souplesse [ suplɛs ] n. f.
1 ♦ Propriété de ce qui est souple (B), flexible. ⇒ élasticité, flexibilité, maniabilité. « Il courba la lame [...] afin d'en éprouver la souplesse » (Gautier). « Ta taille a la souplesse aimable du roseau » (Hugo). La souplesse des félins. Escalader un mur en souplesse.
2 ♦ (1580) Fig. Qualité d'une personne docile, qui sait s'adapter. Elle manœuvre « avec la souplesse et la ruse de ces vieux renards » (Montherlant). ⇒ 2. adresse, diplomatie.
♢ Faculté d'adaptation intellectuelle; aisance, liberté. ⇒ adaptabilité, plasticité. La souplesse exceptionnelle de son esprit.
⊗ CONTR. Raideur. Intransigeance; automatisme.
● souplesse nom féminin Qualité de quelque chose ou de quelqu'un qui est souple : La souplesse d'un acrobate. Facilité, habileté à se plier aux circonstances, à s'adapter : Souplesse du caractère. ● souplesse (expressions) nom féminin En souplesse, avec aisance, sans forcer, sans heurt ni violence. ● souplesse (synonymes) nom féminin Qualité de quelque chose ou de quelqu'un qui est souple
Synonymes :
- agilité
- élasticité
- flexibilité
Contraires :
- ankylose
- raideur
Facilité, habileté à se plier aux circonstances, à s'adapter
Synonymes :
- adaptabilité
- adresse
- docilité
- habileté
- maniabilité
Contraires :
- entêtement
- raideur
- rigidité
souplesse
n. f.
d1./d Caractère de ce qui est souple.
d2./d Qualité d'une personne dont le corps est souple.
d3./d Capacité d'adaptation. Souplesse intellectuelle.
d4./d Docilité, complaisance. Il s'est montré d'une souplesse coupable.
d5./d Loc. adv. En souplesse: avec aisance. Tomber en souplesse.
⇒SOUPLESSE, subst. fém.
A. — [À propos d'êtres animés]
1. [À propos d'une pers. ou d'un animal]
a) Agilité, facilité dans le mouvement. Anton. raideur. Souplesse d'un acrobate; une souplesse de chatte, de couleuvre, de panthère; avancer, marcher, sauter avec souplesse. La souplesse latente d'une femme rompue à la danse (GONCOURT, Journal, 1860, p. 774). Elle montrait des yeux l'étoffe de coton (...). Il la lui jeta sur la tête, et les bras toujours tendus, immobile, par un simple mouvement des épaules et des hanches, elle entra dedans, avec une souplesse barbare (BERNANOS, Nuit, 1928, p. 21).
♦ Littér., au plur. Et lorsqu'elle levait un bras, lorsqu'elle avançait un pied, on sentait en elle des souplesses félines (ZOLA, Th. Raquin, 1867, p. 11). Les corps amollis par le bien-être ont des souplesses voluptueuses (PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 90).
— GYMN. Souplesse (en) arrière, (en) avant. Mouvement qui consiste à se renverser en arrière ou en avant, à passer par la position d'équilibre sur les mains avant de retrouver la station debout. Faire une souplesse avant. Les jeux icariens se combinent souvent aux sauts à la bascule, les équilibres sur les mains aux souplesses en arrière (Arts et litt., 1935, p. 44-10).
b) P. méton.
— Qualité d'un corps, ou de l'une de ses parties, qui se plie ou se meut avec aisance. Synon. élasticité, flexibilité; anton. raideur. Souplesse du buste, du cou, de la nuque, du poignet; souplesse de l'échine, des pattes; souplesse articulaire, musculaire, souplesse des artères, des tissus. Sir Williams lorgnait, en véritable connaisseur, ces épaules d'un galbe parfait, cette taille mince, frêle et d'une souplesse merveilleuse (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 2, 1859, p. 69). M. de Remilleret allait bon pas, attentif à bien respirer (...) de temps en temps fléchissant les genoux pour en éprouver la souplesse (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 186).
