MERCANTILISME
À la fois politique économique et corps d’idées théoriques, celui-ci alimentant celle-là, le mercantilisme, phénomène typiquement européen, caractérise une époque: centré sur le XVIIe siècle, il s’annonçait déjà au XVe pour se préciser au XVIe avant de s’effacer au XVIIIe, et couvre donc la période de la Renaissance à la révolution industrielle.
Il constitua une réponse, dans le domaine de l’économie, aux problèmes que posa, aux sociétés jusque-là dominées par les valeurs dites médiévales, l’apparition de grands phénomènes historiques générateurs de vastes transformations: Renaissance et Réforme dans l’ordre culturel, découverte de l’Amérique, colonisation, afflux de métaux précieux, dans l’ordre économique, formation de l’État national dans l’ordre politico-institutionnel, à quoi s’ajoutèrent bientôt les effets de progrès économiques importants, le jeu des forces capitalistes naissantes, les luttes et conflits entre États-nations.
Dans ce contexte, les sociétés durent se poser maintes questions nouvelles sur la richesse, les possibilités de l’accroître, les fins de l’activité économique, les moyens de la stimuler, le rôle de l’État, le comportement de la nation face aux autres nations, et de se déterminer concrètement à l’égard de ces problèmes.
Par l’attitude mercantiliste, elles y répondirent en donnant la primauté à quelques idées-forces: rôle essentiel de la richesse matérielle, nationalisme économique, interventionnisme étatique, protectionnisme, nécessité de contrôler et de stimuler les activités économiques.
Nombre de penseurs et de gouvernants s’employèrent à analyser et à appliquer ces idées. Puis, au XVIIIe siècle, libéralisme et capitalisme imposèrent d’autres réponses à ces problèmes qui, dans l’intervalle, avaient d’ailleurs changé du fait même de l’action mercantiliste.
Les bases du système
Un ensemble doctrinal disparate
Les idées mercantiles furent exprimées par de nombreux auteurs; ainsi en France: J. Bodin, B. de Laffemas, A. de Montchrestien, Richelieu et Colbert dont mémoires et instructions contiennent certaines vues théoriques, Vauban et, dans une certaine mesure, J. Law, P. de Boisguilbert, R. Cantillon, Forbonnais; en Angleterre: T. Mun, J. Child, D. North, C. Davenant, D. Hume, W. Petty; en Espagne: L. Ortiz; en Italie: G. Botero et A. Genovesi; en Autriche: von Horneck; en Allemagne: J. J. Becher; en Russie: Natchokine, Krijanitch et Possochkov.
Mais on ne rencontre nulle part une doctrine cohérente et complète, de même qu’il n’y eut pas d’école mercantiliste: au long des siècles, dans les divers pays, de nombreux auteurs exprimèrent des idées mercantilistes, mais aucun ne bâtit une théorie; on s’en tenait à des analyses partielles et à des points de vue particuliers, parfois même contradictoires.
C’est dire qu’il exista des tendances relativement convergentes et un ensemble d’idées apparentées plus qu’une vraie doctrine; comme elles partent d’une vision commune des grands problèmes économiques et reposent sur des principes communs, on peut parler cependant d’une pensée mercantiliste.
Au reste, les idées évoluèrent: impressionnés par les effets de l’afflux des métaux américains, les auteurs du XVIe siècle furent bullionistes et monétaristes, s’intéressant surtout aux phénomènes monétaires, à la circulation de l’or et de l’argent et à l’exportation des espèces. Mais, dès la fin du XVIIe siècle, bien des auteurs étaient sensibles aux idées libérales, du moins à la liberté du commerce, difficile à concilier avec les principes mercantilistes classiques. C’est donc surtout de la fin du XVIe à celle du XVIIe siècle que se rencontrent ceux-ci.
Quelques idées fondamentales
Deux idées servent de fondement à la théorie mercantiliste: l’essentiel, pour un État, c’est la richesse matérielle, principalement ces métaux précieux qui se répandaient alors en Europe, idée nouvelle qui orientera l’Occident vers les aspirations matérialistes; le cadre effectif de la vie économique est la nation elle-même. Le reste en découle logiquement.
