LOMBARDIE
Située au centre de la grande vallée du Pô, la Lombardie est comprise entre la chaîne des Alpes lépontiennes, celle des Alpes rhétiques et le cours moyen du Pô, entre le Tessin et le Mincio (lac de Garde). Elle porte un nom qui a, historiquement, une origine très lointaine et qui, dans le passé, se rapportait traditionnellement à une région beaucoup plus vaste de l’Italie. En effet, à l’époque de la domination lombarde (VIIIe siècle après J.-C.), le mot «Longobardie» (contracté par la suite en Lombardie) servait à désigner de vastes territoires, situés pour la plupart dans la partie septentrionale de la péninsule italique et qui, précisément, étaient occupés par les Longobards. Déjà à l’époque carolingienne (IXe-Xe siècle) commence à se dessiner la physionomie de cette région dans sa configuration actuelle. Mais le mot «lombard» s’appliquera encore longtemps à la presque totalité de l’Italie septentrionale et à une partie de l’Italie centrale.
Les événements historiques et politiques qui ont eu pour théâtre la région géographique de l’actuelle Lombardie se présentent de façon assez complexe et variable pour la raison suivante: la Lombardie est située au centre d’un carrefour européen de grande importance politique et économique qui a pour axe Milan. Aussi les événements qui s’y sont déroulés n’ont-ils pas une réelle unité qui les rattache tous à la région lombarde. Celle-ci ne commence à avoir une vie propre, en tant que région, qu’après la seconde guerre d’indépendance, en 1859, lorsqu’elle est considérée comme faisant partie du royaume d’Italie.
Pendant de nombreux siècles, l’histoire de la Lombardie reste avant tout l’histoire de villes et de territoires parfois en lutte les uns contre les autres, parfois séparés par des frontières d’État, comme ce fut le cas pour Bergame et Brescia (république de Venise), et pour Mantoue (duché de Gonzague). Cet état de fait joua un grand rôle, surtout en ce qui concerne l’histoire de l’art: l’art lombard présente, en effet, un éventail assez varié, caractérisé cependant par un élément typique, commun à tout l’art figuratif de la vallée du Pô, et qui est la sensibilité à la nature.
Lombardie romaine
La Lombardie romaine connut une longue période de prospérité et de paix, lorsqu’elle cessa d’être une province et devint partie intégrante de l’Empire romain, sous le règne d’Auguste (49 av. J.-C.). L’assimilation de la civilisation, de la culture et de l’art romain marqua le destin artistique de la Lombardie et fit d’elle le berceau du passage de l’art romain tardif aux formes médiévales «romanes». Grâce à la richesse de ses monuments et au prestige de sa cour impériale, Milan était devenue, vers la fin du IVe siècle, l’émule de Rome. Par l’édit de 313 après Jésus-Christ, Constantin avait reconnu le christianisme comme religion d’État. On vit alors se construire les basiliques paléo-chrétiennes (San Lorenzo, San Simpliciano, San Nazaro, San Giovanni in Conca) et se développer une école de mosaïstes à qui l’on doit les mosaïques de San Lorenzo et de Sant’Ambrogio. Les caractères distinctifs de cet art figuratif né dans la celsa urbs , chantée par le poète Ausone, sont la vivacité de l’expression et l’accent réaliste. En revanche, les sculptures qui sont sorties des ateliers locaux (le sarcophage de la basilique ambrosienne, la capsela de San Nazaro, le diptyque en ivoire de Stilicone) ont quelque chose du raffinement hellénistique dont le goût s’est imposé à la Lombardie à la suite de ses rapports avec l’Orient chrétien. Mais, parmi les grands vestiges romains en Lombardie, il ne faut pas oublier le capitole (découvert en 1955), le forum et la basilique de Brescia, où l’on conserve la fameuse statue de la Victoire ailée qui est une œuvre de l’art romain le plus accompli.
Pendant les siècles suivants, la position géographique de la Lombardie fit qu’elle participa à histoire des peuples européens, et les dominations étrangères y importèrent des formes d’art exotiques. Cependant, les Lombards furent les principaux artisans de ces œuvres qu’ils façonnèrent avec l’orgueil de leurs traditions, de leurs techniques et de leur métier.
