styliser [ stilize ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1907; stiliser (qqn) « l'éduquer, le rendre stylé » 1700 ; de style
1 ♦ Représenter (un objet naturel) en simplifiant les formes en vue d'un effet décoratif. — Fleurs stylisées.
2 ♦ Représenter avec une volonté de style. « la recherche de qualité que tout art porte en lui, le pousse bien plus à styliser les formes qu'à se soumettre à elles » (Malraux).
● styliser verbe transitif Interpréter une forme naturelle en la simplifiant ou en la modifiant à des fins esthétiques.
styliser
v. tr. Représenter en simplifiant les formes, dans un but décoratif. Styliser une fleur.
— Pp. Animal stylisé.
⇒STYLISER, verbe trans.
A. — Synon. de schématiser. Anton. compliquer, surcharger.
1. a) ARTS PLAST. [Le compl. d'obj. désigne une chose concr., un thème] Représenter un objet en régularisant, simplifiant ses formes, en le réduisant à ses caractères les plus typiques ou en lui donnant une configuration schématique, conventionnelle, à des fins décoratives, esthétiques. [Gromaire] évoqua l'austère aspect des hommes (...). Il a choisi le geste utile (...), il l'a stylisé en l'accentuant dans le sens du monumental. Il lui a apporté la richesse (...) de rudes modelés. Il a créé des types (Arts et litt., 1936, p. 18-12). Le plus grand (...) de tous les arts, la sculpture, s'acharne (...) à ramener le désordre des gestes à l'unité du grand style (...). Son propos n'est pas d'imiter, mais de styliser, et d'emprisonner dans une expression significative la fureur passagère des corps (CAMUS, Homme rév., 1951, p. 317).
— Empl. pronom. passif. L'ornement géométrique, qui est l'une des manifestations primitives de l'art (...) est aussi le dernier terme de l'évolution des formes figurées qui tendent à se styliser (FAURE, Hist. art, 1909, p. 32).
b) P. anal. [Le compl. d'obj. désigne un aspect de la nature, d'une pers.] Faire ressortir les lignes principales de quelque chose en estompant les détails. Anne était à peine visible aux marges du halo rose, simplifiée et stylisée par l'ombre (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 192). Le bas de soie ajoute à la jambe ce qu'ajoute au paysage l'allée exactement tracée, le massif taillé (...): il stylise, parachève, parfait la nature (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 222).
2. Domaine littér. [Le compl. d'obj. désigne une matière, une forme d'expression littér.] Donner à quelque chose une expression concise, une portée universelle, en se limitant aux traits essentiels, en évitant la subjectivité, le lyrisme. Gœthe et Palladio (...) sont préoccupés de se poser des limites et de ne pas permettre que leur imagination les dépasse (...) de rester naturel et vrai en stylisant (BARRÈS, Voy. Sparte, 1906, p. 150). Ce style de conteur au beau dessin si ferme et qui sait le miracle d'ennoblir sans rien celer de la vérité concrète des choses, de « styliser » sans perdre sa franchise d'attaque (MASSIS, Jugements, 1924, p. 168).
3. Au fig. [Le compl. d'obj. désigne une personnalité, un comportement, une chose abstr.] Limiter à certains éléments caractéristiques ou conventionnels; dégager les valeurs primordiales. Jésus a pris, a défini une attitude. Bientôt (...), on la reproduira dans le culte (...), on la stylisera et on la « typera », comme il sied à une conduite hiératique exemplaire (Philos., Relig., 1957, p. 38-10). Styliser, magnifier une époque dans des schémas abstraits n'a aucunement ralenti le cours de l'histoire (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 464).
— Empl. pronom. passif. Le rôle individuel doit (...) s'aménager et se styliser en fonction du rôle social et politique (Traité sociol., 1968, p. 375).
1. Domaine artist. Représenter quelque chose avec un style particulier, propre à un auteur, un genre, une époque. Puget l'a stylisé [Louis XIV] en empereur romain, et que c'est bien un Français, cependant! (BOURGET, Tapin, Enf. morte, 1928, p. 87). La serrurerie, (...) un art qui peut (...) arriver à traduire la nature (...), non seulement en la stylisant, mais en la saisissant sur le vif, tout en (...) imprimant à l'œuvre le tempérament même de l'artiste (FILLON, Serrurier, 1942, p. 41).
2. Domaine musical, chorégr. Donner un caractère original à une œuvre musicale; mettre davantage en valeur le style d'une danse. Une coda attendrie détend le mouvement volubile, sans modifier la ligne mélodique que stylisent quelques harmonies (...) expressives (CORTOT, Mus. fr. piano, 1930, p. 210). Soutenez. L'attitude se maintient, l'effort se poursuit. Stylisez. Les mouvements exécutés affirment plus nettement le style de la danse (BOURGAT, Techn. danse, 1959, p. 121).
3. Domaine littér., moral. Imprimer la marque particulière d'un écrivain, d'une forme de pensée, etc. Par les Mémoires, Chateaubriand a introduit dans la littérature une réalité nouvelle (...): l'homme stylisé. Stylisé d'abord par le style lui-même (...) d'autre part sa vie a été stylisée par le même élan, la même nature, que ses phrases et ses livres (THIBAUDET, Hist. litt. fr., 1936, p. 37).
REM. Stylisateur, adj. masc., hapax. Le côté (...) stylisateur de la vie rurale, que l'on reprochait à certains romans de Hardy (BLANCHE, Modèles, 1928, p. 88).
Prononc. et Orth.:[stilize], (il) stylise [stili:z]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1898 (La décoration des restaurants in Art et Décor., juill.-sept., p. 91: il [Bigaux] respecte assez la nature pour la styliser sans la trahir, il réduit les contours et les couleurs sans fausser leurs relations véridiques). Dér. de style1; suff. -iser. Fréq. abs. littér.:64.
styliser [stilize] v. tr.
ÉTYM. 1907; p. p. adj., 1900, D. D. L.; stiliser (qqn) « l'éduquer, le styler », 1700; de 1. style.
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1 Représenter (un objet) en simplifiant les formes en vue d'un effet décoratif.
2 Représenter avec une volonté de style.
0 (…) la recherche de qualité que tout art porte en lui, le pousse bien plus à styliser les formes qu'à se soumettre à elles.
Malraux, les Voix du silence, p. 69.
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stylisé, ée p. p. adj.
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DÉR. Stylisation.
Encyclopédie Universelle. 2012.