têtard [ tɛtar ] n. m.
• 1690; testard 1611; adj. testard « à grosse tête » ou « têtu » 1303; de tête
1 ♦ Larve de batracien, à grosse tête prolongée par un corps effilé, à respiration branchiale. « la pêche aux têtards qu'on garde dans un aquarium avec l'espoir de les voir se transformer en grenouilles » (Leiris).
2 ♦ (1765) Arbor. Arbre écimé et taillé de façon à favoriser le développement des repousses supérieures. Saules taillés en têtards. — Appos. Chênes têtards.
3 ♦ Arg. Enfant. ⇒ mioche, moutard.
● têtard nom masculin (de tête) Larve à grosse tête des amphibiens (anoures et urodèles) et des ascidies. Arbre étêté à une certaine hauteur pour l'exploitation des brins qui se développent sur la section (saules, ormes, mûriers).
têtard
n. m. Larve aquatique, munie de branchies, des amphibiens anoures (grenouilles, crapauds, etc.), dont la tête, très développée, n'est pas distincte du corps. Syn. (Québec) queue-de-poêlon.
⇒TÊTARD, subst. masc.
A. — 1. Larve des Batraciens, à grosse tête prolongée directement par le corps, à respiration branchiale et à vie exclusivement aquatique. Têtard de crapaud, de grenouille, de triton. [Je] jetais dans la Vivonne des boulettes [de pain] qui semblaient suffire pour y provoquer un phénomène de sursaturation, car l'eau se solidifiait aussitôt autour d'elles en grappes ovoïdes de têtards inanitiés qu'elle tenait sans doute jusque-là en dissolution, invisibles (PROUST, Swann, 1913, p. 168). L'œuf des grenouilles et des crapauds donne, à l'éclosion, une forme larvaire, le têtard, qui est aquatique, respire par des branchies, est dépourvu de pattes et nage à l'aide d'une queue aplatie formant godille (CAULLERY, Embryol., 1942, p. 68).
2. Vieilli. Poisson d'eau douce à grosse tête. Quelle entreprise encore que celle de décrire tous les poissons que l'on pêche dans les lacs, les rivières et les bayoucs! Je puis dire seulement qu'on y prend l'esturgeon, le faisan d'eau, le brochet, la carpe, le cabot, le tétard (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p. 175).
3. Pop. Enfant. Ne voit-il pas (...) ce que serait fatalement devenu le tétard de ce monstre social, un gamin vicieux et vieillot (A. DAUDET, Crit. dram., 1897, p. 305).
4. Argot
a) Vieilli. Cheval. Il en fait un chambard, c'tréteau, dans son écurie à roulettes (...). C'est, j'parie, l'tétard du major (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 109).
b) En empl. adj. Être fait têtard; se retrouver têtard. Être, se retrouver victime, dupé. Chyprinette (...) avait refilé ses éconocroques à son gigolpince [« amant »]. Mais aussitôt encaissé l'oseille, le don Juan l'avait mallée et elle s'était retrouvée têtard (LE BRETON 1960).
B. — Spécialement
1. ARBORICULTURE
a) Arbre étêté de façon à favoriser le développement des repousses supérieures qui sont exploitées périodiquement. Têtard de saule. Les talus ploient sous leurs ronces et sous leurs têtards de chênes, coiffés de près à la serpe (H. BAZIN , Mort pt cheval, 1949, p. 232). En appos. Chêne têtard. Il avait devant lui une vaste plaine. Une ferme ici, une file de tilleuls ailleurs, des haies, des lignes de saules têtards gênaient la vue (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 198).
b) Arbre conservé dans une coupe de bois comme tête de limite. (Dict. XXe s.).
2. TECHNOL. Partie postérieure d'un timon de voiture qui est engagée dans la fourchette. On soulage [les attelages] en faisant reposer le timon [de la moissonneuse-lieuse] près du têtard sur un support constitué par une ou deux roues (PASSELÈGUE, Mach. agric., 1930, p. 232).
