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sensualité

sensualité [ sɑ̃sɥalite ] n. f.
• 1490; « sensibilité » 1190; lat. imp. sensualitas « sensibilité » sensuel
1Littér. Tempérament, goût d'une personne sensuelle. « cette sensualité qui faisait de moi une goutte d'eau traversée de soleil, traversée des formes et des couleurs du monde » (Giono).
Spécialt et cour. (dans l'amour physique) « son comportement déborde du plus charnel amour, de sensualité » (A. Gide). érotisme, luxure.
2Caractère sensuel (de qqch.). « la sensualité diffuse de l'étreinte » (Barthes).
⊗ CONTR. Froideur.

sensualité nom féminin (bas latin sensualitas) Aptitude à goûter les plaisirs des sens, à être réceptif aux sensations physiques, en particulier sexuelles : L'éveil de la sensualité chez les enfants. Caractère de quelqu'un, de quelque chose de sensuel : Œuvre d'art d'une grande sensualité.sensualité (citations) nom féminin (bas latin sensualitas) Jean Giono Manosque 1895-Manosque 1970 Il y a dans la sensualité une sorte d'allégresse cosmique. Jean le Bleu Grassetsensualité (synonymes) nom féminin (bas latin sensualitas) Aptitude à goÛter les plaisirs des sens, à être réceptif...
Synonymes :
- concupiscence
- jouissance
- plaisir
- volupté
Contraires :
- ascétisme
- austérité
- puritanisme

sensualité
n. f. Caractère, inclination d'une personne sensuelle.

⇒SENSUALITÉ, subst. fém.
A. — Au sing. Caractère, tempérament d'une personne qui cherche tout ce qui peut satisfaire les sens et procurer du plaisir. Synon. rare sensualisme. Les encensoirs, allant à pleine volée, glissaient sur leurs chaînettes. Une vapeur d'azur monta dans la chambre de Félicité. Elle avança les narines, en la humant avec une sensualité mystique (FLAUB., Cœur simple, 1877, p. 73). Les femmes, les ouvrières, achetaient des cornets et des gaufrettes, s'asseyaient par bandes de dix et de vingt au bord du trottoir, et léchaient leur crème glacée avec une sensualité béate (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 31).
♦ [À propos de choses] Il laissa aller son homme devant lui, (...) heureux de le sentir pris et de le voir libre, le couvant du regard avec cette volupté de l'araignée qui laisse voleter la mouche et du chat qui laisse courir la souris. La griffe et la serre ont une sensualité monstrueuse; c'est le mouvement obscur de la bête emprisonnée dans leur tenaille. Quel délice que cet étouffement! Javert jouissait (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 569).
En partic. Caractère, tempérament d'une personne fortement encline aux plaisirs des sens, aux plaisirs amoureux. Une créature blonde et bovine (...), des longs cils roux faisant comme un battement d'ailes de guêpe au-dessus de la pâmoison de son regard. J'ai vu rarement un appel à la braguette avec une telle cochonnerie de l'œil, une telle appétence suceuse des lèvres. La sensualité de la femme allemande a quelque chose, en style noble, du rut de Pasiphaé (GONCOURT, Journal, 1874, p. 992). Elle avait la sensualité naturelle et joyeuse d'un animal jeune, et son rire de gorge, lorsqu'il ne faisait pas penser à un fou rire d'enfant, ressemblait à un roucoulement amoureux (MARTIN DU G., Thib., Belle sais., 1923, p. 909).
♦ [À propos de choses] J'ai vu dans des tombeaux étrusques des peintures d'une sensualité et même d'une lubricité évidentes (GIDE, Journal, 1941, p. 99).
B. — Gén. au plur. Plaisirs des sens. J'étais accoutumé à une telle frugalité que dans certains temps c'était une sensualité pour moi de manger des haricots très peu assaisonnés (MICHELET, Mémor., 1822, p. 184). Toutes ses sensualités s'épanouissaient d'avance dans l'amour sous la main, dans les bons plats de ménage, dans la satisfaction béate et légitime de tous ses appétits (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 9).
En partic. Désirs, appétits charnels. Un cordonnet de soie noire, passant à travers un cœur de rubis et soutenant une petite croix de pierreries, entourait le col de la marquise, comme pour combattre les sensualités païennes éveillées par la vue de ces charmes étalés, et défendre au désir profane l'entrée de cette gorge mal fortifiée d'un frêle rempart de guipure (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 105).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin XIIe s. « l'ensemble de nos sens et leur activité » (Sermons St Bernard, 130, 24 ds T.-L.); 2. ca 1485 « attachement aux plaisirs du corps » (Mystère du Vieux Testament, éd. J. de Rothschild, 1369: Parquoy plus est a depriser que Adam plain de debilité, qui, par la sensualité, c'est au serpent condescendu); 3. 1636 « plaisirs sexuels » (MONET); 1671 au plur. (POMEY). Empr. au lat. chrét. sensualitas « faculté de sentir, de percevoir des sensations » (BLAISE Lat. chrét.). Fréq. abs. littér.:507. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 284, b) 444; XXe s.: a) 961, b) 1 097.

