BASSE-AUTRICHE
BASSE-AUTRICHE
Constituant avec ses 19 174 kilomètres carrés le plus vaste des Länder autrichiens et, après Vienne, le plus peuplé (1 473 813 hab. au recensement de 1991), la Basse-Autriche (Niederösterreich) est le cœur historique de l’État fédéral. Aux mains des Babenberg dès la fin du Xe siècle, elle devint ensuite une possession des Habsbourg. Plus encore que celui de sa voisine occidentale, la Haute-Autriche, qui en a été détachée en 1450, le territoire de la Basse-Autriche s’étend en majeure partie hors du domaine alpin.
La montagne alpine comprend une série d’alignements parallèles, dont l’altitude diminue graduellement vers le nord et qui tombent abruptement, à l’est, sur le bassin de Vienne. L’axe central de la chaîne a ici sa terminaison orientale, dans les grès du Semmering et le cristallin, couverte de forêts et d’alpages, du Bucklige Welt et du Wechsel (1 743 m). Au contact des Préalpes, le sillon du Semmering fait communiquer Vienne avec la Styrie, un des axes fondamentaux de la circulation autrichienne. Entre 1848 et 1854, il fut équipé du premier chemin de fer de montagne du monde, franchissant le faîte, à 898 mètres, par un tunnel de 1,4 km qui fut doublé en 1952. Au nord s’allongent les Alpes calcaires, découpées en blocs escarpés, de relief karstique, qui culminent dans le Rax et le Schneeberg (2 075 m). Abritant de beaux lacs (Lunzer See, Erlauf See), riches en sources thermales, elles vivent de la forêt, de l’élevage, du tourisme, mais ce sont aussi des montagnes très industrialisées, à cause de la proximité de la Styrie et des gisements ferrifères du massif occidental des Eisenwurzen. Les hautes vallées de l’Ybbs, avec Waidhofen (11 435 hab.) et de la Traisen, ancienne «route du fer», sont jalonnées de petites villes, centres de métallurgie différenciée. Le front alpin se termine par une étroite bande de flysch tendre, où persiste l’activité usinière, renforcée par l’élevage laitier. Le Wienerwald (890 m), ancienne réserve de chasse impériale, est devenu, comme le Semmering voisin, une zone touristique pour les habitants de la capitale. Mais il vit déjà dans l’orbite économique de Vienne, autour de son centre manufacturier de Klosterneuburg. En avant des Préalpes, une zone ondulée de collines mollassiques (400-200 m) forme un riche pays agricole, avec ses gros villages et ses vergers. La lisière alpine est ponctuée, au débouché des vallées, par une rangée de villes, reliées entre elles par l’autoroute Linz-Vienne: Haag, Aschbach, Sankt-Valentin, Amstetten. La capitale de ce piedmont autrichien est Sankt Pölten (50 026 hab.), plus grande ville du Land, avec ses satellites industriels.
Au relief d’âge alpin appartient également la région précarpatique, qui s’étend au nord de Vienne, vers la frontière tchèque. Elle n’a rien de montagnard, avec ses collines couvertes de lœss. C’est un pays de grande agriculture mécanisée, destinée à ravitailler la capitale.
La vallée du Danube est le centre de la Basse-Autriche. Le fleuve, qui recoupe parfois le bord du plateau granitique de Bohême, parcourt une succession de sections étroites et de bassins riants, bordés de terrasses. En amont, au sortir du Strudengau, le Niebelungengau s’élargit, autour d’Ybbs-Persenbeug, où a été construit un grand barrage hydro-électrique, de Pöchlarn et de Melk, célèbre par sa grande abbaye bénédictine de style baroque. C’est ensuite le Wachau, aux rives couvertes de vignobles, l’un des plus beaux paysages d’Autriche, avec sa ville-pont de Krems (22 766 hab.), à l’entrée du bassin de Tulln (12 038 hab.). Le Danube sinue en de nombreux bras dont le pourtour, tapissé de limon très fertile, connaît un fort peuplement (Stockerau, 13 600 hab.). L’attraction viennoise se fait déjà fortement sentir dans le couloir occidental de la porte de Vienne (Wiener Pforte), commandée par Korneuburg (9 730 hab.) et Klosterneuburg (24 442 hab.), et, à l’est de la capitale, dans la plaine déprimée du Marchfeld (133 m), zone agricole au sous-sol riche en pétrole et en gaz. Au sud du Danube, le bassin de Vienne (Wiener Becken), dont le centre a été détaché de la Basse-Autriche, en 1920, pour former le Land de la capitale (415 km2), est le symétrique du Marchfeld. Conque fermée au midi et au couchant par l’extrémité des Alpes, elle est remblayée par des collines sableuses et boisées et des nappes couvertes de lœss, bien cultivées, recouvrant d’importants gisements de lignite. La proximité de Vienne y a fait éclore, surtout au sud, le long d’une étoile de voies de communication, un des pays les plus industrialisés de l’Autriche, le Steinfeld.
Au nord du Danube, un plateau de granite et de gneiss, qui appartient déjà géographiquement au massif de Bohême, est formé de bombements peu élevés (400 à 700 m), creusés de bassins et entaillés de vallées périphériques. C’est un milieu naturel sévère, au climat humide et froid, au sol pauvre. À l’ouest, dans le Waldviertel, la forêt occupe jusqu’à 60 p. 100 du sol. Elle a été défrichée en villages de clairières, sous l’impulsion des grandes abbayes médiévales, et anime des petits centres dont Zwettl, Gmünd, Horn. Le Weinviertel, à l’est, a été plus largement déboisé et colonisé en villages-rues. Ses collines et ses bassins lœssiques, au climat abrité, cultivent la vigne et des céréales et pratiquent un peu d’élevage, mais les villes demeurent très modestes.
La Basse-Autriche annonce déjà les grandes plaines d’Europe centrale, par son économie à prépondérance agricole. Les cultures, qui occupent plus de la moitié du sol, sont très supérieures à la superficie nationale moyenne et l’emportent de beaucoup sur la forêt (33 p. 100) et les alpages (15 p. 100). Le Land possède la moitié des terres labourées d’Autriche, les deux tiers des vignobles et le tiers des jardins. Les bases industrielles sont solides, avec les gisements de fer et de lignite, de naphte et de gaz, les argiles réfractaires, le bois et le potentiel électrique. La tradition manufacturière est ancienne: cellulose et papier, textile, verre, chimie, métallurgie différenciée. Le tourisme est essentiellement un tourismenational. C’est ce qui explique le faible dynamisme démographique du Land, dont la population avait fortement fléchi entre 1934 et 1961, perdant 726 000 personnes, dont la majeure partie par émigration, et qui se relève lentement depuis lors, avec un accroissement de près de 10 000 habitants entre 1961 et 1991.
Encyclopédie Universelle. 2012.