INSOMNIE
INSOMNIE
Signifiant «manque de sommeil», le terme d’insomnie désigne tout trouble restrictif de la durée et de la profondeur du sommeil. «Bien que témoignant habituellement d’une affection bénigne, il est peu de troubles qui entraînent plus de gêne et de souffrance pour ceux qui en sont atteints» (Adams).
Les causes de l’insomnie sont tellement variées qu’un examen médical approfondi s’impose dans chaque cas particulier. Lorsque le trouble du sommeil est accidentel (algies passagères, maladies infectieuses fébriles, neuropathies aiguës, abus des excitants, café ou thé), le retour à la normale se produit spontanément avec la guérison de la cause de l’insomnie. L’hypertension est souvent responsable de la chronicité du trouble, mais, plus souvent encore, il s’agit de perturbations psychiques, anxiété ou dépression, liées au surmenage (sur un terrain névrotique fréquemment). Le traitement peut être étiologique, mais bien plus souvent symptomatique, faisant appel aux médications hypnotiques (barbituriques, antihistaminiques) ou anxiolytiques (benzodiazépines) avec des succès variables; l’abus de ces médicaments, surtout en cas d’automédication, est dangereux car certains induisent une dépendance chimique.
Une stricte hygiène de vie, créant des habitudes régulières, dans laquelle l’activité physique, la relaxation sont pratiquées avec persévérance, la maîtrise corporelle, gestuelle ou respiratoire, l’assistance psychothérapique permettant un rééquilibre de l’activité mentale, telles sont les conditions nécessaires au traitement correct des insomnies psychogènes qui ne peuvent que s’enraciner lorsque la médication hypnotique est seule utilisée.
insomnie [ ɛ̃sɔmni ] n. f.
• 1555; lat. insomnia, de somnus → sommeil
♦ Difficulté à s'endormir ou à dormir suffisamment. Insomnie causée par l'inquiétude, la nervosité. Heures, nuits d'insomnie. ⇒ veille. Remède contre l'insomnie. ⇒ somnifère. « Un peu d'insomnie n'est pas inutile pour apprécier le sommeil » (Proust). — Plus cour. Une, des insomnies : moment pendant lequel une personne ne trouve pas le sommeil. Avoir de fréquentes, de longues insomnies.
● insomnie nom féminin (latin insomnia, de somnus, sommeil) Insuffisance ou absence de sommeil.
insomnie
n. f. Trouble du sommeil (impossibilité de s'endormir, réveil nocturne). Insomnie due à l'anxiété, à l'abus des excitants.
⇒INSOMNIE, subst. fém.
A. — Privation involontaire de sommeil provoquée par un état pathologique ou des troubles psychologiques. Insomnie nerveuse, périodique, fiévreuse; combattre l'insomnie; être atteint d'insomnie. J'ai été constamment dans un état maladif. Accès de fièvre catarrhale, sueurs, toux, insomnie, abattement et défaut d'excitabilité sensitive; idées lentes, conception difficile (MAINE DE BIRAN, Journal, 1817, p. 17) :
• 1. ... je me suis donné ma parole de ne plus me piquer, et j'ai cassé net. Je ne suis pas l'homme des demi-mesures, vous savez... Je me suis rendu compte qu'en diminuant la dose, je n'arriverais pas... Seulement, j'ai les symptômes classiques de l'abstinence subite : de l'insomnie, des fourmillements, du froid, une hyperesthésie extraordinaire.
BOURGET, Sens mort, 1915, p. 98.
— Part. passé ou adj. + d'insomnie, par l'insomnie. [En parlant d'atteinte physique provoquée par l'insomnie] Thérèse, la cadette, bouffie d'insomnie et de larmes, ses cheveux blancs ébourriffés, les coudes sur les genoux, les poings dans les joues, affaissée, hébétée et douce, regardait sa mère (FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 332). Crispé par l'insomnie, le docteur imaginait entendre, aux limites du silence, le sifflement doux et régulier qui l'avait accompagné pendant toute l'épidémie (CAMUS, Peste, 1947, p. 1452) :
• 2. Je cherchai des yeux, en rencontrant l'étrangère sur l'escalier, quelques lignes imperceptibles de souffrance aux coins de ses lèvres un peu pâlies, et autour de ses beaux yeux bleus souvent battus par les insomnies. Je m'y intéressai pour ses charmes, je m'y intéressai davantage pour cette ombre de mort à travers laquelle je croyais la voir comme un fantôme de la nuit plutôt que comme une réalité.
LAMART., Raphaël, 1849, p. 148.
