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Babel

Babel nom féminin Tour de Babel ou Babel, lieu où l'on parle un grand nombre de langues différentes ; endroit où règne une grande confusion, où tout le monde parle sans pouvoir s'entendre. ● Babel (expressions) nom féminin Tour de Babel ou Babel, lieu où l'on parle un grand nombre de langues différentes ; endroit où règne une grande confusion, où tout le monde parle sans pouvoir s'entendre.

Babel
nom hébreu de Babylone.
Tour de Babel: dans la Bible, tour que les descendants de Noé prétendaient élever pour atteindre le ciel; Dieu fit échouer l'entreprise en introduisant la diversité des langues; par ext., lieu où règne la confusion.
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Babel
(Isaac Emmanouilovitch) (1894 - 1941) écrivain soviétique: Cavalerie rouge (1926), Contes d'Odessa (1928), Maria (1935). Staline le fit exécuter comme trotskiste.

⇒BABEL, subst. fém.
A.— [P. allus. à la ville qui, selon la Genèse, fut fondée par les descendants de Noé et à la tour que ces derniers tentèrent en vain d'élever pour atteindre le ciel]
1. Ce qui est démesurément grand :
1. Je vois en moi des tours, des Romes, des Cordoues,
Qui jettent mille feux, muse, quand tu secoues
Sous leurs sombres piliers ton magique flambeau!
Ce sont des Alhambras, de hautes cathédrales,
Des Babels, dans la nue enfonçant leurs spirales,
De noirs Escurials, mystérieux séjour,
Des villes d'autrefois, peintes et dentelées,
Où chantent jour et nuit mille cloches ailées,
Joyeuses d'habiter dans des clochers à jour!
HUGO, Les Feuilles d'automne, À mes amis, 1831, p. 767.
P. métaph. :
2. Chaque auteur bénit son destin, de l'avoir fait naître dans le beau siècle des Diderot et des d'Alembert, dans ce siècle où toute la sagesse humaine étoit rangée par ordre alphabétique dans l'Encyclopédie, cette Babel des sciences et de la raison.
CHATEAUBRIAND, Génie du Christianisme, t. 1, 1803, p. 7.
3. ... ces programmes iniques que l'orgueil démocratique et le patriotisme bourgeois élevèrent comme les Babels de la cuistrerie.
A. FRANCE, Le Jardin d'Épicure, 1895, p. 197.
2. Ce qui est vain, inutile :
4. Mais plus tard j'ai voulu formuler ma croyance,
Et, pour rendre ton verbe intime plus distinct,
Faire parler pour toi la raison sans l'instinct;
J'ai voulu te prouver après t'avoir sentie.
Que d'ombre emplit alors ma tête appesantie!
Que j'ébauchai pour toi d'impuissantes Babels!
Comme, pour se bâtir, plus haut que leurs autels,
Un port plus sûr, jadis, dans la nuit des carrières,
Les hommes follement ont remué les pierres,
Ainsi j'ai remué dans leur chantier profond
Les lourds matériaux dont les preuves se font.
SULLY-PRUDHOMME, La Justice, Veille 8, 1878, p. 217.
B.— [P. allus. à la confusion des langues qui, après l'effondrement de la tour, régnait parmi les habitants de Babel]
1. Ville où se parlent beaucoup de langues, ville cosmopolite :
5. Paris est devenu une immense tour de Babel, une ville internationale et universelle.
L. HALÉVY, L'Abbé Constantin, 1882, p. 95.
2. Lieu ou assemblée où l'on parle sans se comprendre et où, par conséquent, aucun accord, aucune entente n'est possible :
6. À Guet-n' dar, sur le sable, tapage, confusion de tous les types, babel de toutes les langues du Soudan.
LOTI, Le Roman d'un Spahi, 1881, p. 261.
P. ext. Lieu où règnent la confusion, le désordre, la disparité :
7. Mon berceau s'adossait à la bibliothèque,
Babel sombre, où roman, science, fabliau,
Tout, la cendre latine et la poussière grecque,
Se mêlaient.
BAUDELAIRE, Les Fleurs du Mal, 1857, p. 280.
8. ... le cellier (...) qu'était à vrai dire une franche babel. de choses aussi hétérocliss' qu'encombrantes.
M. STÉPHANE, Ceux du Trimard, 1928.
Au fig. :
9. Arrivera-t-on à une entente entre les divers gouvernements sur les autres questions relatives aux échanges intellectuels? Un premier pas a été fait par la création d'un répertoire, qui paraît sous le titre d'Index translationum; c'est une statistique qui permet de s'orienter dans le chaos ou la Babel des publications contemporaines. Les fascicules paraissent depuis deux ans, par les soins de l'Institut de coopération intellectuelle.
La Civilisation écrite, 1939, p. 3009.
PRONONC. :[].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1555 subst. masc. fig. et péj. « lieu [rempli d'orgueil? p. allus. à la tour de Babel, ou rempli de confusion?] » (VASQUIN PHILIEUL, trad. de Pétrarque, L. III, S. 8 ds HUG. : De ce Babel meschant [Rome], d'où est fuye Toute vergongne), attest. isolée; XVIIe s. tour de Babel (Bossuet ds Trév. 1752 : la confusion des langues arrivée à la tour de Babel vint premiérement de l'orgueil et de la foiblesse des hommes); 1752 (Trév. [...] Parce que la tour de Babel étoit fort haute, et que ceux qui la bâtirent vouloient l'élever jusqu'au ciel; le peuple dit quelquefois d'une chose bien grande, ou bien haute, qu'Elle est grande, ou haute comme la tour de Babel. Cela n'est que du discours familier et populaire); 1762 fig. « confusions d'opinions ou de discours » (Ac.); 1803 subst. fém. employé absolument babel « ouvrage de dimensions disproportionnées et d'intentions discutables, comme l'était la tour de Babel » (CHATEAUBRIAND, Génie du Christianisme, t. 1, p. 7 : l'Encyclopédie, cette Babel des sciences et de la raison).
Nom hébreu de Babylone, fréquemment empl. par les aut. chrét. avec un sens péj. (v. TLL s.v. Babylon, 1653 à 1655, ST JÉRÔME, Quaest. hebr. in gen., 16, 15, ibid., 1653, 20).
STAT. — Fréq. abs. littér. :15.
BBG. — BACH.-DEZ. 1882. — Bible 1912. — DHEILLY 1964. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 354. — MICHEL 1856. — ROG. 1965, p. 115. — Théol. bibl. 1970.