Prononc. et Orth.:[], [te-]. Ac. dep. 1762: têtard (id. ds LITTRÉ, Lar. Lang. fr., ROB. 1985). La graph. des ex. avec -é- (supra) est alignée sur la prononc. où [] « inaccentué » [e]; la prononc. en [] est maintenue sous l'infl. de l'accent circonflexe. Étymol. et Hist. 1. 1303 « entêté, opiniâtre » (li Coies de la parroche Saint Estene, f° 3 v°, Cahiers de la taille, 1301-1318, Arch. mun. Reims ds GDF.: Maresson li testarde), encore répertorié ds DUEZ, Dict. fr. all., 1663 (d'apr. FEW t. 13, 1, p. 277), puis ds BESCH. 1845 (qui le considère comme ,,vieux mot``), a vécu dans certains parlers région. (Normandie, Lorraine, Franche-Comté et également dans les domaines fr.-prov. et occit., v. FEW, loc. cit.); 1836 « id. » arg. (VIDOCQ, Voleurs, t. 2, 167); 2. a) XVe s. tetart « qui a une grosse tête » (Gloss. lat.-gall., Richel. l. 7679, f° 259b ds GDF.), a vécu dans les parlers du Centre et de l'Isère (v. FEW, loc. cit.); b) 1560 testard nom du chabot (GESNER, Nomenclator aquatilium animantium, p. 304), cf. 1571, LA PORTE, Epith. fr., v° Munier, poisson ds GDF.: Aucun pour la grosseur de sa teste l'appellent aussi testard; c) 1611 « larve de grenouille » (COTGR.); d) 1842 « homme intelligent, malin » (SUE, Myst. Paris, t. 3, p. 163: Si tu veux devenir passé-singe [criminel habile], dévisage mon gros tétard, voilà un homme!; p. 25: Bien sorbonné [« bien raisonné », de sorbonne « tête »]. Mon homme, tu es le roi des têtards!; e) ) 1840 « production qui reste à l'état inachevé » (BALZAC, Œuvres div., t. 3, p. 304: [Sainte-Beuve] lâche alors [...] ses tropes faux où la pensée est à l'état de germe, et qui le constituent l'inventeur du tétard littéraire); ) 1865 p. réf. au petit de la grenouille (TAINE, Philos. art, t. 2, p. 304: vous trouvez [...] chez presque tous [les maîtres du XVe s.] [...] ces enfants hideux, sortes de têtards dont la tête énorme se continue par un torse mollasse); f) 1878 « homme de lettres » (LARCHEY, Dict. hist. arg.), répertorié par GUÉRIN comme arg.; g) 1901 arg. « cheval » (BRUANT); h) loc. ) 1928 faire connard ou tétard « tromper, duper » (LACASSAGNE, Arg. « milieu », p. 286); ) 1928 être têtard « être découvert, être surpris, pris sur le fait » (ID., ibid., p. 196); 3. a) 1765 (Encyclop. t. 14, p. 712b, s.v. saule: Les arbres qui sont têtards); b) 1808 exploiter (des arbres) en têtards (BAUDRILLART, Nouv. manuel forest., t. 1, p. 793); 4. 1762 « partie du timon de la charrue » (Encyclop., Planches, t. 22, I, 1, 2, p. 6-7); 5. 1842 « arbre qui sert de limite » (Ac. Compl.). Dér. de tête; suff. -ard; à rapprocher de 2 d, 2 f et 2 h homme de teste « homme intelligent » (dep. ca 1470, GEORGES CHASTELLAIN, Chronique, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 3, p. 228) et de 2 h grosse tête pour désigner quelqu'un de stupide (ca 1512, GRINGORE, Œuvres, éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, t. 2, p. 356: grosse teste sans sens; 1640, OUDIN Curiositez: grosse Teste et peu de sens; XVIe s. en petite teste gist grand sens, v. LEROUX DE LINCY, Proverbes, t. 1, p. 277). Fréq. abs. littér. :59. Bbg. GLASER (K.). Le Sens péj. du suff. -ard en fr. Rom. Forsch. 1910, t. 27, p. 940, 950, 970.
têtard [tɛtaʀ; tetaʀ] n. m.
ÉTYM. 1690, Richelet, « insecte (voir ce mot, étym.) noir qui nage et vit dans l'eau »; substantivation de l'adj. têtard, arde (1303) « à grosse tête » et fig. « têtu »; de tête, et suff. -ard.
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1 Larve de batracien, à grosse tête prolongée par le corps et à respiration branchiale. || Têtard de grenouille (cit. 3), de crapaud.
♦ Par métaphore :
0 (…) ces enfants hideux, à peine viables, sorte de têtards dont la tête énorme se continue par un torse mollasse, puis par un appendice grêle de membres repliés et tortillés.
Taine, Philosophie de l'art, t. II, p. 304.
2 Régional. Poisson à grosse tête. ⇒ Chabot. — Syn. : testu.
3 Arbor. (1765, Encyclopédie, art. Saule). Arbre écimé et taillé de façon à favoriser le développement des repousses supérieures qu'on exploite à intervalles déterminés. || Saules taillés en têtards (rameaux utilisés en vannerie). — Appos. || Orme têtard. ⇒ aussi Têteau.
4 Fam. Enfant.
5 (1924, Esnault, être fait têtard). Argot. Dupe; victime (cf. Céline, in Cellard et Rey). || Dans cette affaire, c'est lui le têtard.
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DÉR. (Du sens 5) Tétarer.
Encyclopédie Universelle. 2012.