⇒PORTRAIRE, verbe trans.
Vieilli ou littér. [Gén. à l'inf.]
A. —Représenter, faire le portrait d'(une personne) avec le pinceau, le crayon. Portraire au vif. On l'a portrait au naturel (Lar. 19e).
— Constr. factitive. Si jamais elle se fait portraire, nous lui conseillons de confier cette tâche à Lehmann: c'est un peintre fait tout exprès pour le modèle (GAUTIER, Portraits contemp., 1874 [1838], p.397).
— Empl. pronom. réfl. ,,Faire son propre portrait, tracer sa propre ressemblance`` (BESCH. 1845-46).
B. —Littér. Dépeindre, décrire une personne. Causé d'entraînement et portraitant avec de petites phrases coupées pendant la mortelle représentation du drame de M. Empis (BARB. D'AUREV., Memor. 2, 1838, p.319). Ces jours-ci (...) il m'est venu le désir de portraire la vraie Mme Gervaisais, qui fut une tante à moi (GONCOURT, Journal, 1892, p.300).
REM. Pourtraire, var. graph., vieilli, littér. a) Faire le portrait de. Quelque artiste modeste (...) s'était appliqué à le pourtraire de son mieux, ainsi que sa jeune épouse, qu'on voyait dans un autre médaillon (NERVAL, Filles feu, Sylvie, 1854, p.605). Constr. factitive. Les auteurs se font pourtraire, le col nu, les cheveux bouclés (...). Ils antidatent leurs figures et postdatent leurs livres (BALZAC, OEuvres div., t.2, 1830, p.42). Empl. pronom. à sens passif. Ô Voltaire! Si ton esprit encore habitait cette terre, Comme il rirait de voir le bon peuple gaulois, Jaloux de se pourtraire à l'exemple des rois! (BARBIER, Satires, 1865, p.37). b) Décrire, dépeindre. La langue parlée de la princesse, sa manière de pourtraire les gens en brouillant un détail physique avec un trait moral, cela est assez bien conservé (GONCOURT, Journal, 1874, p.971). Empl. pronom. réfl. Chaque critique se pourtrait de profil ou de trois quarts dans ses ouvrages (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t.11, 1857-72, p.465).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694: portraire: ,,Il vieillit et ne se dit qu'à l'infinitif``; 1718-1878: portrait, aite, part. passé: ,,Il n'est plus usité``; 1935: portraire. Étymol. et Hist. a) 1154 purtrait part. passé «dessiné, représenté» (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 9286); ca 1216 pourtraire «représenter» (ROBERT DE CLARI, Constantinople, éd. Ph. Lauer, CXIV et XCII); b) 1176 portraire «décrire» (CHRÉTIEN DE TROYES, Cligès, éd. A. Micha, 826). Comp. de pour et de traire «dessiner». Bbg. GOHIN 1903, p.309.
portraire [pɔʀtʀɛʀ] v. tr. [CONJUG. traire.]
ÉTYM. V. 1160, pour pourtraire; comp. de pour, et traire, proprt « tirer en avant », au sens de « dessiner ».
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1 Vx ou littér. Représenter une personne réelle au moyen du dessin, de la peinture. ⇒ Peindre, portraiturer; portrait (I.).
1 (…) si jamais elle se fait portraire, nous lui conseillons de confier cette tâche à Lehmann : c'est un peintre fait tout exprès pour le modèle.
Th. Gautier, Portraits contemporains, Mlle Falcon.
2 Littér. Décrire, dépeindre une personne (⇒ Portrait, II.). || Portraire les glorieux (cit. 8) de ce monde.
2 Je dois ajouter qu'ils ne se sont jamais sensiblement écartés de leur propos essentiel qui est de découvrir et de portraire ce qu'ils considèrent comme l'homme éternel et l'homme universel.
G. Duhamel, Refuges de la lecture, VIII.
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DÉR. Portrait.
Encyclopédie Universelle. 2012.