Pour acquérir l’or et l’argent, il faut les attirer dans le pays; or seul le commerce extérieur le peut: il suffit de limiter les importations et d’accroître les exportations, de façon à avoir un solde positif (théorie anglaise de la balance du commerce), qui signifiera paiement en espèces de la différence par les pays étrangers, et donc entrée de métaux.
Cependant, une telle opération n’est possible que si les activités nationales sont assez développées pour satisfaire les besoins intérieurs et laisser un surplus à exporter: d’où la nécessité de stimuler les activités économiques, de les protéger, d’en créer de nouvelles et de lever les obstacles qui les gênent. Ainsi, disait Colbert: «Il faut rétablir ou créer toutes les industries, même de luxe; établir le système protecteur dans les douanes; organiser les producteurs et les commerçants en corporations; alléger les entraves fiscales nuisibles à la population; restituer à la France le transport maritime de ses produits; développer les colonies et les attacher commercialement à la France [...]; développer la marine militaire pour protéger la marine marchande.»
Une telle action multiforme, en une époque où les individus disposaient de moyens faibles et de peu d’expérience, n’était en réalité possible que de la part de l’État, dont peu de gens doutaient alors qu’il fût responsable de toute la vie nationale et pleinement habilité à entreprendre toutes les actions nécessaires.
Le mercantilisme postule finalement le dynamisme économique, la volonté d’expansion extérieure et de concurrence internationale à partir de solides bases nationales, l’aspiration à la croissance, et débouche sur l’interventionnisme de l’État, la subordination à celui-ci d’une économie vouée à la tâche d’accroître la richesse et la puissance du prince, mais aussi l’utilisation de la force de l’État pour servir et protéger l’économie, en attendant que, ainsi développée, celle-ci, sous sa forme capitaliste, impose au XIXe siècle son contrôle et ses valeurs à l’État et à la société elle-même.
Restait à traduire ces principes dans la réalité par des mesures adaptées et efficaces: ce fut le rôle du mercantilisme comme politique économique.
L’application du système: la politique économique
En fait, ces mesures elles-mêmes furent assez empiriques et dispersées: souvent dictées par les circonstances, par des besoins momentanés ou des nécessités extra-mercantilistes, elles se combinaient avec celles qui étaient prises sous la pression d’intérêts ou de conceptions traditionnels. Au reste, elles évoluèrent selon les époques et les besoins et varièrent selon les pays.
Si les Pays-Bas, tôt orientés vers le libéralisme, échappèrent au mercantilisme, si d’autres États le pratiquèrent sous des formes simplifiées, il prit ses aspects classiques surtout en Angleterre et en France où, dès le XVe siècle, et même avant, des mesures mercantilistes avant la lettre avaient été prises: aide à la navigation ou aux marchands exportateurs, création de foires, limitation d’importations de luxe, implantation de l’industrie de la soie.
Les formes classiques
Pays où l’absolutisme ne put s’imposer, où les tendances libérales et le dynamisme privé furent tôt à l’œuvre, où l’essor de l’industrie fut précoce et où les problèmes étaient alors ceux du commerce extérieur, de la navigation et de la colonisation, l’Angleterre s’orienta vers un mercantilisme dit commercialiste. Les tendances en furent: la protection de l’agriculture et de l’industrie (aide à l’exportation des grains et limitation de leur importation, octroi de monopoles et de privilèges, prohibition de l’exportation des laines, droits sur l’entrée des tissus étrangers), l’appui à la colonisation, l’aide aux grandes compagnies commerciales, le développement de la marine par les actes de navigation de 1651 et de 1660, qui donnaient un monopole aux navires anglais sur le commerce extérieur et furent à l’origine de la puissance maritime anglaise.
En France, les mesures furent longtemps limitées et ponctuelles; c’est avec Colbert qu’elles prirent une forme plus systématique et suivie, s’orientant surtout dans trois directions qui justifient en partie le qualitatif d’«industrialiste» souvent donné à cette politique.
