ventiler [ vɑ̃tile ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1820; venteler « agiter en l'air » 1150; « flotter au vent » 1080; lat. ventilare
I ♦
1 ♦ Produire un courant d'air dans..., sur... ⇒ aérer. Ventiler une cave. — « Un restaurant souterrain mal éclairé, mal ventilé » (Butor).
2 ♦ Méd. Soumettre (qqn) à une ventilation artificielle.
II ♦ (1611; « examiner, plaider une cause » 1265; lat. jurid. ventilare) Fig.
1 ♦ Dr. Évaluer (une ou plusieurs portions) relativement au tout, dans une vente.
♢ Répartir (une somme totale) entre plusieurs comptes. Ventiler les dépenses.
2 ♦ Répartir en plusieurs groupes (des choses, des personnes). Roudax « avait ventilé les élèves de façon radicale, au niveau de la 6e » (Courchay).
● ventiler verbe transitif (latin ventilare, aérer) Faire circuler l'air dans une ambiance, soit en puisant de l'air extérieur ou conditionné, soit en extrayant l'air pollué, ou en combinant les deux actions. Procéder à la ventilation assistée d'un malade. ● ventiler verbe transitif (latin ventilare, discuter) Répartir certaines dépenses ou certains frais entre différents comptes. Répartir des choses ou des personnes, les distribuer par groupes, par ensembles : Ventiler les dossiers. Évaluer la valeur respective de divers biens qui ont été vendus ensemble pour un prix global.
ventiler
v. tr.
d1./d Aérer en produisant un courant d'air; alimenter en air frais.
d2./d Procéder à la ventilation (sens II, 1 et 2) de. Ventiler des crédits.
⇒VENTILER, verbe trans.
A. — 1. [Le suj. désigne un élément naturel, le vent ou un objet, un système créé par l'homme; le compl. d'obj. dir. désigne un lieu] Aérer, rafraîchir; renouveler l'air par différents moyens. [À] l'église de Germigny-des-Prés, (...) les grands arcs du clocher avaient pour but (...) de ventiler les hautes voûtes établies autour du chœur (LENOIR, Archit. monast., 1856, p. 123). Un faible sirocco, silencieux, va d'un bout de la chambre à l'autre. Il ne ventile pas plus la pièce que ne ferait un hibou prisonnier (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p. 38).
— [Sans compl. d'obj. dir.; dans une constr. impers. ou avec le pron. suj. on] On dit d'une manière générale qu'il faut ventiler beaucoup; hé bien! des faits prouvent que dans des salles mal aérées des malades amputés guérissent mieux que dans des salles bien aérées (Cl. BERNARD, Princ. méd. exp., 1878, p. 164). Dans une enceinte fermée (...) l'atmosphère confinée s'altère et peut même devenir irrespirable si on n'a pas pris soin de ventiler (SER, Phys. industr., 1890, p. 648).
— Au passif. [Avec ou sans compl. d'agent] Des couloirs qui ne sont jamais ventilés et où il faut allumer des lampes en plein midi (VIOLLET-LE-DUC, Archit., 1872, p. 50). La conservation des pommes en fruitier ventilé par l'air extérieur est une solution économique (BOULAY, Arboric. et prod. fruit., 1961, p. 107).
2. Part. passé adj.
a) [Corresp. à supra A 1] Salle bien, mal ventilée. Au débarquement, celle-ci [la marchandise] est entreposée dans des hangars climatisés, avant d'être enlevée par camions isothermes ou wagons ventilés (M. BENOIST, PETTIER, Transp. mar., 1961, p. 106).
b) Air ventilé. Air soufflé. L'été ou dans les pays chauds l'aération doit être assurée et il est nécessaire de faire passer l'air ventilé à travers des filtres (L. BENOIST, Musées, 1960, p. 63). Séchoir à air chaud ventilé (THIÉBAUT, Fabric. tissus, 1961, p. 49).
c) [En parlant d'un appareil] Qui a un système de circulation d'air. Étuve ventilée. Les poussiers et les houilles broyés sont utilisés pour l'alimentation automatique des foyers ventilés (CHAMPLY, Nouv. encyclop. prat., t. 2, 1927, p. 264).
3. Littér. [Le suj. désigne le vent] Souffler sur, agiterpar son souffle; faire sentir son souffle, accompagner de son souffle. On est en pleine lumière, ventilé par le vent du Rhône (A. DAUDET, Port-Tarascon, 1890, p. 272). Le vent, un doux vent mou, soufflant de l'endroit où le soleil se lève à celui où il se couche, ventilait la brousse (MARAN, Batouala, 1921, p. 158). [Dans un cont. anal.] Le souffle tiède d'une bouche de calorifère, qui ventile le poil remuant des petits chiens dans leur corbeille (GONCOURT, Journal, 1874, p. 1017). Elle va donnant aux poules, aux oies, pintades, pigeons, canards et dindes quoique toute ventilée d'ailes qui battent autour d'elle (GIONO, Chron., Noé, 1947, p. 133).
— Part. passé adj. Journée ventilée. Dans ces dépressions ventilées du haut plateau (PSICHARI, Voy. centur., 1914, p. 16). Après une course ventilée le long de la mer (MAURIAC, Écrits intimes, Journal homme trente ans, 1948, p. 183).
B. — 1. Vx. Discuter une affaire, agiter une question. Après avoir ventilé quelque temps la chose, on en délibéra en forme (Ac. 1798-1878).