sensualité [sɑ̃sɥalite] n. f.
ÉTYM. 1490; « sensibilité » (au sens 1.), 1190; du lat. impérial sensualitas « sensibilité », de sensualis. → Sensuel.
1 Tempérament, appétits et goût d'une personne sensuelle (2.). Plaisir, volupté. || Peindre (cit. 12), c'est user d'un don de sensualité délicieuse. || Sensualité délicate (→ Inviter, cit. 3), élégante (→ Manger, cit. 25). || Sensualité gastronomique (cit. 2).
1 (…) elle avait pris à sa ceinture un gros bouquet de résédas, et elle se mit à le respirer avec une sensualité qu'on n'eût, certes, pas attendue d'une femme comme elle, si peu faite pour les rêveuses voluptés.
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Le dessous de cartes… », p. 260.
2 Il a connu le premier ma sensualité (…) Cette sensualité qui m'empêchait d'apprendre la musique, donnant un plus haut prix à l'ivresse d'entendre qu'à la joie de se sentir habile, cette sensualité qui faisait de moi une goutte d'eau traversée de soleil, traversée des formes et des couleurs du monde, portant en vérité, comme la goutte d'eau, la forme, la couleur, le son, le sens dans ma chair.
J. Giono, Jean le Bleu, VII.
2 Plus cour. (Dans le domaine de l'amour physique). Chair, concupiscence, désir, érotisme, luxure. || Sang brûlant (cit. 9) de sensualité (→ aussi Explosion, cit. 4). || Sensualité débridée (cit. 5), ardente. Lubricité. || Avec la sensualité d'un animal jeune (→ Coller, cit. 12; gorge, cit. 24). || Leur sensualité païenne (→ Hypocrisie, cit. 7).Sensualité dans le regard (→ Nacré, cit.).
3 (…) la sensualité est la condition mystérieuse, mais nécessaire et créatrice, du développement intellectuel. Ceux qui n'ont pas senti jusqu'à leur limite, soit pour les aimer, soit pour les maudire, les exigences de la chair, sont, par là même, incapables de comprendre toute l'étendue des exigences de l'esprit.
Pierre Louÿs, Aphrodite, Préface.
4 (…) Phèdre n'est plus ici qu'une tigresse en chaleur et son comportement déborde du plus charnel amour, de sensualité. Elle doit être poussée, je le répète, à la limite de la décence et ne devient pénible que si Hippolyte ne justifie en rien les transports de Phèdre.
Gide, Attendu que…, p. 201.
(Au plur.). Plaisirs sensuels (→ Exigeant, cit. 1; renoncer, cit. 12).
CONTR. Ascétisme, austérité, chasteté, frigidité.

Encyclopédie Universelle. 2012.