Il faut rechercher la raison profonde d’une telle vitalité, qui subsista même pendant les périodes de décadence et assura la continuation de la tradition classique romaine. Les expressions artistiques de la période proprement lombarde (VIIIe et IXe siècles), comme certaines pièces d’orfèvrerie du fabuleux trésor de la cathédrale de Monza datant de la reine Théodolinde, sont autant de témoignages de la rencontre entre l’art romain tardif et l’art barbare. Mais à cet art barbare et à son caractère fondamentalement abstrait s’opposa toujours, même en Lombardie, la tradition de la mesure classique. Dans ce développement historique, les églises ambrosiennes et les communautés religieuses (San Pietro in Ciel d’Oro à Pavie, Santa Giulia à Brescia, San Colombano à Bobbio) ont joué un rôle déterminant. Tout en entretenant la foi des « barbares » néophytes, les moines furent les gardiens de la culture et de la tradition classiques. C’est peut-être dans l’ambiance de ces communautés monastiques qu’a été conçu le fameux cycle des fresques de Santa Maria foris portas à Castelseprio (Varèse), qui fut découvert en 1944. Il s’agit là d’une œuvre de haute qualité, sans autre exemple en Occident, qui révèle une surprenante renaissance de la culture hellénistique de l’Orient chrétien. Les savants lui ont attribué une date incertaine, située vers le huitième ou le début du neuvième siècle.
La renaissance carolingienne
L’époque de la domination carolingienne (IXe-Xe siècle) est marquée par l’œuvre du sculpteur Volvinio, auteur du fameux autel d’or de Sant’Ambrogio. La clarté de son style plastique se détache entièrement du goût décoratif qui était propre à l’orfèvrerie lombarde et aux compositions sacrées des Byzantins. Cette œuvre est véritablement un des grands points de repère dans l’évolution vers l’art roman de la sculpture médiévale en Occident. Les admirables reliefs du ciboire de Sant’Ambrogio représentent un parfait exemple de la production artistique pendant la période ottonienne (Xe-XIIe siècle) ainsi que les fresques de San Vincenzo di Galliano, aux environs de Côme, réalisées vers 1007 à la demande d’Aribert, évêque de Milan, qui sont l’œuvre d’une école locale. Toutes ces œuvres annoncent dans la vivacité expressive qui les caractérise la naissance d’un langage figuratif «vernaculaire» et l’avènement de cet art nouveau qui s’affirmera de façon décisive pendant l’ère communale (XIe-XIIe siècle).
C’est alors que vont se construire, dans les cités lombardes, les grandes cathédrales romanes: Sant’Ambrogio, à Milan, est le monument clef, l’exemple le plus typique. Mais San Michele de Pavie, Sant’Abbondio et San Fedele de Côme présentent des caractères originaux en ce qui concerne les décors sculptés.
Avec le déclin des libertés communales, dont les cathédrales et les broletti , hôtels de ville dans les communes lombardes, avaient été les témoignages les plus significatifs, de nouvelles forces sociales animent l’activité artistique. Parmi ces forces, il y a plus que jamais l’ambition des nouveaux seigneurs. En 1335, Azzone Visconti appelle à Milan des artistes de renom: Giotto (dont les fresques sont malheureusement perdues), et aussi le sculpteur pisan Balduccio dont il suffit de rappeler le monument en marbre dédié à Saint Pierre martyr dans l’église de Sant’Eustorgio.
Fresques et sculptures sont deux genres artistiques qui resteront longtemps les plus recherchés et les plus adaptés au goût des commanditaires lombards. Et tandis que la présence de Balduccio adoucissait le rude langage des maîtres campionesi , l’arrivée de Giotto et d’autres peintres toscans rendait possible l’art du plus grand des peintres du XIVe siècle lombard: Giovanni da Milano qui émigra très vite en Toscane et laissa les traces de son génie à Santa Croce de Florence.
«Ouvraige de Lombardie»
En raison de ces antécédents, on observe, pendant la seconde moitié du XIVe siècle, en Lombardie, sous le règne des Visconti, une extraordinaire floraison de peintures murales et de miniatures anonymes. C’est là la source d’une tradition artistique qui sera longtemps caractéristique de l’esprit lombard.