Le retard industriel exigeait, certes, un effort si l’on voulait accroître les exportations, et l’on y pourvut par les mesures classiques: aide à la création d’entreprises par des subventions, des prêts, des privilèges, des commandes de l’État, des monopoles de vente; formation du système des «manufactures»; création directe par l’État d’entreprises (arsenaux, Manufacture nationale des Gobelins, etc.). Un autre aspect de cette aide consista dans une politique douanière qui imposait l’entrée des produits étrangers et la sortie des matières premières, allégeait les droits sur l’entrée de celles-ci et sur l’exportation des produits français et favorisait le commerce de réexportation. Enfin, le système comportait l’aide traditionnelle à la colonisation, à la marine (ports, construction navale) et au commerce extérieur (création de compagnies commerciales, monopoles).
Les formes simples
D’autres pays s’en tinrent à des politiques plus élémentaires.
L’Espagne et le Portugal qui recevaient l’or et l’argent de leurs colonies cherchaient surtout à les conserver: d’où les mesures «bullionistes» consistant à interdire la sortie de ces métaux, à surévaluer les monnaies étrangères pour les attirer dans le pays, à obliger les importateurs étrangers à repartir des ports ibériques en emportant des marchandises et non des espèces, à obliger les exportateurs espagnols à rapatrier leurs créances; ces mesures étaient si peu efficaces que l’Europe se demandait comment ces deux pays pouvaient se contenter d’une monnaie de billon et accepter une situation économique si précaire.
Les multiples petits États italiens et allemands, n’ayant ni économie «nationale» ni administration solide, se limitaient à des mesures fragmentaires, tandis que la Suède aidait sa marine et, par les tarifs douaniers et des privilèges, ses manufactures et son commerce.
Enfin, au moment où le mercantilisme reculait en Occident, la Prusse de Frédéric II et la Russie de Pierre le Grand et de Catherine II s’y essayaient: pays attardés, ils y voyaient le moyen de se «moderniser». Les mesures furent au niveau de la situation: en dehors de la création et de la protection de manufactures, de l’amélioration des transports, elles concernèrent surtout l’agriculture (drainage, défrichements, etc.) afin d’accroître les exportations agricoles.
Ainsi, sous des formes variées, le mercantilisme avait fait le tour de l’Europe.
Signification historique
Le mercantilisme a-t-il simplement répondu aux besoins d’une époque? N’a-t-il pas eu des effets plus vastes et plus durables?
Il a certainement contribué, en liaison avec d’autres facteurs, aux grands progrès économiques: expansion commerciale et bancaire, activités minières, industrielles, coloniales, etc., bien qu’il soit difficile de préciser la part exacte qu’il y prit. Mais son action à très long terme semble plus importante encore, étant donné la place historique de la période et le contexte dans lesquels il a fonctionné.
Action sur la pensée économique
Il n’est pas exagéré de voir, dans la pensée mercantiliste, le premier effort pour analyser de façon précise les phénomènes économiques, jusque-là étudiés isolément et de façon peu technique.
Sans parvenir encore à démonter tous les mécanismes économiques ni à dresser un tableau général du fonctionnement de l’économie, elle a su déceler les grandes fonctions (production et circulation des richesses), les liaisons entre phénomènes (rôle de la monnaie, du commerce extérieur, de la politique douanière) et concevoir l’économie comme formée d’un ensemble de facteurs se combinant entre eux pour constituer un tout scientifiquement analysable.
Par là, de même qu’en isolant l’étude économique de la morale et de la religion et en posant que l’économie obéit à des lois précises, elle a fait un pas décisif vers la création de la science économique: ce n’est pas un hasard si celle-ci apparaîtra, dès la fin de l’ère mercantiliste, avec les physiocrates et les libéraux.
Action sur l’évolution économique
Plus profond encore fut son double rôle dans l’évolution économique.
Étape essentielle dans le passage d’unités locales dispersées à des économies nationales unifiées, ou plutôt moyen utilisé par les nations en formation pour fonder des économies à leur dimension, le mercantilisme a contribué à créer la structure restée, depuis, le cadre essentiel de la vie économique.
Surtout, les progrès auxquels il a concouru, loin d’être de simples croissances traditionnelles, ont finalement débouché aux XVIIIe et XIXe siècles sur l’industrialisation et le développement. En cela, le mercantilisme fut l’un des moyens qui préparèrent l’évolution menant au dépassement de l’économie traditionnelle et à l’entrée dans le développement; au moment où il s’effaça, il avait ainsi permis de mettre en place le processus qui a, depuis, bouleversé le monde.
