RUCHE
RUCHE
Réceptacle dans lequel l’apiculteur loge les abeilles. Par extension, la ruche est l’ensemble constitué par le réceptacle et la colonie. Dans un sens plus général, ruche désigne la société animale que constituent les abeilles. Les ruches à rayons fixes sont des récipients d’une capacité de 30 à 40 litres, en forme de cloche ou de cylindre, fabriqués avec des matériaux tels que la paille, le liège, la terre cuite, le bois (troncs d’arbre évidés). Les abeilles y construisent librement leurs rayons de cire qu’elles accrochent aux parois. Les «paniers» ou «bournacs» sont des ruches construites en pailles ou en bourdaine tressée recouverte de boue séchée; les «bucs» sont des troncs d’arbres évidés recouverts d’une pierre plate. Les ruches à rayons fixes sont utilisées en apiculture primitive.
Les ruches à cadres mobiles (invention du XIXe s.) sont des caisses de bois dans lesquelles on suspend des cadres, également en bois, dans lesquels les abeilles construisent un rayon de cire, le plus souvent à partir d’une fondation (feuille de cire gaufrée) mise en place par l’apiculteur et maintenue par une armature de fil de fer fin. Les cadres reposant sur des épaulements peuvent être facilement retirés de la ruche, utilisés pour diverses manipulations ou enlevés pour en extraire le miel par centrifugation. Les ruches à cadres mobiles les plus courantes sont à agrandissement vertical; la superposition de deux ou plusieurs caisses permet d’adapter le volume aux besoins des abeilles: volume réduit pendant l’hiver, volume double ou triple au printemps ou en été lorsque la colonie se développe et constitue ses réserves de miel. Selon les dimensions des cadres utilisés et le nombre de cadres par caisse on distingue divers modèles de ruches (exemple: ruche Datant, 10 cadres de 27 Œ 42 cm). Les apiculteurs choissent le modèle le mieux adapté aux besoins des abeilles dans les conditions locales de flore et de climat.
ruche [ ryʃ ] n. f.
• rusche XIIIe; bas lat. d'o. gaul. rusca « écorce », les premières ruches étant en écorce
1 ♦ Abri aménagé pour y recevoir un essaim d'abeilles. Ruche en paille. Ruche en bois à rayons verticaux (⇒ 2. rayon) .
2 ♦ La colonie d'abeilles qui l'habite. La reine d'une ruche. Bourdonnement de ruche.
♢ Fig. Lieu où règne une activité incessante et organisée. ⇒ fourmilière. « Aussitôt Jérusalem se transforma en une véritable ruche : cent cinquante mille ouvriers [...] s'affairèrent » (Daniel-Rops).
3 ♦ (1818; par anal. de forme avec la gaufre de cire) Bande étroite plissée ou froncée (de tulle, de dentelle) qui servait d'ornement. ⇒ ruché. « La figure d'une jeune fille [...] se montra couronnée d'une ruche en mousseline » (Balzac).
● ruche nom féminin (bas latin rusca, écorce, du gaulois) Habitation d'une colonie d'abeilles. Colonie d'abeilles qui la peuple. Endroit où de nombreuses personnes travaillent, s'activent dans tous les sens. Tuiles disposées en piles pour recevoir le naissain des huîtres. ● ruche (citations) nom féminin (bas latin rusca, écorce, du gaulois) Hippolyte Adolphe Taine Vouziers 1828-Paris 1893 Académie française, 1878 On peut considérer l'homme comme un animal d'espèce supérieure qui produit des philosophies et des poèmes à peu près comme les vers à soie font leurs cocons et comme les abeilles font leurs ruches. La Fontaine et ses Fables, Préface ● ruche (difficultés) nom féminin (bas latin rusca, écorce, du gaulois) Orthographe Ruche, sans accent circonflexe (ne pas se laisser influencer par bÛche qui en prend un). ● ruche (homonymes) nom féminin (bas latin rusca, écorce, du gaulois) ruche forme conjuguée du verbe rucher ruchent forme conjuguée du verbe rucher ruches forme conjuguée du verbe rucher ● ruche (synonymes) nom féminin (bas latin rusca, écorce, du gaulois) Endroit où de nombreuses personnes travaillent, s'activent dans tous les...