Dans les fresques de Mocchirolo (aujourd’hui à Brescia), de Vertemate, de Solaro, de Lentate, de Viboldone et plus encore dans une nombreuse et admirable série de miniatures, se définit un style très original. Il fut appelé en France «ouvraige de Lombardie». La miniature lombarde était alors le modèle de tous les arts. Le naturalisme, qui, depuis les débuts de l’âge romain, avait caractérisé l’art de la vallée du Pô, prenait dans la miniature la forme d’une observation aiguë, mais bienveillante de la réalité quotidienne. On en retrouve l’expression dans les livres d’heures comme dans les romans de chevalerie, dans le Tacuinum sanitatis comme dans les «histoires» sacrées des fresques. Giovannino de’Grassi, spécialement connu pour son Recueil de dessins de la bibliothèque de Bergame, est un artiste aux talents multiples qui résume, à la fin du XIVe siècle, cette tradition figurative lombarde.
Entre-temps, on avait mis en chantier cette grande entreprise que fut la cathédrale de Milan (1386) et la chartreuse de Pavie (1396). Les ambitions politiques, dont on trouve aussi le témoignage dans les mariages princiers, et le mécénat raffiné de Gian Galeazzo Visconti firent de Milan l’émule de Paris et de Dijon. Le chantier de la fabrique de Milan devint un point de rencontre pour des artistes français, allemands, bourguignons et il permit des échanges artistiques au niveau européen. Ces échanges favorisèrent l’entrée en Lombardie du gothique que l’on dit international. L’art lombard trouva en Michelino da Besozzo un artiste capable de concilier sa sensibilité naturelle au vrai avec l’ornementation fleurie du gothique tardif et avec le goût subtil de la couleur des miniaturistes.
Il ne faut pas oublier, parmi les témoignages les plus représentatifs de l’art de cour en Lombardie, le cycle de fresques réalisé par les Zvatattari à la cathédrale de Monza qui représente l’histoire de Théodolinde et le cycle des «jeux» qui avaient lieu au palais Borromée, à Milan. Avec Francesco Sforza (1450), on assiste à un renouveau culturel et artistique à l’exemple des autres cours italiennes, de Florence à Urbino, de Ferrare à Naples. On fait venir en Lombardie des artistes toscans. Filarete et Michelozzo importent à Milan le style de la «renaissance» florentine. Léon Battista Alberti laisse à Mantoue, dans l’église San Sebastiano et aussi dans l’église Sant’Andrea, quelques-uns des exemples fondamentaux de l’architecture italienne du XVe siècle.
La Renaissance
Dans cette même ville de Mantoue, les Gonzague se séparent du miniaturiste «gothique» Belbello et le remplacent par Gerolamo de Crémone (1462), élève de Mantegna. Cependant, Brescia, avec l’œuvre du jeune Vincenzo Foppa, et Crémone, avec Benedetto Bembo, s’ouvrent elles aussi à la culture de la Renaissance.
Mais en Lombardie, que ce soit en raison des échanges commerciaux ou en raison d’un goût naturel pour les œuvres de l’art nordique, on demeure en rapport avec les Flandres: Pierre de Bruges est à la cour des Sforza. Zanetto Bugatto, peintre de cette même cour, est invité à Bruxelles et participe au travail de l’atelier des Van der Weyden. Ainsi, l’apparition des deux grands artistes que furent Bramante et Léonard de Vinci prélude à un changement radical et, en même temps, à une crise de l’art lombard. Il suffit de penser aux réactions de peintres comme Foppa et comme Bergognone qui surent se maintenir fidèles, envers et contre tout, à un univers poétique «naturel» nourri d’une sensibilité particulière à la couleur et à la lumière où se laisse pressentir l’art de Caravage. Bramante laissa à Milan les marques de son génie, à Santa Maria presso San Satiro et dans l’abside de Santa Maria delle Grazie, à la cathédrale de Pavie et au château de Vigevano. Léonard de Vinci, sans parler de son extraordinaire activité scientifique, a laissé en terre lombarde des chefs-d’œuvre comme La Vierge aux rochers (Louvre) et La Dernière Cène (réfectoire de Santa Maria delle Grazie). Mais il désorienta aussi ceux qui tentèrent d’imiter, de façon superficielle, et sans le comprendre, le charme inimitable de son langage. Bramantino ne fut pas parmi ces imitateurs. Sa haute figure solitaire brille dans le firmament de l’art lombard du début du XVIe siècle, au moment où la fortune des Sforza se trouve ruinée par l’arrivée des Français. Ce ne fut pas non plus le cas de Bernardino Luini, bien qu’il doive beaucoup à Léonard de Vinci. Mais il fut capable de créer une forme d’art originale et il sera l’un des peintres les plus représentatifs de l’art lombard.