— Qualité d'une attitude, d'un geste, d'un mouvement où se manifeste de l'agilité, de l'aisance. Synon. légèreté. Souplesse d'un bond, de la démarche. Sérafine exécuta sa morisque avec une fierté voluptueuse, des poses cambrées et provocantes, entremêlées de sauts pleins de souplesse (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 179). Plusieurs femmes étaient descendues précipitamment de leurs chaises. Je ne dis pas « avaient sauté »! car, avec les corsets durs, à longs buscs, les mouvements manquaient plutôt de souplesse et de rapidité (GYP, Souv. pte fille, 1928, p. 271).
c) Locutions
— CIRQUE, GYMN. Tour de souplesse (vx). Exercice qui réclame rapidité et légèreté. Des femmes (...) exécutèrent des tours de force et de souplesse (...) se cambrant, se renversant, ployant comme une branche de saule leurs corps disloqués (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 237). Une jongleresse, représentant Salomé, multiplie les tours de force et de souplesse (FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p. 210).
♦ Au fig. Artifice, ruse subtile dont on se sert pour parvenir discrètement à ses fins. L'amour le plus ferme et le plus dur amour ne dure jamais plus que de quelques moments. Et nos tours de souplesse et nos rétorsions ne valent pas le quart de l'ancienne cadence (PÉGUY, Ève, 1913, p. 792).
— GYMN., SPORTS. En souplesse. Avec un enchaînement harmonieux de gestes, de mouvements; sans forcer. Anton. en force. Danseur qui travaille en souplesse; se rétablir en souplesse après un saut. Puisque tu parles agrès, tu dois bien savoir aussi ce que c'est que faire les mouvements « en souplesse » (MONTHERL., Olymp., 1924, p. 321). Dewrouckère (...) se laisse tomber en arrière sur les mains renversées. C'est au tour de Brunet (...) il se jette en arrière: « Non, non, dit Marbot, ne te crispe pas. En souplesse, nom de Dieu, pas en force » (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 251).
2. [À propos d'une pers.] Aptitude à se soumettre docilement aux volontés d'autrui, à s'adapter aux exigences d'une situation. Manœuvrer avec souplesse; s'adapter avec souplesse aux nécessités de la vie. Sa jeunesse, son inexpérience humaine, son manque de souplesse lui interdisant les fonctions politiques (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 241):
• 1. ... Monsieur Delarbre, magistrat de naissance, (...) avait montré dans de hautes fonctions judiciaires une souplesse modérée, interrompue ça et là brusquement par les raideurs d'une dignité professionnelle que rien ne faisait fléchir.
FRANCE, Orme, 1897, p. 165.
♦ Péj. Complaisance excessive, servilité. Des intrigues de cour au milieu desquelles il se soutient à force de souplesse et d'impudence (JOUY, Hermite, t. 3, 1813, p. 114).
♦ Au fig. Je sais (...) sa souplesse d'échine à l'égard des puissants et sa dureté envers les faibles ou les inférieurs (BLOY, Journal, 1902, p. 132).
♦ P. méton., au plur. Attitude, conduite à travers laquelle se manifestent ces qualités. Souplesses habiles d'un homme politique. Louis-Philippe s'insinuait au trône par mille petits passages et par des souplesses inattendues (VIGNY, Mém. inéd., 1863, p. 90). C'est un (...) caractère du fanatisme que cette alternance entre les intransigeantes rudesses du despote d'idées et les inattendues souplesses du propagandiste (BOURGET, Actes suivent, 1926, p. 78).
— Dans le domaine artistique ou intellectuel. Variété, richesse des possibilités qui engendre une grande aisance, favorise l'adaptation à des situations, des intérêts divers. Souplesse d'esprit, d'imagination, de conception. Je ne pourrais trouver le temps nécessaire à mes études (...). En outre, il me faudrait reprendre tout au rudiment. Je suis trop âgé: mon esprit ne possède plus la souplesse nécessaire (DUHAMEL, Journal Salav., 1927, p. 12).
B. — [À propos d'une matière, d'un matériau ou, p. méton., d'une chose faite de cette matière, de ce matériau]
1. Qualité de ce qui peut être courbé, plié sans casser ni s'abîmer. Synon. flexibilité; anton. raideur. Souplesse d'un bois, du roseau; souplesse d'un acier, d'un câble, d'une lame. Nous avons vu aux harmonies aériennes des végétaux qu'ils étaient en rapport avec l'air (...) par la souplesse ou la raideur de leurs tiges, par des racines (...) et même par des lianes (BERN. DE ST.-P., Harm. nat., 1814, p. 82). La plaque de zinc, grâce à sa souplesse, peut s'adapter aux cylindres des machines rotatives (Arts et litt., 1935, p. 30-18).