Synonymes :
- fourmilière
ruche
n. f.
d1./d Habitation des abeilles, naturelle ou construite par l'homme. Ruche en paille, en bois.
|| Ensemble formé par une habitation et une colonie d'abeilles. Ruche orpheline, qui n'a plus de reine. Ruche bourdonneuse, dont le couvain ne comporte que des oeufs de mâles.
d2./d Fig. Lieu où règne une activité intense. Les jours de marché, la ville est une ruche.
d3./d Bande plissée de tulle, de dentelle, etc., qui sert de garniture.
⇒RUCHE, subst. fém.
A. — 1. APICULTURE
a) Abri naturel ou construit par l'homme, de forme et de matière variable, où les abeilles déposent le miel et la cire. Ruche en bois, en liège, en osier, en planches; ruche à calottes, à cadres mobiles, à rayons fixes; alvéoles, essaim d'une ruche. Une centaine de ruches en paille, posées à terre sans façon et alignées au cordeau comme les tentes dans un camp (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 62). V. abeille ex. 17 et abeiller1 ex. 1. P. métaph. Ton âme est la fleur sur qui s'est posée L'abeille qui prit pour ruche mon cœur (PRIVAS, Amour chante, 1904, p. 44).
b) P. méton. Ensemble formé par l'abri et l'essaim qui l'habite; essaim, colonie habitant la même ruche. Synon. ruchée (infra dér.). Ruche active; ruche en effervescence; produit d'une ruche; reine d'une ruche; bourdonnement, murmure, rumeur d'une ruche. Les ruches qui chantaient aux deux côtés du seuil Sont couvertes de noir, en signe d'un grand deuil: Aux pleurs de la maison, à toutes ses prières On veut associer ce peuple d'ouvrières (BRIZEUX, Marie, 1840, p. 104). Des mâles qui ne jouent qu'un rôle éphémère et que la ruche massacre dès qu'elle n'en a plus que faire (J.-R. BLOCH, Dest. du S., 1931, p. 279).
♦ Ruche orpheline. Synon. de ruchée orpheline.
— Proverbe. Il ne faut point fâcher une ruche. (Ac.) ,,Il ne faut point s'attirer une foule de petits ennemis`` (Ac.).
2. P. ext., rare. Habitation d'insectes qui vivent en société; p. méton., cette société d'insectes. Les ruches des annélides qui cimentent du sable (MICHELET, Journal, 1858, p. 436).
3. P. anal. [P. réf. au travail collectif très actif et organisé de la ruche] Agglomération très peuplée, lieu où règne une activité intense. Synon. fourmilière. Une ville, une commune, n'était plus qu'une immense ruche, dans laquelle il n'y avait pas un oisif (ZOLA, Travail, t. 1, 1901, p. 173). La présence de Girardin va en faire [de l'imprimerie et des bureaux de « La Presse »] une maison fameuse, une ruche à journaux d'où sortiront sans cesse de multiples publications (MORIENVAL, Créateurs gde presse, 1934, p. 78).
— Une ruche de (rare). Un très grand nombre de. [Une femme] se hâtait (...) dévorée de mille projets menus (...). J'étais comme elle: une ruche de projets (SARTRE, Sursis, 1945, p. 276).
B. — P. anal. (de forme), TECHNOL.
1. [Avec le modèle fréquent de la ruche de paille en forme de panier renversé] ARCHIT. Voûte demi-sphérique. Les Romains (...) avaient adopté le principe de l'arc plein-cintre, et, par suite, de la voûte moulée, de la ruche ou calotte hémisphérique (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 13, 1869, p. 175).
