RABAT
RABA
Capitale du Maroc, préfecture urbaine et chef-lieu de province, Rabat est située sur la côte atlantique, à l’embouchure de l’oued Bou Regreg, position géographique qui lui a permis pendant longtemps de commander le seul passage facile entre le Maroc septentrional et le Maroc méridional, entre l’océan et les plateaux accidentés de la Meseta marocaine.
La ville fut fondée en 1150 par le grand sultan almohade ‘Abd al-M ’m 稜n, juste au nord de l’ancienne ville romaine de Sala Colonia (Chella). Le ribat d’‘Abd al-M ’m 稜n, sorte de camp à la fois religieux et militaire, fut le point de départ de ses expéditions en Espagne; il comprenait une citadelle (la kasba des Oudaïa) et d’immenses remparts. Plusieurs sultans, par la suite, complétèrent ces installations. Au XVIIe siècle, les musulmans réfugiés d’Andalousie donnèrent un essor à la ville par le commerce, la course et l’artisanat, mais Rabat connut un certain déclin pendant les XVIIIe et XIXe siècles. Ce n’était qu’une petite ville de 25 000 habitants en 1912 lorsque Lyautey en fit la capitale politique et administrative du protectorat français.
Actuellement, Rabat a surtout une fonction de capitale. Le souverain y occupe un vaste palais. Les ministères, les ambassades et de nombreux établissements publics ou parapublics font travailler une partie importante de la population. L’université et les grandes écoles assurent l’essentiel de l’enseignement supérieur moderne du Maroc. La ville est un centre important de l’industrie textile (tapis, couvertures). On y trouve également d’autres industries (agroalimentaire, briques, amiante). La proximité de Casablanca empêche Rabat d’avoir plus qu’un rayonnement régional. Le tourisme a pris une certaine ampleur, la ville ne manquant pas d’atouts de ce point de vue.
Rabat a grossi rapidement depuis qu’elle est devenue capitale. Elle connaît une croissance remarquable depuis l’indépendance: 156 000 habitants en 1952, 518 616 habitants en 1982. C’est la deuxième ville du pays après Casablanca. Elle possède certes des bidonvilles, comme toutes les grandes villes marocaines, mais elle offre pourtant, d’une façon générale, l’aspect d’une cité calme et élégante. La vieille médina, enfermée dans ses murs au pied d’une colline, est un quartier populaire qui n’abrite plus aujourd’hui qu’une petite fraction de la population. Le centre commercial et les administrations sont installés à l’intérieur des vieux remparts. Des quartiers relativement anciens de villas s’étalent au sud des murs (Agdal, Orangers), mais l’expansion des quarante dernières années s’est faite dans plusieurs directions, le long des routes: cités modestes de petits employés ou quartiers de villas luxueuses, abritant les hauts fonctionnaires ou le personnel diplomatique. De l’autre côté du Bou Regreg, la ville de Salé est devenue dans une large mesure un faubourg populaire de la capitale et forme avec Rabat une agglomération comptant plus de 800 000 habitants.
rabat [ raba ] n. m.
• 1262; de rabattre
1 ♦ Chasse Rabattage (du gibier).
2 ♦ Anciennt Grand col rabattu porté autrefois par les hommes.
♢ Mod. Large cravate formant plastron, portée par les magistrats, les avocats, les professeurs en robe, certains religieux.
3 ♦ Partie (d'un vêtement, d'un objet) rabattue ou qui peut se replier. Poche à rabat. Le rabat d'un sac à main.
