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LAI
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Il s’agit originellement d’un genre poétique et musical, dérivant de chansons en latin vulgaire, mais surtout exploité par les harpeurs bretons, le texte étant alors soutenu par une mélodie syllabique. Dès le XIIe siècle, le genre se dédouble. D’un côté il connaît une évolution narrative à partir de Marie de France, qui assemble et rime les chants bretons pour en faire de brefs récits romanesques. Le lai narratif compte de cent à mille octosyllabes à rimes plates. Il se distingue par sa matière mythique, féerique ou folklorique évoquant l’atmosphère arthurienne, mais aussi par la facture élégante et par les sentiments courtois qu’il prête à ses personnages. Ce maniérisme est imité par d’autres lais, souvent restés anonymes, où l’élément mythique semble perdre sa fonction première d’opposition entre deux mondes dans la logique de l’aventure merveilleuse, pour ne plus fournir à la fin qu’un ornement secondaire. On peut ainsi distinguer des lais féeriques dont l’action, se déroulant dans un cadre breton, fait intervenir encore un personnage surnaturel, une fée (Graelent , Guingamor , Désiré ), ou un chevalier venu d’un autre monde (Tydorel , Tyolet , Espine ); mais le thème breton n’est plus qu’un décor dans le lai didactique (Trot ) ou burlesque (Le Lecheor ). Par imitation, Jean Renart, un grand auteur du XIIIe siècle, donne à son Lai de l’ombre ce caractère courtois et poétique qui distingue le lai du dit ou du fabliau. Les romans en prose, de Tristan à Perceforest , gardent le souvenir de lais plus fidèles à leur forme première, et ils en présentent le texte en octosyllabes accompagnés d’une mélodie typique. D’autre part le lai lyrique proprement dit, que pratiquent les troubadours, continue son évolution jusqu’au XVe siècle. La structure musicale en est définie par le développement d’un double cursus et la reprise de la mélodie (responsion ), soit d’une manière progressive, soit à la fin qui répond à la première strophe. Chaque strophe intermédiaire peut alors avoir une forme différente mais toujours définie par le partage en deux ou quatre parties semblables. Au XIVe siècle, on prend l’habitude de composer des lais de douze strophes, grandes machines poétiques qui se signalent par la recherche de rythmes et de rimes variés. Prenant pour base la première strophe de lais que les Arts de seconde rhétorique donnent en modèle, les rimeurs de la fin du Moyen Âge composent de courts poèmes qu’ils appellent aussi lais. Enfin, l’alternance de vers courts et longs a paru caractéristique d’un style qu’on a dit layé.

1. lai, laie [ lɛ ] adj.
XIIe; lat. ecclés. laicus, gr. laikos, de laos « peuple »
Vx Laïque.
Mod. Frère lai : frère servant. ⇒ convers.
⊗ HOM. Laid, laie, lais, lait, laye, lei (2. leu), lez. lai 2. lai [ lɛ ] n. m.
XIIe; p.-ê. du celt.; cf. l'irland. laid « chant des oiseaux, chanson, pièce de vers »
Littér. Poème narratif ou lyrique, au Moyen Âge. « Le Lai du rossignol », de Marie de France.

lai nom masculin (celt. laid) Nom de deux genres poétiques du Moyen Âge, l'un narratif, l'autre lyrique, venus sur le continent par le truchement de jongleurs bretons. ● lai (citations) nom masculin (celt. laid) Guillaume Apollinaire de Kostrowitzky, dit Guillaume Apollinaire Rome 1880-Paris 1918 Moi qui sais des lais pour les reines Les complaintes de mes années Des hymnes d'esclave aux murènes La romance du mal-aimé Et des chansons pour les sirènes. Alcools, la Chanson du Mal-Aimé Gallimardlai (homonymes) nom masculin (celt. laid) lai adjectif laid adjectif laie nom féminin lais nom masculin pluriel lait nom masculin laye nom féminin nom masculin legs nom masculin lei nom masculin pluriel les article défini lès préposition lez prépositionlai, laie adjectif (latin ecclésiastique laicus, du grec laikos, du peuple) Frère lai, sœur laie, religieux non prêtre, religieuse non admise aux vœux solennels et qui assuraient des services matériels dans les couvents. ● lai, laie (expressions) adjectif (latin ecclésiastique laicus, du grec laikos, du peuple) Frère lai, sœur laie, religieux non prêtre, religieuse non admise aux vœux solennels et qui assuraient des services matériels dans les couvents. ● lai, laie (homonymes) adjectif (latin ecclésiastique laicus, du grec laikos, du peuple) lai nom masculin laid adjectif laid nom masculin laie nom féminin lais nom masculin pluriel lait nom masculin laye nom féminin nom masculin legs nom masculin lei nom masculin pluriel les article défini lès préposition lez prépositionlai, laie (synonymes) adjectif (latin ecclésiastique laicus, du grec laikos, du peuple) Frère lai, sœur laie
Synonymes :
- convers

