PARABOLE
PARABOLE, religion
Récit allégorique, habituellement assez bref, sous lequel, dans les textes néo-testamentaires et spécialement dans les Évangiles, se cache un enseignement, selon un procédé populaire et oriental consistant à faire passer un message au moyen d’une comparaison (en grec, parabolè ): «Le royaume de Dieu est semblable à un grain de sénevé, [...] à une femme, [...] à un semeur...» Ce procédé, si fréquent chez les évangélistes synoptiques (Marc, Matthieu, Luc) peut être relié à la tradition prophétique qui aimait mimer sa prédication et était tout autant gestuelle que verbale. Par là, il est possible de faire entrer les paraboles dans un vaste réseau thématique: le semeur, la vigne, le pêcheur, les festins fournissant la symbolique théologique et montrant comment le Nouveau Testament approfondit l’Ancien. On peut aussi rattacher l’usage de la parabole dans la Bible au fait que les Hébreux ne voulaient pas nommer Dieu: par son caractère obscur, ou du moins paradoxal, la parabole est une façon de voiler en dévoilant. Les commentateurs en ont souvent fait aussi un élément de pédagogie, soit en la comprenant comme une captatio benevolentiae , soit en y voyant la marque du fameux «secret messianique», qui préserve la révélation puisque tous n’ont pas l’esprit pour la recevoir. Beaucoup de paraboles se terminent, en effet, par ces mots: «Qui peut comprendre, qu’il comprenne.» Ainsi a-t-on justifié les anomalies de certaines d’entre elles, telles celles qui mettent en scène des personnages immoraux (l’intendant malhonnête, par exemple). C’est de cette façon aussi que l’on a opposé la parabole à l’allégorie, qui serait une construction point par point comparative.
Certains exégètes ont tenté de retrouver la saveur populaire et archaïque des paraboles en reconstituant le texte avec la langue araméenne primitive.
L’étude des paraboles se trouve aujourd’hui renouvelée par la méthode du structuralisme linguistique, qui tend à remplacer, en matière d’exégèse, l’école dite des «genres littéraires» et celle de la théorie de la forme. D’après ces nouvelles recherches, les paraboles ne sont pas d’abord des récits-illustrations, mais des textes spécifiques, tant au point de vue syntagmatique que pour leurs structures profondes, celles-ci entrant dans un univers textuel et sémiotique précis qui n’est pas le récit pur. On peut ainsi déceler qu’une parabole (celle du semeur dans le chapitre XIII de Matthieu, par exemple) ne constitue nullement une explication mais un nouveau codage parabolique et qu’il existe un jeu de codes particuliers reliant des textes traditionnellement regardés comme éloignés les uns des autres.
Dans cette perspective, les paraboles ne sont plus de simples comparaisons, et on ne peut saisir leur contenu sans avoir étudié leur structure. Peut-être sont-elles davantage des cadres formels, des arrangements de possibles, des indices de communication, des articulations d’un vaste récit, des parts d’un ensemble textuel inattendu et inconnu.
1. parabole [ parabɔl ] n. f.
• 1265; lat. ecclés. parabola, gr. parabolê « comparaison »
♦ Récit allégorique des livres saints, sous lequel se cache un enseignement. Les paraboles de Salomon. Les paraboles de l'Évangile.
♢ Par ext. Récit allégorique, à valeur morale. ⇒ allégorie, apologue, fable. — Vieilli Parler par paraboles, d'une manière détournée, obscure.
parabole 2. parabole [ parabɔl ] n. f.
• 1554; gr. parabolê, au sens géom.
♦ Ligne courbe dont chacun des points est situé à égale distance d'un point fixe (foyer) et d'une droite fixe (directrice). La parabole résulte de la section d'un cône par un plan parallèle à l'un des plans tangents à la surface du cône. La parabole, représentation graphique de la fonction du second degré.
♢ Courbe décrite par un projectile. ⇒ trajectoire.