babel [babɛl] n. f.
ÉTYM. XVIIIe; attestation isolée, XVIIe; Babel, n. m., « lieu rempli de confusion », 1555; nom hébreu de Babylone; la Genèse donne comme étymologie « confusion », en réalité le mot signifie « porte du dieu » : Bab-El.
1 (N. propre). || La Tour de Babel : tour construite par les fils de Noé pour tenter d'atteindre le ciel.
1 Ils dirent : « Allons ! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet pénètre les cieux ! Faisons-nous un nom et ne soyons pas dispersés sur toute la terre ! »
Or Yahvé descendit pour voir la ville et la tour que les hommes avaient bâties. Et Yahvé dit : « Voici que tous font un seul peuple et parlent une seule langue, et tel est le début de leurs entreprises ! Maintenant, aucun dessein ne sera irréalisable pour eux. Allons ! Descendons ! Et là, confondons leur langage pour qu'ils ne s'entendent plus les uns les autres. »
Yahvé les dispersa de là sur toute la face de la terre et ils cessèrent de bâtir la ville. Aussi la nomma-t-on Babel, car c'est là que Yahvé confondit le langage de tous les habitants de la terre et c'est de là qu'il les dispersa sur toute la face de la terre.
Bible (Jérusalem), Genèse, XI.
2 La tour de Babel fut un ouvrage d'orgueil : les hommes à leur tour semblèrent vouloir menacer le ciel qui s'était vengé par le déluge et se préparer un asile contre les inondations, dans la hauteur de ce superbe édifice.
Bossuet, Élévation à Dieu…, VII.
Par ext. Ce qui est gigantesque et inutile.
2 Fig. Une tour de Babel, une Babel : lieu où, tout le monde parlant à la fois, personne ne peut s'entendre. Par ext. Assemblée formant une masse bruyante, disparate et confuse. Confusion.
3 Le nom de Babel, qui signifie confusion, demeura à la tour, en témoignage de ce désordre (des langues et des nations)…
Bossuet, Disc. sur l'Hist. universelle, II, 1.
Grande ville où l'on entend parler un grand nombre de langues. || Une babel cosmopolite.
4 Il (Paris) bâtit au siècle où nous sommes,
Une babel pour tous les hommes,
Un panthéon pour tous les dieux (…)
Hugo, les Voix intérieures, IV, 2.
5 Et l'ensemble caractérise bien cette Babel des religions qui est Jérusalem (…)
Loti, Jérusalem, XIII.
N. m. Désordre, confusion (en matière de langage).
6 Des mots, des mots, la mienne ne fut jamais que ça, que pêle-mêle le babel des silences et des mots, la mienne de vie, que je dis finie, ou à venir, ou toujours en cours, selon les mots, selon les heures, pourvu que ça dure encore, de cette étrange façon.
S. Beckett, Textes pour rien, p. 158.
REM. Au sens fig., le mot peut s'écrire avec ou sans majuscule.
DÉR. Babelesque, babélique, babélisme.

Encyclopédie Universelle. 2012.