lai, laie
adj. RELIG CATHOL Frère lai, soeur laie: frère convers, soeur converse.
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lai
n. m. LITTER Petit poème médiéval en vers octosyllabiques. Les lais de Marie de France (XIIe s.).

I.
⇒LAI1, LAIE, adj.
Vx. Synon. de laïque. Emploi subst. Les clercs et les lais (Ac.).
DR. ANC. Cour laie. Tribunal séculier. Traduire un ecclésiastique en cour laie (Ac. 1798-1878). Avocat lai. Maître Jean Rabateau était avocat général lai; les causes criminelles lui appartenaient tandis que les causes civiles allaient à l'avocat général clerc (FRANCE, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 221).
RELIG. CATH. [Dans un couvent] Frère lai, sœur laie. Synon. de frère convers, sœur converse. Les prêtres égyptiens remplissaient les clepsydres (...) dès que leur dernière goutte s'était écoulée. Il en fut de même pour les diverses clepsydres plus perfectionnées : dans les couvents, jusque bien avant dans le Moyen Âge, un frère lai ou un moine était chargé de ce service (BASSERMANN-JORDAN, Montres, horl. et pend., 1964, p. 163).
Prononc. et Orth. : []. Ac. 1694, 1718 lay, e, ensuite lai, e. Étymol. et Hist. Ca 1150 « illettré » (WACE, St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 9 : Li un sunt lai, li un lectré); ca 1170 « qui n'appartient pas au clergé » (Rois, 83, éd. E. R. Curtius, p. 43). Du lat. eccl. laicus « commun, qui est du peuple » et « qui n'est pas clerc », gr. (de « peuple ») « qui concerne le peuple, du peuple » et « laïque (opposé à v. clerc) ». Fréq. abs. littér. : 15.
II.
⇒LAI2, subst. masc.
HIST. LITT. (Moyen Âge)
A. — Lai (narratif). Conte relativement court en octosyllabes et souvent marqué par le merveilleux. Les lais de Marie de France. Vous rappelez-vous le lai du chevalier de Graëlent? (DRUON, Louve Fr., 1959, p. 190) :
Les lais narratifs sont des poèmes abrégés, en octosyllabes suivis, à rimes plates, prenant pour sujet une aventure merveilleuse, qui se rattache en général aux légendes arthuriennes ou au cycle de la Table Ronde. On les disait en s'accompagnant de la harpe ou de la rote.
MORIER 1961.
B. — Forme poétique et musicale de longueur variable, en strophes plus ou moins complexes, en usage surtout aux XIVe et XVe siècles. Les lais de Guillaume de Machaut, de Christine de Pisan. Moi qui sais des lais pour les reines Les complaintes de mes années (APOLL., Alcools, 1913, p. 50). Les lais purement lyriques parviennent à leur perfection technique au cours des XIIIe et XIVe s. Ce sont alors des poèmes d'un nombre de vers variables, dépassant rarement 300, partagés en principe en 12 strophes hétérométriques (Mus. 1976).
P. métaph. Lorsque le soir élevait une vapeur bleuâtre au carrefour des forêts, que les complaintes ou les lais du vent gémissaient dans les mousses flétries, j'entrais en pleine possession des sympathies de ma nature (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 130).
Prononc. et Orth. : []. Ac. 1694, 1718 lay, ensuite lai. Étymol. et Hist. 1. 1155 « poème narratif ou lyrique, de longueur variable (ayant très souvent un accompagnement musical) » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 3699); ca 1170 en partic. avec réf. à une tradition « bretonne » (MARIE DE FRANCE, Lais, éd. J. Rychner; v. p. ex. Guigemar, 20); 2. ca 1350 genre poétique, à forme fixe (GUILLAUME DE MACHAUT, Lay de plour, éd. E. Hoepffner, t. 1, p. 283). L'hyp. communément admise est celle d'un empr. à un mot d'une lang. celtique (peut-être au bret. ) correspondant à l'irl. lôid, plus tard laid « chant des oiseaux, chanson; pièce de vers » attesté dep. ca 800 (Romania t. 8, p. 422), v. FEW t. 20, p. 11. Une nouvelle hyp. a été proposée par R. BAUM (Beiträge zum romanischen Mittelalter, 1977, pp. 17-78) à partir de la constatation que le bret. n'est pas attesté, que l'a. prov. lais au sens de « chant des oiseaux » (ca 1140, MARCABRU) est antérieur à l'a. fr., tandis qu'au sens de « mélodie, poésie chantée avec accompagnement musical » (dep. 1170-1200, Daurel et Beton, v. R. BAUM ds Z. rom. Philol. t. 85, pp. 1-44) les attest. en a. prov. ne font pas réf. à la litt. « bretonne » : lai serait d'orig. lat. et remonterait à (versus) laicus (v. laïc) où laicus serait devenu subst. autonome pour désigner une forme d'expr. pop. (à côté de genres musicaux d'inspiration religieuse, créés par les clercs); cette hyp. a encore besoin d'être étayée et d'autre part la forme a. prov. lais fait difficulté. Fréq. abs. littér. : 23.

