spécialement [ spesjalmɑ̃ ] adv.
• fin XIIe; de spécial
1 ♦ D'une manière spéciale, en particulier. ⇒ notamment. Il s'est déplacé spécialement pour vous. — Dans un sens restreint (mot).
2 ♦ À l'exclusion des autres. ⇒ particulièrement. Être spécialement désigné pour qqch., chargé de qqch.
3 ♦ D'une manière adéquate, tout exprès. « Quant aux salles “spécialement équipées” » (Camus).
4 ♦ D'une manière très caractéristique, plus qu'une autre chose du même genre. ⇒ particulièrement. « Une partie de dominos, jeu spécialement silencieux et méditatif » (Nerval). Fam. Tu es pressé ? Pas spécialement (cf. Pas vraiment). « non, pas spécialement beau » (Morand).
● spécialement adverbe D'une manière spéciale ; en particulier : Il est venu spécialement pour vous voir. D'une manière qui convient à son objet, à sa destination : Salle spécialement aménagée pour l'audiovisuel. ● spécialement (expressions) adverbe Pas spécialement, médiocrement, assez peu.
spécialement
adv. D'une manière spéciale; particulièrement. Tous les savants, et plus spécialement les chimistes...
⇒SPÉCIALEMENT, adv.
A. — De façon spéciale; dont la spécialité est de. Ces légions, disait la loi, spécialement employées à combattre les Chouans, ne pourraient, sous aucun prétexte, être portées aux frontières (BALZAC, Chouans, 1829, p. 8).
B. — En particulier; pour parler plus précisément. Le dévouement à la richesse, les sentiments pieux, et spécialement la résignation du pauvre, qui est le fondement de l'ordre (A. FRANCE, Ile ping., 1908, p. 6). Est-ce vrai, ce qu'on prétend, que les malfaiteurs ne sont presque jamais trouvés par la police elle-même? Qu'ils sont donnés par des indicateurs, spécialement par des femmes? Donc, qu'avec plus de prudence, surtout à l'égard des fréquentations féminines, ils échapperaient? (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 212).
C. — Particulièrement.
1. D'une manière toute particulière, tout exprès. Les mesures arrêtées étaient insuffisantes, cela était bien clair. Quant aux salles « spécialement équipées », il les connaissait: deux pavillons hâtivement déménagés de leurs autres malades, leurs fenêtres calfeutrées, entourées d'un cordon sanitaire (CAMUS, Peste, 1947, p. 1265).
2. De préférence à d'autres possibilités, éventualités. Voilà le moment pour vous de vous occuper spécialement de l'histoire. Elle vous fera comprendre le présent et vous empêchera de vous faire des illusions trop communes sur les promesses des partis politiques (LAMART., Corresp., 1831, p. 137). Il s'occupait spécialement des maladies de femme, ce qui le faisait, le soir, rechercher des maris en quête d'une consultation gratuite, dans un coin de salon (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 52).
3. De manière très marquée, très caractéristique. Ce soir elles ont, ces mains sèches, Des airs spécialement rêches (VERLAINE, Œuvres compl., t. 2, Parall., 1889, p. 182). Les premiers faits de l'humanité ne furent que le développement d'un ensemble de lois physiques et psychologiques posées une fois pour toutes, sans que jamais l'agent supérieur, qui moule son action dans ces lois, ait interposé une volonté spécialement intentionnelle dans le mécanisme des choses (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 169).
— Fam. Pas spécialement. Pas tellement, pas plus que ça, sans excès. Il fallut donc prévenir de cette perte le directeur du laboratoire, sir John Cockcroft, qui n'en fut pas spécialement ému, car il savait cet échantillon déjà à Moscou (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 48).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694, 1718: spe-, dep. 1740: spé-. Étymol. et Hist. 1re moit. du XIIe s. specialment (Psautier Cambridge, 4, 10 ds T.-L., s.v. especïal); 1297 specialement (doc. ds GDF. Compl., s.v. especialment). Dér. de spécial; suff. -ment2. Cf. la var. especialment (ca 1170, Rois, éd. E. R. Curtius, p. 3) encore att. à la fin du XIVe s. (v. GDF. Compl. et T.-L.). Fréq. abs. littér.:1 111. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1 260, b) 1 675; XXe s.: a) 1 236, b) 2 008.
spécialement [spesjalmɑ̃] adv.
ÉTYM. XIIIe; specialment, v. 1120; de spécial.
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1 D'une manière spéciale (1.). En considérant une espèce, une sorte, une chose dans un genre. ⇒ Particulier (en). || Au profit de l'exécutif et spécialement du cabinet ministériel (→ 1. Parlementaire, cit. 2). ⇒ Notamment. — Dans un sens restreint, spécialisé; dont l'extension est réduite. || Poilu (cit. 1) signifiait « homme » et spécialement « soldat ». || Dans ce dictionnaire, « spécialement » est abrégé spécialt.
2 À l'exclusion des autres. ⇒ Particulièrement. || Être spécialement chargé d'une chose, de faire qqch. (→ Cage, cit. 3; privilège, cit. 5; receveur, cit. 1).
1 La contemplation est la fin dernière de l'âme humaine, mais elle est très spécialement et, par excellence, la fin de la vie solitaire.
Léon Bloy, le Désespéré, p. 79.
3 D'une manière adéquate. || Un emplacement, un lieu spécialement aménagé pour qqch., tout exprès.
2 Quand aux salles « spécialement équipées », il savait ce qu'il en était : deux pavillons hâtivement déménagés de leurs autres malades, leurs fenêtres calfeutrées (…)
Camus, la Peste, p. 74.
4 D'une manière très caractéristique; plus qu'une autre chose du même genre. ⇒ Particulièrement. || Les préoccupations d'intérêt sont spécialement sensibles (→ Léger, cit. 34). || Les dominos (cit. 3), jeu spécialement silencieux. Fam. || Est-ce que tu es pressé ? Pas spécialement. Cf. Pas autrement, pas tellement, pas plus que ça.
3 — (…) Il était immédiat, aventureux.
— (…) beau, ajoutai-je.
— (…) non, pas spécialement beau, continua O' Patah en se renfrognant (…)
Paul Morand, Fermé la nuit, p. 49.
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CONTR. Généralement.
Encyclopédie Universelle. 2012.