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sensualiste

sensualiste [ sɑ̃sɥalist ] adj. et n.
• 1801; de sensualisme
Philos. Qui appartient au sensualisme, soutient le sensualisme. « Le mot sensualiste appelle naturellement l'idée d'un matérialisme pratique qui sacrifie aux jouissances des sens [...] rien ne s'applique moins à Condillac » (Sainte-Beuve ).

sensualiste adjectif et nom Relatif au sensualisme ; partisan du sensualisme.

⇒SENSUALISTE, adj. et subst.
PHILOSOPHIE
I. — Adj. et subst. (Celui, celle) qui professe, soutient le sensualisme. Abstraire ou séparer le sujet de l'objet, l'esprit de la matière, les choses divines des choses terrestres, voilà la condition de toute bonne philosophie, soit spéculative, soit pratique; mais l'abstraction se fait en sens inverse pour les sensualistes qui prennent le monde visible pour le tout, l'ombre pour la réalité (MAINE DE BIRAN, Journal, 1819, p. 226). Hobbes (...) qui s'est occupé profondément de psychologie avant de s'occuper de politique, et qui fut le prédécesseur éclatant de Locke et de tous les philosophes sensualistes, se guidait rationnellement d'après ce premier terme, sensation, devenu pour lui toute la formule de l'esprit humain (P. LEROUX, Humanité, 1840, p. 130). La grande erreur des sensualistes a été de voir dans les seules sensations externes la source de toute connaissance humaine (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 58).
II. — Adj. [En parlant d'une doctrine, d'une idée, etc.] Qui appartient, est propre au sensualisme, qui relève du sensualisme. Philosophie sensualiste; théorie sensualiste. M. Cousin, pour désigner l'école (...) qui rattachait les idées aux sensations, l'a dénommée l'école sensualiste. Pour être exact, il eût fallu dire sensationniste. Le mot de sensualiste appelle naturellement l'idée d'un matérialisme pratique qui sacrifie aux jouissances des sens (SAINTE-BEUVE, Pensées, 1868, p. 104). Schopenhauer (...) [transforme] malgré lui la démonstration par laquelle il prouve que la mort ne nous touche pas, en un argument sensualiste tendant à montrer que la mort n'est pas douloureuse (J. VUILLEMIN, Essai signif. mort, 1949, p. 68).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. 1801 adj. lecteurs sensualistes (Ch. DE VILLERS, Philosophie de Kant, p. 308 ds QUEM. DDL t. 22); 1812 subst. « partisan du sensualisme » (MOZIN-BIBER t. 2); 2. 1840 adj. « qui est attaché aux plaisirs des sens » (VIGNY, Journal poète, p. 1131: ils ont changé le citoyen en moine dissolu et matérialiste sensualiste). Dér. du lat. chrét. sensualis (v. sensuel); suff. -iste. Fréq. abs. littér.:100.

sensualiste [sɑ̃sɥalist] adj. et n.
ÉTYM. 1801, Villiers, Philosophie de Kant, in D. D. L., répandu par Victor Cousin; de sensualisme.
Philos. Qui appartient au sensualisme, ou le soutient. Sensationniste.N. || Un sensualiste du XVIIIe siècle.
0 Une petite iniquité s'est introduite (…) depuis 1817 (…) M. Cousin, pour désigner l'École adverse du XVIIIe siècle qui rattachait l'idée aux sensations, l'a dénommée l'École sensualiste. Pour être exact, il eût fallu dire sensationniste. Le mot sensualiste appelle naturellement l'idée d'un matérialisme pratique qui sacrifie aux jouissances des sens; (…) rien ne s'applique moins à Condillac (…) Mais il est toujours bon de flétrir en passant son adversaire; il lui en reste quelque chose.
Sainte-Beuve, Mes poisons, p. 90, in Foulquié, Dict. de la langue philosophique, art. Sensualisme.

Encyclopédie Universelle. 2012.