Comment concilier cependant le rôle d’un tel système qui reposait sur l’intervention de l’État, le nationalisme économique et le protectionnisme, avec celui que jouait, dans le même sens et dans le même temps, le capitalisme naissant à partir de principes opposés: liberté économique, initiative privée, division internationale du travail?
En fait, il n’y a pas contradiction, les deux (mercantilisme et capitalisme) s’étant combinés pour jouer des rôles distincts mais complémentaires: tandis que les forces capitalistes réalisaient les progrès économiques concrets, le mercantilisme se chargeait de l’action de base (organiser, animer, protéger les activités, fournir un cadre juridique et une infrastructure matérielle à celles-ci) que ces forces ne pouvaient encore assumer elles-mêmes. Il créait ainsi les bases sur lesquelles les forces capitalistes s’appuyaient pour agir et se développer. Cette mission historique une fois accomplie, il put s’effacer laissant tout naturellement au libéralisme et au capitalisme maintenant renforcés le relais pour continuer l’évolution engagée.
Permanence des idées mercantilistes?
Est-ce à dire que les idées mercantilistes ont cessé d’inspirer les hommes et les nations?
Sans doute le désir d’enrichir le pays, de maintenir sa balance excédentaire, de stimuler les activités économiques et de protéger leur croissance contre la concurrence étrangère est-il demeuré une préoccupation permanente et actuelle, surtout dans des périodes difficiles comme celle de la crise de 1929; en ce sens, tous les pays modernes sont peu ou prou néo-mercantilistes. Mais n’est-ce pas simplement parce que le mercantilisme faisait lui-même appel à des tendances profondes et à des aspirations universelles?
Sans doute peut-on songer également à appliquer encore non seulement ses principes mais ses méthodes et ses recettes, tant aux pays industrialisés soucieux de poursuivre la croissance de leur économie nationale dans un contexte de compétition internationale qu’aux pays sous-développés anxieux de s’engager dans le développement, de stimuler leur croissance, de la protéger contre la domination de plus puissants, de lutter contre leur endettement et la dégradation des termes de l’échange, de rendre positive une balance dont dépend la possibilité d’obtenir les devises, d’importer des équipements et d’investir.
Mais le contexte mondial, les techniques d’action économique et les problèmes ont trop évolué, notamment depuis un siècle, pour que l’on puisse aujourd’hui se limiter aux moyens conçus par le mercantilisme pour les besoins d’un autre temps et d’une situation historique différente.
C’est plus par les services qu’il a rendus dans le passé, en contribuant à inventer la science économique et à promouvoir le développement, que par son utilité actuelle et son intérêt permanent que le mercantilisme a sa place dans l’histoire de la pensée et de l’économie.
mercantilisme [ mɛrkɑ̃tilism ] n. m.
• 1811; de mercantile
1 ♦ Littér. et péj. Esprit mercantile.
2 ♦ (1874) Hist. écon. Doctrine des économistes des XVIe et XVIIe s. fondant la richesse des États sur l'accumulation des réserves en or et en argent.
● mercantilisme nom masculin Littéraire. État d'esprit mercantile. Doctrine économique, élaborée au XVIe et au XVIIe s. à la suite des découvertes, en Amérique, de mines d'or et d'argent, selon laquelle les métaux précieux constituent la richesse essentielle des États.
mercantilisme
n. m.
d1./d ECON Doctrine économique prônée surtout aux XVIe et XVIIe s., fondée sur le principe de la supériorité du commerce extérieur comme moyen pour l'état d'accumuler des richesses sous la forme de métaux précieux.
d2./d Péjor. Esprit mercantile.
⇒MERCANTILISME, subst. masc.
A. — HIST., ÉCON. POL. ,,Ensemble des doctrines systématisant les politiques économiques adoptées par les États européens aux XVIe et XVIIe siècles`` (PHÉL. 1975). Jusque là [au XVIIIe s.] la pensée économique a été orientée par le mercantilisme, c'est-à-dire par une doctrine selon laquelle la prospérité des nations repose sur la possession des métaux précieux (VEDEL, Dr. constit., 1949, p. 29):
• 1. Le mercantilisme postule (...) le dynamisme économique, la volonté d'expansion extérieure et de concurrence internationale à partir de solides bases nationales, l'aspiration à la croissance, et débouche sur l'interventionnisme de l'État.