À Mantoue, l’hégémonie artistique de Mantegna faisait place, toujours à l’ombre de la cour des Gonzague, à celle de Jules Romain. Cet artiste fut un merveilleux interprète du classicisme romain et de la tradition de Raphaël. Par lui, cette tradition se répandra en Lombardie et en Vénétie sans oublier la ville voisine de Crémone. C’est là que prit forme un éclectisme très particulier qui fut une interprétation naturaliste de la culture romaine et qui marque des personnalités aussi variées que celles de Camillo Boccaccino, de Guilio, d’Antonio et de Vincenzo Campi. Vers le milieu du XVIe siècle, ce qui advint à Brescia, qui appartenait alors à la république de Venise, ne fut pas moins important. C’est là que travaillèrent trois maîtres de la peinture: Moretto, Savoldo et Romanino. Pendant ce temps, un grand peintre travailla à Bergame: Gian Battista Moroni qui fut comme portraitiste un rival de Titien.
À Milan, la présence du cardinal Borromée (1560-1584), le futur saint Charles, provoqua un renouveau exceptionnel dans tous les domaines de l’art sacré. Le cardinal fit venir avant tout Pellegrino Tibaldi, mais il faut ajouter à ce nom ceux des artistes déjà cités, les Campi et les Provaccini venus d’Émilie. La capitale ambrosienne redevint un centre artistique actif bien que limité à une sorte d’éclectisme provincial C’est pourtant dans ce climat que se forma le génie précoce de Michelangelo da Caravagio.
Caravage
Personne n’ignore la portée révolutionnaire, en Europe, du caravagisme. Avec Caravage, l’art lombard a atteint l’un des points culminants de son développement. Le caravagisme est un phénomène «lombard», non seulement parce que Caravage est né quelque part entre Bergame et Crémone, mais surtout parce qu’il a cultivé son sens du «réalisme» en regardant la peinture d’autres artistes lombards, comme Foppa et Bergognone, et en faisant appel aux souvenirs qu’il gardait des peintres de Brescia et de Crémone, sans oublier Lotto et les Vénitiens.
Il est bien connu que Caravage n’a légué aucune de ses œuvres à sa terre natale qu’il quitta très vite. Mais les traces qu’il a laissées de son aventure révolutionnaire sont de toute façon très peu nombreuses. Cependant, l’école de peinture de grande notoriété, qui s’affirma à Milan dans les premières années du XVIIe siècle, prit une orientation tout à fait différente. Cette école se développa dans un climat éthique, politique et esthétique très particulier, qui résulta en partie de la domination espagnole, et plus encore, des changements qu’imposèrent les deux archevêques Borromée, saint Charles d’abord, puis le cardinal Frédéric.
L’architecture de la période baroque resta plutôt fidèle aux modèles les plus sobres du XVIe siècle. Quant à la sculpture, elle ne dépassa jamais le niveau d’un bon artisanat. Une fois encore, les œuvres les plus intéressantes viennent de la peinture et des artistes provinciaux. En province, en effet, les artistes se sentirent peut-être plus libres à l’égard des règles académiques ou autres. Ils restèrent également fidèles à l’inspiration réaliste toujours vivante qui connut alors un regain d’intérêt. C’est particulièrement vrai dans le portrait ; celui-ci se dépouilla des éléments de décor et se libéra de la sujétion à l’art de cour que lui avait imposé la Renaissance. C’est le cas du portraitiste Giuseppe Ghislandi (Fra Galgario), né à Bergame. Il a laissé une galerie de personnages de tout niveau social qui constitue un document impitoyable et lucide sur la société de son temps. À ses côtés, il faut placer Giacomo Ceruti de Brescia, le peintre des pauvres, de l’humanité malheureuse, qu’il représenta avec autant de solennité et de vérité que dans les toiles de la peinture traditionnelle, qu’elle soit sacrée ou profane. L’un et l’autre font partie des grands peintres naturalistes du XVIIIe siècle européen. Non moins remarquables sont les natures mortes originales, comportant des instruments de musique, qui sont l’œuvre d’un prêtre de Bergame, Evaristo Baschenis.
