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pionne

pion, pionne nom (de pion) Familier. Surveillant(e) ; maître(esse) d'internat. Populaire. Supérieur hiérarchique tatillon et autoritaire.

⇒PION2, PIONNE, subst.
I.Subst. masc., vx
A. —Fantassin; domestique à pied en Inde. Deux chameaux, et leurs conducteurs, pour porter ses provisions et ses bagages; deux pions, ou coureurs, pour l'annoncer (BERN. DE ST-P., Chaum. ind., 1791, p.74).
B.Péj. Homme sans feu ni lieu, individu sans ressources, pauvre hère. (Dict. XIXe et XXes.). Synon. clochard, miséreux, vagabond.
II.Substantif
A.Arg. scol. ou fam. Surveillant(e) dans un établissement scolaire. Synon. maître d'étude (vieilli), maître1/maîtresse/surveillant(e) d'internat, surveillant(e) d'externat. Pion de collège, de lycée; se faire pion, chahuter le pion, la pionne. Sénécal (...) se promenait les mains derrière le dos, comme un pion dans une salle d'études (FLAUB., Éduc. sent., t.1, 1869, p.252). Elle levait les yeux pour apercevoir, par-dessus le haut mur de la cour, la fenêtre de sa chambre de pionne, à Sainte-Mechtilde (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p.394):
♦ Les surveillantes ne réussissaient pas à nous faire tenir tranquilles. Nous passions les heures de battement (...) dans (...) «la salle d'étude des cours». Nous bavardions, nous ricanions, nous provoquions la pionne chargée d'y faire régner l'ordre...
BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p.124.
Empl. adj. Air pion. Mme Daudet (...) se plaignait, ce soir, du côté correcteur, du côté pion de Ganderax et des sots points d'interrogation dont il avait semé ses épreuves (GONCOURT, Journal, 1894, p.539).
B.Au masc. uniquement, péj. Personne à l'attitude pédante, dogmatique, à l'esprit étroit et lourd. L'auditoire qui garnissait les bancs était composé de vieux rapins, de pions, d'hommes de lettres inédits (FLAUB., Éduc. sent., t.2, 1869, p.128). Laissons aux pions les critiques de textes, aux esthètes les critiques de formes (ARTAUD, Théâtre et son double, 1938, p.90).
Empl. adj. Il a l'air charmant, (...) exquis, délicieux, pas pion pour un sou (PROUST, Sodome, 1922, p.902).
REM. 1. Pion(n)esque, (Pionesque, Pionnesque)adj., rare, péj. Propre, relatif à un pion (supra II A); semblable à un pion (v. -esque A 1). Je suis ici professeur de littérature, histoire, géographie et anglais (...). Régime excellent. Chambre à part. Nulle surveillance «pionnesque» (VERLAINE, Let., 14 nov. 1878, in A. SÉCHÉ et J. BERTAUT, Paul Verlaine, p.115 ds QUEM. DDL t.21). 2. Pionnerie, subst. fém., hapax. [Corresp. à supra II B] Il était écoeuré par ce qui paraît le plus respectable à la masse, la pionnerie: lourdeur d'esprit, vulgarité de la morale, aucune délicatesse dans le sentiment, suffisance et étroitesse (BARRÈS, in Mercure de France, n° 80, p.369, août 1896, ds QUEM. DDL t.21). 3. Pion(n)icat, (Pionicat, Pionnicat)subst. masc., arg. scol., fam. Travail, emploi de pion. Ni ton père ni le mien n'ont réussi à nous éviter ce hideux pionnicat (BENOIT ds Lar. Lang. fr.). Il pouvait disparaître, tomber à la cloche ou au pionicat (A. CAYATTE, Les Marchands d'ombre, 1938, p.237 ds ROB. 1985).
Prononc. et Orth.:[], fém. []. Homon. et homogr. pion1, 3. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. Ca 1180 peon «fantassin» (Girart de Roussillon, éd. W. M. Hackett, 8179); 3e quart du XVes. pyon (WAVRIN, Anc. chron. d'Angleterre, I, 207 ds GDF.); 1477-79 pion (G. LESEUR, Histoire de Gaston IV, éd. H. Courteault, t.1, p.5); 2. 1505 pehon «pauvre hère» (GRINGORE, Folles entreprises ds OEuvres, éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, t.1, p.56); 3. arg. scol. a) 1833 «surveillant» (BAUDELAIRE, Corresp., Lettre du 25 mars ds QUEM. DDL t.7); b) 1878 fém. «sous-maîtresse d'un pensionnat de demoiselles» (RIGAUD, Dict. jargon paris., p.265). Du b. lat. pedo, pedonis «qui a de grands pieds» qui a pris en lat. médiév. le sens de «piéton, fantassin» (v. BLAISE Latin. Med. Aev.). Pedo, -onis qui est déjà att. comme surnom en lat. class. (v. OLD, s.v. Pedo3), est issu du lat. pes, pedis, v. pied.
STAT.Pion1 et 2. Fréq. abs. littér.:250. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 74, b) 452; XXes.: a) 706, b) 331.

pionne [pjɔn] n. f.
ÉTYM. 1878; fém. de 1. pion.
Argot scol. Surveillante dans un établissement d'enseignement.
HOM. Pione.

Encyclopédie Universelle. 2012.