HAMMAM
ネAMM M
Appelé aussi «bain maure» ou «bain turc», le ムamm m est un bain à étuve. Il permet au croyant musulman de faire l’ablution majeure et cela explique qu’il ait été parfois considéré comme une «annexe de la mosquée». Pendant plus d’un millénaire, le ムamm m a été, avec la mosquée et le souk, un des éléments constitutifs de la cité islamique. Se rattachant au modèle des thermes antiques et destiné à l’hygiène corporelle, le ムamm m joue un rôle important dans la vie sociale musulmane; selon les jours et les heures, il est réservé aux hommes ou aux femmes lorsqu’il ne comporte pas de structure jumelée. Il existe des bains dans les résidences princières umayyades du désert et dans les citadelles médiévales, des bains publics en ville ou dans les villages, des bains privés dans les demeures patriciennes urbaines. La beauté et le nombre des ムamm m étaient un sujet d’orgueil pour la cité. Le programme architectural du ムamm m comporte les éléments classiques: l’apodyterium est la salle de déshabillage et de repos, communiquant avec des latrines; il est relié par des couloirs en chicane, plus ou moins étroits, à la partie centrale du bain qui comprend trois salles dont la disposition et les dimensions varieront au cours des siècles; le frigidarium est une salle de transition non chauffée dans laquelle on se déshabille en hiver; ce n’est plus, comme dans l’Antiquité, la pièce principale réservée aux exercices physiques; la piscine et la palestre ont disparu. Il y a deux pièces chauffées, l’une tiède, le tepidarium , l’autre chaude, le caldarium , qui sera pourvue d’exèdres utilisées pour les soins donnés au baigneur par le personnel. Les dimensions des deux dernières pièces dénotent une évolution des habitudes. Si la salle de déshabillage est couverte d’une coupole surmontée d’un lanternon et reposant sur un tambour percé de fenêtres, la partie centrale n’a aucun orifice de ventilation: la chaleur est conservée par des murs fort épais sur lesquels reposent des voûtes ou des coupoles incrustées de culs-de-bouteille disposés suivant un motif géométrique et permettant l’éclairage. Le ムamm m comprend aussi, en annexe, une chaufferie et un dépôt de combustible. Le chauffage se fait, jusqu’au XIIe siècle, par un circuit de distribution d’eau chaude dont les ramifications en tuyaux de poterie encastrés sont placées dans le sol (hypocaustes) et dans les murs; ce système sera abandonné ensuite et remplacé par des conduites de cheminée, ce qui amènera à disposer les pièces centrales suivant l’axe du conduit de fumée partant du foyer. Le bain oriental a pour ancêtre, en Syrie, le bain des châteaux umayyades où la salle de repos est devenue une salle de réception; ce bain comporte une enfilade de trois pièces: la première non chauffée, la deuxième tiède et la troisième chaude; celle-ci, véritable étuve, jouxte la chaufferie. Quatre siècles plus tard, les bains urbains ont pour prototype le bain umayyade simplifié. Les plans seront désormais des variations sur la disposition et l’importance de chacun des éléments constitutifs du bain.
M. Écochard et C. Cœur, dans Bains de Damas , ont montré six étapes de l’évolution du ムamm m du XIIe au XXe siècle. Au Caire, à l’époque maml k, les ムamm m s’ordonnent selon un plan central cruciforme rayonnant, comme au ムamm m de Qalawun, ou sont constitués par deux groupes accolés. Dans l’Occident musulman, les édifices se rattachent à des traditions andalouses et umayyades avec une grande simplicité de conception et d’exécution, l’élément caractéristique étant la salle à coupole portée sur des colonnes et entourée de galeries. Le type du bain ottoman du XVIe siècle a deux éléments semblables adossés, l’un pour les hommes, l’autre pour les femmes, comprenant chacun une salle cruciforme dotée de petites pièces dans les angles. Rappelons que le ムamm m a été introduit en Europe au XIIIe siècle à la suite des croisades. Considéré comme un lieu de débauche favorisant de surcroît la propagation des maladies, il sera bientôt interdit par l’Église, comme l’avaient été jadis les thermes romains.
hammam [ 'amam ] n. m.
• 1655; mot arabo-turc « bain chaud »
♦ Établissement de bains (turc, à l'origine) comportant une étuve; bains de vapeur à l'orientale (cf. Bain turc).
hammam
n. m. (Maghreb)
d1./d Source thermale chaude.
— Par ext. établissement, public ou privé, où l'on prend des bains de chaleur ou de vapeur. Il y a un hammam dans toutes les médinas tunisiennes.
d2./d Asile de nuit.
⇒HAMMAM, subst. masc.
Établissement de bains de vapeur, public ou privé, en Orient et, p. ext., dans d'autres pays. La seconde étuve du hammam est moins chaude que la salle à manger de mon camarade (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Père Mongilet, 1885, p. 543). Il se rend à la mosquée. On l'y voit souvent dès l'aube, après qu'il est passé au hammam pour faire ses grandes ablutions (THARAUD, Fez, 1930, p. 99).
Prononc. et Orth. : [a(m)mam] init. asp. [mm] ds BARBEAU-RODHE 1930 et WARN. 1968;
ds Pt ROB. et Lar. Lang. fr. Écrit ds Lar. encyclop. Var. vieillie (Lar. 19e). Étymol. et Hist. 1655 (A. DE WICQUEFORT, Relation du Voyage de Moscovie, Tartarie et de Perse, Trad. de l'All. du Sieur Olearius, p. 272 cité par R. ARVEILLER ds Z. rom. Philol. t. 93, p. 312). Empr. à l'ar. « bain chaud, bain public » (FEW t. 19, p. 66a), également passé en turc. Fréq. abs. littér. : 11. Bbg. ARVEILLER (R.) Mots orientaux, notes lexicol. Mél. Dauzat (A.) 1951, p. 26.
hammam ['amam] n. m.
ÉTYM. 1655; hammamât, in P. Larousse, 1873, même sens; arabo-turc hǎmmām « bain chaud ».
➪ tableau Mots français d'origine arabe.
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♦ Établissement de bains (public ou privé) comportant une étuve, dans les pays musulmans; bains de vapeur à l'orientale, dans d'autres pays. → Bain maure, bain turc. || Faire ses ablutions au hammam (dans le contexte de l'islam). || Le hammam d'une mosquée. Bâtiment du hammam. || Hammam à coupoles. || Les hammams de Brousse (Turquie).
0 Trois jours avant le mariage, le jour du dernier bain, on loue le hammam du quartier s'il n'y en a pas dans la maison, et la fiancée s'y rend, escortée par toute la troupe des jeunes filles de sa parenté. Elles se déshabillent ensemble. Et toute cette jeunesse nue serait, je l'imagine un spectacle charmant, s'il n'y avait au milieu d'elles les horribles laveuses, ramollies par la buée, épouvantables à voir !
Jérôme et Jean Tharaud, Fez…, VIII, III.
Encyclopédie Universelle. 2012.