♢ Télécomm. Antenne en forme de miroir parabolique.
● parabole nom féminin (latin parabole, du grec parabolê, comparaison) Genre littéraire en usage dans le judaïsme palestinien, consistant en une comparaison développée dans un récit conventionnel dont les éléments sont empruntés à la vie quotidienne et permettant de concrétiser un aspect de la doctrine. (Jésus, dans son enseignement, a beaucoup usé de la parabole.) Récit allégorique, comparaison. ● parabole (expressions) nom féminin (latin parabole, du grec parabolê, comparaison) Vieux. Parler par paraboles, s'exprimer d'une manière obscure, détournée. ● parabole nom féminin (grec parabolê) Ensemble des points d'un plan P, équidistants d'une droite (directrice D) et d'un point (foyer F) de P. Antenne parabolique destinée à la réception de programmes de télévision directe.
parabole
n. f. GEOM Courbe constituant le lieu géométrique des points équidistants d'un point fixe, appelé foyer, et d'une droite fixe, appelée directrice.
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parabole
n. f. Récit allégorique (partic. de l'évangile) qui renferme une vérité, un enseignement. La parabole de l'enfant prodigue.
|| (Antilles fr.) Parler en parabole: parler par allusions, à mots couverts.
I.
⇒PARABOLE1, subst. fém.
A. —1. Court récit allégorique, symbolique, de caractère familier, sous lequel se cache un enseignement moral ou religieux, que l'on trouve en partic. dans les livres saints et qui fut utilisé par le Christ dans sa prédication. Le Seigneur a conduit son peuple par une voie obscure, afin que ses desseins s'accomplissent. Il a parlé à son peuple en paraboles (SAINT-MARTIN, Homme désir, 1790, p.17). [Le Messie] enseigne sur les places des cités et les marches du Temple (...). Il emprunte au sol la trame de ses paraboles et l'objet de ses images. C'est le figuier stérile dans la vigne; (...) c'est l'ivraie que l'on arrache et que l'on jette au feu, comme l'homme d'iniquité du champ céleste; c'est l'eau vive qui désaltère à jamais (PESQUIDOUX, Livre raison, 1932, p.201):
• 1. La parabole est (...) comme un composé de corps et d'âme. Le corps, c'est le récit lui-même dans son sens obvie et naturel, récit qui se tient par lui-même et ne renferme que des éléments appartenant aux réalités ordinaires. L'âme est une suite d'idées parallèles aux premières, se déroulant dans le même ordre, mais dans un plan supérieur, de sorte qu'il faut être averti et apporter de l'attention pour les saisir.
Bible 1912.
SYNT. Parabole biblique, évangélique, orientale, rabbinique; parabole énigmatique, obscure; citer, commenter, expliquer une parabole; se servir de paraboles; l'interprétation des paraboles; la parabole du bon samaritain, de la brebis égarée, de l'enfant prodigue, du figuier stérile, de l'ivraie et du bon grain, du lazare et du riche, de la paille et de la poutre, des vierges sages et des vierges folles.
— En partic. Les paraboles de Salomon. Le livre des proverbes de Salomon. Les proverbes de Salomon sont aussi appelés les paraboles de Salomon (Ac.).
2. P. ext. Récit symbolique quelconque. Synon. allégorie, apologue, comparaison, fable. Il se fit apporter un vase de verre plein de grains de maïs noir, il y jeta quelques grains de maïs blanc (...). —Frères, vous êtes le maïs noir, les blancs vos ennemis sont le maïs blanc! (...). Une nouvelle acclamation (...) accueillit la parabole du chef (HUGO, Bug-Jargal, 1826, p.125). Le poème en prose doit aussi éviter les paraboles baudelairiennes et mallarméennes, s'il veut se distinguer de la fable (JACOB, Cornet dés, Préf., 1916, p.17):
• 2. Ce goût de paraboles, d'énigmes, cette habitude de parler toujours images, d'envelopper les préceptes d'un voile qui semble les conserver, durent encore en Asie; leurs poëtes, leurs philosophes, n'ont jamais écrit autrement.