Cependant, l’exemple des grands artistes voyageurs va rompre ce cercle provincial un peu fermé; Giambattista Tiepolo notamment laissa, entre 1739 et 1743, des œuvres remarquables dans les palais princiers de Milan, de Bergame et de la région de Brescia. Ces œuvres ont servi de modèle à une génération entière de décorateurs.
Le néo-classicisme
Pour trouver dans l’art lombard un accent vraiment nouveau et qui soit comparable à celui de la littérature scientifique et économique du XVIIIe siècle, il faut attendre cependant les premières manifestations du néo-classicisme et les œuvres de jeunesse d’Andrea Appiani. Ce renouveau profond eut lieu en Lombardie et particulièrement à Milan sous le signe de l’art néo-classique. Il a pu se développer grâce à un brillant climat culturel et au sage gouvernement de Marie-Thérèse et de Joseph II d’Autriche, qui fondèrent entre autres l’académie des Beaux-Arts de Brera (1776). Il a également trouvé des circonstances favorables à son développement sous l’autorité de Napoléon, quand celui-ci institua la royauté en Italie. C’est ainsi que Milan, la capitale, qui s’était très tôt ouverte au mouvement européen des Lumières, et qui, de plus, fut favorisée par des circonstances historiques particulières, finit par devenir un des centres les plus vivants et les plus ouverts aux spéculations de l’art néo-classique, surpassant Rome elle-même qui était pourtant la dépositaire de la théorie. Milan influença d’ailleurs de nombreux autres centres en Lombardie. Des architectes, comme Piermarini, Cantoni, Cagnola, Pollak, Vantini, construisirent non seulement de remarquables monuments, mais furent aussi les artisans d’un renouveau de l’urbanisme qui a donné leur physionomie moderne à de nombreuses cités lombardes ou à certains de leurs quartiers: de Milan à Côme, de Bergame à Brescia, des collines de la Brianza aux rives des lacs alpins qui sont entourés de palais.
Après la mort, en 1817, d’Appiani qui avait été le «premier peintre» du royaume d’Italie, ce fut Francesco Hayez qui prit sa place et qui devint le chef d’école de l’art romantique en Italie. Mais cette forme banale de la peinture d’histoire est de peu d’intérêt. À cette époque, l’art lombard trouve ses plus prestigieux et ses plus valables représentants en Giovanni Carnevali, dit le Piccio, dans les maîtres de la Scapigliatura (parmi lesquels on peut au moins citer D. Ranzoni) et dans le sculpteur Medardo Rosso, qui travailla à Paris avec Rodin et les peintres impressionnistes.
Le XXe siècle
À la fin du XIXe siècle, le « divisionnisme », auquel se trouve attaché le nom de Giovanni Segantini, fait la liaison avec le XXe siècle. En effet, de ce mouvement et de ses expériences, qu’on peut comparer avec celles du «pointillisme», sont sortis les protagonistes de l’art contemporain. U. Boccioni, tout d’abord, qui s’installe à Milan en 1909 et devient, avec F. T. Marinetti, l’animateur passionné du futurisme, un des mouvements de l’art contemporain qui ont largement dépassé leurs limites régionales et nationales. C’est à Milan, entre 1910 et 1912, que furent lancés les manifestes de la peinture et de la sculpture futuristes.
Après cela, il devient beaucoup plus difficile de continuer à distinguer un art proprement lombard, car les manifestations artistiques du XXe siècle n’ont aucun sens dans les limites étroites d’une région. Il suffit donc de remarquer que Milan, la capitale de la Lombardie, continue de manifester la même ouverture d’esprit que précédemment. Elle a toujours accueilli et favorisé les courants et les œuvres d’avant-garde depuis la peinture métaphysique jusqu’à l’abstraction et au mouvement du Corrente né, en 1938, d’une exigence de liberté non seulement artistique mais morale et d’un besoin de se lier étroitement à la culture européenne et internationale.
Lombardie
région admin. d'Italie et rég. de la C.E., au N. du pays, sur le versant S. des Alpes et la plaine du Pô, formée des prov. de Bergame, Brescia, Côme, Crémone, Mantoue, Milan, Pavie, Sondrio et Varèse; 23 856 km²; 8 886 400 hab.; cap. Milan. Région la plus riche d'Italie, la Lombardie est l'un des ensembles écon. les plus puissants de la C.é.E.
Encyclopédie Universelle. 2012.