2. [Avec la gaufre de cire]
a) COUT., HIST. DU COST. ,,Bande d'étoffe plissée ou froncée qui sert à accompagner et décorer une pièce de vêtement (...), collerette, tour de cou, et bonnet`` (LELOIR 1961), p. méton., les plissés ainsi formés. Synon. ruché. Bonnet, chapeau, col à ruches; ruches de dentelle, de mousseline, de tulle. Elle est habillée d'une robe de satin blanc (...), avec seulement au bas cinq ou six rangs de petites ruches qui font un remous de luisants et de reflets de soierie à ses pieds (GONCOURT, Journal, 1894, p. 512). Le joli jeune homme (...) froissant les ruches de son jabot, contempla maman Virginie (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 61).
♦ Ruche chicorée. ,,La ruche chicorée est découpée à l'emporte-pièce en forme de feuilles de chicorée`` (LELOIR 1961).
b) OSTRÉICULTURE. ,,Tas de tuiles couvertes de chaux et destinées à recueillir le naissain`` (FÉN. 1970). Les six mois écoulés, on ouvre les « ruches », — C'est le nom donné à ces cages de bois [cages à huîtres] (COPPÉE, Crit. en vac., 1892, p. 348).
REM. 1. Ruchette, subst. fém., apic. Petite ruche. Les maisons de Méa (...) petites, vues d'ici, comme des ruchettes avec ces toitures artisanales qui sont en tôle et minces (GIONO, Batailles ds mont., 1937, p. 17). 2. Rucheur, -euse, subst. a) Agric. ,,Ouvrier agricole qui entasse le foin, ou les gerbes de blé, en petits tas semblables à des ruches`` (FÉN. 1970). b) Agric., apic., artis. Rucheur de paille. ,,Ouvrier utilisant la paille en torsades assemblées par des lamelles de noisetier ou de ronce pour la fabrication des ruches et des paniers destinés à faire le pain de campagne ``(Mét. 1955). c) Repassage. Rucheuse d'étoffes. ,,Repasseuse réalisant des bandes d'étoffes plissées`` (Mét. 1955).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1210-25 rosche « habitation des abeilles, ensemble des abeilles » (Yder, éd. H. Gelzer, 3691: mangier le miel de la rosche); 1205-50 ruche (Renart, éd. E. Martin, III, 84); 2. 1798 « habitation des insectes ou des vers qui vivent en société » (Ac.); 3. a) 1798 (Ac.: Il ne faut point fâcher une ruche. Il ne faut point s'attirer une foule de petits ennemis); b) 1756 (DU MARSAIS, Le Philosophe, p. 28: Répandez-vous comme des abeilles, nous disent-ils [les philosophes], dans le monde passé et dans le monde présent, vous reviendrez ensuite dans votre ruche composer votre miel). B. 1818 cout. (L'Observateur des modes, I, L. V, p. 14 ds Fr. mod. t. 17, p. 303). Du gaul. rusca « écorce » (att. dans des gloses au IXe s., v. FEW t. 10, p. 582; cf. en ce sens l'a. irl. rusc, l'a. prov. rusca « écorce » XIIIe s., v. LEVY; le cat. rusc « écorce de chêne-liège » et « ruche », v. ALC.-MOLL.), les ruches étant à l'origine réalisées à l'aide d'écorces d'arbres comme le chêne-liège; l'anc. dénom. est restée pour désigner la ruche en paille tressée apportée dans la Gaule septentrionale par les Francs, car le rapport du mot rusca avec la matière utilisée n'était plus senti, le lat. scortea ayant remplacé rusca pour désigner « l'écorce » (cf. aussi des dér. de rusca pour désigner des objets variés, seaux à linge, mesures ou formes à fromage, réalisés à partir d'écorce, v. FEW t. 10, p. 582). Fréq. abs. littér.:751. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 588, b) 920; XXe s.: a) 2 212, b) 867.
DÉR. Ruchée, subst. fém., apic. a) Population d'une ruche. Synon. supra A 1 b. V. orphelin II A ex. de Maeterlinck. b) Produit d'une ruche. (Dict. XIXe et XXe s.). — []. — 1res attest. a) 1559 « population d'une ruche » (AMYOT, Vies, Dion, 30 ds GDF. Compl.), b) 1600 ruschee « ce que contient une ruche » (OLIVIER DE SERRES, Théâtre d'agric., p. 403); de ruche, suff. -ée.
