⇒FRIPONNER, verbe.
A.— Emploi trans., vieilli. [Correspond à fripon A] Voler par ruse, escroquer adroitement. Tous me sont tombés dessus, jusqu'au maçon que je faisais vivre depuis un an, jusqu'au charron qui voulait me friponner impunément en raccommodant mes charrues (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 229). Un seul a tenté de me friponner pour une bagatelle; je l'ai renvoyé honteusement du navire, et la leçon a paru être bien comprise par les autres (DUMONT D'URVILLE, Voy. Pôle Sud, t. 5, 1843, p. 124) :
• Contre la cherté de la vie, objet unique de sa conversation et de sa « pensée », tout ce que tente Mme Peyrony, c'est d'oublier dans les tramways de payer sa place; et elle s'en vante le soir en pleine table, devant son fils qu'elle traiterait de voleur, s'il friponnait dix sous qu'elle a laissés traîner.
MONTHERL., Olymp., 1924, p. 243.
— Emploi abs. Moi, arrêté pour deux cents louis! abandonné par tous mes amis! C'est moi qui les ai formés, qui leur ai appris à friponner (CHAMFORT, Caract. et anecd., 1794, p. 101).
B.— Emploi intrans., rare. [Correspond à fripon B] Synon. de polissonner. Il y eut un instant de répit, puis Anatole entra dans l'atelier comme monteur de presse, et, après qu'ils eurent friponné dans des endroits noirs, ils devinrent amants (HUYSMANS, Sœurs Vatard, 1879, p. 48).
REM. Friponnable, adj. Que l'on peut facilement friponner. Il avait mis au clair son plus adolescent sourire, et Marchenoir, l'homme le plus aisément friponnable (...) y fut trompé (BLOY, Désesp., 1886, p. 251).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. dep. 1694, jusqu'à 1740 sous la forme fripponner. FÉR. Crit. t. 2 1787 écrit friponer. Étymol. et Hist. 1. Fin XVe s. [date de l'éd.]; (J. LE FÈVRE, Matheolus, II, 1651-57, éd. Tricotel ds DELB. Rec. : La vieille infaicte fist pacha A faire de boys une vache. Et se fist dedans taponner Affin que mieux peust friponner); 2. 1580 « voler de petites choses » (MONTAIGNE, Essais, II, éd. A. Thibaudet, p. 751); 1585 « voler quelqu'un » (N. DU FAIL, Contes d'Eutrapel, éd J. Assézat, II, p. 206). Dér. de fripon; dés -er. Fréq. abs. littér. :8. Bbg. LEW. 1960, p. 14, 141, 151.
friponner [fʀipɔne] v. tr.
ÉTYM. V. 1340, « faire bonne chère »; de fripon, et -er.
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♦ Vieux.
1 (1580, Montaigne). Voler adroitement (de petites choses).
2 (1690, Furetière). Voler (qqn) par ruse. ⇒ Escroquer. || Il a friponné cinq ou six personnes de ma connaissance (Académie).
0 (…) tous me sont tombés dessus, jusqu'au maçon que je faisais vivre depuis un an, jusqu'au charron qui voulait me friponner impunément en raccommodant mes charrues.
Stendhal, le Rouge et le Noir, II, I.
Encyclopédie Universelle. 2012.