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reclure

reclure verbe transitif (latin recludere, de claudere, fermer) Littéraire. Isoler du reste des hommes : Les deuils l'avaient reclus à la campagne.

⇒RECLURE, verbe trans.
A. — Vieilli. Renfermer dans une cellule étroite et rigoureuse. Reclure un pénitent, un religieux. Le mur de ce petit logis pour toujours qu'elle s'est fait à douze pas du Saint-Sacrement (...). Pour la reclure désormais, plus besoin de cet œuf de pierre, elle est libre dans le sel, elle est ensevelie dans la lumière! (CLAUDEL, Feuilles Saints, 1925, p. 605).
Empl. pronom. réfl. Se reclure dans une cellule (Ac. 1835-1935).
B. — [Usuel à l'inf. et au part. passé] Isoler du monde, du reste des hommes. Il est reclus dans sa chambre, dans sa maison (Ac.). Il convoque un certain jour tous les aliénés qui ne sont point reclus (PINEL, Alién. ment., 1801, p. 77). Ce qu'elle nommait isolement naguère comportait de multiples rapports avec l'extérieur. Aujourd'hui elle est bien recluse, murée en elle-même, indifférente à tout, étrangère partout (CHARDONNE, Chant Bienh., 1927, p. 60).
REM. ,(Reclusoir, Réclusoir) subst. masc., arch. ,,Petite cellule que l'on aménageait auprès de certaines églises, au Moyen Âge, et dans laquelle s'enfermaient des femmes renonçant au monde`` (NOËL 1968). Les réclusoirs transformés en chapelles ou débarras, sont reconnaissables à leur fenestrelle gothique tournée vers l'autel (MARROU, Connaiss. hist., 1954, p. 76). P. anal. Retraite. Quand quelquefois tout s'agite et bruit en la maison, et que j'entends cela du calme de ma chambrette, le contraste me fait délices; dans mon haut reclusoir, je sens quelque chose des stylites sur leur colonne (E. DE GUÉRIN, Journal, 1840, p. 334).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694-1740: reclurre; dep. 1762: reclure. Conjug. uniquement à l'inf. et au part. passé reclus (Ac. dep. 1835). Étymol. et Hist. 1. 2e moit. Xe s. verbe trans. « renfermer dans une clôture étroite et rigoureuse, dans une cellule, dans un couvent, où l'on n'a aucune communication avec le reste des hommes » (St Léger, éd. J. Linskill, 178); 2. 1664, 24 janv. se reclure monastiquement « se retirer du monde » (JEAN CHAPELAIN, Lettres, éd. Tamizey de Larroque, t. 2, p. 347); 3. 1690 « s'isoler du monde » (FUR.). Du lat. recludere « ouvrir; ouvrir la porte » qui a pris en b. lat. le sens de « enfermer »: le préf. marquant l'action de tirer la porte en arrière pour la fermer (v. ERN.-MEILLET, p. 126).

reclure [ʀəklyʀ] v. tr. et pron.
ÉTYM. Xe; du lat. recludere « ouvrir » en lat. class., et « fermer » en lat. impérial; peu usité à l'actif. → Reclus, ci-après.
1 Renfermer dans une clôture étroite et rigoureuse. Isoler. || Reclure un moine. || « Se reclure dans une cellule » (Académie).
0 (…) de la même manière que les prétendus miracles n'ont déchaîné les fous que pour libérer les non-fous et reclure plus étroitement les insensés, de même on n'a défini la folie comme telle que pour la mieux recouvrir et la mieux ignorer.
Michel Serres, Hermès I, la Communication, p. 184.
2 Fig. Isoler du monde.(1664). || Se reclure.
DÉR. Reclus, réclusion.

Encyclopédie Universelle. 2012.