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résigner

résigner [ reziɲe ] v. tr. <conjug. : 1>
• v. 1225; lat. resignare « décacheter », « annuler » en lat. médiév.; de signum « sceau »
I V. tr. Littér. Abandonner (un bénéfice, un office) en faveur de qqn. se démettre. Résigner sa charge, son emploi. quitter. « Depuis un an, il avait dû résigner ses fonctions à l'Université » (R. Rolland). démissionner. II V. pron. Cour.
1 ♦ SE RÉSIGNER À (qqch.) :accepter sans résister (qqch. de pénible). ⇒ accepter, consentir, se plier, se résoudre, se soumettre. « Avancer en âge [...] c'est connaître ses limites et s'y résigner » (F. Mauriac). Je ne puis m'y résigner. Se résigner à perdre la partie.
2Absolt Adopter une attitude d'acceptation; se soumettre. abdiquer, céder, s'incliner. Il faut se résigner, c'est la vie ! « Mais lentement on se résigne. On ne demandait pourtant pas beaucoup de la vie. On apprend à en demander moins encore » (A. Gide).
⊗ CONTR. Insurger (s'), révolter (se).

résigner verbe transitif (latin resignare, remettre) Littéraire. Abandonner de sa propre volonté une fonction ; démissionner : Résigner sa charge de notaire.résigner (homonymes) verbe transitif (latin resignare, remettre) résigné adjectif résinier nom masculinrésigner (synonymes) verbe transitif (latin resignare, remettre) Littéraire. Abandonner de sa propre volonté une fonction ; démissionner
Synonymes :
- démissionner
- quitter
- se démettre

résigner
v.
d1./d v. tr. DR Abandonner volontairement (une charge, un bénéfice).
d2./d v. Pron. Se résigner à: accepter, se soumettre sans révolte à. Se résigner à son sort.

