sphère [ sfɛr ] n. f.
• 1509; espere mil. XIIe; d'ab. t. d'astron.; lat. sphæra, gr. sphaira
1 ♦ Surface fermée dont tous les points sont situés à égale distance d'un point donné; solide délimité par cette surface (⇒ 1. balle, 1. bille, boule). Centre, rayon, diamètre, aire d'une sphère. — Sphère céleste : sphère fictive de très grand rayon à la surface de laquelle les corps célestes semblent situés pour un observateur qui serait au centre. — Sphère terrestre : la Terre, considérée comme une sphère légèrement aplatie aux pôles.
♢ Représentation matérielle de la sphère céleste ou terrestre. ⇒ globe, mappemonde. Sphère armillaire.
♢ Solide sphérique. Sphère de plongée.
2 ♦ Fig. (1688) Domaine circonscrit à l'intérieur duquel s'exerce une activité, une science, un art. « Les esprits bornés et resserrés dans leur petite sphère » (La Bruyère). « Dans la sphère limitée des souhaits possibles à un aveugle » (Hugo).
♢ Domaine, milieu. « Dans les sphères célestes de la philosophie » (France). Les hautes sphères (de qqch.) :les instances dirigeantes. Les hautes sphères de la politique, de la finance.
♢ Sphère d'action : espace où se manifeste une certaine force, un agent physique. ⇒ 1. champ. — Sphère d'influence : zone territoriale dans laquelle une ou plusieurs puissances reconnaissent à une autre un droit d'intervention auprès des autorités locales. Sphère d'attribution : domaine, matière qui sont de la compétence d'une autorité. « Vous commencez à entrevoir dans quelle sphère d'activité je vais vous introduire ? » (Romains).
● sphère nom féminin (latin sphaera, du grec sphaira) Surface fermée dont tous les points sont à la même distance (rayon) d'un point intérieur (centre) ; solide limité par la surface précédente. Étendue d'action, d'autorité, d'influence de quelqu'un : Sphère d'activité. ● sphère (citations) nom féminin (latin sphaera, du grec sphaira) Marc Aurèle, en latin Marcus Annius Verus, puis Marcus Aurelius Antoninus, empereur romain Rome 121-Vindobona 180 Fais de toi la sphère parfaite d'Empédocle, exultant en sa stabilité, sa solitude circulaire… Pensées, XII, 3 (traduction A. I. Trannoy) Commentaire Marc Aurèle était fasciné par ce fragment d'Empédocle (Diels 28), évoquant la sphère cosmique, joyeuse de sa stabilité qui est en même temps solitude. Il la transpose à l'âme du sage. Voir Pensées (XI, 12) : « La sphère de l'âme reste semblable à elle-même quand, sans s'élancer au-dehors ni se replier au-dedans, sans se disperser, ni s'affaisser, elle s'éclaire d'une lumière qui lui fait voir la vérité universelle et celle qui habite en elle-même. » ● sphère (difficultés) nom féminin (latin sphaera, du grec sphaira) Genre Féminin, comme atmosphère, stratosphère, hydrosphère, à la différence de hémisphère et planisphère, qui sont masculins (v. ces mots). ● sphère (expressions) nom féminin (latin sphaera, du grec sphaira) Les hautes sphères, les milieux dirigeants. Sphère céleste, sphère fictive, de rayon indéterminé, ayant pour centre l'œil de l'observateur et servant à définir la direction des astres indépendamment de leur distance. Sphère d'influence, région du globe sur laquelle une grande puissance s'est vu reconnaître (explicitement ou tacitement) par les autres des droits d'intervention particuliers. ● sphère (synonymes) nom féminin (latin sphaera, du grec sphaira) Surface fermée dont tous les points sont à la même...
Synonymes :
- boule
- globe
Étendue d'action, d'autorité, d'influence de quelqu'un
Synonymes :
- cadre
- cercle
- champ
- domaine
- orbite
- univers
sphère
n. f.
d1./d MATH Ensemble des points situés à égale distance d'un point appelé centre (dans un espace à 3 dimensions). La sphère des mathématiciens est une surface, qui délimite un volume appelé "boule". (R étant le rayon de la boule, la surface est 4piR2 et le volume de la boule 4/3piR3.)
|| ASTRO Sphère céleste: sphère fictive ayant pour centre l'oeil de l'observateur et à la surface de laquelle semblent situés les corps célestes.
d2./d Cour. Corps sphérique. Une sphère de métal.