2. DR. Évaluer une ou plusieurs portions d'un tout vendu pour un prix global. On ventile une maison, quand le prix en est à distribuer entre des créanciers privilégiés sur la superficie, et des créanciers hypothécaires ou privilégiés sur le fond (Ac. 1798-1935).
3. a) COMPTAB. Répartir une somme entre différents postes, différentes personnes. Le service de la comptabilité main-d'œuvre enregistre et ventile tous les salaires payés aux ouvriers:main-d'œuvre directe (...) et main-d'œuvre indirecte (BRUNERIE, Industr. alim., 1949, p. 225).
b) Répartir des choses, parfois des personnes, en plusieurs groupes, en les transcrivant éventuellement sur un tableau. Toutes les matières utilisées et consommées seront convenablement affectées et ventilées entre les divers centres de productions (BRUNERIE, op. cit., p. 224).
Prononc. et Orth.:[], (il) ventile [-til]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Fin XIe s. venteler « agiter en l'air » (RASCHI, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, p. 145); ca 1100 id. « flotter au vent » (Roland, éd. J. Bédier, 48); 2. 1530 se ventiler « s'éventer pour se rafraîchir » (PALSGR., p. 459); 3. 1830 « éventer, rafraîchir le corps » (LAMART., Harm., p. 1431); 4. 1842 « renouveler l'air dans un lieu clos » (Ac. Compl.). B. 1. Ca1265 « examiner, discuter, débattre » (BRUNET LATIN, Trésor, éd. F. J. Carmody, I, II, p. 19); 2. 1404 « publier, divulguer » (CHRISTINE DE PISAN, Charles V, éd. S. Solente, t. 2, p. 132); 3. 1611 « évaluer, estimer » (COTGR.); 4. 1904 comptab. « répartir entre plusieurs comptes » (Nouv. Lar. ill.); 5. 1949 « répartir en plusieurs groupes des choses ou des personnes » (BRUNERIE, op. cit., p. 167). Empr. au lat. ventilare « agiter à l'air », « éventer, donner de l'air, de la fraîcheur à », en lat. jur. « discuter, débattre, examiner une question ». Fréq. abs. littér.:23.
DÉR. 1. Ventilement, subst. masc., rare, littér. Souffle d'air, de vent. Après tant de jours de pluie froide, avec, dans cette pluie, des lamentations de vents d'automne, un jour au doux ventilement d'été (GONCOURT, Journal, 1891, p. 94). [Avec un compl. de nom précisant la nature de ce souffle] Sentir sur sa figure le ventilement rafraîchissant de la brise neigeuse (E. DE GONCOURT, Faustin, 1882, p. 121). — []. — 1res attest. a) 1596 ventillement « examen des comptes » (Comptes de Diane de Poitiers, 9, Chevalier ds DELB. Notes mss), attest. isolée, b) 1882 « action de ce qui fait du vent » (E. DE GONCOURT, loc. cit.); de ventiler, suff. -ment1. 2. Ventileuse, subst. fém., apic. Abeille ayant pour rôle de produire de l'air en battant des ailes. [Les] ventileuses qui du battement de leurs ailes aèrent, rafraîchissent ou réchauffent la ruche, et hâtent l'évaporation du miel trop chargé d'eau (MAETERL., Vie abeilles, 1901, p. 29). — []. — 1re attest. 1901 id.; de ventiler, suff. -euse, (v. -eur2).
ventiler [vɑ̃tile] v. tr.
ÉTYM. 1820; se ventiler « s'éventer », 1530; venteler « agiter en l'air », 1150; « flotter au vent », 1080; lat. ventilare, de ventus. → Vent.
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I Produire un courant d'air dans…, sur… ⇒ Aérer, souffler (sur). || Ventiler une pièce par des ouvertures (⇒ Aération), un courant d'air chaud (ventilation naturelle et thermique), un appareil (⇒ Ventilateur), faire que l'air y soit brassé, s'y renouvelle. || Ventiler une galerie de mine, la cale d'un navire. — Techn. || Ventiler un four, un moteur.
1 (…) le souffle tiède d'une bouche de calorifère, qui ventile le poil remuant des petits chiens dans leur corbeille.
Éd. et J. de Goncourt, Journal, 14 nov. 1874, t. V, p. 120.
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II (1265; lat. jurid. ventilare). Fig.
1 Vx. Examiner, discuter une cause (→ Agiter, sens fig. du lat. class. ventilare).
2 (1611). Dr. Évaluer (une ou plusieurs portions) relativement au tout, dans une vente (⇒ Ventilation, II.). — Comptab. Répartir entre plusieurs comptes. || Ventiler les dépenses.
1.1 Roudax, latiniste, avait ventilé les élèves de façon radicale, au niveau de la 6e.
Claude Courchay, la Vie finira bien par commencer, 1972, p. 25.
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ventilé, ée p. p. adj.
♦ || Local bien ventilé.
2 (…) j'ai dû marcher longuement sous la pluie avant d'entrer enfin dans un restaurant souterrain mal éclairé, mal ventilé, bruyant, bondé.
Michel Butor, l'Emploi du temps, p. 248.
♦ Par métaphore (littéraire) :
3 Chaque guitariste, à tour de rôle, module la part du poème qui lui revient, en observant un silence après chaque quatrain, silence ventilé par les guitares.
René Char, les Matinaux, p. 13.
♦ Dépenses ventilées.
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DÉR. (Du sens I) Ventilement, ventileuse.
Encyclopédie Universelle. 2012.