— En partic. Qualité d'un ressort ou, p. méton., d'un mécanisme, d'un objet comportant un ou plusieurs ressorts, qui répond vite et sans à-coups aux mouvements qu'on lui imprime. Anton. dureté. Souplesse d'un sommier. Bénin était heureux. Les cahots le réjouissaient. Car il connaissait ainsi l'élasticité des bandages, la résistance du cadre, la souplesse de la selle (ROMAINS, Copains, 1913, p. 78). Dans le cas des bogies, la charge est supportée par une pièce (...) dont la mobilité, jointe à la souplesse de la suspension, améliore considérablement le confort (BAILLEUL, Matér. roulant ch. de fer, 1951, p. 102).
♦ P. anal. Fonctionnement silencieux, démarrage facile et instantané, grande souplesse des moteurs, tels sont les principaux avantages des voitures automobiles électriques (SOULIER, Gdes applic. électr., 1916, p. 174).
2. Qualité de ce qui est dépourvu de raideur, de ce qui se prête facilement à une manipulation. Anton. rigidité. Souplesse d'un cuir, d'une soie; souplesse d'un mocassin, d'un sac, d'une jupe. Les toiles qui composaient l'enveloppe de l'aérostat furent ensuite dégraissées (...) de telle sorte que le coton, débarrassé du vernis, reprit sa souplesse et son élasticité naturelles (VERNE, Île myst., 1874, p. 281). Cette sorte de carton [le papyrus] que sa minceur, sa souplesse et sa légèreté rendaient tellement plus commode que les autres supports de l'écriture (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 498).
3. Qualité de ce qui a la capacité de s'étirer, se déformer, se dilater, s'étaler, etc. facilement. Synon. élasticité. Souplesse d'un plastique, d'un vernis, d'une peinture; souplesse d'un joint de caoutchouc, d'un pneu. Le marbre en très mince revêtement peut être employé pour la décoration des paquebots. On utilise alors un procédé spécial d'agrafage qui (...) lui laisse assez de souplesse pour résister aux déformations de l'ossature du navire par gros temps (LAMBERTIE, Industr. pierre et marbre, 1962, p. 107).
C. — [À propos de choses abstr.]
1. Qualité d'un système, d'une doctrine, d'une règle, d'une méthode qui n'est pas rigide ni systématique mais peut se modifier pour se plier à des circonstances et exigences diverses. Anton. raideur, rigidité. Souplesse d'application d'une réglementation; souplesse d'administration, de gestion d'une entreprise; souplesse d'exploitation, de fonctionnement d'un réseau de communications; souplesse d'un emploi du temps, d'un horaire. Le comité de l'alimentation (...) demande que la loi ait plus de souplesse et qu'elle puisse s'adapter aux nécessités du travail dans les commerces de l'alimentation (BARRÈS, Cahiers, t. 8, 1910, p. 115). L'organisation prévue par le plan XVI manquait de souplesse (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 171).
2. Dans le domaine intellectuel. Qualité de ce qui se prête, s'adapte à des exigences variées, de ce qui rend compte de réalités, de points de vue divers ou contraires. Disons tout de suite que la traduction de Renan est un prodige de souplesse et d'ingéniosité (GREEN, Journal, 1939, p. 235):
• 2. ... le concept d'attitude (...) grâce à la souplesse des définitions qui le caractérisent, crée un terrain d'entente entre les psychologues, les sociologues et les ethnographes: c'est « un concept carrefour »...
Hist. sc., 1957, p. 1587.