— La sphère terrestre: le globe terrestre.
|| Spécial. Représentation de la sphère céleste, de la sphère terrestre.
d3./d Fig. étendue, domaine du pouvoir, de l'activité (de qqn, de qqch). Les hautes sphères de la finance. La sphère des connaissances humaines.
— Sphère d'influence d'un état: ensemble des pays sur lesquels il exerce un certain contrôle politique, économique.
⇒SPHÈRE, subst. fém.
I. A. — GÉOM. Figure correspondant à une surface fermée, dont tous les points sont à égale distance (rayon) d'un point intérieur, le centre; ,,surface de révolution qui peut être engendrée par un cercle de centre O et de rayon r tournant autour d'un de ses diamètres`` (BOUVIER-GEORGE Math. 1979); solide déterminé par cette surface. Mais que dis-je là du triangle? La ligne droite offre assez de champ aux méditations. J'y revenais l'autre jour en concevant une sphère immense sur laquelle il est clair qu'un arc de grand cercle viendrait à la droite d'Euclide, au lieu qu'un cercle parallèle n'y vient point du tout (ALAIN, Propos, 1924, p. 608).
— ASTRONOMIE
♦ Sphère céleste. Sphère fictive ayant pour centre le lieu d'observation et sur la surface de laquelle semblent situés les corps célestes. Une autre nuit que j'étais seul à la barre, je suivais distraitement de l'œil les mouvements du grand mât qui se déplaçant comme sur une sphère céleste me montrait successivement toutes les étoiles du doigt (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 220):
• 1. Nous rendrons la représentation du mouvement diurne plus expressive en supposant les étoiles figurées, non sur la sphère locale elle-même, mais sur une seconde sphère concentrique, appliquée sur la première ou, conformément à la terminologie consacrée, sur un second feuillet de la sphère céleste.
DANJON, Cosmogr., 1948, p. 47.
♦ Sphères du soleil, de la lune, des planètes. ,,Sphères concentriques auxquelles on imaginait attachés les divers astres qu'elles emportent dans leur mouvement de rotation`` (ROB. 1985).
♦ Sphère terrestre. La Terre considérée comme une sphère légèrement aplatie aux pôles. Le plan qui passe par les pôles terrestres et un point de la sphère terrestre, coupe celle-ci suivant un grand cercle (A.-B. DUVAL, HÉBRARD, Nav. aér., 1928, p. 6).
♦ Harmonie des sphères. V. harmonie A 1 a.
♦ Sphère armillaire. V. armillaire A 1.
B. — P. anal. Corps ayant la forme d'une sphère. Synon. usuel boule, globe. Sphère de plongée. Il m'a plu de montrer tout d'abord, devant la grande cheminée, les types que je viens de décrire, cependant que je laisse dans l'ombre quelques autres s'isolant aux tables de jeux (...) faisant s'entre-choquer les sphères d'ivoire sur le gazon ras du billard (JAMMES, Mém. 1922, p. 98):
• 2. Par les guillochis, on apercevait une autre sphère, libre, mobile dans la première et sculptée elle-même à jour, sans une fissure, sans une faille. Elle contenait elle-même une autre sphère plus petite et d'un travail non moins délicat. On en pouvait compter ainsi treize, jusqu'à la sphère centrale qui renfermait un infime rouleau de parchemin sur lequel, en chinois, était peint un poème d'amour.
DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 231.
II. A. — 1. PHYS. [Suivi d'un subst. sans art. introd. par de] Partie de l'espace dans lequel se manifeste un phénomène, une force. Synon. champ1, zone. Sphère d'action, d'activité. La résistance maximum que le corps oppose au déplacement de ses molécules hors de leur sphère d'attraction s'appelle sa résistance élastique ou sa limite d'élasticité (BOURDE, Trav. publ., 1928, p. 24).
2. SPORTS (footb.). Sphère de cuir. Le ballon. Attaquants qui cherchent à y (but) faire pénétrer la sphère de cuir (Vie au Grand Air, déc. 1913 ds PETIOT 1982).
B. — Au fig.
1. Domaine limité où se manifestent et s'exercent l'activité, les attributions ou l'influence de quelqu'un. Petite sphère; rester, se tenir dans sa sphère. Un enfant, un jeune homme estimé dans son entourage, choisit de ne pas affronter un jugement étranger: il se cantonne dans sa sphère et pour ne courir aucun risque désarme à l'avance l'opinion du reste du monde (BEAUVOIR, Pyrrhus, 1944, p. 107). Même si elle n'acquiert pas chez autrui un pouvoir de gestion proprement dit, elle agit par conseil, recommandation, information. Par ces moyens sa sphère d'influence réelle déborde ses limites apparentes (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 209).
