soyeux, euse [ swajø, øz ] adj. et n. m.
1 ♦ Vx De soie.
♢ (1690) Mod. Qui a l'apparence de la soie, est doux et brillant comme la soie. Cheveux fins et soyeux. Le pelage soyeux des chats. « Sa longue et soyeuse moustache » (Barbey).
2 ♦ N. m. (1897) À Lyon, Industriel de la soierie.
● soyeux nom masculin À Lyon, industriel travaillant la soie ou négociant en soieries. ● soyeux, soyeuse adjectif Qui présente les caractères de la soie (brillant, légèreté, douceur) : Une chevelure soyeuse.
soyeux, euse
adj. Doux et fin comme de la soie. Cheveux soyeux.
⇒SOYEUX, -EUSE, adj. et subst. masc.
I. — Adjectif
A. — 1. Qui provient de la sécrétion du ver à soie. Nous avons trouvé ensemble un cocon tout blanc, tout soyeux (...). Penses-tu que la petite bête ailée n'en était pas sortie? (SCHWOB, Monelle, 1894, p. 138). Le cocon (...) protège la métamorphose de la chenille; (...) celle-ci ne peut parvenir au papillon que vidée de ce poison soyeux (GIDE, Feuillets d'automne, 1947, p. 309).
— P. anal. Qui provient de la sécrétion d'autres insectes. Sur les champs moissonnés (...) de longs fils soyeux et blancs flottaient (A. DAUDET, Jack, t. 2, 1876, p. 181). La soyeuse balançoire De l'araignée aux bras crispés (NOAILLES, Éblouiss., 1907, p. 74).
2. [En parlant d'une étoffe, d'un vêtement, etc.] Qui est en soie ou qui contient de la soie. Drap, rideau soyeux. Le cavalier, vêtu de ce drap satiné d'autrefois, chatoyant (...) resplendissait de l'éclat même de l'étoffe soyeuse (PESQUIDOUX, Livre raison, 1925, p. 215). J'eus honte (...) de mes jupons soyeux: à quoi bon tous ces artifices? Il n'en avait pas eu besoin pour me désirer (...). Ses mains froissèrent la soie des jupons (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 510).
— P. méton. [En parlant d'un appartement, d'un élément d'ameublement, etc.] Qui est garni de soieries. Ces jolis appartements dorés et soyeux (BALZAC, Œuvres div., t. 3, 1837, p. 160). Bien dormi dans mon nid soyeux. J'étais presque honteux de mon mœlleux confort (AMIEL, Journal, 1866, p. 210). V. niche1 B 2 ex. de Baudelaire.
3. Qui est caractéristique d'une étoffe (contenant) de (la) soie. Ces étoffes (...) illuminaient l'appartement de leurs reflets soyeux et dorés (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 564). Apportez-moi ma robe de satin. (...) Berthe s'avança (...) avec le bruissement soyeux et la majesté de sa toilette soudain épanouie sur elle (CHARDONNE, Épithal., 1921, p. 217).
— Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Aspect caractéristique d'une étoffe de soie. La fraîcheur du teint, la couleur des cheveux, le soyeux des étoffes (FOCILLON, Maîtres estampe, 1930, p. 139).
B. — P. anal.
1. [En parlant d'une partie du corps hum.] Qui a la finesse, la douceur, le lustre de la soie. Synon. poli, satiné. Cheveux, cils soyeux; moustaches soyeuses. Fanny O'Brien était une de ces sylphides (...) jolie et douée de cette chair soyeuse à la main, caressante au regard (BALZAC, Béatrix, 1839, p. 26). Cette hanche soyeuse où jouait la lumière (DRUON, Reine étranglée, 1955, p. 84). V. blond ex. 6.
2. [En parlant (d'une partie) d'un animal] Dont le pelage ou le plumage évoque la soie par sa souplesse, son éclat. J'ai plaisir (...) à faire glisser sous ma main leur poil soyeux (...), à sentir leur chaleur (...) dans cette fourrure fine, exquise (...) rien ne donne à la peau une sensation plus délicate (...) que la robe tiède et vibrante d'un chat (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Chats, 1886, p. 1060). Les cygnes soyeux qui frôlent les roseaux De carènes de plume à demi lumineuse (VALÉRY, Alb. vers anc., 1900, p. 78). V. damier ex. 3.
Rem. Soyeux se rencontre except. à propos du porc, moins p. réf. à ses soies que p. allus. à l'éclat de sa peau: Le rose rare (...) Qu'à l'horizon (...) On voit s'étendre, (...) N'est pas si frais et si joyeux Que celui des cochons soyeux D'un rose tendre (ROSTAND, Musardises, 1890, p. 78).
— Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Les jeunes filles avec un lustré, un soyeux, un brillant d'oiseau (MONTHERL., Encore inst. bonh., 1934, p. 691).
3. [En parlant (d'une partie) d'un végétal] Dont l'apparence fine et luisante évoque la soie. Duvet soyeux. Leur réceptacle [des fleurs de camomille des champs] est garni de poils soyeux; leur tige est laineuse (KAPELER, CAVENTOU, Manuel pharm. et drog., t. 1, 1821, p. 139). L'olivier est un arbre magnifique (...) il a (...) un feuillage fin et soyeux qui, à distance, vu en touffes, ressemble à une fourrure de chinchilla (HUGO, Fr. et Belg., 1885, p. 201).
— En partic. Dont l'aspect duveteux rappelle la douceur de la soie (v. ce mot I A et I B 1 a) ou qui est muni de soies (v. soie II B). Dès qu'on presse cette coque (...) les graines se disjoignent, laissant paraître un trésor soyeux près duquel l'aigrette des pissenlits paraît terne, un émerveillement argenté (GIDE, Voy. Congo, 1927, p. 833). Le Dompte-Venin (...) donnant pour fruit des capsules d'où s'échappent des graines soyeuses (PLANTEFOL, Bot. et biol. végét., t. 2, 1931, p. 429).
4. [En parlant d'un minéral] Qui rappelle la soie par son aspect finement fibreux, miroitant. Ce minéral (...) est (...) en fibres soyeuses, dont il est possible d'extraire des fils aussi flexibles que ceux de l'amiante (LAPPARENT, Minér., 1899, p. 502). L'œil-de-chat est très recherché en raison de son curieux chatoiement (...) il a l'aspect soyeux et opalescent qui correspond à une structure fibreuse (METTA, Pierres préc., 1960, p. 83).
5. [En parlant d'un phénomène météor., d'un aspect de la nature, d'une couleur, etc.] Qui évoque la légèreté, les reflets de la soie. Le soyeux tapis des sables, les dunes veloutées avec leurs flancs pleins d'ombre (...) passant de l'or au fauve (THARAUD, Fête arabe, 1912, p. 48). [Sur Watteau] Quel miracle que cette peinture! en existe-t-il quelque part une plus argentée, plus miroitante et plus soyeuse, d'une unité de matière comparable à celle de l'agate? (GILLET, Art fr., 1938, p. 66).
— Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. V. laisser1I B 1 ex. de Proust.
6. [En parlant d'un son] Qui flatte finement l'ouïe, comme le bruit de la soie. Froissement soyeux. Quand les bateliers (...) venaient (...) couper les roseaux, c'était une mélancolie de plus (...) que le bruissement soyeux, atténué et frais de toutes ces hampes vertes se couchant sur l'eau (LORRAIN, Contes chandelle, 1897, p. 168). Un bruissement doux peuple la nuit. C'est d'abord une sorte de murmure soyeux, feutré, surnaturel, cela brasse l'air, les ténèbres, participe à la lente caresse du vent dans les cordages (VIALAR, Rose mer, 1939, p. 142).
7. [En parlant d'une odeur, d'une saveur] Rare. Qui évoque la soie par ses nuances délicates. Une autre odeur venait aussi, avivée et pointue, puis soyeuse et elle restait dans le nez (...). C'était l'odeur des mousses (GIONO, Chant monde, 1934, p. 17). Le vin (...) avait pris avec l'âge une belle couleur d'or liquide, un goût plein et soyeux, assez noble (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1939, p. 140).
C. — Au fig.
1. [En parlant d'une chose abstr., d'une œuvre] Qui est subtil, charmeur, séduisant. Synon. suave; anton. grossier, rude. Robert de Montesquiou m'écrit: « (...) je suis allé (...) vous remercier des pages soyeuses et nuancées qui se passent dans une opale fluide et (...) fulgurante (...) » (BARRÈS, Cahiers, t. 2, 1901, p. 225). Antoine (...) contemplait les doux yeux de la petite Jasmin, (...) si doux que la vie devenait simple et soyeuse à perte de vue (AYMÉ, Jument, 1933, p. 124).
2. [En parlant d'une pers.] Rare. Qui témoigne beaucoup de sensibilité, d'affabilité. [Proust] tenait de Mercutio et de Puck, (...) agile à s'excuser d'être aimable, rongé de scrupules ironiques, naturellement complexe, frémissant et soyeux (L. DAUDET, Salons et journaux, 1917, p. 255). Les michés, de quoi mourir de rire, tendres et soyeux, des voix comme du miel, quelque chose de papillotant, d'humble (SARTRE, Âge de raison, 1945, p. 131).