FLORIAN, Fables, 1792, p.26.
B. —Fam. Parler par paraboles. Parler par allusions, en termes ambigus, détournés, obscurs. Le comte, voyant que les deux époux commençaient à parler par paraboles, prit l'air distrait (DUMAS père, Monte-Cristo, t.2, 1846, p.23).
REM. 1. Paraboliste, subst. masc., rare, littér. [Corresp. à supra A] Auteur de paraboles. Son style [de Jésus] (...) se rapprochait (...) du tour des parabolistes hébreux (RENAN, Vie Jésus, 1863, p.174). Et cela se comprend, ce groupe symboliste, outillé d'esprits si divers et de nuances différentes, où l'on voit des romanciers satiriques et mystiques comme Paul Adam (...), des parabolistes comme Bernard Lazare (RÉGNIER, in J. HURET, Enquête sur l'évolution littér., 1891, p.92 ds QUEM. DDL t.10). 2. Paraboler, verbe intrans., hapax. Assis sous un arbre, il [Jésus] parabolait «Heureux les pauvres d'esprit, ceux qui ne cherchent pas à comprendre, ils travailleront dur, ils recevront des coups de pieds au cul, ils feront des heures supplémentaires qui leur seront comptées plus tard dans le royaume de mon père» (PRÉVERT, Paroles, 1946, p.35).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. Fin du XIIes. parables «sentences de Salomon» (Sermons de saint Bernard sur le Cantique des cantiques, I, éd. A. Henry ds Mél. J. Horrent, 1980, p.176, 11); 1265 parabole (Justice et plaid, éd. Rapetti, p.10); 2. 1269-78 «récit allégorique sous lequel se cache un enseignement» (JEAN DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 7124). Empr. au lat. eccl. parabola, parabole «récit allégorique des livres saints sous lequel se cache un enseignement», en lat. class. «comparaison, similitude», empr. au gr. «comparaison», également att. au sens chrét. dans la trad. gr. du N. T. Voir aussi parole.
II.
⇒PARABOLE2, subst. fém.
A. —GÉOM. ,,Courbe plane décrite par un point qui se déplace de telle façon que sa distance à un point fixe appelé foyer soit constamment égale à sa distance à une droite fixe appelée directrice`` (UV.-CHAPMAN 1956). L'axe de symétrie, les deux branches, le foyer d'une parabole; les propriétés de la parabole. Archimède découvrit la quadrature de la parabole (CONDORCET, Esq. tabl. hist., 1794, p.65). V. hyperbole ex. Gds cour. pensée math., 1948, p.65:
• ♦ ... la géométrie descriptive inventée par Monge, la nécessité du calcul des résistances, l'importance de l'aérodynamique ont familiarisé l'oeil moderne avec les courbes coniques, en particulier: ellipses, hyperboles, paraboles... Un observateur attentif constatera quel est leur empire sur l'art d'aujourd'hui et ses arrangements, depuis le tableau jusqu'au meuble ou à la céramique...
HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p.171.
B. —P. ext., cour. Courbe ayant la forme approximative de la parabole géométrique.
1. [À propos d'une chose concr.] Lorsque les os maxillaires sont réunis, leur base commune représente une parabole; elle est voûtée en dessous pour former le palais, et son pourtour est occupé par les alvéoles des dents (CUVIER, Anat. comp., t.2, 1805, p.57). La courbe de tension après l'injection [d'adrénaline], a la forme d'une parabole (JOSUÉ, GODLEWSKI ds Nouv. Traité Méd. fasc. 8 1925, p.372).
— En parabole. [Corot] demande le thème plastique directeur à une forme déjà suggérée par son sujet: il la trouve dans le saillant de la rive esquissant, à droite, un tracé en parabole (HUYGHE, op.cit., p.213).