RÉSIGNER, verbe trans.
A. — Empl. trans., vieilli
1. Abandonner (un droit, une charge, un office) en faveur de quelqu'un. Synon. quitter, renoncer à, se démettre de. Le roi Richard (...) fut contraint de se rendre humblement prisonnier; peu après il résigna sa couronne. Les chambres du Parlement l'accusèrent et le déposèrent (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 247). Il s'était vu obligé par ses infirmités de résigner sa cure à M. Le Ragois de Bretonvilliers, mais en se réservant la haute main (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 529).
P. métaph. Abandonner, renoncer à. [La grand-mère] avait ce port de reine qu'elle ne résigna qu'avec l'âge et qu'elle tentait parfois de retrouver dans la rue (CAMUS, Env. et endr., 1937, p. 50).
2. Remettre (sa vie, son âme) entre les mains de Dieu, du destin. Elle s'efforce de résigner son ame, et de vaincre la douleur comme elle a vaincu le plaisir (COTTIN, Mathilde, t. 2, 1805, p. 175). Le prince (...) ôta vivement sa casquette, la posa sur la table, et, comme un homme qui résigne sa vie, dit au président: « Monsieur, je n'ai plus rien à dire. » (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 155).
B. — Empl. pronom.
1. Se résigner à
a) Se résigner à Dieu, à sa volonté. Accepter sans révolte son sort et se soumettre à la volonté divine. Synon. s'abandonner, s'incliner, se soumettre. L'adieu d'une voix consolatrice m'eût rendu si facile le passage de cette existence à l'autre!... Dieu ne le veut pas; résignons-nous à la volonté de Dieu! (DUMAS père, P. Jones, 1838, IV, 2, p. 181). « Il ne faut se résigner à Dieu... prions! » se dit Omer (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 500).
b) Se résigner à qqc. Accepter sans se révolter, une chose pénible, désagréable, mais que l'on juge inévitable. Synon. se plier à, se résoudre à.
Se résigner à + subst. Se résigner à son sort, à la mort. Il se résigna à l'une des plus pénibles démarches qu'il pût faire (ARLAND, Ordre, 1929, p. 400).
P. plaisant. [Les Belges] ont la rage de mettre du sucre et de la farine dans tout. Vous demandez une omelette, résignez-vous à du flan (HUGO, Fr. et Belg., 1885, p. 110).
Se résigner à + inf. Se résigner à partir. Il ne voulait pas se résigner à la perdre, et comme c'est un homme de grande envergure, il avait engagé la lutte (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 318).
2. Absol. Adopter, devant certains événements pénibles, désagréables, une attitude de soumission, d'acceptation. Synon. céder, s'incliner, se soumettre. Je refuse la guerre et tout ce qu'il y a dedans... je ne la déplore pas moi... je ne me résigne pas moi... je ne pleurniche pas dessus moi... je la refuse tout net... (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 82).
REM. 1. Résignable, adj. Qui peut être résigné. Charge, fonction résignable. (Dict. XIXe et XXe s.). 2. Résignant, subst. masc. Celui qui résigne (un office, un bénéfice, etc.) en faveur de quelqu'un. La résignation n'eut pas lieu, parce que le résignant mourut avant qu'elle fût admise (Ac.).
Prononc. et Orth.:[], (il) résigne [-]. Ac. 1694, 1718: re; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1223 trans. « renoncer à » (GAUTIER DE COINCI, Miracles, éd. V. Fr. Koenig, II Prière 37, 72: Pecheeur ne desdaingnes qui son pechié resigne); 2. 1261, 4 juill. id. « se démettre (d'un office, d'un bénéfice) » (Layettes du Trésor des chartes [J 203], t. 4, p. 13a); 1316 [en parlant du pape] resiner du siege de Romme (GEFFROI DE PARIS, Chron. métr., 2167 ds T.-L.); 1467, 21 oct. part. prés. subst. (Lettres ds ISAMBERT, Rec. gén. des anc. lois fr., t. 10, p. 542); 3. 1263 trans. « abandonner, céder quelque chose à quelqu'un » (doc. Arch. Somme ds GDF. Compl.: a resigné le [...] tere en une main). B. 1. 1541 se resigner à Dieu « se soumettre, s'abandonner à sa volonté » (CALVIN, Instit., XVII, p. 796 ds HUG.); 1686 part. passé adj. (BOSSUET, Oraison funèbre de Le Tellier ds Œuvres, éd. B. Velat et Y. Champailler, p. 170: résigné à la volonté divine); 1767, 13 janv. se resigner à la fatalité (VOLTAIRE, lettre à Richelieu ds Corresp., éd. Th. Besterman, t. 21, p. 253); 2. 1690 se résigner à + inf. ou subst. « accepter sans révolte ce qu'on ne peut empêcher » (FUR.); id. part. passé adj. (ibid.); 1776, 29 mai empl. abs. (VOLTAIRE, lettre à Anne de La Tour du Pin, t. 43, p. 163: À quoi servirait-il d'avoir vécu quatre vingt deux ans [...] si je n'avais pas apris à me resigner?). Empr. au lat. resignare, propr. « rompre le sceau, ouvrir (une lettre, un testament) »; fig. « rompre, annuler », spéc. au Moy. Âge « renoncer à, céder (une possession, une charge) » (1112 resignare ecclesiam ds DU CANGE, s.v. resignare3); de la notion de « renoncer », est issu, dans le vocab. relig., le sens B 1, et p. ext. B 2. Fréq. abs. littér.:1 365. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1 569, b) 2 087; XXe s.: a) 2 339, b) 1 939.
DÉR. Résignataire, subst. masc. Celui en faveur de qui l'on a résigné (un office, un bénéfice, etc.). Synon. bénéficiaire. M. de Pontchâteau a pleuré toute sa vie cette faute, et il regrettait, quelques années avant sa mort, de savoir que ce résignataire ne faisait pas l'usage qu'il devait du bénéfice qu'il lui avait donné (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 104). []. Ac. 1694-1740: re-; dep. 1762: ré-. 1re attest. 1539, août « celui en faveur duquel a été résigné un office, un bénéfice » (Ordonnance ds ISAMBERT, Rec. gén. des anc. lois fr., t. 12, p. 613); de résigner d'apr. le part. passé de resignare, suff. -aire.
BBG. — GOHIN 1903, p. 304.