1. lai, laie [lɛ] adj. et n. m.
ÉTYM. V. 1155, « ignorant, illettré »; sens actuel, v. 1190; bas lat. ecclés. laicus « qui est du peuple, qui n'est pas clerc », du grec laikos « du peuple », de laos « peuple ».
A Adj.
1 Vx. Laïque.
1 (…) il n'y avait point de condamnation de dépens en cour laie.
Montesquieu, l'Esprit des lois, XXVIII, XXXV.
2 Mod. (relig.). || Moine, frère lai : frère servant. Convers. || Sœur laie (vieilli).
2 — Nous le jurons, dirent encore à genoux les deux sœurs jeunes laies en fondant en larmes, parce qu'elles n'étaient pas animées par une résolution aussi forte que celle de la supérieure.
A. de Vigny, Cinq-Mars, IV.
3 La perfection de l'homme simple et paisible est sans doute celle du frère lai, qui passe des champs à la chapelle, de la bêche au psautier, et qui, pour son délassement, incline devant Dieu des épaules que, le reste du temps, le labour courbe vers la terre.
André Suarès, Trois hommes, « Pascal », I.
B N. m. Vx. Laïque (1.). || Les clercs et les lais.
HOM. 2. Lai, laid, 1., 2., 3. et 4. laie, lais, lait, legs, lez (et les, lès).
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2. lai [lɛ] n. m.
ÉTYM. Mil. XIIe, Marie de France, p.-ê. du celtique. Cf. l'irlandais laid « chant des oiseaux, chanson, pièce de vers ». On a proposé aussi l'anc. provençal lais « chant des oiseaux », du lat. (versus) laïcus, désignant une forme d'expr. pop., par oppos. aux genres musicaux religieux inspirés par les clercs.
Hist., littér. Poème narratif ou lyrique, au moyen âge. || Lai en octosyllabes. || Le Lai du chèvrefeuille (→ Beau, cit. 26), le Lai du rossignol, de Marie de France. || Origine du lai (→ Composition, cit. 6).REM. Il ne faut pas confondre le lai d'origine celtique avec les lais (legs) du Petit Testament de Villon. → Lais.
0 Les lais français se présentent comme de courts romans de cent à mille vers, rimés avec soin, retraçant de tendres et soupirantes histoires d'amour. Une vingtaine d'entre eux nous sont parvenus, sur lesquels une douzaine peuvent être attribués avec certitude à Marie de France (…) On peut regretter qu'une telle veine, après elle, se soit presque aussitôt tarie.
R. Jasinski, Hist. de la littérature franç., t. I, p. 35.
COMP. Virelai.
HOM. V. 1. Lai.

Encyclopédie Universelle. 2012.