● rabat nom masculin (de rabattre) Partie d'un objet conçue pour pouvoir se rabattre, se replier afin d'assurer une fermeture : Grand sac de cuir avec des poches à rabat. Synonyme de rabattage. Revers de col faisant office de cravate porté par les gens de robe et d'Église, les professeurs d'université en toge. Morceau de tissu destiné à dissimuler l'ouverture d'une poche ou à simuler celle-ci. Partie d'une couverture de livre, imprimée ou non, se repliant à l'intérieur de celle-ci. ● rabat (synonymes) nom masculin (de rabattre)
Synonymes :
rabat
cap. du Maroc et port sur l'Atlantique, à l'embouchure du Bou Regreg (r.g.), face à Salé; 591 000 hab. (aggl. urb. env. 1 500 000 hab.). Centre politique, la ville possède quelques industries text. (tapis) et alim.
— Archevêché. Université. Mur des Andalous (remparts autour de la ville musulmane, habitée par de nombreux expatriés d'Andalousie au XVIIe s.). Tour Hassan (XIIe s.). Casbah des Oudaïa. Mausolée du roi Mohammed V. Au XIIe s., à proximité de Salé, un camp, Ribat, favorisa les expéditions militaires vers l'Espagne. Au XVIIe s., Rabat connut un grand essor grâce à l'arrivée des morisques exilés d'Espagne. En 1912, Lyautey en fit la cap. du protectorat français qu'il venait d'établir.
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rabat
n. m.
d1./d Sorte de cravate portée par les magistrats, les avocats et les professeurs d'université en robe.
d2./d Partie (d'un vêtement, d'un objet en matière souple) qui peut se rabattre sur une autre. Sac à rabat.
⇒RABAT, subst. masc.
A. — Action de rabattre; résultat de cette action.
1. [Corresp. à rabattre A]
a) Vieilli. [Corresp. à rabattre A 1] Rabat de la pluie. [Dans] l'atterrissage des ballons libres (...) les coups de rabat (...) se produisent lorsque l'ancre ayant mordu, le ballon libre se trouve transformé en ballon captif (MARCHIS, Nav. aér., 1904, p. 433).
— JEU DE PAUME. ,,Coup qui vient du rabat. Jouer le rabat`` (Ac. 1798-1878). JEU DE QUILLES. Action d'abattre des quilles en tirant la boule du point où elle s'est arrêtée du premier coup; résultat de cette action (d'apr. PETIOT 1982). Il a fait deux quilles de venue, et quatre de rabat. Dans quelques parties, quand on n'a rien fait de venue, on ne joue point de rabat (Ac. 1798-1878).
— ARTS DÉCOR., TEINT. Dans les ateliers de teinture, on donne ce nom à une légère façon donnée à des étoffes de peu de valeur. On nomme également rabat l'opération que l'on fait subir à une étoffe pour diminuer la vivacité de ses couleurs (DOIN, Dict. teint., 1828, p. I).
b) COUT. [Corresp. à rabattre A 2 c] Point de rabat. — (...) Le bord du tissu à rabattre étant placé du côté antérieur, prendre sur l'aiguille un fil du tissu de dessus, piquer juste en face et glisser légèrement dans celui du dessous, pour ressortir à petite distance, et prendre à nouveau un fil de celui du dessus et repiquer juste en face (ARNOU, Mét. tailleur, 1952-53, p. 8).
c) MARBRERIE. [Corresp. à rabattre A 3 b] Opération du polissage des marbres qui succède à l'égrisage (...) et dans laquelle on continue de frotter la surface avec des morceaux de faïence sans émail, toujours en mouillant et en substituant au grès un sable très doux (...). On fait le rabat des granits et porphyres avec de l'émeri et une molette de plomb (CHABAT 1881).
2. COMM. [Corresp. à rabattre B 1 b] Remise, ristourne. Rabat de prix. Tu me fais un rabat de cop' [copain] (RIV.-CAR. 1969).