— P. ext. Privation volontaire de sommeil. Synon. veille. Il a passé, pour réussir cette fête de la Toussaint, une nuit d'insomnie (HUYSMANS, Oblat, t. 1, 1903, p. 120).
— P. anal. et p. métaph. Supplice intolérable à la longue, torture vengeresse, sorte d'insomnie cérébrale qui le tenait éveillé, stupide et réfléchissant malgré lui, sous le tic-tac d'horloge de l'idée fixe (ZOLA, Bête hum., 1890, p. 243). Je pense souvent aux gens qui ont passé des années dans les cages de fer des prisons, au moyen âge, et je me fais un peu idée de leurs souffrances parce que je sais ce que c'est qu'une insomnie... Oui, la prison, ce doit être bien cela : une insomnie qui dure (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 479).
B. — P. méton. Phase de veille involontaire qui précède, interrompt ou suit le sommeil. Être sujet à des insomnies. Une nuit cruelle d'agitations et d'insomnies. — Éveillé fatigué, brisé et l'esprit noir (BARB. D'AUREV., Memor. 1, 1838, p. 198). Cette nuit, pendant une insomnie, j'ai eu ce qu'on pourrait appeler un coup d'œil sur le néant des choses, et je pense que c'est une grâce, mais elle fait peur (GREEN, Journal, 1944, p. 91).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. [1555 ds BL.-W.1-5] 1611 « privation de sommeil » (ANDRÉ DU CHESNE, Controverses magiques, 640 ds DELB. Notes mss). Empr. au lat. insomnia de même sens. On trouve plus anciennement le subst. insompnité « id. » (1495 [éd.] ds GDF.). Fréq. abs. littér. : 704. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 637, b) 857; XXe s. : a) 1 201, b) 1 267.
insomnie [ɛ̃sɔmni] n. f.
ÉTYM. 1555; lat. insomnia, de insomnis « qui ne dort pas », de in- (→ 1. In-) et somnus. → Sommeil.
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1 Absence, privation anormale de sommeil. ⇒ Agrypnie (vx). || L'insomnie de qqn. || Souffrir d'insomnie (⇒ Insomniaque). || Insomnie causée par l'inquiétude, la nervosité, la fatigue, une mauvaise digestion, une infection, la neurasthénie, l'hypocondrie (→ Décider, cit. 32; hanter, cit. 15). || Heures, nuits d'insomnie. ⇒ Veille (→ Courbaturer, cit. 1; évoquer, cit. 18; harmonique, cit. 6). || Malade qui perd le sommeil, se plaint d'insomnie (→ Frigidité, cit. 4). || Chasser l'insomnie (→ Hyacinthe, cit. 2). — Remède contre l'insomnie. ⇒ Somnifère.
1 (…) je n'ai garde de me moquer d'un auteur si célèbre et si docte (Hippocrate…) je suis persuadée qu'en l'ouvrant seulement je me guérirai de mon insomnie.
A. R. Lesage, le Diable boiteux, VIII.
2 (…) ne pouvant trouver le sommeil depuis plusieurs nuits, j'avais voulu essayer si la fatigue me le rendrait; et mes regards expliquaient assez (…) la cause de mon insomnie.
Laclos, les Liaisons dangereuses, XLIV.
3 Un peu d'insomnie n'est pas inutile pour apprécier le sommeil, projeter quelque lumière dans cette nuit.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. IX, p. 70.
4 Les heures d'insomnie, lorsque l'on n'est pas malade, ne sont si redoutées, je crois, que parce que l'imagination est alors trop libre et n'a point d'objets réels à considérer. Un homme se couche à dix heures et, jusqu'à minuit, il saute comme une carpe en invoquant le dieu du sommeil. Le même homme, à la même heure, s'il était au théâtre, oublierait tout à fait sa propre existence.
Alain, Propos, 1909, L'ennui.
2 Plus cour. (Une, des insomnies). Moment pendant lequel une personne ne peut dormir. || Se tourner et se retourner dans son lit au cours d'une insomnie. || Une longue insomnie. || De continuelles insomnies.
5 Ils me préoccupent tellement malgré moi que cela m'empêche de dormir. J'ai des insomnies. Je somnole dans la journée quand je suis à bout de fatigue.
Ionesco, Rhinocéros, p. 185.
♦ Fig. et fam. || Avoir des insomnies à cause de qqch. : être très préoccupé par quelque chose.
♦ Par métaphore. || « La prison, ce doit être bien cela, une insomnie qui dure » (Aragon, les Beaux Quartiers).
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DÉR. Insomniaque, insomnieux.
Encyclopédie Universelle. 2012.