BBG. — BRINKMANN (W.). Bienenstock und Bienenstand in den rom. Ländern. Hamburg, 1938, pp. 129-133. — QUEM. DDL t. 33. — THURNEYSEN 1884, p. 111.
ruche [ʀyʃ] n. f.
ÉTYM. 1530; rusche, rousche, rouche, XIIIe; du bas lat. rusca, mot gaulois, « écorce »; cf. anc. franç. rusca, anc. irlandais rusc, même sens, les premières ruches ayant été faites en écorce.
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1 Abri aménagé pour y recevoir un essaim (cit. 2) d'abeilles. ⇒ Abeille (cit. 2 et 5). || Ruches de type ancien, constituées le plus souvent d'un panier de paille ou d'osier, en forme de cône, posé sur une planchette. || Ruches à calottes, à rayons fixes. || Ruches modernes à hausses, à cadres mobiles. || Chapiteau, croisée, tablier… d'une ruche. || Enfermer les abeilles dans leurs ruche. — (Ruque, XIVe). Vx. Chacun des alvéoles du gateau de cire contenant le miel (→ Hexagone, cit. 1).
1 (…) la forme des ruches que l'homme offre aux abeilles varie à l'infini, depuis l'arbre creux ou le manchon de poterie encore en usage en Afrique et en Asie, en passant par la classique cloche de paille que l'on trouve au milieu d'une touffe de tournesols, de phlox et de passe-roses, sous les fenêtres ou dans le potager de la plupart de nos fermes, jusqu'aux véritables usines de l'apiculture mobiliste d'aujourd'hui où s'accumulent parfois plus de cent cinquante kilogrammes de miel contenus en trois ou quatre étages de rayons superposés et entourés d'un cadre qui permet de les enlever, de les manier, d'en extraire la récolte par la force centrifuge à l'aide d'une turbine, et de les remettre à leur place, comme on ferait d'un livre dans une bibliothèque bien rangée.
Maeterlinck, la Vie des abeilles, III, II.
2 (1538). La ruche et la colonie d'abeilles qui l'habite. ⇒ Agglomération (→ Essaimer, cit. 1; miel, cit. 2). || La reine d'une ruche. Par métaphore, fig. || Bourdonnement, bruissement (cit. 4) de ruche. || L'agitation (cit. 3) d'une ruche. || Ruche en effervescence (cit. 6). || Ce vieux faubourg (cit. 2) courageux et colère comme une ruche. || La ruche, symbole de l'instinct social (→ Obéir, cit. 15; officine, cit. 1), de l'activité et du travail. ⇒ aussi Fourmilière. — La ruche humaine (→ Distiller, cit. 8).
2 C'est la fourmilière des intelligences. C'est la ruche où toutes les imaginations, ces abeilles dorées, arrivent avec leur miel.
Hugo, Notre-Dame de Paris, I, V, II.
3 Aussitôt Jérusalem se transforma en une véritable ruche : cent cinquante mille ouvriers, sous la férule de trois mille six cents surveillants, s'affairèrent.
Daniel-Rops, le Peuple de la Bible, III, I.
3 (1614, rusche, par anal. de forme avec le panier de la ruche). Techn. Nasse pour la pêche en mer.
4 (1818, par anal. de forme avec la gaufre de cire). Vx (modes). Bande étroite froncée ou plissée de tulle, de dentelle…, servant d'ornement (cols, manches, etc.). || Ruches de tulle (→ Livrer, cit. 6), de mousseline (→ Œillet, cit. 2, par métaphore). ⇒ Ruché.
4 La figure d'une jeune fille, fraîche comme un de ces blancs calices qui fleurissent au sein des eaux, se montra couronnée d'une ruche en mousseline froissée qui donnait à sa tête un air d'innocence admirable.
Balzac, la Maison du Chat-qui-pelote, Pl., t. I, p. 20.
5 (1877). Techn. Pile de tuiles destinée à recevoir le naissain des huîtres.
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DÉR. Ruchée, 1. rucher, 2. rucher.
Encyclopédie Universelle. 2012.