résigner [ʀeziɲe] v.
ÉTYM. V. 1225; lat. resignare « décacheter »; de re-, et signum « sceau », en lat. médiéval « annuler, rendre ».
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I V. tr. Littér.
1 Abandonner (un bénéfice, un office) en faveur de qqn. Démettre (se). || Résigner sa charge, son emploi, ses fonctions. Démissionner, quitter; déposer.(Au sens étym.). || Résigner un sceau : annuler le contenu d'un message scellé (→ cit. 2).
1 (…) monsieur de Sérisy, dont la santé délabrée exigeait du repos, résigna tous ses emplois, quitta le gouvernement à la tête duquel l'Empereur l'avait mis (…)
Balzac, Un début dans la vie, Pl., t. I, p. 614.
2 Th. Becket (…) s'entoura des Saxons, des pauvres, des mendiants, revêtit leur habit grossier, mangea avec eux et comme eux. Désormais, il s'éloigna du roi, et résigna le sceau.
Michelet, Hist. de France, IV, V.
3 Depuis un an, il avait dû résigner ses fonctions à l'Université : sa santé de plus en plus précaire ne lui permettait plus de professer.
R. Rolland, Jean-Christophe, La révolte, III, p. 555.
Absolt. Vx. Abandonner sa charge, son office, etc.
Par ext. (archaïsme) :
4 Son ambition (…) C'est seulement lorsqu'il la résigne, que peut naître ma sympathie.
Gide, Journal, 13 juil. 1931.
2 (1541, Calvin). Vieilli. Abandonner (qqch.) à (qqn). || Résigner son âme à Dieu.
5 Je ne dois point en autre lieu
Rendre mon corps à la nature,
Ni résigner mon âme à Dieu.
Théophile de Viau, Lettre à mon frère.
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II V. pron. (1541, au sens I, 2; cf. Calvin : « quand il s'est tellement résigné à Dieu »). Courant.
1 Se résigner (à). a Vx. S'abandonner à… || Se résigner à Dieu, à sa volonté, « à la fatalité aveugle » (Voltaire, in Littré).
b (1690). Mod. Accepter sans résister (une chose) malgré son caractère désagréable. Accepter, accommoder (s'accommoder de…), consentir (à), incliner (s'incliner devant…), passer (par), plier (se), résoudre (se), soumettre (se); → Prendre son parti de… || « Se résigner à ce qu'on sait être le moins parfait » (→ Rebut, cit. 2). || Se résigner à l'inévitable. || Connaître ses limites et s'y résigner (→ Automatisme, cit. 4). || Ceux qui ne se résignent pas à perdre (cit. 36) la partie.
6 Résigne-toi à n'être pas du monde, à ce que le monde ne te connaisse pas (…)
F. Mauriac, l'Enfant chargé de chaînes, XXVII.
2 (Av. 1673). Absolt. Adopter une attitude d'acceptation; se soumettre. Abdiquer, céder, incliner (s'), plier (se). || Il s'est longtemps révolté, mais il a fini par se résigner (→ Baisser, courber la tête, plier les épaules, le dos). || Il faut se résigner, c'est la vie ! || Cette idée m'aide à me résigner.
7 (…) ce n'est pas la résignation qui nous console, nous purifie et nous élève, mais les pensées et les vertus au nom desquelles on se résigne, et c'est ici que la sagesse récompense ses fidèles en proportion de leurs mérites.
Maeterlinck, Sagesse et Destinée, XVI.
8 — Mais lentement on se résigne. On ne demandait pourtant pas beaucoup de la vie. On apprend à en demander moins encore… toujours moins.
Gide, les Faux-monnayeurs, III, VI.
——————
résigné, ée p. p. adj.
1 (Après 1650). Qui accepte avec résignation, qui se soumet. || Résigné par courage, fermeté d'âme… ( Constant, philosophe), par indifférence, fatigue, lâcheté ( Indifférent, soumis). || Victime résignée (→ Parapher, cit. 1). || D'immenses troupeaux résignés (→ Guerre, cit. 39). || Âmes résignées (→ Frein, cit. 11).Se montrer résigné (→ Raisonnable, cit. 5).
9 L'homme du peuple est nécessairement l'un ou l'autre, ou résigné ou révolté.
A. de Vigny, Journal d'un poète, 1847.
10 L'angoisse dans mon âme est toujours la plus forte.
Et mon cœur est soumis, mais n'est pas résigné.
Hugo, les Contemplations, IV, XV.
11 « — Enfin, dit Jacques, tu ne vas pas me faire croire que tu pars résigné, comme un mouton que l'on mène à l'abattoir ? »
Sartre, le Sursis, p. 87.
2 (Mil. XIXe; 1857, Flaubert). Empreint de résignation. || « L'accent résigné des douleurs infinies » (→ Fatalité, cit. 5). || Une attitude de consternation résignée (→ Main-forte, cit. 3). || Courage résigné et tranquille (→ Opposer, cit. 6). || Patience résignée (→ Précipiter, cit. 11).
3 N. || Un résigné, une résignée.
12 Vous me direz que ces gens-là étaient des saints (…) C'étaient des résignés. Il y a dans tout homme une énorme capacité de résignation, l'homme est naturellement résigné. C'est d'ailleurs pourquoi il dure. Car vous pensez bien qu'autrement l'animal logicien n'aurait pu supporter d'être le jouet des choses (…) Les saints ne se résignent pas, du moins au sens où l'entend le monde. S'ils souffrent en silence les injustices dont s'émeuvent les médiocres, c'est pour mieux retourner contre l'Injustice, contre son visage d'airain, toutes les forces de leur grande âme.
Bernanos, les Grands Cimetières sous la lune, p. 13.
CONTR. Insurger (s'), lutter, opposer (s'), révolter (se).(Du p. p.) Révolté.
DÉR. Résignable, résignant, résignataire, résignation.

Encyclopédie Universelle. 2012.