part. passé adjectivé : « réduit à l'état de soumission totale » (Farce du Cuvier, 53-56 ds B. C. BOWEN, Four Farces, p. 19 : Certes Jacquinot, mon amy, vous etes homme abonny — Abonny! Vertu sainct George! J'aymeroys mieulx qu'on me coupast la gorge. Abonny! benoiste Dame!); b) fin XIIe-début XIIIe s. s'abonnir à « trouver bon de, consentir à (+ inf.) » (Rom. de St Graal, 2377, Michel ds GDF. : A ce soufrir Ne se vourrent plus abonnir); 2. intrans. 1204 « sembler bon (d'une chose) » (RECL. DE MOLLIENS, De Charité, éd. van Hamel, 176, 5 ds T.-L. : A Evain li fruiz aboni); 3. trans. 1224 abonni part. passé adjectivé « estimé, regardé comme bon » (G. DE COINCI, Miracl. de N. Dame, Kœnig, I, 37, v. 712 : Richece est mais si abonie Et si plaisans a mainte gent Plus convoitent or et argent Que la gloire dou ciel lassus).
HIST. — Mot entré dans la lang. à la fin du XIIe s. et très vivant en a. fr. (cf. la multiplicité d'emplois ds étymol.). À partir du XVIe s. ces sens et emplois disparaissent; abonnir connaît alors un autre sens « devenir bon, meilleur; rendre bon, meilleur » où l'étymon bon est mieux senti, peut-être sous l'influence de l'Humanisme, mais il ne cesse de perdre de sa vitalité et semble peu usité de nos jours (cf. styl.). — XVIe s. : Vin s'abonist en fraische cave. BAIF, Mimes, L. II (V, 70) (Hug.). — XVIIe s. : Les cabaretiers trouvent le moyen d'abonnir leur vin par les drogues qu'ils y mélent. FUR. 1690. On le dit aussi avec le pronom personnel. (...) Les affaires criminels [sic] s'abonnissent, quand on les fait tirer en longueur. FUR. 1690. — XVIIIe s. : C'est un vieux pécheur, il n'abonnit point en vieillissant. Ac. 1762. — Rem. Dès FUR. 1701 il est considéré comme fam. Un sens techn. apparaît au XVIIe s. et subsiste jusqu'à Lar. 19e :Terme de potier, faire sécher à demi, et rendre en état de rebatre. [Abonnir le carreau.] RICH. 1680.
STAT. — Fréq. abs. litt. :1.
BBG. — CHESN. 1857. — Mots rares 1965.
abonnir [abɔniʀ] v. tr.
ÉTYM. XIIe; de bon.
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♦ Rare. Amender, bonifier. || Abonnir une terre. ⇒ Améliorer. || Les caves fraîches abonnissent le vin. — V. pron. || S'abonnir : devenir bon. || Le vin s'abonnit en vieillissant.
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CONTR. Se gâter.
DÉR. Abonnissement.
Encyclopédie Universelle. 2012.