Encyclop. univ. t. 10 1971, p. 803.
B. — Péjoratif
1. Âpreté au gain dans l'exercie du commerce, tendance à rechercher un gain ou un avantage matériel dans toute activité. Mercantilisme littéraire. Dans ces temps de mercantilisme où tant d'Esaüs vendraient la poésie pour un plat de lentilles! (VERLAINE, Œuvres posth., t. 2, Baudel., 1865, p. 22). En avons-nous assez vu!... La gabegie politique, les abus d'autorité, le mercantilisme partout! (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p.465):
• 2. ... d'ailleurs, «il avait toujours eu un fonds de religion», et (avec l'alliage de mercantilisme et d'ingénuité qui lui était naturel), pour faire son salut et sa fortune, il s'était mis dans le commerce des objets religieux.
FLAUB., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 246.
2. Caractère mercantile de quelqu'un, de quelque chose. Le mercantilisme incomparable de la dévotion à saint Antoine (BLOY, Journal, 1902, p. 139).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1811 «âpreté au gain» (PRINCE DE LIGNE, Fragments de l'hist. de ma vie, t. 2, p. 270 ds QUEM. DDL t. 15). Dér. de mercantile; suff. -isme. Fréq. abs. littér.:16.
DÉR. Mercantiliste, adj. et subst. a) Caractéristique du mercantilisme (v. ce mot A). Politique, système mercantiliste. Le protectionnisme [est] justifié depuis la fin du XVIe siècle par la doctrine mercantiliste (LESOURD, GÉRARD, Hist. écon., 1966, p. 365). C'est surtout Colbert qui a précisé et institutionnalisé les idées mercantilistes (LESOURD, GÉRARD, Hist. écon., 1968, p. 154). b)(Celui, celle) qui est partisan du mercantilisme (v. ce mot A), qui le pratique. Les mercantilistes savaient aussi bien que nous que l'or et l'argent ne sont pas la richesse, mais l'instrument tout-puissant des échanges (PROUDHON, Syst. contrad. écon., t. 2, 1846, p. 22). L'état mercantiliste lance des injonctions et tente de réaliser autoritairement un projet qui n'est pas encore servi par une analyse rationnelle et de bons outils statistiques (Univers écon. et soc., 1960, p. 4-4). — []. — 1re attest. 1846 (PROUDHON, loc. cit.); de mercantilisme par substitution de suff. (-iste).
BBG. — BALDENSPERGER (F.). Notes lexicol. R. Philol. fr.et Litt. 1927, t. 39, p. 61. — DUB. Pol. 1962, p. 342 (s.v. mercantiliste).
mercantilisme [mɛʀkɑ̃tilism] n. m.
ÉTYM. 1811; de mercantile.
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1 Hist. écon. Doctrine des économistes des XVIe et XVIIe siècles qui avaient « pour préoccupation essentielle de trouver les moyens par lesquels un État peut se procurer de l'or et de l'argent, qu'ils (considéraient) comme les premières richesses » (Raymond Barre, in Romeuf, Dict. des sc. écon.). || Mercantilisme français, sous Colbert, tendant à développer la production nationale pour l'enrichissement du pays. || Le mercantilisme, origine du capitalisme.
0 Le mercantilisme (…) doctrine (…) pragmatique surtout, orientée vers la conquête de la richesse, peu préoccupée de science ni de morale, — étroitement nationaliste dans ses aspirations, réaliste dans ses méthodes, — à la fois ascétique et cupide, avouant la poursuite du gain et s'en glorifiant, en même temps qu'elle recommandera l'épargne, la simplicité, la restriction de la consommation. Le type français du milieu mercantiliste, ce sera l'industriel huguenot du temps de Colbert (…)
René Gonnard, Hist. des doctrines économiques, II, II, p. 68.
2 Littér. et péj. Cupidité, âpreté au gain dans l'exercice du commerce.
♦ Par ext. Tendance à ne considérer en toute chose que le gain. || Mercantilisme d'un directeur de théâtre qui monte des pièces médiocres, mais assurées d'un succès facile.
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DÉR. Mercantiliste.
Encyclopédie Universelle. 2012.