STAR-SYSTEM
STAR-SYSTEM
Dans le monde du spectacle, le mot star a longtemps désigné exclusivement des vedettes de cinéma (pour le théâtre, on dit plus aisément «étoile»). La star se distingue de la vedette, à deux titres.
– Du point de vue «mythologique»: la star transcende l’opposition acteur/personnage; elle ne cesse pas d’être elle-même tout en interprétant un rôle. On peut décrire ce phénomène comme un clivage. Si l’acteur prête ses traits à ses rôles, le personnage incarne la star, qui est donc le sujet de trois sortes d’effets: tout d’abord, production, par un parasitage du rôle, de signes de son «être-de-star» (avarice du jeu — que l’on songe à l’exemple Garbo —, rareté des partenaires, clôture du lieu fictionnel ayant alors la fonction d’un écrin, etc.); ensuite enrichissement de la mythologie de la star par son nouveau personnage; enfin, mise du rôle de la star (ses emplois antérieurs, sa vie extra-filmique) au compte du personnage. La star «profite au» personnage comme il profite d’elle (notons à ce propos que la star est réduite à un nombre restreint d’emplois typés possibles).
– Du point de vue de sa «valeur d’échange»: un tel système de rapports entre l’acteur et le personnage implique la valorisation fétichiste de la star; celle-ci est faite pour être adorée de loin. La période de la suprématie du cinéma hollywoodien sur le reste du monde (1925 à 1955) est aussi celle du star-system: les films sont alors construits pour susciter et reproduire dans le public le désir de voir des stars, qui sont dès lors l’élément fondamental de l’économie cinématographique; un film est rentable parce qu’il attire le public par une affiche. Système rationalisé dans la profession des affaires par l’institution du box-office (terme qui à l’origine désignait le guichet-caisse d’une salle, puis, par extension, l’ensemble des recettes d’un film et qui correspond donc à l’élément statistique de la popularité des acteurs). Ce rôle de marchandise pris par la star ne se limite pas, on le sait, au cinéma proprement dit: en effet, durant les années 1940 et 1950 particulièrement, il a permis la relance d’autres secteurs du commerce: revues spécialisées (potins et photos), publicité («neuf stars sur dix utilisent le dentifrice X»)...
On considère généralement la période du star-system comme terminée: les foules ne se précipitent plus, aujourd’hui, avec le même enthousiasme, pour voir un film parce que tel acteur y joue; les commerces annexes du star-system ont beaucoup baissé. C’est que, loin de tenir les stars à bonne distance, les médias ne cessent de les approcher, de les scruter, de les banaliser aussi. Le star-system ne peut donc plus être l’apanage du cinéma, au contraire: il regarde davantage vers le rock (Mick Jagger, Michael Jackson, Madonna), la mode (Claudia Schifer), la politique, voire monsieur Tout-le-monde, au hasard d’une catastrophe ou d’un fait-divers. Andy Warhol n’avait-il pas prédit que, grâce aux médias, chacun d’entre nous aurait droit à ses cinq minutes de célébrité?
star-système [ starsistɛm ] n. m. VAR. star-system
• 1948; angl. amér. star system
♦ Anglic. Dans le monde du spectacle, Organisation de la production, de la diffusion et de la promotion basée sur le culte de la vedette.
star-system
n. m. (Anglicisme) Organisation de la production et de la distribution cinématographiques fondée sur le culte de la star, de la vedette. Des star-systems.
star-system [staʀsistɛm] n. m.
ÉTYM. 1948; empr. à l'angl. des États-Unis star-system, d'abord traduit en système des étoiles, 1919, in Höfler; littéralt « système de la vedette ».
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♦ Anglic. Organisation de la production et du commerce cinématographiques fondée sur le culte de la vedette. || Le star-system hollywoodien. || Le jeune cinéma, victime du star-system. — Par ext. || Le star-system dans le design européen.
♦ On écrit souvent star system (sans trait d'union) :
0 On connaît l'effet du star system sur le cinéma. Autrefois, c'était le film qui imposait sa forme à l'interprète. Dorénavant, la star réduit à un simple support ou présentoir tout spectacle où elle se produit. On ne juge plus l'acteur selon son talent à interpréter le film. On juge le film selon son aptitude à servir l'acteur.
R.-G. Schwartzenberg, l'État spectacle, p. 14.
Encyclopédie Universelle. 2012.