— P. ext. Milieu, champ d'action. Hautes sphères; sphères gouvernementales, officielles, de l'État. Sous la République, c'est le principe démocratique et fraternel qui devient la véritable frontière de la France. Ce n'est pas son sol qui s'élargit, c'est son influence, c'est sa sphère de rayonnement et d'attraction sur le continent (LAMART., Trois mois au pouvoir, 1848, p. 199):
• 3. Nous avons « la sphère d'influence — la sphère diplomatique — les sphères politiques — une sphère plus étendue — la sphère intellectuelle — la sphère morale — la sphère d'activité — une sphère plus élevée — la sphère des idées — la sphère des progrès démocratiques — la sphère des intérêts matériels, etc. », toutes locutions où « sphère » n'évoque plus aucune image, sinon en certains esprits irrespectueux...
GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p. 309.
2. Étendue restreinte où s'exerce l'action de quelque chose. Il existe 4 sphères sensorielles (...): 1o la sphère tactile (...) 2o la sphère olfactive (...) 3o la sphère visuelle (...) 4o la sphère auditive (G. GÉRARD, Anat. hum., 1912, p. 360).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694, 1718: sphere; dep. 1740: sphère. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1150 astron. espere « chacune des régions sphériques sur lesquelles sont situés les différents astres, et entre lesquelles se partage l'espace céleste » (Roman de Thèbes, éd. Raynaud de Lage, 4959); 1404 esperes celestes (CHRISTINE DE PISAN, Le Livre des fais et bonnes meurs du sage roy Charles V, éd. S. Solente, t. 2, p. 18); b) 1269-78 espere « astre, en tant que corps brillant et merveilleux » (JEAN DE MEUN, Roman de la Rose, éd. F. Lecoy, 16917); c) ) 1382 espere « représentation de la sphère céleste » (PHILIPPE DE MAIZIERES, Songe du vieil pelerin, éd. G. W. Coopland, t. 1, p. 606); ) 1572 « globe terrestre » (Bref et sommaire recueil de L'Entrée de Charles IX à Paris ds HAVARD t. 4); 2. a) 1269-78 espere « solide limité par une surface dont tous les points sont équidistants du centre (en parlant d'un astre) » (JEAN DE MEUN, op. cit., 19099); 1380 spere (ROQUES t. 2, 11638); b) 1611 sphere « petit objet quelconque, ayant au moins approximativement la forme sphérique » (COTGR.); 3. a) 1656, 10 avr. « limites qui bornent certaines choses morales » (PASCAL, Provinciales, VI, éd. L. Lafuma, p. 393); b) 1688 « domaine circonscrit à l'intérieur duquel s'exerce l'action de quelqu'un » (LA BRUYÈRE, Des Ouvrages de L'esprit, éd. G. Servois, t. 2, p. 76); c) 1690 phys. « espace dans lequel se manifeste un certain phénomène » sphère d'activité (FUR.). Empr. au lat. sphaera, déjà chez Caton au sens de « boule, boulette », usité surtout dans la lang. philos. au sens de « sphère céleste », lui-même empr. au gr. « balle, ballon, globe, sphère, etc. ». Fréq. abs. littér.:1 506. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 3 358, b) 2 079; XXe s.: a) 1 286, b) 1 650. Bbg. DUB. Pol. 1962, p. 426. — GOHIN 1903, p. 353. — QUEM. DDL t. 3, 5. — ROQUES (G.). La Lexicogr. et l'alchim. R. Ling. rom. 1974, t. 38, p. 456.
sphère [sfɛʀ] n. f.
ÉTYM. 1509; espère, fin XIIe, d'après la forme lat. spaera; d'abord t. d'astron.; lat. sphaera, transcription habituelle du grec sphaira.
❖
1 Surface constituée par le lieu des points situés à une même distance d'un point donné; solide délimité par cette surface. || Centre, rayon, diamètre d'une sphère. || Grand, petit cercle de la sphère. ⇒ Hémisphère, sphérique (segment). || Volume de la sphère (→ Base, cit. 5). — Par métaphore (en parlant de Dieu, chez Hermès Trismégiste, cf. Rabelais, III, 13; de l'univers, chez Pascal). || « C'est une sphère infinie dont le centre (cit. 1) est partout, la circonférence nulle part ». — Astron. || Sphère céleste : sphère fictive de très grand rayon, à la surface de laquelle les corps célestes semblent situés pour un observateur qui serait au centre de cette sphère (→ Équateur, cit. 1; heure, cit. 1). ⇒ Axe (astron.), colure, équateur, horaire (cercle), horizon, méridien, parallèle, pôle. Vx. || Sphères du Soleil, de la Lune, des planètes : sphères concentriques auxquelles on imaginait attachés les divers astres, qu'elles emportent dans leur mouvement de rotation.