3. [Corresp. à rabattre C]
a) CHASSE, VÉN. [Corresp. à rabattre C 1] Chasse au rabat, ou p. ell., rabat. Action de rabattre le gibier vers des tireurs ou des pièges. Synon. battue, traque. Chasser au rabat. Comme il [l'ours blanc] était tout à fait hors de portée, j'essayai de descendre à terre avec quelques hommes pour faire un rabat (H.-Ph. D'ORLÉANS, Chasses arct., 1911, p. 33):
• 1. Les perdreaux se refusent souvent à passer la ligne de tir, dont les premières détonations leur ont indiqué la position. Le seul remède, qui n'est pas toujours efficace, est d'intercaler des tireurs dans la ligne de rabat; les oiseaux pris alors entre deux lignes de feu se décident alors souvent à franchir à tire-d'aile la mieux dissimulée, bien qu'elle soit la plus meurtrière.
VIDRON, Chasse, 1945, p. 29.
b) FOOTB., RUGBY. [Corresp. à rabattre C 3 b] Action de l'attaquant qui change brusquement sa ligne de progression pour dérouter la défense. Synon. rabattement. M. se spécialise dans les rabats (L'Auto, 13 déc. 1907 ds PETIOT 1982).
B. — TECHNOL. Ce qui sert à rabattre.
1. [Corresp. à rabattre A 1]
a) CONSTR. Rabat de cheminée. ,,Pan coupé entre l'âtre et le manteau d'une cheminée`` (BARB.-CAD. 1971).
b) JEU DE PAUME. ,,Toit d'un jeu de longue paume, qui sert à rejeter la balle. Être au rabat; tenir le rabat`` (Ac. 1798-1878).
2. [Corresp. à rabattre A 3 b] MARBRERIE. ,,Sable argileux servant à enlever les inégalités du marbre, et qui, le plus souvent, provient de la terre des plats et assiettes, non vernis, dont la cuisson a été manquée`` (JOSSIER 1881). Le frotter [le marbre] avec le rabat, avec de la terre cuite pulvérisée, pour lui enlever ses aspérités et le préparer au polissage (JOSSIER 1881).
3. Arg. [Corresp. à rabattre C 1] Synon. de rabatteur. Les rabats l'avaient à la caille avec les chauffeurs de bahuts qui leur chouravaient [volaient] leur clientèle (LE BRETON 1960).
C. — P. méton. [Corresp. à rabattre A 2] Ce qui est rabattu.
1. Cour. Partie d'une chose (en matière souple) qui peut se rabattre, se replier. Rabat d'une enveloppe, d'un classeur; sac à rabat. Le rabat du drap blanc sur la couverture du lit (AYMÉ, Jument, 1933, p. 253).
— En partic. [Le plus souvent à propos d'un vêtement] Partie repliée et rabattue. Casquette, poche à rabat. [Mon compagnon] avait des gants à rabat (GIRAUDOUX, Siegfried et Lim., 1922, p. 69). Bonnet de loutre (avec des rabats pour cacher les oreilles, attachés sous le menton par un ruban noir) (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 286). En compos. Le blouson en tissu cravate: un des best-sellers 71. Celui-ci a deux poches-rabats (Elle, 25 janv. 1971, p. 46).
2. HIST. DU COST.
a) Grand col rabattu comportant une partie retombant sur la poitrine, tenant office de cravate au XVIIe s. dans le costume masculin. Son col blanc et rond comme une colonne de marbre supportait fièrement sa tête et sortait dégagé d'un rabat en point de Venise du plus grand prix (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 206).
b) Morceau d'étoffe noire, divisée en deux parties oblongues, bordées de blanc, qui se rabat du col sur la robe et que portaient certains hommes d'église. Rabat d'ecclésiastique, de prêtre. L'eau coulait de ses joues jusque dans le collet de sa soutane; il ôta brusquement son rabat et le mit dans sa poche (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 76). Le pasteur parut dans sa robe noire à rabat (RAMUZ, A. Pache, 1911, p. 148). V. infra C 2 c ex. de Faure:
• 2. — Et un rabat? Porterez-vous un rabat, monsieur l'abbé? Monseigneur n'en porte pas, mais ces messieurs de Saint-Sulpice en sont restés partisans. Le voulez-vous de laine ou de soie? — De laine, dis-je à regret, songeant que je l'ôterais hors du séminaire pour faire apparaître le collet romain.