3. Littér. Qualité de ce qui donne une impression d'harmonie, de gracieuse aisance, de liberté. Synon. aisance, légèreté; anton. lourdeur, raideur. Souplesse d'une écriture, d'une langue; souplesse de la phrase chez un écrivain; souplesse des formes, des lignes; souplesse d'une mélodie, d'une voix. Il préférait les mauvais joueurs, qui, en jetant le volant au hasard, sans aucun rythme (...) l'obligeaient à déployer toute la souplesse de son jeu (ZOLA, Conquête Plassans, 1874, p. 1052). Tandis qu'Emmanuelle joue un rondo de Mozart, mademoiselle la reprend: « La mesure! Plus de souplesse! (...) » (MAURIAC, Asmodée, 1938, I, 1, p. 15).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1284 « état de ce qui est souple, flexible » (BRUNET LATIN, Trésor, éd. P. Chabaille, I, V, CLXXVII, p. 226, leçon ms. de base F: arboissiaus [...] qui se clöent et plïent [...] si que por la souplece d'eulx il [li antelu] ne les pueent tranchier); 2. a) XVe s. « acrobatie, tour de saltimbanque » (ID., ibid., I, II, LXVI, p. 68, var. ms. A 2); 1456-67 faire soupplesses et apertises (Cent Nouvelles nouvelles, XCIX, éd. F. P. Sweetser, p. 555, 41); 1530 tours de souplesse (PALSGR., p. 242); 1605 id. fig. « tromperie, invention » (RÉGNIER, Satires, V, 229, éd. G. Raibaud, p. 57); 1665 souplesses plur. « id. » (LA ROCHEFOUCAULD, Maximes ds Œuvres, éd. L. Martin-Chauffier, Paris, 1964, p. 485); b) 1508-17 supplesse et abilité de son corps (FOSSETIER, Cron. Marg., ms. Bruxelles 10512, IX, III ds GDF. Compl.). B. 1. a) 1580 « faculté intellectuelle d'adopter une attitude, de s'adapter » soupplesse de nostre raison (MONTAIGNE, Essais, II, 12, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 571); 1588 soupplesse d'esprit (ID., ibid., II, 16, p. 624); b) 1588 « variété dans les possibilités artistiques d'un individu » soupplesse de voix et de geste (ID., ibid., I, 27, p. 176); 2. 1636 « docilité, complaisance, soumission aux volontés d'autrui » (MONET, p. 843b). Dér. de souple; suff. -esse. Fréq. abs. littér.:693. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 702, b) 873; XXe s.: a) 1 067, b) 1 238. Bbg. HOTIER Cirque 1973 [1972] p. 77.
souplesse [suplɛs] n. f.
ÉTYM. V. 1265, souppleces « tours d'acrobate »; de souple.
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I Sports. Mouvement de gymnastique consistant à se renverser en arrière ou en avant, à passer par la position d'équilibre sur les mains et à se remettre debout. || Faire une souplesse. || Souplesse arrière, avant.
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II (1530, tour de souplesse, encore chez La Fontaine, Fables, VI, 6.). Cour.
1 Caractère, propriété de ce qui est souple (1.). — (Choses). ⇒ Élasticité, flexibilité, maniabilité. || Souplesse d'une tige (→ Ductilité, cit. 1), d'une lame (cit. 7) d'acier, des cheveux… (→ aussi Moustache, cit. 3). — (Parties du corps, membres). ⇒ Agilité, légèreté. || Souplesse du poignet (→ Étude, cit. 47), des membres (→ Habitude, cit. 39; 2. marche, cit. 5). || Force et souplesse (→ Forme, cit. 28; gymnastique, cit. 1). || Une souplesse de couleuvre (→ Jaune, cit. 9), de chatte (→ Muscle, cit. 3), de panthère (cit. 3), d'anguille (→ 2. Patiner, cit. 1).
1 Ta taille a la souplesse aimable du roseau (…)
Hugo, la Légende des siècles, XXXIX, IV.
♦ ☑ Loc. En souplesse. || Passer en souplesse. || Travailler en souplesse (opposé à en force).
2 a (1636). Caractère, qualité d'une personne souple (2.), docile, sachant s'adapter aux circonstances. ⇒ 2. Adresse (cit. 7), compréhension, diplomatie (cit. 3). || Manœuvrer (cit. 11) avec souplesse. || Souplesse et bassesse (cit. 13), et courtisanerie (cit. 1; → Manège, cit. 7). || Une, des souplesses. || L'art des bassesses (cit. 25) et des souplesses. ⇒ Intrigue.
b (1580). Faculté d'adaptation intellectuelle. ⇒ Finesse. || Souplesse d'esprit (cit. 126), de pensée. || Son intelligence a plus de souplesse. || Souplesse du style, d'une langue (cit. 47), de certaines constructions (→ Désinence, cit. 2; gymnastique, cit. 16). — Par anal. || La souplesse avec laquelle les organismes vivants ont dû s'adapter (→ Protoplasme, cit. 2). || Souplesse d'une organisation.
2 Le roman et la nouvelle ont un privilège de souplesse merveilleux. Ils s'adaptent à toutes les natures, enveloppent tous les sujets, et poursuivent à leur guise différents buts.
Baudelaire, l'Art romantique, XX, IV.
c (1580). Aisance, liberté. || Souplesse du dessin, des lignes… (→ Irréel, cit. 3). || Souplesse dans le modelé des chairs. ⇒ Morbidesse.
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CONTR. Ankylose, dureté, raideur, rigidité; aspérité, entêtement, intransigeance; automatisme.
Encyclopédie Universelle. 2012.