II. — Subst. masc.
A. — Fabricant de soieries. Ce soyeux est un industriel socialiste (...) Un type colossalement riche (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 331). Il a fait (...) le voyage de Lyon, pour passer une journée chez un grand « soyeux » et regarder les métiers, harpes aux mille cordes (COLETTE, Belles sais., 1954, p. 76).
— Empl. adj. Il fait des voyages à Lyon. N'a-t-il pas là-bas des cousins soyeux qu'il faut soigner? (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 22).
B. — Négociant, vendeur en soieries. Tour à tour, il [le commis] passe sous les yeux (...) du soyeux, du drapier, (...) du bonnetier et du mercier (AVENEL, Calicots, 1866, p. 40). Ce fut à un vendeur de la soie que Liénard confia d'abord la nouvelle. Chez les soyeux, l'inventaire fonctionnait rondement (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 659).
REM. Soyeusement, adv. De manière soyeuse. a) [Corresp. à supra I B 1] Synon. doucement, finement, lumineusement. Les cheveux étaient blonds et souples (...), brillant soyeusement sous la lumière du lustre (VERCORS, Sil. mer, 1942, p. 29). b) [Corresp. à supra I B 3 et 5] Synon. légèrement, souplement. Ce saule qui frémit soyeusement dans le soir livide (CLAUDEL, Feuilles Saints, 1925, p. 629). Une rame battait l'eau d'un golfe dont les vaguelettes se dépliaient soyeusement (ARNOUX, Paris, 1939, p. 229). c) [Corresp. à supra I C] Synon. délicatement, subtilement. Sa pensée soyeusement se dévide; mais fragile; s'il tire dessus, le fil rompt (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1178).
Prononc. et Orth.:[swajø], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Fin XIVe s. adj. soieux « couvert de soies (d'un porc) » (ROQUES t. 2, 11238) — 1628, STOER d'apr. FEW t. 11, p. 48a: soyeux, seeux. II. a) 1488 sayeux « de soie, relatif à la soie » (Ann. Bret., 2, 97 ds Fonds BARBIER); b) 1834 subst. « vendeur d'un rayon de soierie de grand magasin » (A. LUCHET, Les Magasins de Paris, in Paris, ou Le Livre des cent-et-un, t. XV, p. 252 ds QUEM. DDL t. 16), en vigueur sous Louis-Philippe, cf. MAT. Louis-Philippe, p. 32, repris dans la lang. arg. jusqu'à FRANCE 1907; 1897 « industriel en soieries à Lyon » (A. DAUDET, Soutien de Famille, 71 ds PAULI, p. 30). I du lat. saetosus « id. », dér. de saeta « soie »; cf. l'a. fr. seiet « couvert de poils » (Roland, éd. J. Bédier, 3223) — 1607, MONTLYARD, Mythol., 56 ds DELB. Notes mss). II dér. de soie; suff. -eux. Fréq. abs. littér.:350. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 363, b) 547; XXe s.: a) 501, b) 582. Bbg. QUEM. DDL t. 16.
soyeux, euse [swajø, øz] adj. et n. m.
ÉTYM. 1549; sayeux, 1488; seiet, in la Chanson de Roland; soyeux, au sens de « couvert en soies (porc) », 1380; de seie, puis soie.
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I Adj.
1 Vx. De soie. || La matière soyeuse produite par certains insectes. — (En parlant d'une étoffe). || Damas (cit. 2) soyeux. || Peluche (cit. 1) soyeuse.
2 (1690). Qui a l'apparence de la soie; qui est doux et brillant comme la soie. || Cheveux fins et soyeux. || Poil long et soyeux de l'épagneul (cit. 1).
1 (…) sa longue et soyeuse moustache avait le blond fauve et presque jaune de la martre zibeline (…)
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Dîner d'athées », p. 329.
♦ Qui évoque une étoffe de soie. || Peau soyeuse (→ Heureux, cit. 38).
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II N. m. (1898, Daudet; « vendeur au rayon des soieries », 1834). Fabricant de soieries; négociant en soieries. || Les soyeux de Lyon (→ Faim, cit. 12; et aussi métier, cit. 27).
2 Est-ce que je sais si tu n'es pas à Javel ou à Montparnasse, dans les bras d'un truand ? ou à Lyon dans les bras d'un soyeux ? ou à Narbonne dans la couche d'un vinassier ?
M. Aymé, le Passe-muraille, « Les Sabines », p. 29.
Encyclopédie Universelle. 2012.