HARLEM
HARLEM
Le quartier new-yorkais de Harlem, au nord de l’île de Manhattan, au-delà de la 110e Rue, constitue depuis la Seconde Guerre mondiale le symbole des «ghettos noirs» des États-Unis. Pourtant, au début du siècle, rien ne différenciait vraiment cet ensemble d’îlots résidentiels, au plan géométrique, alignements d’immeubles de briques rouges à bow -windows , des quartiers voisins. Y habitaient principalement des gens aisés de la société new-yorkaise. Ce quartier de luxe, proche de Central Park, qui constituait à l’époque un havre de verdure et de quiétude, vit arriver, à l’aube du premier conflit mondial, les premiers immigrants appartenant aux classes moyennes: Irlandais, Allemands et Italiens, progressivement chassés du centre de Manhattan par l’amorce du phénomène de city . C’est seulement à partir de 1920 — et surtout avec la Grande Dépression — que Harlem devint progressivement la plus importante et la plus dense agglomération noire des États-Unis. Selon un processus simple, à l’arrivée des premiers Noirs, la population blanche quitte inexorablement le quartier; ce dernier se dégrade insensiblement. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, cependant, Harlem vit ce phénomène de «négrification» (Kenneth Clark) s’accompagner d’un spectaculaire processus d’«intellectualisation», le quartier devenant un centre de culture noire, un foyer d’artistes et d’intellectuels, où naquirent en particulier des courants musicaux qui allaient connaître un rayonnement mondial. Depuis 1945, le quartier a connu une décrépitude, économique, sociale et intellectuelle accélérée. Harlem a ainsi troqué son surnom de «Mecque de la bohème noire» contre une réputation, partiellement justifiée, de quartier le plus malfamé et le plus dangereux de l’agglomération new-yorkaise combinant plusieurs fléaux démographiques et sociaux: grave surpopulation, taux élevés de mortalité, notamment infantile, de criminalité et de délinquance juvénile, habitat délabré, sous-équipement en infrastructures de services et en superstructures (équipement scolaire, aires de jeux).
Mais Harlem n’est plus synonyme aujourd’hui de communauté noire puisque la communauté portoricaine y est majoritaire (Spanish Harlem), renforcée par les populations hispanophones d’Amérique latine. Les Noirs ont essaimé dans d’autres quartiers de Manhattan, dans le Bronx ou à Brooklyn. Les frictions sont très vives entre les différents groupes, contraints de vivre dans des immeubles délabrés ou en ruine, envahis par des squatters. Cependant, au cours des années 1980, des initiatives privées et publiques ont été prises pour enrayer les conséquences sociales de cette situation (construction de logements sociaux, action scolaire, meilleur accès aux soins).
Harlem
quartier de New York (N.-E. de Manhattan), habité presque exclusivement par des Noirs.
Encyclopédie Universelle. 2012.