1 Les premiers astronomes en Asie et en Égypte s'aperçurent bientôt, par la projection de l'ombre de la terre dans les éclipses de lune, que la terre est ronde; les Hébreux, qui étaient de fort mauvais physiciens, l'imaginèrent plate (…) Cette imagination d'une terre étroite et plate a longtemps prévalu (…) enfin la raison et le voyage de Christophe Colomb rendirent à la terre son ancienne forme sphérique. Alors on passa d'une extrémité à l'autre, on crut la terre une sphère parfaite, comme on avait cru que les planètes faisaient leurs révolutions dans un vrai cercle.
Voltaire, Éléments de la philosophie de Newton, III, IX.
♦ Représentation matérielle de la sphère céleste ou terrestre. ⇒ Globe, mappemonde (2.). || Sphère armillaire.
♦ Anciennt. Sc. Orbite (d'un astre).
2 Sphère terrestre, la Terre, considérée comme une sphère déformée (légèrement aplatie aux pôles). → Homogène, cit. 1. ⇒ Axe, équateur (2.), hémisphère (géogr.), méridien (II., 2.), parallèle (I., 2.), polaire (cercle), pôle (I., 2.), tropique, zone.
3 Cour. Corps sphérique. ⇒ Boule, globe. → Graviter, cit. 4; perle, cit. 5. — Sphère de plongée. || Sphère humide; sphère-sas. — (1913, in Petiot). Sports. Ballon rond. || Sphère de cuir. — Chacune des deux boules de fonte d'un haltère. || Barre à sphères : haltère.
B (XVIIe). Fig.
1 Domaine circonscrit (⇒ Limite) à l'intérieur duquel s'exerce l'activité ou la connaissance de qqn. || Esprits bornés (cit. 23) et resserrés dans leur petite sphère (→ aussi Endroit, cit. 13). || Âme jetée hors de la sphère commune (→ Fougueux, cit. 2). || Se tenir, rester dans sa sphère : ne pas sortir de ses attributions. → le sens 3.
♦ (En parlant de choses). || La sphère des connaissances humaines, des créations de l'art (→ Réaliste, cit. 2). ⇒ Étendue.
2 Mes idées ne sont presque plus que des sensations, et la sphère de mon entendement ne passe pas les objets dont je suis immédiatement entouré.
Rousseau, Rêveries…, VIIe promenade.
3 (…) ses désirs, ses envies, ses fantaisies, dans la sphère limitée des souhaits possibles à un aveugle, il les contentait.
Hugo, l'Homme qui rit, II, II, X.
2 Domaine, milieu. ⇒ Région. || Les sphères humaines (→ Bond, cit. 5), célestes (cit. 3), supérieures (→ Creuset, cit. 6). || Une sphère inaccessible (cit. 8) au reste de l'humanité. || Les sphères élevées de la cour, du département (→ Marchepied, cit. 3; népotisme, cit.). — ☑ (1870). Les hautes sphères de la politique, de la finance, les milieux dirigeants.
4 (…) voici que peu à peu, très lentement, dans la sphère différente et inférieure où ils venaient d'être jetés ainsi que des épaves, ils reprenaient vie (…)
Loti, Matelot, XIX.
3 (1690). Phys. || Sphère de… || Sphère d'action, d'activité : partie de l'espace où se manifeste une certaine force, un certain phénomène. ⇒ Champ, zone. — Sphère d'influence : zone territoriale dans laquelle une ou plusieurs puissances reconnaissent à une autre un droit d'intervention auprès des autorités locales (→ Rideau, cit. 6). — Sphère d'attribution : domaine, matière qui sont de la compétence d'une autorité, d'un fonctionnaire. || Sphères d'activité, d'influence, d'intervention (→ 3. Droit, cit. 69; honneur, cit. 116; intervenir, cit. 1). || Sphère d'habitudes (→ Routinier, cit.).
5 Vous commencez à entrevoir dans quelle sphère d'activité je vais vous introduire ? C'est plus intéressant que de nettoyer des pinceaux.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, VI, p. 61.
❖
COMP. Aérosphère, asphère, asthénosphère, lithosphère, magnétosphère, mésosphère, planisphère, stratosphère, troposphère. Sphériacées, sphérocyte, sphérocytose, sphéromètre, sphérophakie. V. Atmosphère, hémisphère.
Encyclopédie Universelle. 2012.