PATHOS
PATHOS
Évocation de l’expérience humaine dans une représentation propre à faire naître la pitié, la sympathie, chez le lecteur ou le spectateur. Distinct des passions plus élevées de la tragédie, le pathos (du grec pathos : «souffrance, passion») naît, particulièrement dans l’art oratoire, à l’évocation de ceux qui sont abandonnés sans aide ou qui souffrent injustement. En art, représenté sans succès et de manière affectée, le pathos provoque le rire devant le ridicule de l’excès d’émotion.
pathos [ patos; patɔs ] n. m.
• 1671; mot gr. « souffrance, passion »
1 ♦ Vx Partie de la rhétorique qui traitait des moyens propres à émouvoir l'auditeur.
2 ♦ (1750) Mod. et littér. Pathétique déplacé dans un discours, un écrit, et par ext. dans le ton, les gestes. « L'avocat général faisait du pathos en mauvais français sur la barbarie du crime commis » (Stendhal).
● pathos nom masculin Littéraire. Style emphatique, d'un pathétisme affecté. ● pathos (synonymes) nom masculin Littéraire. Style emphatique, d'un pathétisme affecté.
Synonymes :
- amphigouri (littéraire)
pathos
n. m. inv. Litt., péjor. Pathétique exagéré dans un discours, et, par ext., dans le ton et les gestes.
⇒PATHOS, subst. masc.
A. —ANC. RHÉT. Partie de la rhétorique qui traite des moyens propres à émouvoir l'auditeur, p.oppos. à ithos (qui traite de l'impression morale que doit produire l'orateur sur l'auditeur). (Dict.XIXe et XXes.).
— Péj. L'ithos et le pathos. V. ithos ex.
B. —Littéraire
1. Caractère pathétique. Revu et réétudié la Sonate pathétique —dont certain passage m'obséda durant presque tout mon voyage (...). Le pathos de Beethoven me touche aujourd'hui beaucoup moins que la contemplative adoration de Bach (GIDE, Journal, 1917, p.623).
2. Péj., fam. Pathétique déplacé, affecté ou outré; enflure verbale. Synon. emphase, amphigouri, galimatias. Le pathos d'une description, d'une scène; faire du pathos. Voilà bien du pathos, tout cela n'est que du pathos (Ac.). L'existentialisme a mis à la mode un pathos outrancier qui met en danger le sérieux même de la pensée (MARROU, Connaiss. hist., 1954, p.25).
Prononc. et Orth.:[pato:s]. LITTRÉ, DG: [-]; WARN. 1968: [-o:s] et [-]. MARTINET-WALTER 1973: [-o:s] 14/17. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. 1672 terme de rhét. (MOLIÈRE, Femmes savantes, V, 972); 2. av. 1755 «emphase affectée, confuse et vaine dans un ouvrage littéraire» (SAINT-SIMON, 279, 29 ds LITTRÉ). Mot. gr. «ce qu'on éprouve; tout ce qui affecte le corps ou l'âme, en bien et en mal». Fréq. abs. littér.:81.
pathos [patos] n. m. invar.
ÉTYM. 1671; mot grec « souffrance, passion ».
❖
1 Vx. Partie de la rhétorique qui traitait des moyens propres à émouvoir l'auditeur; ensemble des mouvements, des figures qu'on employait pour y parvenir. — REM. Ne s'emploie guère que dans l'expression l'ithos et le pathos. ⇒ Ithos (cit. 1 et 2).
2 (1750). Mod., péj. Pathétique déplacé, chaleur, émotion exagérée et affectée dans un discours, un écrit et, par ext., dans un ouvrage quelconque, dans le ton, les gestes. ⇒ Amphigouri, emphase, galimatias. || Le pathos épique de Victor Hugo (→ Fuligineux, cit. 5). || Faire du pathos.
1 L'avocat général faisait du pathos en mauvais français sur la barbarie du crime commis (…)
Stendhal, le Rouge et le Noir, II, XLI.
2 Tout ce qui contribuerait à nous rendre dans l'expression la netteté première, à débarrasser la langue et l'esprit français du pathos et de l'emphase, de la fausse couleur et du faux lyrique qui se mêle à tout, serait un vrai service rendu non seulement au goût, mais aussi à la raison publique.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 12 nov. 1849.
3 (…) il se sentait si honteux de la niaiserie, du pathos prétentieux, de la fausseté criante des mots, des gestes, des attitudes, que par moments, tandis qu'il conduisait l'orchestre, il n'avait plus la force de lever son bâton (…)
R. Rolland, Jean-Christophe, La révolte, II, p. 487.
4 (…) le pathos de Beethoven me touche aujourd'hui beaucoup moins que la contemplative adoration de Bach.
Gide, Journal, 19 avril 1917.
5 (…) à la place du témoin, dont le discours ne peut être, on le sait, que soumis à des codes de détachement : ou narratif, ou explicatif, ou contestataire, ou ironique : jamais lyrique, jamais homogène au pathos en dehors duquel il doit chercher sa place.
R. Barthes, Roland Barthes, p. 89.
Encyclopédie Universelle. 2012.