rebuter [ r(ə)byte ] v. tr. <conjug. : 1>
• v. 1215; de re- et but, proprt « repousser, écarter du but »
1 ♦ Vieilli ou littér. Repousser (qqn) avec dureté ou avec mépris. « il me rebuta rudement » (Pascal).
2 ♦ Vx Jeter, refuser (cf. Mettre au rebut). « La tanche rebutée, il trouva du goujon » (La Fontaine).
3 ♦ Détourner, dégoûter (qqn) d'une entreprise, par les obstacles, les échecs, l'ennui. « les débuts arides de l'enseignement du dessin le rebutèrent » (Lichtenberger). ⇒ décourager , lasser. Rien ne le rebute. — Pronom. Il finira par se rebuter.
4 ♦ Choquer (qqn), inspirer de la répugnance à. La vulgarité de ses façons me rebutait. — Absolt « Le fat lasse, ennuie, dégoûte, rebute » (La Bruyère).
● rebuter verbe transitif (de buter, de but) Lasser quelqu'un de quelque chose, l'inciter à renoncer à poursuivre son action, son effort : Par ses méthodes, il rebute ses collaborateurs. Ne pas être attirant, dégoûter : Cette nourriture rebuterait un homme affamé. ● rebuter (citations) verbe transitif (de buter, de but) Louis Bourdaloue Bourges 1632-Paris 1704 […] Nous voulons nous convertir quand nous serons rebutés du monde ou plutôt quand le monde sera rebuté de nous. Sermon sur la pénitence ● rebuter (synonymes) verbe transitif (de buter, de but) Lasser quelqu'un de quelque chose, l'inciter à renoncer à poursuivre son...
Synonymes :
- démoraliser
- désespérer
- lasser
Contraires :
- attirer
- tenter
Ne pas être attirant, dégoÛter
Synonymes :
- décourager
- écoeurer
Contraires :
- flatter
- plaire
rebuter
v. tr.
d1./d Décourager, dégoûter par des obstacles. L'effort le rebute.
d2./d Décourager toute sympathie, choquer. Sa mine renfrognée a rebuté tout le monde.
⇒REBUTER, verbe trans.
A. — Vieilli
1. Rebuter qqn. Repousser quelqu'un de façon humiliante. Il voulait entrer mais on le rebuta à la porte (Ac.). Cet homme, jadis fort bel archer, avait été recherché en mariage par plusieurs riches paysannes du pays de Lorch; mais il avait rebuté les épouses (HUGO, Rhin, 1842, p. 188). Tu fis bien de te tourner vers Dieu, qui seul ne rebute pas les élans d'un cœur simple (SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 146).
2. Rebuter qqc. Rejeter quelque chose que l'on juge sans valeur. Je n'ai pas, madame, la prétention d'un Critique, mais je vais continuer la charge que j'avais acceptée de vous dire ce qui me plaît ou ce que je rebute dans les ouvrages nouveaux (BALZAC, Œuvres div., t. 3, 1840, p. 272). [Un jardinier] surveillait le brasier (...) — C'est rien que des débris qui étaient dans la resserre, près des écuries. Et de la mauvaise paille, et les paperasses que mademoiselle a rebutées (LACRETELLE, Hts ponts, t. 1, 1932, p. 228).
B. — 1. Rebuter qqn (de qqc.)
a) Détourner quelqu'un (de quelque chose) en le dégoûtant; décourager. Synon. désespérer, écœurer, fatiguer, lasser. Ce qui fait un tort immense à la religion, c'est la mauvaise littérature religieuse, les niaiseries qui rebutent les bons esprits (BARRÈS, Cahiers, t. 10, 1913, p. 13). Absol. Il y a dans l'idée de durée attachée à une telle vie monacale quelque chose qui effraie, qui glace et qui rebute (SAINTE-BEUVE, Portraits littér., t. 3, 1846, p. 426).
b) Choquer, déplaire, inspirer de la répugnance. Synon. dégoûter, repousser, répugner. L'aspect seul de ce plat rebute; il a une mine qui rebute. Cet homme a des manières qui rebutent tous ceux qui ont affaire à lui (Ac. 1935).
2. Empl. pronom. réfl. Se dégoûter, se décourager. Mon père me cherchait un précepteur; mais l'homme qui eût convenu à cet emploi, il ne le rencontrait pas (...). Mon père néanmoins ne se rebutait pas (BALZAC, Œuvres div., t. 1, 1830, p. 254). Elle s'était vite rebutée du commerce, souffrant de l'immobilité, menaçant de tomber malade, se résignant pourtant, mais avec des attitudes de victime (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 225).
REM. Rebutable, adj., hapax. [Corresp. à supra B 2] Qui est susceptible de se rebuter. Les locataires ils y venaient tous, avec leur marmaille, pour voir si on l'évacuait leur merde et puis les papiers.. et les chiffons... Ils faisaient des tampons exprès... Caroline était pas rebutable, c'était une femme qui craignait rien (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 113).