BILLY, Introïbo, 1939, p. 34.
— P. méton. Homme d'Église qui porte le rabat. — Madame, interrompit le curé, je vous demanderai de ne plus assister aux séances [de magnétisme]. Il y a défense de Monseigneur. — Ainsi vous croyez que le démon est en Madame Gérard? dit le président en ricanant. — Je me soumets à l'ordre. L'indépendance du rabat! marmotta le président, qui ne voulait rien pardonner à l'ennemi de son bonheur (DURANTY, Malh. H. Gérard, 1860, p. 77).
c) Ornement faisant office de cravate et formant plastron sur la robe des avocats, des magistrats, de certains membres de l'Université. Il existe encore des collèges à grands murs, des professeurs à rabats; mais Dieu merci, mon bon petit Eugène n'est pas plongé dans ces antres! (DELÉCLUZE, Journal, 1825, p. 211). Les rabats de dentelles des maîtres de la chaire et des confesseurs de rois (FAURE, Hist. art, 1921, p. 26). Le rabat des magistrats et avocats est blanc et plissé, pendant sur la robe (LELOIR 1961).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1260 « rabais » (Comptes de Crepy en Valois ds Layettes du Trésor des Chartes, III, 512 ds Fonds BARBIER). II. 1. 1480 « action de rabattre le gibier » [déf. de LA CURNE et FEW t. 24, p. 21b; le gloss. de l'éd. Freeman donne « rabais »] (GUILLAUME COQUILLART, Nouveaulx Droitz, 1140, éd. M. J. Freeman, 188); 1671 oyseau de rabat (POMEY); 1690 (FUR.: rabat est aussi une sorte de chasse); 2. 1669, août terme de teinturier (Réglem. sur les manuf., Teinturiers en laine, art. 23 ds LITTRÉ). III. a) 1585 habill. rabat de manteau (Chateau Quermellin Inv., 123 ds IGLF); b) 1595 « collerette de femme » (Inv. Jeanne de Bourdeille, 44, ibid.); c) 1690 « partie du costume des prêtres » (FUR.); d) 1718 « pièce du costume des magistrats » (Ac.). Déverbal de rabattre. Bbg. SAIN. Arg. 1972 [1907] p. 47, 179, 210. — Sculpt. 1978, p. 653.
rabat [ʀaba] n. m.
ÉTYM. 1262; de rabattre.
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2 (Av. 1493). Vx. Action de rabattre. — Spécialt. Chasse où l'on rabat (II.) le gibier. ⇒ Rabattage.
♦ Mod. Sports. Brusque changement de direction d'un attaquant, aux jeux de ballon. — On dit aussi rabattement.
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II
1 (XVe). Anciennt. Grand col rabattu porté autrefois par les hommes (→ Antique, cit. 5). || « Et hors un gros Plutarque à mettre mes rabats… » (→ 1. Livre, cit. 5, Molière). || Rabat de dentelle porté aux XVIIe et XVIIIe siècles. ⇒ Jabot.
♦ (1718). Mod. Large cravate formant plastron, portée par les magistrats, les professeurs en robe. || Rabat d'ecclésiastique (cit. 4), de prêtre. || Rabat blanc, noir; petit, grand rabat. || Rabat empesé.
0 Sa cravate était toujours tordue sans apprêt, et jamais il ne rétablissait le désordre que son rabat de juge avait mis dans le col de sa chemise recroquevillé.
Balzac, l'Interdiction, Pl., t. III, p. 20.
2 Partie (d'un vêtement, d'un objet) rabattue ou qui peut se replier. || Poche à rabat. || Rabat boutonné. || Le rabat d'un sac à main. || Modèle de sac à rabat découpé.
Encyclopédie Universelle. 2012.