2. [À propos d'un mouvement] Le bras lancé de La Guillaumette décrivit une parabole (COURTELINE, Train 8 h 47, 1888, 2e part., 8, p.185). Très franche la parabole de ses jetés dessus [d'une danseuse] (LEVINSON, Danse, 1924, p.123).
— En partic. Courbe que décrit un projectile dans l'espace. Synon. trajectoire. Une fusée qui décrit sa parabole dans le ciel (HUYSMANS, Art mod., 1883, p.194).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. 1555 géom. (B. ANEAU, Trésor de Evonime Philiatre, 70 ds Fonds BARBIER); 2. 1727 «courbe décrite dans l'air par un projectile» (Éloge de M. Neuton ds Hist. de l'Ac. royale des sc., Paris, 1729, p.156). Empr. au gr. «comparaison, rapprochement; rencontre», également terme de math. «parabole», dér. de «jeter quelque chose, jeter le long de, étendre le long de» ( «auprès de» et «lancer, jeter»). Fréq. abs. littér.:272. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 343, b) 293; XXes.: a) 607, b) 340.
1. parabole [paʀabɔl] n. f.
ÉTYM. 1265; lat. ecclés. parabola, -æ, du grec parabolê « comparaison », du v. parabellein, au sens de « mettre à côté de, comparer ». → -bole et 2. parabole.
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1 Récit allégorique des livres saints sous lequel se cache un enseignement moral ou religieux (→ Disciple, cit. 2). || Importance des paraboles dans l'exégèse de la Bible. || Les paraboles de Salomon : le livre des Proverbes. — Les paraboles de l'Évangile.
1 Je vous ai dit ceci en paraboles. Le temps vient où je ne vous entretiendrai plus en paraboles, mais où je vous parlerai ouvertement de mon Père.
Bible (Sacy), Évangile selon saint Jean, XVI, 25.
2 Telles quelles, ce sont d'admirables morceaux littéraires que ces Paraboles. Renan a raison d'y trouver « quelque chose d'analogue à la sculpture grecque, où l'idéal se laisse toucher et aimer ». Tout au long de l'Évangile, on en trouvera, jusqu'aux derniers jours de la vie de Jésus, et certaines — celle du Semeur, du bon grain et de l'ivraie, des Vierges sages et des Vierges folles, du Fils prodigue, du Bon Samaritain, par exemple — sont si bien passées dans nos mémoires qu'elles font indissociablement partie de l'essentiel du génie occidental.
Daniel-Rops, Jésus en son temps, V, p. 250.
2 Littér. Récit, narration à contenu allégorique. ⇒ Allégorie, apologue (cit. 1), comparaison, fable.
3 (Une) expression qu'elle prenait lorsqu'elle voulait faire entrer dans ma tête quelque raisonnement à elle, appuyé le plus souvent sur quelque parabole orientale, dont l'effet devait être concluant et irrésistible.
Loti, Aziyadé, III, XLIX.
♦ Fam. || Parler par paraboles : parler d'une manière détournée, obscure.
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DÉR. Paraboliste.
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2. parabole [paʀabɔl] n. f.
ÉTYM. 1554; grec parabolê, au sens géom. → -bole et 1. parabole.
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♦ Géom. Ligne courbe dont chacun des points est situé à égale distance d'un point fixe (foyer) et d'une droite fixe (directrice). || La parabole résulte de la section d'un cône par un plan parallèle à l'un des plans tangents à la surface du cône. || Les deux branches d'une parabole. || La parabole, représentation graphique de la fonction du second degré. || Axe de symétrie d'une parabole. ⇒ Conique (section conique).
♦ Par ext. Courbe décrite par un projectile et qui affecte à peu près la forme d'une parabole géométrique. ⇒ Trajectoire.
0 Cela fit l'effet d'une fusée lumineuse qui s'élève et s'achève dans une élégante parabole.
P. Mac Orlan, Quai des brumes, VI.
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DÉR. 2. Parabolique, paraboliser, paraboloïde.
Encyclopédie Universelle. 2012.