sévir [ sevir ] v. intr. <conjug. : 2>
• fin XVIe; « être en colère » déb. XVe; lat. sævire
1 ♦ Exercer la répression avec rigueur. Le gouvernement sévira contre les spéculateurs. — Absolt « Le commandement est débordé. Il a presque renoncé à sévir » (Martin du Gard). ⇒ punir.
2 ♦ (1845) Exercer ses ravages (en parlant d'un fléau). L'épidémie sévissait depuis plusieurs mois. La bande de voyous qui sévit dans le quartier. — (Abstrait) « Alors que le matérialisme sévit » (Huysmans).
3 ♦ Plais. Exercer son activité (quelque part). Une Bourgogne « où sévit un cuisinier à l'âme et au talent francs » (Le Monde, 1998).
● sévir verbe transitif indirect (latin saevire, être en fureur) Agir avec rigueur, sévérité contre quelqu'un, quelque chose : Le gouvernement est décidé à sévir contre la fraude. ● sévir verbe intransitif Se manifester avec force, causer des ravages : La sécheresse a sévi en certaines régions d'Afrique. Être malheureusement en usage et avoir des effets nuisibles : Cette doctrine sévit encore dans les milieux économiques. Avoir une action, une influence, nuisible, dangereuse, ou exercer une autorité pénible quelque part : Cet incapable ne sévira pas longtemps à la tête de ce service.
sévir
v. intr.
d1./d Se comporter durement. Punir, réprimer avec rigueur. Sévir contre un abus.
d2./d (Choses) Causer de gros dégâts. La tempête sévit depuis trois jours.
|| Par ext. Exercer (de façon durable) une action néfaste, pénible. L'obscurantisme sévit toujours.
⇒SÉVIR, verbe intrans.
A. — Qqn sévit
1. Punir, réprimer avec rigueur. Synon. châtier, punir, réprimer. Sévir avec rigueur; être contraint, obligé de sévir. Henri III voulut sévir et ordonna l'arrestation des prédicateurs qui l'insultaient (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 182).
♦ Il faut sévir! Lorsque la persuasion a échoué, lorsque l'amour a été impuissant, il faut s'armer de la force coercitive, brandir le glaive, terroriser, couper les têtes, sévir et frapper, imposer la justice (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 4).
— Sévir contre qqn. Sévir contre un élève, un employé, un enfant. Le ministre invite le premier consul à sévir contre ses ennemis (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 162). Le nonce me fait dire par don Alvar que le pape accueillerait comme un outrage que je sévisse contre l'évêque (MONTHERL., Reine morte, 1942, III, 4, p. 211).
— Sévir contre qqc. Sévir contre des abus, l'hérésie, la presse. C'était surtout contre la liberté de la presse qu'on sévissait avec violence (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 413). En vérité, dit l'apothicaire, on devrait bien sévir contre l'ivresse! Je voudrais que l'on inscrivît, hebdomadairement, à la porte de la mairie, sur un tableau ad hoc, les noms de tous ceux qui, durant la semaine, se seraient intoxiqués avec des alcools (FLAUB., Mme Bovary, t. 1, 1857, p. 175).
2. DROIT
a) Exercer des sévices. Cette femme se plaint que son mari a sévi plusieurs fois contre elle (Ac. 1798-1878).
b) Utiliser des moyens légaux contre une personne jugée coupable d'enfreindre la loi. Le gouvernement sévit par des amendes, des destitutions (MICHELET, Chemins Europe, 1874, p. 317).
B. — 1. Qqc. sévit. Exercer des ravages. L'hiver était venu; le froid sévissait, terrible, au Val des Saints (HUYSMANS, Oblat, t. 1, 1903, p. 230). Comment expliquez-vous les fléaux qui sévissent sur l'humanité? Pourquoi les pestes, les famines, les inondations, les tremblements de terre? (FRANCE, Révolte anges, 1914, p. 72).
SYNT. La chaleur, la sécheresse sévit; un cyclone, le mauvais temps, la tempête sévit; le choléra, l'épidémie, la fièvre, la gale, la peste, la pneumonie, le typhus sévit; la criminalité, la disette, la guerre, la mortalité, la persécution sévit.
2. P. hyperb., fam. Qqn, qqc. sévit. Exercer une action, une activité néfaste, détestable, difficile à supporter pour autrui.
a) [Le suj. désigne une pers.] Les touristes sévissent. De temps en temps, quand commençait à sévir un abstracteur de quintescence, il [J. Lemaitre] faisait le bêta aux yeux ronds (...) qui demande des explications (L. DAUDET, Salons et journaux, 1917, p. 21).
b) [Le suj. désigne une chose] Le goût du public est décidément bien malade. Le succès des Misérables a sévi et continue de sévir au delà de tout ce qu'on pouvait craindre (SAINTE-BEUVE, Poisons, 1869, p. 53). Une anglomanie réelle continue de sévir dans ces milieux-là, comme elle sévit encore dans les milieux du « turf »: le chic est toujours de se fournir à Londres (Comment parlent les sportifs ds Vie Lang., 1952, p. 34).