Prononc. et Orth.:[], (il) rebute []. BARBEAU-RODHE 1930: je rebute [], []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. [Cf. ca 1170-80 le dér. a rebutons « de mauvais gré » (GUILLAUME DE SAINT-PAIR, Roman du Mont St-Michel, éd. P. Redlich, 3760)] 1. a) Ca 1225 « repousser, récuser (une chose) » (PEAN GÂTINEAU, St Martin, 2074 ds T.-L.: Lor jugement lor rebuta); b) 1559 « repousser, éconduire (une personne) » rebuter et éconduire un personnage (AMYOT, trad. de PLUTARQUE, Hommes illustres, Coriolan, XIX, éd. G. Walter, t. 1, p. 485); 2. XIIIe s. agn. part. passé adj. cynégét. faucon rebuté « devenu vieux, qui a perdu son courage pour voler » (ds G. TILANDER, Glanures lexicogr., p. 218), ex. isolé; 1559 réfl. (AMYOT, op. cit., Aratus, XLI, t. 1, p. 1133); 1580 trans. « décourager d'une action, d'une entreprise » (MONTAIGNE, Essais, II, 17, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 650); 3. 1588 « inspirer l'antipathie, être déplaisant » (MONTAIGNE, op. cit., III, VI, p. 904: L'immoderée largesse [...] rebute plus de gens qu'elle n'en practique); 1674 part. prés. adj. (BOILEAU, Art poétique, I, 61 ds Œuvres, éd. F. Escal, p. 158); 4. ca 1590 réfl. « éprouver un dégoût physique » (MONTAIGNE, op. cit., I, 42, p. 264). Dér. de buter; préf. re-, propr. « repousser du but ». A évincé l'a. fr. reboter « repousser » (1176-81 CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier au lion, éd. M. Roques, 3406), dér. de bouter. Fréq. abs. littér.:446. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 716, b) 412; XXe s.: a) 586, b) 709.
rebuter [ʀ(ə)byte] v. tr.
ÉTYM. V. 1215; de re-, et but, proprt « repousser, écarter du but ».
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1 Vieilli ou littér. Repousser (qqn) avec dureté ou avec mépris (→ 1. Dire, cit. 46; factieux, cit. 2). ⇒ Repousser (→ Envoyer au diable; fermer la porte au nez). || Femme qui rebute un soupirant. — Par ext. || Rebuter les offres de qqn. ⇒ Rejeter.
1 (…) il me rebuta rudement, et me dit que ce n'était pas là le point (…)
Pascal, les Provinciales, I.
2 Le saint animé d'une ferveur céleste, répand sa charité sur des mendiants, des malades, des infirmes, des nécessiteux qui se pressent familièrement autour de lui, sûrs qu'aucun d'eux ne sera rebuté, quelque hideux que soit son ulcère, quelque sordide que soit son haillon.
Th. Gautier, Souvenirs de théâtre…, Collection d'Espagnac.
2 Vx. Jeter, mettre au rebut, refuser (une chose qu'on juge sans valeur ou inutilisable). → Grès, cit. 1. || Rebuter de la nourriture. || Rebuter une pièce de monnaie.
3 La tanche rebutée, il trouva du goujon.
La Fontaine, Fables, VII, 4.
4 Ces gens, épineux dans les payements qu'on leur fait, rebutent un grand nombre de pièces qu'ils croient légères (…)
La Bruyère, les Caractères de Théophraste, De la rusticité.
3 (Mil. XVe). Dégoûter, détourner (qqn) d'une entreprise (par les difficultés, les obstacles, les dangers, les échecs, l'ennui…); choquer (qqn), inspirer de l'antipathie, de la répugnance à (qqn). || Les débuts arides (cit. 10) de cet enseignement le rebutèrent. ⇒ Arrêter, décourager, désespérer, fatiguer, lasser. || Rien ne les rebute : ils sont intrépides, infatigables. || Ce matérialisme (cit. 4) avait de quoi rebuter les âmes nobles. ⇒ Choquer, dégoûter, déplaire (à), écœurer, effaroucher, répugner (à). — Vieilli. || Être rebuté de qqch. (mod. par qqch.). → Promettre, cit. 3.
5 Pierre était un jeune homme de vingt-trois ans, faible de corps, mais infatigable de patience et de courage, qu'aucun soin ne rebutait pour adoucir nos ennuis et pour secourir nos misères.
Charles Nodier, Contes, Lidivine.
6 Quand il se comparait aux camarades moins heureux, que le concours avait définitivement rebutés, il se défendait mal de la fierté d'être Normalien.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, I, p. 20.
♦ Absolt. || Un travail qui rebute (→ Fastidieux, rebutant). || L'érudition (cit. 7) rebutait, parce qu'elle est ennuyeuse et lourde. || « Le fat lasse, ennuie (cit. 8), dégoûte, rebute » (La Bruyère).
7 Il faut en prendre son parti avec ce prodigieux écrivain (Suarès) : il enthousiasme aussi naturellement qu'il rebute (…)
Gide, Journal, 1911, Feuillets, Suarès.
4 (XVIe). Le sujet désigne une personne, son comportement. Inspirer de l'antipathie à (qqn), décourager la sympathie de (qqn). || Ses manières, son apparence me rebutent. ⇒ Rebutant.
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se rebuter v. pron.
ÉTYM. (1559).
♦ Se lasser, se dégoûter (→ Courage, cit. 6; obséder, cit. 1). — Se rebuter de…, suivi d'un infinitif (→ Futile, cit. 1), d'un substantif.
8 Cette fille si délicate ne se rebute ni de la malpropreté ni de la mauvaise odeur, et sait faire disparaître l'une et l'autre sans mettre personne en œuvre, et sans que les malades soient tourmentés.
Rousseau, Émile, V.
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CONTR. Apprivoiser, attirer, charmer, encourager, séduire.
DÉR. Rebut, rebutant.
Encyclopédie Universelle. 2012.