REM. Sévissant, -ante, part. prés. en empl. adj. Qui sévit. Le docteur Lipp le fou, qui, maître des transports une heure en 1918, en avait profité pour déclarer à la Suisse et au Wurtemberg une guerre qu'il croyait toujours sévissante et qu'il avait hâte de conclure (GIRAUDOUX, Siegfried et Lim., 1922, p. 252).
Prononc. et Orth.:[], (il) sévit [-vi]. Ac. 1694, 1718: sevir; dep. 1740: sé-. Étymol. et Hist. 1. [Fin XIVe s. « être tourmenté, être en colère » (Ch. D'ORLÉANS d'apr. FEW t. 11, p. 53b)]; — 1611 (COTGR.); 2. a) 1593 « mal traiter, user de violence, en parlant d'un supérieur à l'égard d'un inférieur, d'un père à l'égard de ses enfants, etc... » sevir les uns contre les autres (DU VAIR, Suasion de l'arrest. ... pour la manutention de la loy salique ds Actions et traictez oratoires, éd. R. Radouant, p. 133, ligne 716), qualifié de ,,vieilli`` par DG; b) 1690 « exercer une répression rigoureuse contre quelqu'un » (FUR.); av. 1783 id. « contre quelque chose » sévir contre le fanatisme (D'ALEMB., Œuv., t. V, p. 224 ds LITTRÉ); 3. 1812 « (d'un fléau, ou de quelque chose de néfaste), faire des ravages » le combat (...) ne cessa de sévir que vers la nuit (J. DE MAISTRE, Corresp., p. 218); 1821 cette maladie avoit sévi (ID., Soirées St-Pétersb., t. 1, p. 304); 1900 fig. p. plais. la philharmonique sévira dans la soirée (COLETTE, Cl. école, p. 182); 1928 en parlant d'une pers. (GYP, Souv. pte fille, p. 141: la table derrière laquelle madame de Curel sévit). Empr. au lat. saevire « être furieux, être en rage », dér. de saevus « en fureur, cruel, sauvage », d'où le sens de « commettre des cruautés ». Fréq. abs. littér.:283. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 183, b) 293; XXe s.: a) 564, b) 548.
sévir [seviʀ] v. intr. [CONJUG. finir.]
ÉTYM. Fin XVIe; « être en colère », déb. XVe; du lat. sævire « être furieux, user de violence ».
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1 Exercer la répression avec rigueur. ⇒ Punir (absolt). || Sévir contre des personnes rebelles (→ Inertie, cit. 4). — Sévir contre des abus. ⇒ Réprimer. || Il faut sévir.
1 Tes législateurs sévissent ou ne sévissent pas : s'ils sévissent, ce sont des bêtes féroces qui battent la nature; s'ils ne sévissent pas, ce sont des imbéciles qui ont exposé au mépris leur autorité par une défense inutile.
Diderot, Suppl. au voyage de Bougainville, III.
2 Le commandement est débordé. Il a presque renoncé à sévir.
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 37.
2 (1846; sujet n. de chose). Exercer ses ravages (en parlant d'un fléau). || Lieu où sévit une maladie (→ Invraisemblable, cit. 1). || Le froid sévit. — Par ext. Régner, exercer son action (en parlant de ce qui est pénible, néfaste, détestable ou considéré comme tel). || Matérialisme qui sévit (→ Occulte, cit. 4).
♦ (Sujet n. de personne). Plais. Exercer une activité pénible pour autrui, inutile, ridicule. || Le vieux professeur X sévit toujours en faculté.
3 (…) Thérapia, sorte de village cosmopolite, défiguré par des hôtels monstres où sévissent, le soir, des orchestres de café-concert (…)
Loti, les Désenchantées, IV, XVIII.
♦ P. prés. adj. :
4 (…) le docteur Lipp le fou, qui, maître des transports une heure en 1918, en avait profité pour déclarer à la Suisse et au Wurtemberg une guerre qu'il croyait toujours sévissante et qu'il avait hâte de conclure.
Giraudoux, Siegfried et le Limousin, p. 252 (1922).
3 Plaisant. (Emploi non défavorable). Exercer son activité (quelque part). || « (…) cet ancien journaliste et directeur de divers festivals de jazz continue de sévir en plein cœur de la capitale finlandaise » (le Monde, 24 mai 2000, p. 4).
Encyclopédie Universelle. 2012.